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FEB : Stratégie 2010

Le premier discours du nouvel administrateur de la FEB, Rudi Thomaes est drôlement fortiche. C’est déjà tout un programme, alors que l’on attend toujours celui de Tony Vandeputte qui termine son mandat.
Avec le nouveau, les patrons ambitionneront autre chose que ramasser du fric vite fait.
Ce pays n’a jamais vécu autre chose que les envolées lyriques « des patriotes », les coups de gueule de droite et le m’as-tu-vu des forces vives du centre-gauche. Alors les intentions secrètes des patrons…
La FEB n’a pas failli à la tradition de grand esbroufeur qu’elle s’est faite à la force des poignets des autres. Avec la prise de relais de Rudi Thomaes, Vandeputte étant out, on entre dans le portrait du grand patron, par la taille, puis par la formation de juriste. Un parcours typiquement américain, quoique pur produit des milieux d’affaires anversois.
S’il avait été un économiste, il y a déjà longtemps qu’il en serait revenu. Mais non, c’est un juriste ! Alors, ce type croira dur comme fer jusqu’au bout à la mondialisation de l’économie, et il va nous en faire baver !...
Le discours d’entrée de Rudi à la FEB, c’est celui de l’Académie française. C’est jubilatoire, quand on sait comme ce monde-là se fout de notre gueule. Il ferait un bel académicien. Il doit magnifiquement bien porter l’habit, avec sa taille et tout. Tandis que Vandeputte, l’épée aurait traîner par terre.
La stratégie 2010 de la FEB, c’est le songe creux de Michel Junior-l’équitable qui déteint sur la Fédération des Entreprises. Mouche à deux culs quand même, quand on compare la combine patronale avec ce qui se prépare ailleurs et notamment en Allemagne.
Donc nous voilà avec ce plan en contrat de garantie avec la prospérité, l’emploi, le bonheur, tout enfin… avec en plus un antidote panacée contre le vieillissement de la population !
Un nouveau sirop typhon !
En attendant les centenaires au boulot, les marlous entre 50 et 60 qui rêvent à la prépension ne devront pas jeter trop vite leurs salopettes dans les boîtes à recyclage de Terre.
En gros le potentiel de croissance de l’économie belge passerait de 2,2 à 2,5 %, améliorerait le taux d’emploi et créerait 362.000 emplois nouveaux. C’est plus fort que Verhofstadt avec ses 300.000 emplois, que l’on attend toujours, du reste.
On aurait dû demander au sieur Thomaes, si ses 362.000 se comptaient à part des 300.000 du gouvernement, auquel cas on aurait 662.000 emplois nouveaux… de quoi faire frémir de terreur les chômeurs de longues durées !
Cette rhétorique sur l’emploi rien que pour contrer Paul De Grauwe de la KUL qui prophétise le recul persistant de l’emploi industriel.
Mon KUL oui ! a-t-on dit à la FEB. Et nos enfants, alors ? a rugi Rudi Thomaes, le nouveau gourou délégué de la FEB, en présentant, dans son costume classique du rêve américain de jeune quinquagénaire, sa Stratégie 2010.
Après les salades d’usage qui remplissent vite fait les gazettes : prix énergétiques compétitifs, administrations plus efficaces, capitaux à suffisance, diminution de la pression fiscale et notamment une diminution des contributions patronales à la sécurité sociale, toutes mesures qui ne sont pas de la compétence du nouvel Administrateur délégué, mais procède d’un choix politique du gouvernement, Saint Thomaes en est venu au petit livre d’Heures de ses administrés : l’allongement du temps de travail, la modération des salaires bruts et de manière générale, une plus grande flexibilité.
Exactement le programme allemand qui crée un souci d’encre au chancelier Gerhard Schroeder.
Et avec tout ce ramdam social, Rudi Thomaes se fait fort de créer un climat au travail tel, qu’il en deviendrait plus attractif que le chômage… beaucoup mieux que du temps de Vandeputte !
Le souci n’est déjà plus à créer les 362.000 emplois, non, c’est comme si c’était fait. Le grave danger, c’est qu’on ne trouve pas assez de candidats pour cette manne d’emplois offerte le cœur sur la main par nos capitalistes équitables.

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Selon la FEB, ce programme est réalisable sur le plan budgétaire. Rudi Thomaes veut bien passer une copie de ses projets au gouvernement. Il promet l’augmentation du nombre de travailleurs et la diminution du nombre d’allocataires sociaux, la diminution des taux d’intérêts et le retour vers 2011 d’un fonds de tiroir pour le Budget de l’Etat, fort délicat encore, mais en boni, tout de même.
Il le dit aussi, mais d’une voix plus feutrée, à peine perceptible pour les Rosés assis au fond de la salle et venus en observateurs, que la réduction de la présence de l’Etat, en raison notamment du glissement de l’emploi du secteur public au secteur privé, sera salutaire dans la vie des Belges, soulagés par le dégraissement du mammouth de la rue de la Loi. On voit le poil des facteurs, des cheminots et d’autres futurs « privatisés » se hérisser… Quant à nous, pauvres cloches sans pouvoir, nous pourrons avec ce plan nous brosser pour recevoir du courrier tous les jours, tandis que les usagers feraient bien de prendre une assurance sur la vie quand les chemins de fer seront devenus privés.
Reprenant du souffle, le hardi jeune premier aux cheveux à la Richard Geere, prévoit que les salaires bruts augmenteraient avec son plan de 2,5 % par an entre 2005 et 2010, ce qui équivaudrait à une croissance réelle du salaire net de 0,85 %. Enfin, c’est lui qui le dit. Non seulement, moins d’1 %, c’est absolument ridicule, mais c’est aussi considérer que l’inflation déjà masquée par les escrocs qui manipulent les produits pris en compte ne serait que de 1,2 % l’an !
C’est avec des accents vandeputtiens que Thomaes a ainsi conclu sa péroraison 2010.
Il ne manquait qu’une vibrante Brabançonne à ce mémorable rendez-vous de l’Histoire et aussi, sur une toile de fond, le portrait en filigrane de Pierre Dac, notre regretté maître à tous.

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