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Chérie, où as-tu mis le Prosac ?

Il n’y a pas à baragouiner. Qui a la clé du tiroir caisse est farouchement pour le système. Les autres, avant d’être indigents, sont les victimes crédules d’une escroquerie : le capitalisme. Certes, victimes consentantes de la propagande libérale, mais l’ayant bien profond et calé où je pense.
Vous ne cherchez guère la vérité, c’est entendu. Ceux qui vous subjuguent non plus. Ils comptent sur la connerie d’inspiration bourgeoise pour conforter leur supercherie.
Tandis que les petits actionnaires perdent leurs économies et les salariés leurs emplois, on ne se rend même pas compte qu’il y a plus d’un an des journaux écrivaient: « Pourquoi le capitalisme est malade » (Le Monde 19 juillet 2002).
2003, la bête est toujours en vie. Vous croyez vous défendre en la défendant. Quelle erreur !
Là, je m’arrête. On dirait que je tiens le discours d’Olivier Besancenot, le facteur trotskiste. Pourtant, aussi sympa soit-il, je ne roule ni pour lui, ni pour Laguiller.
Remonte seulement le petit fond anar et indépendant que j’ai toujours eu. Voyez, je vous dis tout !
Il n’est même pas besoin d’être de gauche pour échafauder des hypothèses loin de la stupidité militante de droite. Nous nous faisons avoir par un mirage : le fric qui peut tout !
On a rarement vu public aussi chloroformé par toutes les singeries des magazines et les plats discours !
On convainc un citoyen du contraire, cent exaltés glorifient la primauté du poignon et de la marchandise sur l’humain.
Ah ! progrès…
Ainsi, nous nous forgeons une haute idée morale dans notre tour d’ivoire, de la cour de la reine Pétaud du racisme et des différences.
Que ne dit-on sur l’argent sale, l’argent noir, en y apportant des nuances, comme l’argent gris, celui qui, par exemple, ne rapporte pas de précompte à l’Etat lorsqu’il est placé à Luxembourg.
Comme s’il pouvait exister un autre argent que « malpropre » lorsqu’il atteint certain sommet !
Quelle différence y a-t-il entre un président d’un groupe industriel qui coule son entreprise par son salaire et autres abus de biens sociaux et une petite crapule qui met sur le trottoir des femmes ou approvisionne en came des revendeurs, pour se bourrer les poches d’argent noir ?
Il n’y en a aucune.
Sinon que le président du groupe industriel qui met à la rue deux mille employés est sans doute plus nuisible que la petite frappe qui ne flatte que les vices de quelques paumés.
Les stocks-options, les indemnités et les salaires colossaux sont de l’argent « propre ». C’est-à-dire « lessivé » aux yeux de tous et avec la bénédiction des ministres des finances.
Ce comportement est donc bien plus performant que l’autre, puisqu’il permettra à l’auteur de se les dorer au soleil impunément en se foutant des vies qu’il aura détruites. Mieux, il pourra financer d’autres affaires et même avoir son nom sur un ex-voto dans le hall d’œuvres caritatives.
Alors, pourquoi regardons-nous les uns avec des yeux de merlan frit et les autres avec horreur ?
Pourquoi sommes-nous en train de japper de bonheur quand certains patrons nous caressent en donnant le Canigou aux travailleurs acharnés ?
Mystère.
Sans doute nous ne savons plus résister à la trouille profonde qui nous agite à la seule perspective de déplaire et d’être foutu à la porte de l’usine. De sorte que nous avons désormais le comportement de l’esclave, avec cette épée de Damoclès, que savent manier avec sadisme les petits chefs, au-dessus de nos têtes.
Tous les jours, nous voyons des malfaisants d’entreprises internationales, adulés, festoyés par des autorités morales, des « forces vives », et des membres de gouvernement. Combien de « Pères la morale » ne se sont-ils pas sali les mains à la une des journaux en serrant celles des gredins « autorisés » portés à notre admiration tous les jours ?
Pour quelques malfrats dénoncés pour abus de biens sociaux (Enron tout récemment), quelques scandales financiers précipitant des milliers de personnes à la rue (Jean-Marie Messier, Bernard Tapie, dont on se souvient du tour de piste en Belgique à propos de raquettes de tennis), combien de gredins endurcis se sont faufilés à travers les mailles très distendues du filet des finances publiques pour rebondir après des coups foireux comme celui de la SABENA et bientôt de la reconversion de notre Cockerill, pour rallier des gouvernements de l’Europe où ils exercent des fonctions ministérielles ?
Chaque jour, il y a un salaud qui n’ira jamais mouiller son froc de honte sur les bancs de la Correctionnelle qui fait la morale à des personnels atterrés.
L’Amérique, lente pourtant à s’indigner, en prend plein la gueule à quelques pas de l’espace vide laissé par les Twin Towers, à la Bourse de New York (NYSE) encore une fois.
Richard Grasso, président démissionnaire de la Bourse vient de se tirer – très légalement – de son petit boulot en empochant 124 millions d’euros qu’il s’est alloué en indemnités et prestations !
Les pontes du lieu eux-mêmes considèrent que le Grasso a jeté le bouchon hors des limites et qu’il va falloir faire le ménage.
C’est qu’un PDG est « irrésistible » pour ses assistants, au point qu’il a mouillé ses directeurs généraux adjoints et les « fidèles », lisez les lèche-culs du Grasso qui se voient reprocher leur faiblesse à l’égard du chef de la Bourse de NY.
Mais ce n’est pas tout. L’affaire pourrait repartir à la hausse, puisque l’affamé d’argent réclame une nouvelle prime de départ de 10 millions de dollars.
Patrick McGurn, une autre huile vice-président de quelque chose, toujours en service, est même parvenu à s’indigner, au point qu’il souhaite mettre en place une structure qui assurerait l’intégrité du marché ». On peut toujours rêver !
Après le coup de Messier et ses 20 millions de dollars d’indemnité réclamés à Vivendi, on a une petite idée que, franchement, parler de l’argent « au noir », quand il y a tant d’argent « au clair » devant lequel Didier Reynders tire son chapeau, c’est vraiment se ficher du monde.
Pourquoi faire tant de tapage sur l’argent « sale » alors que l’argent « propre » est souvent bien plus dégueulasse ? On se demande pourquoi les dealers et les maquereaux ne se reconvertissent pas ?
Ah ! si, pardon, c’est fait pour un certain nombre d’entre eux dans les sociétés écrans et les entreprises bidons qui finissent par se faire coter en Bourse et deviennent des entreprises tout à fait honnêtes et légales.
La boucle est bouclée. Au Ministères des Finances, avec les 6 et 9 % pour le rapatriement du Luxembourg, les Roses sont d’accord. Le public s’en fout et la vie est belle.
Reste plus qu’à crier « vive la démocratie », vive l’OMC, la Bourse, les hauts salaires et la progression du PIB.
Mon dieu ! comme tous ces gens sont honnêtes, vous ne trouvez pas ? Enfin, d’après ce qu’en disent vos journaux préférés.

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