« Si nos ancêtres avaient su. | Accueil | Se faire descendre à la prochaine ? »

Une société morale.

On a tort de croire que le progrès est constant et que dans tous les domaines il convient de louer notre démocratie et le bénéfice social que nous en retirons.
S’il est un domaine qui nous reconduit tout droit à des temps de barbarie extrême : c’est bien celui de la morale.
Prenons le XVme siècle anglais, siècle que je connais bien pour l’étudier depuis « Une ambition anglaise ». L’historien Kendall nous renseigne sur la notion médiévale du juste prix : « Les citadins aimaient à croire que le but du commerce et de l’industrie était non de faire de l’argent, mais de fournir à la communauté des marchandises et des services à un prix qui, tout en permettant de vivre au boulanger, au poissonnier ou au cabaretier, fût pourtant le plus bas possible. »
Je ne vais pas faire plaisir aux contempteurs de la société de consommation qui ont pris l’habitude de réfléchir avec leurs pieds et de marcher sur la tête et qui ne pourraient que mettre en doute mon intégrité en taxant mes propos d’exagérés. A ces « gentils » imbéciles, je vais tout simplement retranscrire quelques avis de grands auteurs, en leur suggérant de croire que des économistes d’aujourd’hui comme Galbraith, Friedmann, Bourdieu ou Veblen disent la même chose, mais en moins colorés.

De Jules Renard (le Journal) : « Vous revendez trois mille francs ce que vous avez eu pour cinq cents, et vous dites très tranquille : « c’est une affaire ». Mais non, c’est un vol !

De L.-F. Céline : « Ils vendraient le soleil et la terre, et tous les innocents dessus pour s’ajouter un petit nougat, pour se préserver un coupon. »

De W. S. Maugham : « Il n’y a rien d’aussi dégradant que le constant souci des moyens d’existence. L’argent est semblable à un sixième sens sans lequel vous ne pouvez par faire un usage complet des cinq autres.

Albert Camus : « On peut gagner de l’argent pour vivre heureux et tout l’effort et le meilleur d’une vie se concentrent pour le gain de cet argent. Le bonheur est oublié, le moyen pris pour la fin. »

D.A.F. de Sade : « On m’a découvert, je ne volais pas assez, un peu plus de hardiesse tout fût resté dans le silence ; il n’y a jamais que les malfaiteurs en sous-ordre qui se cassent le cou, il est rare que les autres ne réussissent pas. »

Jacques Maritain : « La tragédie des démocraties modernes consiste dans le fait qu’elles n’ont pas encore réussi à réaliser la démocratie. »

Cioran : « Les pauvres à force de penser à l’argent, et d’y penser sans arrêt, en arrivent à perdre les avantages spirituels de la non-possession et à descendre aussi bas que les riches. »

Alphonse Boudard : « Le maque, c’est le bourgeois à l’état primitif. Il ne pense qu’au fric et il a soif de responsabilité. »

Auguste Detœuf : « Les économistes ont raison : le capital est du travail accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire, ce sont les uns qui travaillent et les autres qui accumulent. »

Les pointures des deux partis qui nous concoctent un nouveau gouvernement ont le gros bon sens rassurant qui leur tient lieu de morale. C’est par là qu’ils sont dangereux. Ils nous parlent du cœur, en louchant sur nos portefeuilles. Ils n’ont que le mot réalité à la bouche. Ils ne savent pas que leur référent comme l’organisation mondiale du commerce devant laquelle ils se couchent n’est que le référent d’une illusion collective occidentale. L’utopie du progrès est transgressive. La gauche doit réapprendre à rêver du futur. L’enjeu n’est ni plus ni moins que sa disparition !

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