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31 décembre 2005

Revue 2005

Comme les gazettes n’ont plus rien à dire depuis une semaine, c’est le moment des rétrospectives.
Il ne suffisait pas que l’on s’emmerde aux deux festivités programmées des siècles à l’avance, il faut aussi qu’on se rappelle les grandes occasions de 2005, où entre le tsunami du 26 décembre 2004 et le tremblement de terre d’octobre au Pakistan, Anne-Marie Lizin eut le temps d’envoyer une lettre à une présidente de la Cour d’Appel de Liège, que Florence Aubenas revenait dans le monde des vivants et que Nathalie Toro était sacrée championne du monde de boxe.
Si par exemple, nous étions fin 1561, nous pourrions rappeler qu’à Poissy, le 20 juillet de cette année-là, Michel de l’Hospital réunissait dans un colloque, catholiques et réformés. Sans doute le sujet était-il moins chaud qu’aujourd’hui, encore que l’intégrisme a toujours fait chier tout le monde, la preuve, déjà en 1561… Mais, on n’est pas sûr qu’en 2005, ça intéresse encore beaucoup de monde, en-dehors des excités habituels.
Peut-être, celle-ci de 1792 ? Le 20 avril, l’Assemblée législative française déclarait la guerre au roi de Bohême et de Hongrie.
Non plus ?
Alors, il ne reste plus que les informations inédites que l’on aurait oubliées parce que trop confidentielles, ou trop gênantes, des journaux qui ne sont pas là pour jouer le rôle d’électeur.
Dans les confidentielles, j’épingle que dans la semaine du 1er décembre, c’est évidemment très récent, j’ai eu des aigreurs d’estomac pour avoir fini la marmite de potage tomates par excès de gourmandise. Le lendemain, cela allait beaucoup mieux merci.
Mais je me demande, à part une fan très sensible qui habite les hauteurs de Seraing, quelle est l’admiratrice éventuelle que cela intéresse vraiment ?
Si par hasard, ce malaise l’interpelle, qu’elle me le fasse savoir avant le dernier Réveillons. On ne sait jamais, avec tous les films merveilleux, les contes qui réchauffent le cœur, peut-être aimera-t-elle réchauffer le mien ?
Dans les gênantes, c’est la lettre de l’ami Jean-Maurice Dehousse à Elie Deworme, président de la Commission de vigilance du PS, dont personne n’a parlé. Sans vouloir dire du mal de ce respectable vieillard qu’est tovarich Emile (on voit bien pourquoi le Bureau du PS lui fait confiance), quand on n’a plus tout à fait sa tête, on ne peut pas demander celle des autres.
Dans le rayon bonnes résolutions, on remarquera les efforts que je fais en ne citant plus le nom d’un gars aux hautes fonctions qui agrémente son col de chemise d’un nœud papillon. Et ce jusqu’à l’année prochaine. J’espère ainsi retrouver un peu de crédit auprès d’une certaine personne qui m’en fit hier le doux reproche.
Peut-être ai-je le tort de faire des rétrospectives trop lointaines : 1561, 1792… pourquoi pas donner en pâture la commémo de - 1438 avant JC (rien à voir avec le feuilleton Dallas) quand Aménophis II poursuivit l’œuvre de Thoutmosis III, son père ? Mais pour la raison évidente qu’on n’est pas sûr de la date, ni du jour. Une rétrospective incertaine pourrait indisposer le lecteur.

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Une petite dernière, peut-être ? Plus près de nous, c’est en 1875 qu’Amédée Bollée met au point la première voiture à vapeur. Peut-être bien qu’on s’en souviendra quand nous serons sans essence, mais pas encore en 2006. Bien sûr. C’est encore loupé.
Une dernière remarque, personne n’a jamais tenté de faire une rétrospective à l’envers, par exemple faire la rétrospective de 2006 en 2005 ? Ainsi fin 2006, la rétrospective de 2005, aurait le recul nécessaire à la réflexion.
On pourrait statistiquement prévoir ce qui se passera en 2006. Par exemple que la démocratie sera triomphante, quoique lutant contre l’intégrisme musulman, que le Tour de France ne sera pas gagné pour une fois par Armstrong, sauf s’il se représente, que les élections communales seront gagnées en Wallonie par le PS et qu’enfin les ascenseurs de la Maison sociale « La carolorégienne » tomberont en panne moins souvent, si on les répare.
Une rétrospective qui se veut complète doit évidemment parler de la pluie et surtout du mauvais temps. La paix des confiseurs se fête en anorak sous parapluie.
Ce serait d’autant plus injuste que personne ne parle du temps qu’il fait, alors que cela a tenu en haleine des millions de téléspectateurs et de lecteurs, au long de l’année.
Quel temps fait-il ? Et surtout quel temps fera-t-il ? Voilà qui passionne le monde.
Aussi, c’est particulièrement ému que j’adresse à Mesdames Marie-Pierre Mouligneau, Caroline Dossogne, Nathalie Winden, etc. le salut que la presse devrait être unanime à leur adresser, mais qu’elle ne fait pas par dépit, tant ces grandes professionnelles sont jalousées par des confrères petits, petits…

