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S.O.S. pétrole !

Même si l’on pompe gaillardement le pétrole tous azimuts et que le pic de production n’est pas encore atteint, l’organisation spéculative de la pénurie de l’or noir, jointe aux guerres, les sabotages et la production au ralenti en Irak font que le prix du baril de pétrole s’envole.
Rien ne semble devoir freiner sa course.
La bourse s’émerveille lorsqu’une « barre historique » est franchie, comme ce fut le cas avant-hier à New York avec 64 dollars le baril.
Encore n’a-t-on encore rien vu avec la Chine qui cherche désespérément à renouveler son énergie principale qu’elle tire du charbon. Ce pays d’1 milliard et demi d’habitants vit un siècle en retard avec des mines dignes de figurer dans l’œuvre de Zola. La Chine avec ses 35.000 morts par an détient le record absolu en matière d’insécurité dans ses charbonnages. Il y a en Chine une pénurie permanente de gasoil et il n’est pas rare de voir des pompes à sec et des automobilistes coltiner un bidon vide à la recherche du moyen de le remplir.
Que ce soit l’année prochaine ou dans cinq ans, nous atteindrons ce fameux pic de croissance au-delà duquel la production décroîtra progressivement jusqu’à l’extinction complète des nappes et le retour à des économies moins gourmandes en matière d’énergie non renouvelable.
Un des défauts les plus graves de l’économie capitaliste réside dans son incapacité à investir une partie des profits à la recherche. La recherche pour ce genre d’économie n’est rentable qu’à trop long terme pour qu’elle soit appréciée par les actionnaires. Alors, ce qu’officiellement l’économie de marché déteste le plus, à savoir l‘intervention des Etats en matière d’entreprise, elle les presse en sous-main de pousser les investigations d’un carburant de remplacement. Les coûts très élevés de la recherche seraient évidemment à la charge du contribuable, quitte - grâce à l’espionnage industriel - à ce que le travail accompli aux trois quarts, Exxon Mobil, Texaco et consort prennent le relais.
La Belgique et d’autres pays de la Communauté européenne, ont pris de mauvaises habitudes en faisant de leurs automobilistes de véritables mécènes de la chose publique avec des droits d’accises énormes. Le prix du baril pourrait grimper sans dommage à 100 dollars s’il n’y avait un mécanisme qui réduirait d’autant l’accise sur ce produit. Il existe effectivement une réglementation qui freine la boulimie de l’Etat, mais cette réglementation ne résisterait pas à un doublement du prix du baril, car si on devait l’appliquer à la lettre, les recettes sur le carburant chuteraient de moitié et cela le Gouvernement ne pourrait le supporter à cause de l’équilibre budgétaire qui ne serait plus respecté.
Toute l’économie se trouve menacée par la fin prochaine de l’extraction du pétrole. Dans l’immédiat et pour de longues années, ce lent dépérissement va miner les finances publiques.
Depuis des millénaires, la roue tourne et les civilisations se succèdent. On peut craindre pour la nôtre, basée essentiellement sur l’exploitation de l’homme par l’homme dans un système où l’égoïsme est érigé en véritable stratégie d’organisation. Nous pourrions disparaître sans tambour ni trompette dans des guerres d’hégémonie et d’appropriation des richesses minéales.

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A ce petit jeu du dernier vivant les biens, ceux qui ont le meilleur notaire sont les Etats-Unis d’Amérique avec une réserve de pétrole dite stratégique équivalente à deux années de production pleine, alors qu’en comparaison celle de la Belgique n’est que de 3 à 6 mois. Dans le pire des scénarios, l’Amérique aurait les moyens d’envahir les derniers pays extrayant encore la précieuse huile à seule fin d’échapper un temps encore au ralentissement général et au basculement dans un nouveau moyen âge. C’est ici qu’intervient l’arme atomique. Il est indispensable pour cet Etat dominateur que les pays producteurs ne l’aient pas, surtout ceux dont les réserves ne seront pas totalement épuisées. Parmi ces pays, on trouve comme par hasard l’Irak, mais aussi l’Iran qui défraie la chronique en ce moment avec la reprise de ses activités nucléaires. Et pendant que l’Europe s’interroge sur la manière de persuader l’Iran d’abandonner l’idée de posséder la bombe, Israël l’a des Américains, depuis 1965.
Si, comme le déclarent nos journaux, pas mal de Belges auront froid cet hiver, ce seront surtout les hivers prochains qui seront rudes. Avec 550 euros les mille litres, les journaux vont, dès l’automne, consacrer leurs meilleures pages sur ce sujet qui réfrigère au lieu de réchauffer ; alors que le véritable enjeu que je viens d’évoquer ne sera pas ou fort peu abordé, pour la raison bien simple que ce type de raisonnement prémonitoire d’une catastrophe prévisible n’est pas conforme au « rêve » capitaliste !
Voilà, vous aurez compris à quel degré de bêtise et d’aveuglement nos élites sont arrivées pour que vous vous permettiez avec votre serviteur de leur dire qu’ils aillent se faire foutre, et encore, je suis poli.

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