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Humour parisien

Dans un appart comme un terrain de football en plein Champs-élysées, Pierre Palmade et Muriel Robin travaillent à leur futur sketch dans une cuisine minuscule.

-Tu vas au cours Florent ?
- Mais non. J’ai l’air d’un comédien ? Tu peux pas dire « Florent, tu vas au cours ? »
-Je comprends pas.
-Tu parles à un type qui s’appelle Florent et qui va à la faculté de Nanterre.
-Bon et alors ?
-Ecoute, t’es bien gentille, laisse tomber.
-Faut que tu m’expliques. J’ai l’air de passer pour une idiote.
-C’est rien… c’est qu’entre nous. C’est déjà fait.
-Il faut que je dise : Florent, tu vas au cours ?
-Non. Il faut que les gens comprennent que ce type ne va pas au cours Florent. Mais qu’il s’appelle Florent et qu’il va à son cours.
-Ça va, j’ai compris.
-C’est comme si tu demandais à Richter de te passer son échelle.
-Qu’est-ce que je ferais d’une échelle ?
-Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient.
-Et bienheureux les cons, car ils ont le royaume d’en dessous.
-Oh ! merci. T’es une sorte de professionnelle du rire en cascade. T’aurais dû remplacer Coluche. T’as déjà le physique…

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-Toi, t’as ni le physique, ni l’esprit…
-J’ai préféré le genre bourgeois coincé.
-Tu sais faire que ça d’ailleurs.
-Tout le monde vient pas d’un salon de coiffure…
-Je signale que c’est la semaine prochaine qu’on va à Liège. Alors si au lieu de se lancer des vannes, on bossait un peu ?
-On n’attaque pas par le cours Florent ? On débute par quoi, alors ?
-Un gars de la RTB locale doit nous expliquer par téléphone demain le rebond wallon.
-C’est du basket ?
-C’est à mon tour de me marrer. C’est les types des partis qui veulent que la Wallonie rebondisse.
-Comme un ballon ?
-C’est une image, pauvre con ! Ils veulent repartir du bon pied.
-…c’est ce que je disais, pour ne pas faire un « marché » et se faire siffler une faute.
-Arrête, t’es pénible… Faut faire de la plaisanterie adaptée.
-Tu crois qu’ils sont pas adaptés ? ?
-Explique pourquoi, dès qu’on sort du bourgeoisisme parisien on vaut plus rien ?
-Peut-être parce qu’on est des bourgeois et qu’on est pareil à notre public qui l’est aussi…
-Montre ce que t’as écrit pour la réplique suivante ? On était bien parti. C’était pas mal Richter et le royaume des cieux. Après, c’est beaucoup plus lourd. Comment ça se fait ?
-Ça se fait que voilà dix ans qu’on dit la même chose et qu’on adapte à tous les publics nos classiques « Parisiens de Passy ». On finit par s’emmerder et quand on s’emmerde sur scène, forcément ça se voit dans la salle.
-On n’en a rien à foutre de faire rire l’autochtone, finalement. On a répété tant de fois les mêmes gestes sur les mêmes textes, qu’on va finir par craquer…
- C’est où qu’on va après le Forum ?
-Bassenge. Ils appellent ça la Basse-Meuse.
-C’est complet ! Combien de gens à Bassenge savent ce que c’est le cours Florent
-Dis tout de suite que c’est des cons !
-C’est un peu ça, oui. Mais vu de Paris, ce qui veut dire qu’eux pensent pareil de nous, ça s’annule.
-Puis on fait Eupen.
-C’est où Eupen ?
-A la frontière de la Hollande, non, allemande… merde, je ne sais plus.
-On n’aurait jamais dû accepter. On devrait jamais dépasser Lille, Roubaix, quelque chose comme ça. C’est la limite à ne pas franchir…
- Digresse pas trop. Qu’est-ce qu’on fait pour le Forum ?
-Tu leur refais le sketch du beau-fils de couleur…
-Et toi ?
-Je trouverai bien. Je peux dire n’importe quoi. Je m’arrête et je les regarde les yeux écarquillés…
-T’en prends plus ?
-Penses-tu… Ça me vient tout seul… Et ils se foutent de ma gueule et de la leur par la même occasion… C’est gagné !
-Pas à dire, on fait un métier difficile.
-Oui mais tellement « merveilleux » comme dirait notre ami Michel Drucker…

Commentaires

Ouiii... Bien évidemment... Ils sont à l’image de notre décadence... Ces artistes ont exploités l’un ou l’autre bons mots et, bien que la source soit tarie, leur simple notoriété leur assure un quotidien facile, ces même Artistes qui votaient et défendaient le "OUI" un certain 29 mai... On les connait, c’est eux qui font de l’ombre aux futurs coluches... Ben oui! Ils sont payés pour ça, des complices du pouvoir en quelque sorte... AAargh! (exagéré)
Pendant ce temps,
José Beauvais se tâte... Il tâte et carresse l’espoire d’être un jour LE président de la république...(France)
Ben oui,
Pourquoi pas???
Faudra juste qu’il parvienne à rester en vie jusque-là...
;)

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