30 décembre 2005

Et un avocat de plus…

Le PS a relancé la pensée giscardienne lorsque l'indicible père de la Constitution européenne avait mis sur les rails ses jeunes giscardiens.
Les jeunes tiges du PS ont été honorées du Bureau par la promotion de Délégué général à la rénovation du parti, de leur président, Gilles Doutrelepont. Et de nous montrer un visage poupin à la François Hollande, le regard angélique de grand sacrificateur sur l’autel rénové du socialisme réformateur.
Nul doute, si le promu est intelligent, il ne rénovera rien laissera en place les caïds de la chose et sera en bonne position sur les listes des mandats juteux aux prochaines élections. Si, par contre, il est intelligent et sincère et qu’il propose des réformes qui font mal, il sera président à vie des rempailleurs de chaise du boulevard de l’Empereur, vite fait.
On sait le ministre-président, président du PS et bourgmestre empêché de Mons, très chasseur de têtes. Si son Gilles lui ressemble, il est certain que tous les pontes n’ont aucun souci à se faire et qu’on ne réformera que dans les sections.
Evidemment, le jeune Doutrelepont est avocat, un de plus, et c’est un signe qui ne trompe pas. On commence par louper la réforme en ajoutant à la chiée d’avocats, un autre cher maître. Décidément, le local central du PS n’est plus qu’une annexe du palais de justice…
Que va faire ce licencié en droit dans les 700 sections locales du parti ?
Membre du PS depuis 1996, c’est déjà un vieux-jeune. Il a travaillé au groupe PS du Sénat et à l'Institut Emile Vandervelde (centre d'études du PS) où il s'est gavé de dossiers concernant la réforme des polices, l'égalite hommes-femmes, l'audiovisuel, l'enseignement... actuellement, il est fourré au ministère de la culture. C’est donc déjà « un pupille de la nation » en ce sens que ce déjà haut fonctionnaire, c’est quand même nous, qui l’avons payé jusqu’ici.
Sans rire, a commenté M. di Rupo, il aurait été choisi pour sa valeur morale, son expérience professionnelle et pour le fait qu'il préside les jeunes PS. La création de cette fonction avait été décidée par un congrès du parti, dans le cadre de la deuxième phase de l'opération de rénovation du PS. Le Délégué devra imprimer une ligne de conduite claire et vérifier que la réalité sur le terrain corresponde bien aux décisions prises par le parti, selon lequel il y a encore des attitudes qui ne correspondent pas aux décisions prises.
En pratique, le Délégué sera chargé de l'organisation des débats locaux et de la façon de mettre à l’aise les nouveaux membres dans les sections, de la participation équilibrée des jeunes et des aînés à la vie du parti, etc...

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On voit le genre. Les sections qui sont en panne d’idées depuis longtemps apeurés que sont les responsables de dire un mot de travers et heurter l’orthodoxie montoise, verront avec terreur cette nouvelle oreille d’Elio.
Le comble, c’est que cet avocat antépénultième veut créer "de nouvelles portes d'entrée" et organiser des forums avec la participation de personnes qui ne partagent pas nécessairement les idées du PS. On voit d’ici le genre de débats qu’on peut encore avoir au PS en ces jours de collaboration faste avec l’économie libérale et mondialiste.
Méticuleux, le jeune dirupien prendra contact avec les fédérations ou sections locales selon l'ordre alphabétique, sans son uniforme de gendarme, c’est promis.
Le Délégué n'aura pas de rôle de sanction vis-à-vis de ceux qui ont un comportement « peu amical » aux yeux de la présidence du PS.
Son rapport sous le wigwam des grands sages, c’est Elio et ses chefs de tribus qui distribueront les éloges et les flèches brisées.
On nous signale que le jeune âge de l’avocat ne devrait pas constituer de handicap, grâce à l'expérience déjà acquise au parti et surtout au sein de l'Institut Emile Vandervelde et des Jeunes socialistes. Mais reste une inquiétude, car enfin, tous ces avocats dont aucun ne plaide et qui n’ont qu’une expérience de couloirs, que connaissons-nous de leurs qualités professionnelles puisqu’ils n’ont fait des études que pour cirer les pompes ?
Qui peut savoir que le jeune Doutrelepont l’est davantage que depuis le pont de Seraing ? Quand a-t-il défendu la veuve et l’orphelin ? Que pense-t-il du pro deo ?
Enfin, les choses étant ce qu’elles sont, cela ne saurait aller plus mal au PS. Sauf que voilà un permanent de plus et quand on sait la trésorerie laborieuse de tous les partis de Belgique, gageons que cette bouche de plus à nourrir sera dès l’année prochaine dans une planque compensatoire où nous serons les seuls à lui servir la soupe.

