« En avoir ou pas ? | Accueil | Les grandes carrières du FOREM. »

La bourse ou la vie ?

Les Bourses d’étude, les subventions, les aides, les dotations, etc. vous pensez la source de pouvoir qu’elles procurent à ceux qui les distribuent. Vous n’en imaginez pas l’importance dans le système.
Le pouvoir de doter est un pouvoir quasiment féodal.
Je parle en connaissance de cause, moi, Richard III, avant ma déculottée à Bosworth en 1485. Je n’ai dirigé les hommes que par ça.
Allez voir du côté du pouvoir, 519 ans plus tard, comme on s’arrache les Présidences de comité, les contrôles, les Pouvoirs organisateurs…
Bien entendu, ce n’est qu’une source de fidélisation au clientélisme. Ce « pouhon » n’est pas unique. Le sol belge est percé d’une multitude de résurgence de la nappe centrale, énorme et imposante, forcément puisqu’elle est constituée de l’eau pure de votre pognon.
De l’autre côté du don, c’est comme au basket, eux ont le ballon, vous le panier. Ils font parfois exprès de mettre à côté.
Tous les moyens sont bons pour se bien placer devant le guichet, au bon moment, pour l’acte final : « ce bon vaut de l’argent », comme à la mutuelle.
La manne sacrée peut revêtir une multitude de formes, permis de travail, de séjour, nomination, engagement, autorisation, droit nouveau, droit ancien pérennisé, coupe-file, carte d’accès, naturalisation providentielle, urgence, non-lieu, voiture de fonction, bien avant la bourse d’études que le pauvre étudiant devra rembourser plus tard, quand il aura ouvert son cabinet.
Parfois, il échoit aux gens du vulgaire des bribes du pouvoir discrétionnaire, moins important qu’aux échelons de haute décision, certes, parfois à peine jubilatoire… mais… Un fonctionnaire infime peut ressentir ce plaisir trouble qui consiste à privilégier un demandeur : le vieillard aux cheveux argentés, parce qu’il a de bons yeux de chien battu, ou la grande perche parce qu’elle a un beau cul. Nul besoin de se justifier. Comme le flic qui décide de tout au départ de rien, pouvoir régalien, passager, certes, mais combien grisant pour les minables qui ont passé leur vie à subir, eux aussi. Se trouver pour une fois, de l’autre côté de la barrière, c’est suprêmement bandant, pour les âmes basses.
Deuxième échelon, le petit pouvoir suivi d’effets bénéfiques à la personne qui le possède. Certains fonctionnaires ramassent les miettes abandonnées à leur cupidité par le pouvoir du dessus. Les dossiers permutent, les empêchements s’évaporent, le passe-droit s’opère, impunité assurée.
Souvent les contreparties sont de petites compensations, « cadeaux » du bénéficiaire, ex-voto de la reconnaissance, renvoi de l’ascenseur.
Le cul est un des meilleurs ex-voto qui se puisse être. C’est gratuit pour celui qui l’offre, c’est un cadeau appréciable pour celui qui le reçoit.

vertu.JPG
Vous imaginez la jubilation d’un ministre qui constitue son cabinet ! Les mannes que sont ses décisions pour la parentèle, l’entourage… le chauffeur, le secrétaire particulier, les membres et le chef du cabinet… cent emplois à discrétion et à pourvoir sans vraiment de critères que le bon plaisir !... On a vu comme cet exercice est périlleux avec l’aventure du cabinet d’Alain Vanderbiest. La tragédie parfois, quand le choix se porte sur une bonne gueule d’ivrogne ou une petite qui ne met pas de culotte, même par grand froid, le cousin qui n’a pas eu de chance, un ancien voisin qui vous invite les dimanches de forte chaleur à son barbecue, saucisses à volonté !... Vu sous cet angle, on en arriverait même à comprendre les choses… à se dire que ces dotations détournées, ce bon plaisir jubilatoire, on les comprend et on les accepte, mais se faisant, en signant le papier, en accordant un droit, en empilant les demandes à satisfaire d’amis sûrs, en prévision des élections futures, en guise de compensation aux tournées qu’on paie dans les cafés pour se faire réélire, on se retranche d’une intégrité qui s’échappe, d’une parole dite en conscience, d’une forme d’honneur qui se dissout. Ce que je reproche aux situations florissantes de certains de nos hommes d’Etat, ce n’est pas trop la situation sociale favorable par rapport à leurs petits mérites, c’est au-delà d’une perte d’intégrité certaine, le culot qu’ils ont de nous faire la leçon sur un civisme dont ils se sont éloignés depuis si longtemps qu’ils en ont perdu la conscience. C’est de prêcher une vertu citoyenne avec un tel dang-froid, qu’on se sent tout saisi de la fausseté du monde. Avec le mot « devoir » à la bouche, on fait danser le citoyen. On se fout de sa gueule.

Poster un commentaire