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Quand Elio viole les Statuts du PS

C’est bizarre ce qui se passe au PS ces temps-ci.
Quand Elio barytonne le moindre mot, sa voix douce et sonore au frais timbre angélique – comme dirait le poète – est reprise en écho de gazette en gazette, même les plus hostiles à la socialiste présence s’en pénètrent, en sont les monades diffuses. Ainsi quand notre génie des Carpettes projette à l’avant-scène son avocat préféré, Gilles Doutrelepont, le nouvel Hercule au karcher des écuries liégeoises, on s’ébaubit : « Mais où va-t-il chercher tout ça ? ».
En somme le gentil Doutrelepont est chargé d’arranger les choses telles que les souhaite le grand homme. Et la claque applaudit.
Pourtant, en allant au fond de la parentèle socialisante, le robin converti devrait plutôt monter en épingle ce qui vicie le caractère « progressiste » des brain-trusts locaux, de sorte que le fer de lance dérouillé, ce soient les droites qui dérouillent.
Et ce qui vicie le plus, c’est le côté conservateur d’Elio ! Mieux, son côté « je la joue personnelle, et je vous emmerde ».
Ainsi en est-il de l’assignation du dépité (erreur volontaire) européen Jean-Maurice Dehousse à l’adresse du Ministre-président, président du PS et Maïeur empêché de Mons, sa seigneurie elle-même, en compagnie de Marc Dehin, Pierre Stassart et de quelques seconds couteaux, assignation sous la forme d’une lettre de quatre pages à Elie Deworme, président de la Commission de Vigilance du P.S.
Que dit ce message comminatoire ?

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Il critique ce qui peut apparaître comme une dérogation, à savoir l’autoproclamation à la présidence du gouvernement wallon par sa seigneurie, après les torrents de larmes de Van Cau et sa démission. Nos trois mousquetaires s’appuient sur divers articles des statuts du PS que le camarade Elio aurait outrageusement négligés. Parmi ces manquements, « la convocation irrégulière d’un Congrès extraordinaire du Parti » le 4 octobre, l’acceptation d’ « une charge ministérielle sans quitter la présidence du Parti», la poursuite actuelle de ce cumul. Non seulement les Statuts - « ossature du Parti » - sont violés mais la « Charte du Mandataire » adoptée lors du Congrès de Liège en 1997 est également tenue pour billevesée, notamment du non-respect « par les mandataires des règles de déontologie et de cumul arrêtées par le Parti ».
En date du 16 décembre, les signataires ont publié un communiqué de presse, ignoré par la grande presse. Aux dernières nouvelles, ils seraient environ vingt à rallier Momo, avec le soutien secret du président liégeois du PS, le camarade Willy Demeyer, expert en maïeutique, qui est comme chacun ne le sait pas, l’art d’accoucher les esprits de la vérité qui est en eux et non pas, l’art d’être bourgmestre, ce que par ailleurs, Willy fait assez bien.
Voilà le gamin Doutrelepont confronté à une tâche à laquelle ni lui, ni son sigisbée, s’attendaient. Car, enfin, tant qu’à nettoyer les écuries, autant commencer par la sienne
Si cette lettre a fait long feu, c’est d’abord qu’elle est tombée chez Elie Deworme, gardien du temple, mais résident dans la province du Luxembourg, dont on sait les difficultés d’acheminement du courrier en raison du verglas fréquent. Pourtant une récente biographie nous montrait Elie engagé au nom d’un idéal soutenu par une doctrine dégagée de perspectives personnelles et de finir le panégyrique : « Si Elie est arrivé, c’est parce que, héritier d’autres pionniers, il est devenu un bâtisseur ».
En attendant, on ne sait pas ce que le bâtisseur arrivé va faire du courrier de Momo. Pourvu qu’il ne soit pas arrivé en gare de Mons ! C’est tout ce qu’on souhaite à la Fédération liégeoise.
Quant aux brontosaures du bureau du PS, il paraît qu’au Boulevard de l’Empereur, le jour de l’autoproclamation d’Elio, on l’attendait avec des fleurs.
Tout le monde était ravi d’enfin pouvoir se défaire des statuts et des règlements qui gênaient leur homme fort.
En effet, les statuts n’ont qu’un seul mérite, c’est de pouvoir être contredits quand ils deviennent obsolètes, par un homme providentiel qui devient lui-même l’unique statut valable pour tout le monde. Ce que Momo n’a pas compris et derrière lui l’ensemble de la Fédération liégeoise du PS.
Que va-t-il se passer demain ?
Rien. Bien entendu.
C’est l’erreur de Laurette Onkelinx d’avoir quitté la fédération liégeoise en prévision d’une fronde qu’elle redoutait, pour assurer son emploi de star au gouvernement fédéral.
Le ponton liégeois navigue tant bien que mal sur ses propres eaux incertaines et on redoute les mutineries des « D’jins d’Ans », si vous voyez ce que je veux dire.
Donc, il ne se passera rien. Doutrelepont qui veut faire carrière au Parlement et finir au bureau de Bruxelles, rafraîchit les fleurs dans les vases du bureau d’Elio en attendant.
Une fois de plus, Momo a eu le stylo malheureux. Elio, gaillard magnanime, préférera tout oublier. Il s’apprête à faire un beau discours sur les récentes analyses de son poulain Doutrelepont.
Seul l’électeur est marron. Le militant, n’en parlons pas. On l’ignore depuis si longtemps !
Tout le monde s’en fout, puisque l’électeur votera massivement PS aux élections de 2006.

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