Des funkies effervescents.

De nos jours, tout le monde fait la gueule. On ne sait pas au juste pourquoi… si moi je le sais. On fait la gueule parce qu’on aime avoir beaucoup de fric, travailler ne suffit pas et on est obligé de travailler quand même, alors que ça ne sert à rien pour avoir du fric, d’où une frustration.
Je pensais à cela, quand, par inadvertance, j’ai mis une pastille effervescente de vitamine C en bouche au lieu d’un comprimé Steovit à sucer.
Qu’il y ait eu effectivement des périodes historiques plus effervescentes que la nôtre, j’ai su brusquement ce que cela avait eu comme effet…
La morosité est quelque chose de palpable. L’autre jour, je palpais une morosité dans un ascenseur, vos me croirez si vous voulez, j’ai dû descendre deux étages à pied. Tandis qu’une effervescente, c’est autre chose... Vous l’avez en bouche, c’est trop tard, la pastille est coincée. Elle se donne. Elle fond.
Toute la presse, générale ou spécialisée, se fait l'écho de cette présence persistante de la morosité. Moins elle a de lecteurs, plus elle est morose. Après les vastitudes du boulevard de la Sauvenière, faut voir dans quoi on vous reçoit au Journal La Meuse : quasiment dans les WC qui sont la porte à côté du bureau place Cathédrale. L'horizon, c’est comme leur chasse d’eau, une ligne imaginaire qui s'éloigne à mesure que l'on s'en approche.
C’est la crise, quoique Tounet veuille dire…
La morosité est perceptible : elle est molle, grise, désolante et rampante… comme une bite de cancrelat.
Heureusement, il y a l’effervescence !
C’est comme la tumescence, elle peut durer un temps. Puis, on ne sait trop pourquoi, elle retombe aussi sec. Alors, on redevient morose, on pense au fric et c’est foutu.
A ce point, la question se pose : qu'est-ce que l'effervescence ?
L'effervescence est une notion sociologique, donc "savante" et appartient, à la fois, au langage courant et au sens commun, au même titre que la morosité… enfin c’est Emile Durkheim, spécialiste de la question, qui l’affirme. Emile est l’auteur des « Formes élémentaires de la vie religieuse ». Sans être allé y voir à l’abbaye de Thélème ou au couvent vénitien de MM, l’effervescente créature des nuits du cardinal de Bernis et de Casanova, Emile connaît la chanson. « Au sein d'une assemblée qu'échauffe une passion commune, nous devenons susceptibles de sentiments et d'actes dont nous sommes incapables quand nous sommes réduits à nos seules forces. » comme on peut le voir, Emile est pour l’orgie romaine.
Je ne suis pas contre. Mais l’effervescence à ce prix, n’est-ce pas trop cher payé le regain de nos faibles forces ? Car, nous prévient l’anachorète : « …quand l'assemblée est dissoute, seul avec nous-même, nous retombons à notre niveau ordinaire, nous pouvons mesurer alors toute la hauteur dont nous avions été soulevés au-dessus de nous-même ».
A vrai dire, je suis pas exhibitionnisme. Et je ne saurais dire de combien elle se soulève sous les regards d’une collectivité enthousiaste ?

