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1. Aux innocents les mains vides (affaire à suivre)

J’ai envie, oui, j’ai envie de vous parler d’économie et des économistes !
Pourquoi ? Pour faire lourd et prétentieux ? Non. Mais parce que, mine de rien, c’est important de réfléchir sur l’avenir qu’on nous propose. C’est quand même de nous qu’il s’agit, non ?
Que les « énervés » qu’un rien prend la tête ne la ramènent pas trop. Ce n’est pas en discothèque que s’apprennent les manières des marlous qui vous ouvrent l’œillet pas que pour le dire avec des fleurs !
Que l’escadrille qui s’en tamponne aille au FOREM, voir comment les patrons descendent les caïds à coups de tatanes dans la gueule.
Les marioles qui ont compris la répulsion des pigeonneaux pour l’étude, en profitent. Les industriels exultent. Les gouvernements nous donnent les leçons que les ministres ne suivent pas. Les banquiers ânonnent des conneries révérées. Le curé des loubards ramasse les morceaux. Les geôliers passent en dernier pour les restes.
« Ils se foutent de notre gueule. » Beaucoup pensent qu’après ça, on a tout dit. Puis on court au charbon comme un seul homme.
Allez, au boulot l’engeance !...
Ils sont tellement fortiches qu’ils sont parvenus à faire passer le fric avant le travail ! On ne parle plus que de pognon, partout et toujours. Alors que sans le travail, l’argent, qui n’est même plus en or, en papier ou en nickel comme l’enclenche de votre WC, n’est qu’une saloperie de fiction !
Le fric en liasses sous le matelas de certains, s’il n’est pas bouffé par les rats, dix ans plus tard, les billets ont dévalué de la moitié ou n’ont plus cours. Est-ce là le formidable motif qui vous pousse à l’horloge pointeuse par tous les temps ?
Est-ce que cette merde sans nom, vaut les années d’effort, de sueur et d’ennui que vous passez dans la hantise qu’on vous foute à la porte après fortune faite des propriétaires ?
C’est cela l’économie. Ce rapport entre la valeur réelle du travail, votre travail, et ce que les économistes estiment ce qu’il vaut en papier.
Des fumistes déguisés en bons apôtres vous font marcher depuis qu’on vous a appris à l’école que pour être un bon citoyen, il faut travailler, gagner peu et la fermer.

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D’abord le sérieux des économistes, l’incroyable culot de cette secte si souvent révérée, sortie à la queue leu leu de Harvard, de Yale ou de l’Université de Liège, si écoutée de nos politiciens – surtout de gauche – que ce serait hautement comique, si ce n’était si nuisible.
La situation favorise les complicités. Les politiques noient leur impuissance à contrôler l’économie sous des considérations où ils exaltent un rôle qu’ils ne tiennent plus depuis longtemps : celui de sauvegarder l’intérêt prioritaire des populations.
Le cirque est devenu international. Tous savent que des réformes sont nécessaires, que les marchés sont pourris et que les appétits de quelques-uns sont incompatibles avec l’intérêt général. Mais personne ne veut réformer en premier. Parce que l’unanimité est nécessaire en ce domaine ; or, elle est impossible ! Voilà dans quel dilemme se sont enfermés les hommes d’Etat. Vous devinez bien, chers naïfs, le premier pays occidental qui quitte l’OMC en claquant la porte, que son compte est bon. Les dix ou quinze personnes qui tirent les ficelles de tout le fourbi ne l’entendront pas de cette oreille. Et voilà pourquoi votre fille est muette ! (dixit Molière)
Qu’est-ce qui lie entre elles les classes dirigeantes si férues d’économie ? N’importe quel con peut y répondre fastoche : tous veulent le maintien de la forme politique dans laquelle ils détiennent le pouvoir ! Mais, est-ce notre intérêt de laisser pisser le mérinos ? Quand on sait qu’ils ont fait de la démocratie le plus souple, le plus merveilleux instrument d’exploitation des foules.
Première idée reçue : il y a des règles, des bons et des mauvais économistes.
Concernant les prévisions, on a des exemples célèbres.
C’est Galbraith, un des caïds de la chose, qui résume tout. L’économiste avisé, écrit-il, attend toujours que le cortège passe devant sa porte, pour se porter bravement en tête de la fanfare.
C’est Léautaud qui rappelle dans son Journal littéraire, 9me volume, page 161, qu’en 1914, les plus brillants économistes prédisaient une guerre avec l’Allemagne de courte durée : « pas plus de trois mois, les Etats n’ayant pas les moyens pour plus longtemps. »

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Gainsbourg, le flambeur, se paie une pub à la télé qui vaut plus que le billet de 500 FF qui se consume.

Alors quand Louis Michel, Elio di Rupo ou Guy Verhofstadt nous parlent de rigueur, de sérieux, de choix… quand ils nous disent qu’on ne pourra plus payer les pensions, les médicaments, les soins de santé, dans un des pays les plus « riches » de la planète, je balance entre leur tourner le dos en haussant des épaules ou les dénoncer pour atteinte au moral des ménages par des propos mensongers.
Est-ce que l’économie est compliquée à comprendre ?
Pas du tout. C’est l’économiste qui se cache derrière des monceaux de difficultés qu’il accumule, comme le hamster s’enterre dans la sciure les joues pleines de graines. En réalité c’est très simple. Il y a d’un côté des équilibristes assis sur des montagnes de papier monnaie dont la seule ambition est de bien vivre sans rien foutre et de l’autre, il y a vous à la clé de douze.
L’astuce est de vous convaincre que vous devez aller bosser pour leur donner les moyens de hausser le tas de papier d’une couche supplémentaire.
C’est ça l’économie.
Bien sûr, ils ne vous le disent pas ainsi.
Ils paraissent accablés de soucis, prennent des airs préoccupés, vous disent qu’ils travaillent vingt heures par jour, de vrais talents à la Depardieu. Ils ont le jargon. Ils ont la manière.
Sur ses deux points là, ils sont fortiches.
Vous vivez depuis si longtemps dans la terreur que vous impose les économistes, dans l’asservissement des banques et dans une croyance quasiment religieuse que l’économie capitaliste est ce qu’on a de mieux pour régler les rapports entre les hommes (Il n’y a jamais eu tant de guerres et tant de misères.) ; que c’est faire œuvre de salubrité publique de dire aux gens qui bossent comme des esclaves, aux chômeurs et aux gens âgés qui vivent dans la misère : non, la vie comme on vous la faite, n’est pas irrémédiable.
Réfléchissez et espérez, nom de dieu !
2004 qui commence est peut-être l’année où collectivement nous pourrions tous devenir moins cons !

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