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Quand la mer monte…

-On ne part plus à Noirmoutier !... C’est bien décidé ?
- Tu ne vas pas recommencer avec ça ? J’en ai marre des habitants, du pont, de la maison, de Toutin…
-Mais qu’est-ce qu’on va leur dire ?
-Rien. On n’y va pas. C’est tout.
- Et Toutin, sa maison, à qui il va la louer à 15 jours des vacances ?
-Ça je m’en fous. De toute manière, pour un ami, ce n’était pas donné sa location.
-Tu sais bien que c’est pas lui qui fixe les prix. C’est le syndicat…
-Justement, qu’il s’arrange avec les autres propriétaires.
-Et tes parties de pêche avec Toutin ?
-Parlons-en. J’y suis allé une fois. J’ai eu le mal de mer. Tu étais la seule à l’accompagner.
-Ce n’est tout de même pas de ma faute, si tu as le mal de mer ?
-Et puis les après-midi à l’apéritif à parler du tour de France, c’était d’un lourd !
-Pourquoi ne venais-tu jamais te promener à vélo ? Tu pouvais emprunter le vélo de Rose et venir avec nous.
-Merci bien. Toutin pédale comme un fou, toi avec son deuxième vélo de course, tu suis. Mais moi, avec le vélo de Rose qui n’a qu’une vitesse… Si bien qu’après cent mètres on vous voit plus.
-Ne viens pas dire ça. On t’a toujours attendu.
-La dernière fois, je ne vous ai pas vus dans le foin et je suis passé sans que tu m’appelles !
-Tu tardais tellement, qu’on s’était un peu endormi… C’était drôle, non ?
-Et puis je n’aime plus la maison. Passer devant leur chambre tous les matins avec Rose qui ronfle depuis qu’elle est enceinte, c’est insupportable.
-C’est une promiscuité de cinq minutes seulement. Après nous avons notre coin cuisine et notre douche à part, sans oublier la petite terrasse…
-Sur laquelle on n’est jamais parce qu’elle est mal exposée et tu finis par prendre tes bains de soleil sur la terrasse avec Toutin. Comme je n’aime pas trop m’exposer, je reste sur notre terrasse et c’est finalement Rose qui vient jouer aux cartes avec moi, afin de ne pas s’exposer elle aussi, vu qu’elle est enceinte.
-Tu oublies que c’était l’année passée, que Janneke à 7 mois et que je suis la marraine.
-Quelle idée d’accepter l’offre de Toutin d’être la marraine de la petite ! Tu vois les obligations avec des gens qui ne sont même pas de la famille et qui nous piquent 1750 euros pour une semaine en juillet et deux semaines en août.
-Et les poissons que je pêche avec Toutin qu’il ne nous fait pas payer ?
-Tu parles, il garde les soles pour la criée et nous nous tapons ceux qui ont tellement des arrêtes qu’on croirait ouvrir un parapluie quand tu les vides. Et puis j’ai horreur du poisson.
-Parle pour toi. Moi, je l’adore.
-Forcément, puisque l’autre jour je t’ai surprise à manger des filets de sole avec Toutin pendant que sa femme traînait sur le marché.
-Mais puisque tu n’aimes pas le poisson, qu’est-ce que ça te faisait de ne manger que ceux qui ont des arêtes ?
-Enfin, marre de faire le tour de l’île à jeter des cailloux dans la mer quand je ne fais pas la promenade avec Rose, pendant que tu pêches avec Toutin.

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-J’insiste parce que Rose a téléphoné hier, juste après notre discussion à propos de la location. Et elle n’était pas contente. Elle m’a passé Toutin qui était furieux. Il a passé commande pour un siège baquet moulé exprès sur moi pour la pêche aux gros. Il ne voulait pas te présenter la facture. C’était un cadeau. Maintenant il hésite.
-C’est un comble à la fin. Je n’ai jamais demandé un siège moulé pour tes fesses à la pêche aux gros ! En voilà des cadeaux…
-Et puis Rose a repris le cornet des mains de Toutin. Elle vit une histoire d’amour, tu sais avec le touriste hollandais qui a perdu sa femme l’année dernière au large sur son dinghy ! Elle quitte Toutin.
-Tant mieux. Ainsi j’en serai débarrassé. Finies les parties de carte. Elle part avec ta filleule ?
-Bien sûr.
-Quand part-elle ?
-Elle et le Hollandais attendent que nous venions pour ne pas laisser Toutin tout seul.
-Et Toutin est au courant ?
-Oui. Depuis l’année dernière quelques mois avant que nous ne venions. C’est quand elle a voulu appeler sa fille Janneke que le pauvre Toutin a compris que sa fille n’était pas sa fille.
-Comme quoi quand on passe ses journées en mer…
-Alors tu viens ?
-Pas du tout. Depuis quand un touriste doit-il consoler celui qui lui loue une partie de sa maison parce que sa femme l’a quitté ?
-Sans cœur !
-Cette année, nous allons à Vallon-Pont d’Arc !
-Quoi, dans ce trou infâme ! Le camping de Madame Martin !
-Absolument.
-Eh bien tu iras sans moi. De toute façon, j’ai donné ma parole à Rose. Je ne peux pas laisser Toutin tout seul.
-Voilà du dévouement ! Mais si u crois que je vais payer les 1750 euros de location, tu te fourres le doigt dans l’œil.
-J‘en ai parlé hier aussi à Toutin. Eh bien ! il n’est pas comme toi. Si je viens sans toi, ce sera gratuit.
-Forcément, vous pourrez toujours louer l’autre chambre…
-Je savais que tu allais dire ça. Rassure-toi, ce sera comme avant puisque la facture qu’il va t’envoyer du siège baquet est de 1750 euros aussi !

Commentaires

Marie-Christine à Noirmoumoute... Tiens, tu ne serais pas victime du syndrome "Harry dans tous ses états".

Toute similitude avec des situations qui traverserait l’esprit de certains lecteurs est de nature purement fortuite. Seul un imagnaire de pure fiction a toujours guidé l’auteur.
Richard.

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