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Enfin, deux ou trois centimètres de boni, par ces temps de grande misère, c’est appréciable.
Le bon samaritain s’exalte. Pour lui, c’est clair, l'effervescence, c'est chaud !
« On retrouve cette idée dans le terme de "bouillonnement" qui est souvent utilisé dans le langage familier pour décrire l'effervescence. Au sens propre, physiologique, c'est la chaleur humaine, chacun a déjà pu remarquer qu'une assemblée dégage plus de chaleur sitôt qu'elle est festive bien sûr, ou même simplement concentrée. Ce qui fait parfois dire à celui qui pénètre dans la salle venant de se vider : « ça sent le fauve », ou, s'il ne dit rien, son premier réflexe sera d'aller ouvrir la fenêtre. »
Que le diable m’emporte, mais le texte entre guillemets, toujours de notre plaideur contre la morosité, on dirait du Richard III ! A tel point que je n’en ai retranché aucun mot. Seul un regret pour les derniers gestes, tant qu’à faire plutôt que d’ouvrir la fenêtre, Richard eût ouvert sa braguette, question d’aérer plus efficacement.
Après, le bon Père s’enlise trop dans les « rave » en écoutant Sex Machine de James Brown, pour que ses instants d’effervescence de la Soul, du Fun et du hip-hop aient encore un aspect chrétien. Pour lui, la funk est le sommet de l’effervescence, de fièvre pour caractériser les chaudes ambiances festives, fièvre qui fait suer à grosses gouttes.
« l'm stupid deep inside because l'm loose » comme a pu le faire Iggy Pop, tonne Emile Durkheim. « Free your mind and your ass will follow », « libère ton esprit et ton cul suivra » comme le dit, jamais à cours d'aphorismes et de slogans, George Clinton, le fondateur de deux groupes majeurs de la musique funk, Parliament et Funkadelic. L'abandon est une attitude, une posture intellectuelle. C'est une disposition d'esprit pour être sensible au traitement.
Si ça continue, je me convertis, je deviens catho. Avec cette « machine à faire du Groove ! »,
Gilbert Durand, « Les structures anthropologiques de l'imaginaire », nous délivre quelques clés pour faire le lien entre les grands traits de la Funk et les phénomènes d'effervescence.
« If you will suck my soul, I will lick your funky emotions » (Je laisse cette réflexion pour les délices d’une de mes lectrices attentives qui voudrait être plus souvent hot in the biscuit)
Le Funk est une manière de mettre l'âme en feu, et accessoirement le derrière.
nous l'aurons bien compris et l’effervescence, une manière de montrer comme la religion évolue dans le sens de l’horizontal.
Vivre couché dans une collectivité amoureuse ?
Qui dit qu’on s’emmerde dans les communautés religieuses ?

29 décembre 2005

Google en panne.

Le site est en panne. Veuillez excuser la non parution

L'Etat pot-bouille

Si l’imprimerie a désacralisé le mot en répandant le savoir, la télévision a vulgarisé l’image en l’avilissant et ce faisant, nous avilit aussi par la même occasion.
La dégradation de l’image par ricochet a dégradé l’écrit et dévalué les formes d’art et de savoir.
C’est à une sorte de laïcisation de la pensée à quoi l’on assiste, en ne tenant pas compte que toute organisation collective a un caractère religieux, quels que soient les emblèmes. La Franc-maçonnerie, la laïcité, et même l’Etat démocratique sont d’obédience éminemment religieuse, puisqu’ils ont leurs intégristes.
Remontant de la plus humble fonction représentative, jusqu’à l’emblème suprême de l’Etat, l’exhibition démocratique a fait perdre au tout-venant de la maîtrise, l’auréole d’une sacralité ancestrale. Quand le suffrage universel remplace la panacée du Saint Chrême, l’élection populaire l’élection divine, c’est la même gesticulation, le même enthousiasme et le même parti pris, mais le rituel a pris un tour canaille et populaire. C’est le roi qui avoue un soir de Noël qu’il a jadis trompé sa femme, c’est José Happart en manches de chemise qui invective un journaliste de la Libre sur la manière dont il traite de l’intégrité des parlementaires.
Comme jadis le Pouvoir absolu, la Nation démocratique est née immortelle. Elle s’incarne dans des réalités. Si celles-ci sont vulgaires comme la télévision nous l’affirme, il faut donc que le Pouvoir s’incarne dans ces réalités, tout en restant à distance et au-dessus. Ce qui est un exercice d’autant plus difficile que la moyenne de compréhension des citoyens est basse.
La télévision transporte directement le citoyen dans les salons du Roi et du parlement.
Sous les dorures et devant les glaces des entre-fenêtres évoluent des personnages en costume de prix et chemise de luxe, il faut donc pour que l’image ne soit pas trop négative que les Chefs se servent de tours populaires, fassent des œillades à la limite comparables aux vulgarités d’un Patrick Sébastien afin de faire oublier que leur condition ne saurait en aucune manière être la nôtre de sorte que la télévision puisse confondre le symbole et l’individu. Di Rupo l’a parfaitement compris quand on le voit souvent sans veston, mais avec le légendaire nœud papillon. C‘est le nœud qui l’habille et le sacralise au contraire d’un Happart, sans cravate et les manches de chemise retroussées, ce qui pourrait être demain une obligation pour que le Roi même puisse encore s’adresser à ses « chers compatriotes », comme s’il était accoudé au bar du coin.
C’est l’enjeu des prochaines années qu’une représentation « admirée » reste nécessaire pour que se poursuive une société sans que se devinent les aspérités que revêtent toutes ses formes d’injustice.

