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De l’Amour.

A M…

D’après Stendhal, la cristallisation serait l’image parfaite de la naissance de l’amour.
Pyramide hexagone, poésie des prismes....
…comme les pas d’une femme résonnent au cerveau du pauvre malheureux.
Cependant, j’aime mieux « projection », préféré en psychanalyse à « cristallisation ».
« Projection » induit une notion de rapidité. L’état d’une personne amoureuse suppose qu’elle projette son affect.
La cristallisation par définition est un processus plus lent.
Stendhal suppose que l’amour est comme un rameau d’arbre qui se couvre de cristaux de sel, dans les mines de Salzbourg. Il oublie, qu’il faut plusieurs années pour que cette cristallisation étincelle de mille feux.
Mon état amoureux serait plutôt celui de Phèdre qui à la vue d’Hyppolite, pâlit et rougit à sa vue.

L’amour est un sentiment d’une intensité particulière. Quand on a écrit cela, on n’en sait pas davantage. On ignore à quoi correspond, dans notre spectre émotionnel, cette intensité particulière. Quelles sont les émotions approximativement identiques à partir desquelles s’établirait un semblant de comparaison de l’amour ressenti ?
Là-dessus, les auteurs profèrent des sottises, jusqu’à suggérer une intensité proche d’une douleur, comme une rage de dents !
Je sens le bonheur d’aimer différemment, une flamme de béryl, plutôt couleur émeraude, que Véronèse qui courrait sur un visage de femme, m’attirant par une fascination inexplicable et pas de douleur du tout !
Dans la définition de Descartes, « les esprits animaux » est une litote de l’amour qui me chagrine. L’amour anthropomorphe, celui qui sommeille dans le cœur de Rabelais : Eros, Philia et Agapé ne grognent que pour les infirmes du cœur.
Platon cerne mieux l’amour contemporain dans sa grécité. Pour lui, l’amour est l’attrait exercé par la beauté. Mais, Platon ne serait pas Platon si à l’instant d’une vérité simple, il n’en superposait l’éponyme et son contraire. Il y voit la beauté sensible et la beauté véritable ! Comme s’il existait une beauté sensible qui ne fût point véritable ?
Entre possession et non possession, il place la philosophie, qui, dit-il, est aussi « entre savoir et ignorance ». Il faut dire que Platon met de la philosophie dans tout.
Ce n’est pas Platon qui se serait débarrassé des Eupatrides oppresseurs, d’un puissant et brusque coup de reins.
Cela explique que Platon soit tant haï des lycéens dès l’âge du flirt. Je vous fiche mon billet que si vous raisonnez de la sorte, comptez bien vos instants de bonheur. Il n’y en aura pas beaucoup.
Revenir à Descartes : l’amour adoration qui nous fait aimer davantage l’objet que soi.
Mais, il paraît que cet amour est de droit divin. Cela tombe bien, il me manquait un dieu, dans ce panthéon vide.
Elle sera mon premier et dernier Dieu. Je ne mourrai pas athée. Vous voyez comme le mysticisme induit de l’amour récupère les incroyants !...
Spinoza définit l’amour comme une joie. Mais, après un bon départ, il sape le moral lorsqu’il parle d’éternité. L’amour de Dieu vous rattrape au tournant. Spinoza a mal aimé, sans doute, puisqu’il ne sait pas combien « éternité et toujours », sont les deux seuls mots de la langue française qui veulent dire le contraire, sauf dans mon cas où cela signifie qu’on n’a plus beaucoup de temps à perdre en finasseries et que le mot « fin » accompagné du vocable rural « des haricots » font syntagme.
Reste Kant, l’inénarrable, avec sa pathologie des sentiments et des inclinaisons. J’eus beau fouillé dans sa vie, je n’ai trouvé nulle trace de madame Kant ! C’est dire la place que les femmes ont tenue, servantes, sans doute, maîtresses parfois. Alors, comme les curés qui ne devraient avoir aucun sens pratique de la vie amoureuse et qui, cependant, n’arrêtent pas de donner des conseils allant même jusqu’à proscrire certaines positions condamnées par le Saint Père (quand même pas celle du missionnaire) comment Kant peut-il s’étendre sur un sujet dont sa vie ne porte aucune trace ?
Peu importe, après tout. Quelque soit la forme que prend l’amour, c’est un beau jour.
Et rien que pour ce seul jour, cela vaut le voyage.

beryl.jpg

Depuis les verts abysses / elle arrive blanche d’écume / S’enfle monte hurle / pour mourir à tes pieds / Chien couchant / La marée trop belle / te lèche les souliers

Voulez-vous, veux-tu, veut-elle la vague amoureuse en espagnol ?

Desde los verdes abismos / Ella llega blanca de espuma / se engrie sube aúlla / Para morir a tus pies / Perro aciostado / La marea demasiado bella / Te lame zapatos.

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