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La téloche à la soirée du pauvre.

Une drôle de chute, mais une chute quand même. C’est pareil partout. Des spectacles à des millions d’euros la pellicule. Des acteurs formidables, un metteur étonnant, un bon départ et puis, on ne sait pas, comme le biscuit dans la jatte de lait, ça entre dur pour sortir mou.
Sans parler des guipures, nippes et joyeusetés à la bougie et arbre de Noël, arrangées à la fresque émouvante… les gueules au symbole du personnel endimanché pour les galas de « Prizu » devant des crèches en fond d’écran avec pourtours enrubannés.
La chose dure depuis Catherine Langeais et pour nos oignons, Janine Lambotte.
Comme à la Cour de Louis XIV, on s’invente des étiquettes chaque année. De ces sévères façons de présenter les vœux, les hommes en pingouin, les femmes tous nichons dehors. Plus le décor est riche, moins il y a dedans. Avec en feu d’artifice, un bouquet final à vomir, le ramassis des conneries de ces messieurs dames de l’audio-visuel, les mêmes que l’année avant ; pour certaines, des mises en scène préméditées, arrangées, du genre : le présentateur bègue ou la star qui perd son râtelier de rire.
Pour couronner le tout : le bouquet ! Le « vrai » feu, celui-là… Il est plus beau d’année en année… On se demande si dans dix ans, on ne sera pas obliger de faire péter Thihange pour surpasser… En attendant, la cote, enfin on nous le dit, c’est Copacabana. On croyait les Cariocas sur le cul… Erreur.

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Guimauve au jus « sentiment », les cœurs sur la main prêts à tout donner à l’abbé Pierre, les restos du cœur, la chorale sous les ponts ; mais faut pas demander aux séraphins de service qu’ils l’ouvrent un peu leur porte-monnaie ce qui nous changerait pour une fois de leur grande gueule, des gestes larges qui tranchent le vide…
Bazar de la charité de branleurs, certes… mais les comptables derrière, eux sacrifient pas au folklore, eux se foutent de la tradition judéo-chrétienne, s’ils en remettent une couche chaque année, c’est que ça fait de l’audience. On voit la pente. On la descend au pas de charge et tout le monde en redemande ! Le peuple en raffole. Des perclus dansent la gigue. Des mariés de l’autre siècle rebandent ! Un juvénile courant secoue les foules : Magic Tchernia et Arthur resignent des contrats à jets continus… Alors forcément, l’industriel qui dort en chaque présentateur artiste, émouvant directeur de chaîne, bête de spectacle, mécène à indemnités lourdes, administrateur délégué partouzeur, les picaillons, ils ne connaissent que ça.
Une année, quand on sera bien au fond, que l’audience aura fondu, s’il faut peindre le grand plateau couleur caca, se masturber au douze coups de minuit ou communier avec la communauté gay un bouchon de champagne dans le derrière, pour l’audimat, pour la paix dans le monde, pour que l’Abbé Pierre en profite et que Sœur Emmanuelle sauve son millième enfant de l’infamie, alors oui, haut les cœurs… si évidemment ça fait de l’audience, que les coffiots d’arrière-cour regorgent et que la courbe ascendante reparte…
Si c’est leur bonheur aux gens, la merde et que ça profite aux marlous !
Tout ce qui entoure le caca audio-visuel, le bien moulé pour ardents téléspectateurs, est en emballage cadeau. La fioriture accélère la vente. C’est connu depuis Boucicaut.
On va dire que je m’en prends toujours aux mêmes, que ça vire à l’obsession, mais le concert de louanges, n’est pas que crachoté de l’écran. Ceux qui savent encore lire – et ils sont de moins en moins nombreux – peuvent se rendre compte des litanies sur le fil tendu aux kiosques, accents émouvants d’une critique unanime, exaltation du chef d’œuvre absolu, et pas que dans les mouvances liégeoises, pas que par les fiers esprits de chez nous…
Tous n’ont qu’un mot d’ordre : plus près du peuple, au plus serré, de la puce savante à la maquerelle « relookée » qui éponge un escadron de militaires à la forte érection sans se rincer la bouche !... c’est infâme ! C’est obscène !... non !... pourquoi ?... C’est pour la télévision, le film, le bulletin de santé du pape, l’avenir de la planète. Ah bon !... Si c’est pour les grandes causes…
Quand toute cette fiente sera bien assimilée par les millions de spectateurs bien robotisés, il se trouvera des gens encore plus forts que Sébastien, Chose, Christophe, Arthur ou Rocco. Ce sera la régalade générale, l’immense escroquerie de la poésie vivante, tableaux définitifs d’une hallucination collective, dès lors qu’on aura mis la prochaine couche - génération future - à la tranchée des baïonnettes, à l’atomisation des villes en cartes à puces et jeux vidéos, on pourra légitimement la laisser aux manettes de la vague suivante, la déferlante pour les hosannah d’un terminal où une émission comme « ça va se savoir » sera reléguée définitivement sur une bobine tellement dépassée qu’on en tapissera les chiottes du musée de l’audio-visuel.
Pour préparer l’avenir, nous le préparons. Critiques, journaux, télés, films, téléfilms, tous réunis, unanimes, seront au sommet, Michel-Ange suprême, aux créneaux de l’indicible : le monstrueux tiroir-caisse où sous les liasses, nous dégueulerons définitivement les tréfonds de nos gros intestins dans les remugles d’une intelligence à hauteur de braguette. Nous aurons atteint la religion du foutre à quoi nous nous destinons depuis cinquante ans.

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