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La télévision met en péril le dédoublement des princes. Leur part d’ombre nécessaire à la pérennité de leur sacralisation disparaît, laissant à la contemplation un homme comme les autres et qui a bien de la chance d’être là, sans mérite particulier, sans être ni Gandhi, ni Einstein. C’est d’autant plus inquiétant que le constat est le même pour qui « touche » à tous les échelons d’une hiérarchie politique que ne justifie plus la qualité des prestations au prorata des émoluments.
Kubla, dimanche dernier sur RTL a fait ce qu’il a pu pour rester le bon gros sympa qui fait tout pour satisfaire les Assis du Royaume. A la question de Vrebos sur les indemnités d’administrateur de la banque Dexia, poste offert en sus de ses autres casquettes par l’amabilité de son président Didier Reynders, il a décortiqué les deux ou trois séances par an qui lui valent ses émoluments en divisant la somme par 12 mois défalquée du précompte. Il a cru que 1200 euros le mois étaient peu de choses ainsi présentés. Ce faisant, cela a pu passer inaperçu pour la plupart, mais cela représente la somme d’une pension importante que la plupart des vieux n’ont pas.
Voilà un bon exemple de vulgarité qui demain sera de plus en plus difficile à faire passer pour une affaire entendue.
Il faudra trouver mieux.
Après les différentes formes dans lesquelles l’Etat nous est apparu, rien ne dit que sa dernière métamorphose « L’Etat humanitaire » ne soit pas bientôt dépassée, elle aussi.
La politique du reflet, n’est pas la politique de la réalité.
En voyant le ministre André Flahaut bénir pratiquement ses troupes en partance pour une mission humanitaire, c’est comme s’il empiétait sur la fonction de Monseigneur Daneels bénissant des sacs de riz pour le Congo ; mais cela suffira-t-il encore longtemps à calmer les demandes des pauvres de nos banlieues ?
Cruelles images qui appellent à des réflexions de plus en plus pointues sur la conduite d’une Nation qui exige la foi en sa démocratie et qui pour se rendre crédible n’a plus que la ressource de se montrer aussi veule que la majorité de ses électeurs.

28 décembre 2005

Quand Elio viole les Statuts du PS

C’est bizarre ce qui se passe au PS ces temps-ci.
Quand Elio barytonne le moindre mot, sa voix douce et sonore au frais timbre angélique – comme dirait le poète – est reprise en écho de gazette en gazette, même les plus hostiles à la socialiste présence s’en pénètrent, en sont les monades diffuses. Ainsi quand notre génie des Carpettes projette à l’avant-scène son avocat préféré, Gilles Doutrelepont, le nouvel Hercule au karcher des écuries liégeoises, on s’ébaubit : « Mais où va-t-il chercher tout ça ? ».
En somme le gentil Doutrelepont est chargé d’arranger les choses telles que les souhaite le grand homme. Et la claque applaudit.
Pourtant, en allant au fond de la parentèle socialisante, le robin converti devrait plutôt monter en épingle ce qui vicie le caractère « progressiste » des brain-trusts locaux, de sorte que le fer de lance dérouillé, ce soient les droites qui dérouillent.
Et ce qui vicie le plus, c’est le côté conservateur d’Elio ! Mieux, son côté « je la joue personnelle, et je vous emmerde ».
Ainsi en est-il de l’assignation du dépité (erreur volontaire) européen Jean-Maurice Dehousse à l’adresse du Ministre-président, président du PS et Maïeur empêché de Mons, sa seigneurie elle-même, en compagnie de Marc Dehin, Pierre Stassart et de quelques seconds couteaux, assignation sous la forme d’une lettre de quatre pages à Elie Deworme, président de la Commission de Vigilance du P.S.
Que dit ce message comminatoire ?

