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Les rois du rire

Le Bahut Henri II
-Coco je t’ai appelé pour te faire jouer dans mon prochain film. T’es d’accord ?
-Evidemment, une occasion pareille. C’est quoi, le sujet ?
-Je vais tourner « Le bahut Henri II » d’après un script d’Alphonse Allais. Tu connais ?
-Non. C’est çui-là que Justine appelle quand elle joue au tennis ?
-J’ai rendez-vous dans une heure chez Monfils pour les subsides. J’ai pensé que c’était bien d’amener un comédien avec moi, histoire d’étoffer ma demande. Tu comprends ?
-Qu’est-ce que je fais dans l’histoire ?
-Attends que je t’explique en gros…
-Le pitch…
-Tu vois quand tu veux. C’est le lieutenant de vaisseau Becque-Danlot qui à l’issue d’un dîner arrosé raconte comment il a vendu un homme.
-Je fais Becque-Danlot ?
-Non. ce sera Dussolier ou Depardieu, je ne sais pas encore. En gros Becque-Danlot a une maîtresse, Ellen, Marie Gillain ou Delphine Binet, j’hésite. Si je veux être subventionné, je dois faire jouer au moins une Belge et avec toi de Barchon, ça fait le compte. Elle le trompe. La servante Marie - soit Binoche ou Tautout – prévient Becque-Danlot, à chaque fois qu’il vient visiter Ellen et que son julot est là, elle le cache dans le bahut Henri II, dont elle ferme la porte et garde la clé sur elle.
-C’est moche ça…
-Ecoute la suite, coco. Becque-Danlot arrive à une heure convenue avec la servante. La clé n’est pas sur la porte du bahut. Il tripote un peu Ellen, histoire de montrer que c’est lui le bailleur de fonds et il s’assure, pour le coup, que la clé du bahut est dans la poche de sa maîtresse. Ensuite, il l’envoie acheter une cravate.
-Il va casser la porte du coffre et confondre le julot ?
-Non. Il fait venir des déménageurs qui emporte le coffre qui est vendu sur l’heure dans une salle de vente. Il perd dessus, mais là n’était pas le but de l’opération. C’est un fermier qui achète le bahut, on le charge dans une carriole avec des poules et des sacs d’orge, et en route pour la province.
-C’est tout ?
-Oui. Aussitôt rentrée, s’apercevant du vide, Ellen prend ses cliques et ses claques et disparaît.
-Mais, mon rôle, si je ne fais pas Becque-Danlot ?
-Et le julot, qu’est-ce que t’en fais ?
-Mais, on ne le voit jamais ! On peut très bien s’en passer. On peut laisser le bahut Henri II complètement vide !
-Et la densité dramatique, qu’en fais-tu ? La société de cinéma « Le Nain Dien » - t’as entendu parler, hein ! coco ? - fait du cinéma réalité. Ce coffre avec toi dedans, c’est du grand cinéma. Vide, tu fais du Dardenne.
-Je n’aurai qu’à me mettre dans le coffre pendant le tournage et c’est tout ?
-Non, coco, ce n’est pas tout. Tu auras à jouer ton personnage. La crainte d’être découvert… Fais moi la crainte d’être découvert ?
- Comme ça ?
-Plus recroquevillé. Non, pas ainsi, pas comme un constipé à Vichy, comme quelqu’un qui fait…
-Je pousse… ainsi ?
-Mais malheureux, tu viens de péter !... Surtout pas ça devant Monfils… Enfin, il vaut mieux que tu pètes maintenant. Ainsi, tu seras plus dégagé pour interpréter… C’est un rôle de composition. D’autant que si tu pètes dans le bahut, je ne te raconte pas ce que tu vas endurer.
-C’est égal, jouer un rôle qu’on ne voit pas, dans le noir.
-Pour l’heure quand je te le dirai tu te recroquevilleras devant Monfils. Mais pas de bruit inconvenant. C’est une question de milliers d’euros et sans la subvention pas de Binoche et pas de Dussolier, à la rigueur Depardieu, si il est comme toi.
-C’est-à-dire, si Depardieu est comme moi ?
-Oui, s’il accepte d’être payé au prorata des entrées. Et comme les frères Dardenne sont finis, nous avons de bonnes chances pour que Monfils qui ne sait plus où donner ses subsides marche à fond sur notre film. Alors qu’est-ce que t’en penses ?

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-Je vais encore essayer.
-Oui, c’est mieux. Pousse encore un peu pour voir ?
-Quand je vais dire à Barchon que je vais tourner un film avec Depardieu, c’est ceux qui vont jouer « Cuzin Bébert » à la dramatique barchonnaise qui vont en faire une gueule !

Commentaires

Nain Dien : - C’est vrai que ma société de cinéma fait du cinéma réalité, tu sais. D’ailleurs, je suis très ami avec Monsieur Jean Fils.
Fée Raille : - Quelle chance !
- Je lui ai proposé il y a peu une superbe histoire. "C’est une jeûne fille qui mange une cop’ de mandarène au Charlemagne et elle rencontre un jeûne homme qui mange des spaghetti. Alors, un pépin de la cop’ de mandarène tombe dans l’assiette du jeune homme. Et puis, ils tombent amoureux. Et on comprend que la jeûne fille a la leucémie."
- Ca a l’air bien...
- J’allais signer avec Jean Fils, je te le jure, Fée. Sauf qu’une merde américaine sans nom est sortie, avec Richard Gere et Winona Ryder dans les rôles principaux : "Un automne à New-York". La même histoire ! On m’avait piqué mon scénario, dis donc !
- Non ! Richard Gere et Winona Ryder seraient venus au Charlemagne ?
- ...

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