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U2 en concert.

- Simonetta, mon amour, je vois que tu me fais la gueule.
-Non chéri, c’est juste que je pense toujours à l’autre.
-C’est quand même un comble, après ce que tu m’as dit !
-Qu’est-ce que tu veux, c’est plus fort que moi !
-Il a quoi de plus que moi ? Il est vieux, chauve, marié et ne pratique pas le muff-diver dont tu es si friande ?
- C’est vrai. Je sais cela. Il avait quand même des qualités.
-Lesquelles ?
-Tiens. Il est intelligent. Il a un déodorant bucal… attends… Broute-cresson.
-Broute-cresson, le parfum d’Edith ?
-Ce que tu es bête ! Tu devrais essayer… une fraîcheur de la bouche que, qui… quoi…
-C’est ça je pue de la gueule !
-C’est toi qui me demande. Je ne dis pas que tu pues de la gueule, mais…
-Presque ?
- Tu n’en peux rien. C’est plus profond. On dirait que chez toi, ça te remonte de l’estomac.
- Ah ! j’en apprends !... Et quand tu dis qu’il est intelligent, c’est par rapport à qui ?
- Je sais, tu as l’intelligence du cœur, toi, c’est déjà quelque chose.
-Voilà, on y est. Je suis con !...
-Non, pas du tout par rapport à ceux que nous connaissons. Tu es même au-dessus.
-Je m’en fous de ceux que nous connaissons, c’est par rapport à lui qui m’intéresse ?
-Tout est relatif, mon chéri…
-Ne dis pas « mon chéri » maintenant. Après, oui, si c’est encore possible…
-Il y en a peu qui ont son intelligence.
-Donc, par rapport à lui, je suis un con.
- Pas exactement. Tu n’as pas son expérience, sa culture...
-Parlons-en de son expérience. Est-ce que je claironne partout que je trompe mon épouse, comme lui l’a fait en te prenant pour maîtresse ? Est-ce que je mets sur ma carte de visite « finaliste des Chiffres et des Lettres à France 2 » ? Enfin, qu’est-ce que c’est pour un type ?
- Tu n’as pas sa culture, un point c’est tout.
-Vrai, je n’emploie pas des mots comme « ataraxie » ou « prolégomènes » pour dire que je vis seul depuis peu de temps.
-Tu vois comme tu es jaloux ! C’est insupportable.
-Non ? Tu l’as vu ? Il n’a plus un cheveu sur le caillou !
-Ça lui donne un air de virilité qui lui va bien. Tu ne trouves pas ? Tandis que toi…
- Quoi, moi ?
- Les cheveux des tempes que tu rabats sur le dessus de la tête, ça veut dire que tu n’en as plus tellement et que tu les perds progressivement.
-D’accord. Je suis un con qui perd ses tifs. Reste plus que l’âge. Là, tu ne peux rien dire. J’ai quand même 25 ans de moins que lui et dans le fond, soit dit sans t’offenser, 5 de moins que toi.
- Je savais que tu parlerais de mon âge. Dis tout de suite que je suis une vieille femme ?
-Je n’ai pas dit ça, puisque tu as encore 20 ans de moins que lui.
-Et alors ? Qu’est-ce que l’âge vient faire en amour ?
- Pas immédiatement, à 50 ans, il en a peut-être encore sous la semelle, mais dans 10, voire, 20, ce ne sera plus qu’une épave. Ce n’est pas quand il changera la pile de son pacemaker, qu’il se mettra à avoir des « ardors » ?
-A 25 ans, tu es fort immature, tu n’es pas mûr pour comprendre ces choses !
-Je ne savais pas que le jeune âge c’était aussi un handicap. Quand même au lit, c’est un avantage !
-Non, mais de quoi tu causes ? Comment sais-tu ce qu’il fait au lit ? Qu’est-ce qui te fait croire que tu lui es supérieur ?
-J’allonge la liste. Jusqu’à présent j’étais con, trop jeune, presque chauve, avec un ulcère à l’estomac, voilà que par rapport à lui je suis une couille-molle !
-Parfaitement. Maintenant que je vous compare. Quand je range tes caleçons dans l’armoire, j’ai l’impression que j’empile des surplis à la sacristie de la Chapelle-Sixtine !

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-Je tombe de haut !
-Et, c’est pas fini.
-Qu’est-ce tu fais ?
-Je regarde par la fenêtre. Sa voiture est là. Il m’attend.
-J’aurais dû savoir… Simonetta est amoureuse du troisième âge. Madame fait dans le débris, l’occasion…
- Ma valise qui est sous le lit, hop, je la tire. Je suis bien heureuse que ce soit toi qui me vire. Merci, de m’avoir tendu la perche. Je n’aime pas rompre.
- Mais, je ne te vire pas !… Tu peux rester. Réfléchis… Ne fais pas ça…
- Que je te dise, franchement, tu es ignoble, dégueulasse… Tu finirais par me supplier de rester…
-Qu’est-ce que je vais faire des deux places de U2 ?
- Non. Tu as les places pour le concert d’U2 ! Pourquoi ne l’as-tu pas dit tout de suite !
-Et ton petit vieux qui est en bas dans la bagnole ?
-En y regardant mieux, c’est un break Toyota, mais ce n’est pas le sien.

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