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SOS : démocratie en péril !

Au-delà de la polémique des Communautés, à propos des vols de nuit de DHL, voit-on bien vers quelle impasse nous conduit le Gouvernement fédéral avec l’accroissement des nuisances au-dessus d’une région fort peuplée ?
C’est, ni plus ni moins, une défaite du droit, la prééminence de l’économique sur le politique et, en fin de compte, la défaite de tous les citoyens Flamands, Wallons et Bruxellois devant la pieuvre du profit industrialisant, commercialisant, tout ce qui peut l’être.
J’entends bien que des milliers d’emplois sont en jeu. Mais, à suivre ce raisonnement, on en arriverait à considérer que les raisons économiques annuleraient les lois en vigueur ? A-t-on mesuré toute la portée de ce raisonnement ?
Verhofstadt suit la même pente à propos de nous que jadis nos coloniaux à propos des Congolais : « Encore heureux qu’ils travaillent, même dans de mauvaises conditions. Ils ne sont bons qu’à ça ! ».
Le drame était patent lorsqu’à l’occasion d’une manifestation des riverains, des travailleurs de DHL s’y opposèrent. Lamentable confrontation de victimes du système, les uns défendant le droit au sommeil, les autres, le droit au travail. Et quel travail ! Celui d’une répétition des tâches, abrutissement complet aux cadences des chaînes de distribution, et dont la seule motivation est la recherche du pain quotidien. Sinon, comme ces travailleurs jetteraient leurs maigres fiches de paie à la face des exploiteurs de DHL !
Un raisonnement de Laurette Onkelinx le confirme : « Ces équipes de nuit, sans DHL, sont des chômeurs certains. », entendant par là que ces pauvres diables sont sans qualification. C’est dire le sale boulot de cette boîte et le va-et-vient du personnel !
Aussi douloureux que cela puisse paraître, le Gouvernement fédéral, quelle que soit l’issue des décisions des Parlements flamand et bruxellois, a tort, mille fois tort d’être tombé dans le panneau des emplois à sauver, comme s’il était déjà en phase électorale.
Car, qu’on le veuille ou non, par cette décision, ce gouvernement, s’écartant de l’Etat de Droit, contrevient à la déontologie de la plus élémentaire démocratie.
Un peu à l’image de ce premier ministre qui stigmatise les automobilistes imprudents, alors que le lendemain un radar de la gendarmerie le flashe à des vitesses interdites. En quoi son chauffeur, hier soir, a probablement récidivé.
Des Lois existent sur le tapage nocturne et les nuisances sonores. On les ignore superbement. Des normes sont édictées concernant les pollutions de l’air. On s’en fout. On les bafoue. On vient de vivre un dimanche sans voiture à Bruxelles. On a empêché quelques malheureux de rejoindre leurs domiciles en voiture, sur le temps que le ballet aérien battait son plein et que le souffle des turbines faisait vaciller les cheminées !
Après cela, quelle sera l’attitude d’un tribunal de simple police jugeant les joyeux fêtards d’une noce qui aurait réveillé les habitants d’une rue de village ?
Cela peut paraître anodin, c’est très grave au contraire, que l’on puisse accorder des privilèges à des industriels sous quelque prétexte que ce soit, les plaçant au-dessus des lois.

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C’est tout le système qui fout le camp par le mauvais exemple de l’échelon le plus élevé du royaume. C’est un passe-droit patent et une injustice dont le caractère est perçu par toute la communauté.
Qui pourrait dire sans rire aujourd’hui que tous les citoyens belges sont égaux en droit devant la Loi ?
Il n’est plus ici question d’apitoyer les riverains qui ne dorment plus, par la situation des smicards dans les bagnes nocturnes de DHL. Non, il s’agit de savoir si oui, ou non, les Lois existent encore ?
Si oui, que DHL aille se faire pendre ailleurs, quelles qu’en puissent être les conséquences pour la collectivité ; sinon, il n’y a plus de règle, il n’y a plus de démocratie et plus de légitimité pour rien.
On tombe dans une république bananière.
Que les complaisants poursuivent l’adoration béate de ce qu’ils croient être leurs grands hommes ; la démocratie n’en sera pas moins dans les chiottes d’un abject abaissement.
Bien sûr, d’aucuns feront valoir que ce discours excessif, pour si peu de choses, est peu crédible. Raisonner de la sorte permet d’avoir bonne conscience. C’est agir en Tartuffe.
Si DHL triomphe, espérons quand même que des 28.000 avions sur 365 nuits au-dessus d’un million de personnes aucun ne s’écrase au sol...

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