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Kublabla…

Hier dimanche, sur la 1re chaîne RTBf, débat sur les nouvelles sanctions concernant les chômeurs qui traînent les pieds pour retrouver du boulot.
Un seul émergeant parmi les gaspards intervenants, triomphant comme toujours, sans aucun doute ni hésitation, couvrant de sa voix de meetingueur libéral, tout qui n’avait pas l’heur de trouver à son goût sa philosophie du chômage, c’est-à-dire à peu près tout le plateau, refusant de se taire quand les autres tentaient d’échapper à ses logorrhées, malgré les objurgations du présentateur de la RTBf, mais qui donc ?... Serge Kubla, tel qu’en lui-même la politique le fige.
Pour le reste, ce débat a fait penser aux mouvements désordonnés d’une colonie de souris dans un laboratoire que les chercheurs auraient abandonnée sans eau et nourriture..
On s’observe. On parle des kapos qu’on appelle « facilitateurs » chargés d’expliquer aux impétrants que s’ils ne trouvent pas du travail, c’est de leur faute. Une ministre enceinte qui tricote une layette dans sa tête. Des fonctionnaires y compris les deux syndicalistes qui parlent de ce qu’ils ne connaissent pas, c’est-à-dire l’angoisse de ne pas aligner suffisamment d’euros à la fin du mois pour survivre jusqu’au mois suivant. Pour couronner le tout, sa suffisance en personne : le sieur Kubla, dans le confort d’un statut de professionnel de la politique, confit dans sa graisse et qui se permet de tancer tout un chacun.
Et on s’est endormi dans l’univers de la RTBf pavé de bonnes intentions : « on est là pour vous aider », « nous ne sommes pas des machines à exclure », etc…
Cependant, les faits sont là. Les convocations vont leur train, les bilans sont décryptés par les nouveaux fonctionnaires, tellement émerveillés d’avoir un emploi que l’on peut craindre leur zèle. Les plus fragiles d’entre les chômeurs, même soutenus par d’autres fonctionnaires, syndicaux ceux-là, vont se trouver à quia à expliquer les portes fermées, l’arnaque des bureaux intérimaires avec des frais d’inscription, le mépris des petits patrons et la grossièreté des employés assaillis journellement par les demandeurs dans des entreprises devenues négrières et surexploitant leurs personnels.
Et tout ça, vécu comme les souris de laboratoire, incapables de se défendre, de comprendre ce qu’il leur arrive et dans quel piège le mauvais sort les a fourrées.
Alors que par décence ce nanti aurait dû la fermer, Serge Kubla, vantant le système capitaliste par son attitude et ses réflexions, n’avait, somme toute, rien compris de l’angoisse des petits à qui on n’a rien trouvé de mieux à faire que de les menacer de leur retirer le pain de la bouche. Vingt années de kublabla a permis de hisser sa seigneurie kublissime au sommet d’un libéralisme tellement néfaste, tellement mauvais, tellement égoďste que le dégoût me prend d’en dire davantage…

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Reste que le bilan est là : lamentable et que la chasse aux « faux » chômeurs est ouverte. Etant entendu que le bon chômeur, c’est celui qui est près d’abandonner toute prétention à un salaire décent, à perdre dignité et fierté, pour faire n’importe quoi, comme si les escrocs qui nous dirigent ne sont pas autre chose que des sangsues ajoutées aux sangsues des banques et des industriels, des guignols, peut-être demain sanglants, prêts à défendre dans le sang, s’il le faut, leurs gamelles, leurs statuts, et les merdes de l’OMC. C’est que Kubla et ceux de sa sorte ne sont pas des hommes faits de tous les hommes et que vaut n’importe qui, selon la définition de Sartre, mais une espèce supérieure, triomphante et donneuse de leçon qui personnellement me fait gerber.
On voit d’ici les entrevues, le facilitateur et son compère de la FGTB ou de la CSC, forcément ils se connaissent, et en face le pauvre type qui va se faire flinguer. Après le lavage de tête, pas de sanction au premier shampoing. Si quelques mois plus tard, le palotin n’a pas accroché un job ou une promesse de job, bref si son dossier est vide, le facilitateur devenu substitut de la Justice de l’ONEm réclamera 4 mois d’exclusion, s’il a bien baisé le matin ou qu’il a bouffé une choucroute garnie à midi qu’il semble digérer, le facilitateur pourrait suggérer la clémence à son chef de service, par exemple des allocations à taux limité. Après, c’est l’exclusion, la zone, le foyer d’accueil, en somme une déchéance physique à l’inverse d’une déchéance morale que Kubla porte haut depuis toujours.
Kubla en jubile. On sent chez cet homme quelque déception ancienne : une chômeuse qui aurait repoussé ses avances, une enfance difficile dans une ambiance de grève et de chômage ou pire se débattant jeune garçon dans un milieu pédophile ? Va savoir… peut-être fait-il partie de ces gens qui ont sacrifié leurs amours à l’ambition ? Il se vengerait alors sur nous pour y avoir renoncé.
Nos dirigeants ont fui les analyses qu’ils auraient dû faire depuis longtemps. Comment résoudre un problème dont on escamote le sens et dénature l’origine ?
Zoé Genot, députée Ecolo, a tenu le rôle qui aurait dû être celui des socialistes. Elle dit du fond du cśur ce qu’une vraie gauche aurait dû balancer sur le plateau. Elle a été très bien cette petite.
Dommage que les autres étaient empêtrés dans leur recette de poseurs de cataplasme sur un capitalisme qui réussit dans l’odieux à cumuler aujourd’hui ses inconvénients et ceux du système communiste. Il va peut-être en crever. C’est tout ce qu’il mérite.

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