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Il critique ce qui peut apparaître comme une dérogation, à savoir l’autoproclamation à la présidence du gouvernement wallon par sa seigneurie, après les torrents de larmes de Van Cau et sa démission. Nos trois mousquetaires s’appuient sur divers articles des statuts du PS que le camarade Elio aurait outrageusement négligés. Parmi ces manquements, « la convocation irrégulière d’un Congrès extraordinaire du Parti » le 4 octobre, l’acceptation d’ « une charge ministérielle sans quitter la présidence du Parti», la poursuite actuelle de ce cumul. Non seulement les Statuts - « ossature du Parti » - sont violés mais la « Charte du Mandataire » adoptée lors du Congrès de Liège en 1997 est également tenue pour billevesée, notamment du non-respect « par les mandataires des règles de déontologie et de cumul arrêtées par le Parti ».
En date du 16 décembre, les signataires ont publié un communiqué de presse, ignoré par la grande presse. Aux dernières nouvelles, ils seraient environ vingt à rallier Momo, avec le soutien secret du président liégeois du PS, le camarade Willy Demeyer, expert en maïeutique, qui est comme chacun ne le sait pas, l’art d’accoucher les esprits de la vérité qui est en eux et non pas, l’art d’être bourgmestre, ce que par ailleurs, Willy fait assez bien.
Voilà le gamin Doutrelepont confronté à une tâche à laquelle ni lui, ni son sigisbée, s’attendaient. Car, enfin, tant qu’à nettoyer les écuries, autant commencer par la sienne
Si cette lettre a fait long feu, c’est d’abord qu’elle est tombée chez Elie Deworme, gardien du temple, mais résident dans la province du Luxembourg, dont on sait les difficultés d’acheminement du courrier en raison du verglas fréquent. Pourtant une récente biographie nous montrait Elie engagé au nom d’un idéal soutenu par une doctrine dégagée de perspectives personnelles et de finir le panégyrique : « Si Elie est arrivé, c’est parce que, héritier d’autres pionniers, il est devenu un bâtisseur ».
En attendant, on ne sait pas ce que le bâtisseur arrivé va faire du courrier de Momo. Pourvu qu’il ne soit pas arrivé en gare de Mons ! C’est tout ce qu’on souhaite à la Fédération liégeoise.
Quant aux brontosaures du bureau du PS, il paraît qu’au Boulevard de l’Empereur, le jour de l’autoproclamation d’Elio, on l’attendait avec des fleurs.
Tout le monde était ravi d’enfin pouvoir se défaire des statuts et des règlements qui gênaient leur homme fort.
En effet, les statuts n’ont qu’un seul mérite, c’est de pouvoir être contredits quand ils deviennent obsolètes, par un homme providentiel qui devient lui-même l’unique statut valable pour tout le monde. Ce que Momo n’a pas compris et derrière lui l’ensemble de la Fédération liégeoise du PS.
Que va-t-il se passer demain ?
Rien. Bien entendu.
C’est l’erreur de Laurette Onkelinx d’avoir quitté la fédération liégeoise en prévision d’une fronde qu’elle redoutait, pour assurer son emploi de star au gouvernement fédéral.
Le ponton liégeois navigue tant bien que mal sur ses propres eaux incertaines et on redoute les mutineries des « D’jins d’Ans », si vous voyez ce que je veux dire.
Donc, il ne se passera rien. Doutrelepont qui veut faire carrière au Parlement et finir au bureau de Bruxelles, rafraîchit les fleurs dans les vases du bureau d’Elio en attendant.
Une fois de plus, Momo a eu le stylo malheureux. Elio, gaillard magnanime, préférera tout oublier. Il s’apprête à faire un beau discours sur les récentes analyses de son poulain Doutrelepont.
Seul l’électeur est marron. Le militant, n’en parlons pas. On l’ignore depuis si longtemps !
Tout le monde s’en fout, puisque l’électeur votera massivement PS aux élections de 2006.

27 décembre 2005

Liège à sang coulant.

Depuis que la Commission européenne a publié les chiffres sur la criminalité dans les grandes villes, je sors à Liège en rasant les murs. Me gardant bien d’offrir mon dos à un des nombreux psychopathes qui circulent librement depuis que la police n’arrête plus que les jolies filles pour faire la causette, j’avance en quinconce afin de ne présenter qu’un minimum de surfaces trouables. Le nombre de crimes enregistrés pour 1.000 habitants est de 153 à Bruxelles, 117 à Anvers, 144 à Charleroi, et atteint 256 à Liège, ce qui la place en tête du classement de 258 villes européennes.
Je savais qu’on était les plus forts en tout, mais pas à ce point.
La preuve, le bourgmestre Demeyer s’est réfugié au poste central de la police pour y tenir une conférence de presse afin d’affirmer le contraire.
Ce que les journalistes accrédités ont repris comme une vérité incontournable, mais en gilet pare-balles quand même. On a beau faire confiance aux autorités et croire à ce qu’elles disent, il n’en demeure pas moins : on n’a qu’une vie.
Même Paris, capitale du vice, n’est qu’à 146 crimes, soit plus de cent points en-dessous de Chicago sur Meuse.
Et Palerme, soit disant maffieuse, 63 crimes seulement.
Ce triste record nous le devons à notre tempérament de feu. Le Wallon serait l’être le plus criminel d’Europe.
Les autorités nous ont cependant fait savoir par la voix des confrères de la presse écrite que les statistiques datent de 2001. Depuis cette époque, ça va beaucoup mieux. La morgue de la rue Dos-Fanchon s’est agrandie. Les balayeuses automatiques passent plus régulièrement pour laver les trottoirs et les caniveaux, du sang répandu la veille.
On ne le dit pas officiellement, mais les bosses dans les anoraks, les objets déformant anormalement les poches des pantalons n’ont rien avoir avec l’ardeur violente dont jadis Carton de Wiart créditait la jeunesse liégeoise. La Cité Ardente n’est plus qu’un formidable dépôt d’armes de toutes natures et ce qu’on en voit ne sont que les armes de poing à peine dissimulées et qui simulent la virilité.
On peut relever comme une impatience de martyr parmi nos héros futurs. Chacun des postulants s’agite. Compte tenu de la violence montante, aucun de nos journalistes ne regrettent l’Irak. J’avais cru voir l’un d’entre eux en casque de combat et équipement genre rat du désert, ce n’était qu’un ouvrier du gaz creusant une tranchée devant chez moi !
Alors que je m’écriais « comme en 14 », il m’a simplement prié de ne pas jeter mon mégot dans l’excavation.
A la nuit tombante, il est recommandé de sortir accompagné. Ce que je fais, tout en laissant passer ma fiancée devant moi. Ne m’a-t-elle pas dit qu’elle serait prête à me faire un rempart de son corps ? Je l’ai prise au mot…
Le plus dangereux, c’est de franchir un carrefour à découvert. J’ai adopté la progression par bonds et en zigzag. L’embêtant c’est le feu rouge pour piéton au pied de la rue Saint-Gilles, en direction du Pont d’Avroy. On est trente secondes à découvert. Quand on échappe aux balles, ce sont les gangsters en voiture qui ne vous ratent pas.
J’ai déjà perdu deux fiancées de la sorte.
On commence à me connaître à la morgue de la rue Dos-Fanchon.
En me voyant, le préposé me dit amicalement « la vôtre, je l’ai mise dans un tiroir près de la fenêtre. C’est plus calme de ce côté là. ». Je reconnais le corps en bavardant avec lui. C’est un supporter du Standard. Il me reconduit jusqu’à la porte en me souhaitant un week-end prudent. Il me conseille de ne pas revenir au centre par le quai des Tanneurs. « On en a encore abattu deux cette nuit. » qu’il fait en claquant la porte derrière moi. Je m’éloigne en crevant de peur, tandis que je l’entends repousser avec violence les lourds verrous.
On dit que c’est plus calme du côté de Chaudfontaine. Embourg n’est pas mal non plus. Est-ce qu’on sait avec cette criminalité liégeoise qui gagne les faubourgs !
Je signe demain une pétition. Puisque nous voulons vivre à l’américaine, nous proposons à nos élites d’adopter le premier amendement de la Constitution américaine concernant le droit de sortir armés des américains en règle avec leur conscience et les taxes en vigueur. Nous irons porter cette pétition à la Violette en agitant un drapeau blanc, des fois que les conseillers communaux inquiets de notre attroupement ne nous tirent dessus sans sommation.

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Aux dernières nouvelles, il reste encore deux messes des morts, mais les funérarium affichent complets pour la semaine du Réveillon de l’an. Quant au crématorium, les fumées incommodent tout Robermont.
Le bourgmestre espère bientôt un débouché pour les cendres. L’Université et Meusinvest feraient bien de trouver quelque chose, au lieu de n’investir qu’à Francorchamps où il n’y a des morts qu’un seul jour de l’année.

26 décembre 2005

Voeux au Parti socialiste de Belgique.

En cette période particulièrement faste en vœux pieux et en manifestations de sympathie, je me rends bien compte que plus je me déclare de gauche, plus je tape sur le parti socialiste ! Y aurait-il incompatibilité entre eux et moi ? Mystère. Je suis prêt à reconnaître mes torts, à condition qu’ils reconnaissent les leurs.
C’est sans doute la volonté de la direction du PS d’ignorer les classes sociales. Ça fait quand même un bail ! Comme si les clases sociales n’existeraient plus par la volonté d’un parti, alors qu’elles continueront d’exister aussi longtemps qu’existeront des rapports d’exploitation d’une catégorie sociale à l’autre !
Mais je peux comprendre le dilemme dans lequel s’est trouvé piégé le Bureau de ce parti dans les années septante. Alors, le prolétariat s’était élargi aux employés, ce qui donnait une majorité mixte de la population active. On pouvait raisonnablement prétendre que l’évolution capitaliste allait s’étendre favorablement à toutes les couches de la population et donnerait naissance à un centre où allaient se mélanger harmonieusement la droite et la gauche.
L’erreur a été de faire confiance aux économistes qui prévoyaient tous cette évolution douce, grâce à l’augmentation constante du produit intérieur brut.
Or, le durcissement du système dans ses égoïsmes allait mettre un terme à la vision idyllique.
Les différences des catégories sociales sont aujourd’hui si apparentes, les inégalités de statuts entre salariés du privé et employés d’administration de l’Etat si fortes, avec la super catégorie des fonctionnaires européens, à cela viennent s’ajouter le chômage massif, la misère des petits métiers et les placards insalubres d’immigrés, que les discours de Di Rupo sur l’égalité des chances et le nécessaire coup de pouce aux plus démunis sont presque une insulte à la pauvreté.
En un mot, la politique centriste a fait long feu et n’illusionne plus que les quelques petites réussites bourgeoises et le monde de la finance à l’aise dans une société pacifiée et rassurée.
La gauche était arrivée au pouvoir héritière des luttes antérieures qui lui faisaient concevoir un salariat en conflit permanent avec les classes supérieures. Les avantages furent considérables tant que les luttes ont perduré. Cet héritage a été gaspillé dans des collaborations qui n’ont profité qu’à une bourgeoisie politique « de gauche » principalement composée d’avocats, qui s’est installée dans les pouvoirs que les électeurs lui ont délégués. Aujourd’hui, le frein social est perceptible dans cette pseudo élite intellectuelle !
Comment recréer un sentiment de générosité qui susciterait l’adhésion de tous ? Comment reprendre le dialogue avec les pauvres, sinon en taxant les grandes fortunes et en augmentant les salaires, tout en faisant baisser les coûts salariaux chers à la FEB, par des détaxations en renonçant à des dépenses inutiles ?

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Veut-on un exemple dans le cadre des pensions ? Il est anormal que des pensionnés vivent avec des retraites de 600 euros, alors que les hauts fonctionnaires, les généraux et bien d’autres catégories sociales perçoivent des retraites vingt fois supérieures, lors même qu’ils ont perçu toute leur vie d’importants revenus qui les disposaient déjà à une retraite sans souci !
Et tout est l’avenant, dans cette société foncièrement inégalitaire.
Voilà une tâche qui serait à la mesure de ce que les gens attendent du parti socialiste de Belgique : remettre à plat les dépenses de l’Etat et en changer les priorités.
Ce n’est évidemment pas facile de rompre avec les habitudes d’une collaboration douce avec les forces politiques de droite et les milieux aisés installés sur les dépouilles des humbles. Non pas qu’une radicalisation ne trouverait pas des soutiens favorables dans les sections, mais parce que les dirigeants actuels sont bien trop engagés dans un autre monde que celui qu’ils sont censés représentés.
Je l’ai toujours prétendu, on ne peut pas défendre ceux qui vivent dans les mille difficultés sans qu’on n’y soit pas, d’une manière ou d’une autre, impliqués.
Les hommes et les femmes de pouvoir de la gauche n’ont plus la fibre sociale qui les reliait directement avec le peuple. Au contraire, tout les en éloigne et rien ne les rapproche. Ils voient différemment les choses. Mieux, ils ne s’aperçoivent pas que la dernière dérive capitaliste, peut-être l’ultime péripétie, est l’avatar de plus qu’il faut éviter.
C’est sur cette dernière réflexion que je forme des vœux pour que 2006 soit une prise de conscience des gens qui ont notre avenir entre leurs mains.
La gauche n’a que faire de partager un pouvoir qui accable la population.
Sans elle, tout le monde le sait, le pays est ingouvernable.
Raison de plus d’avoir d’autres ambitions.
On a dit de Di Rupo qu’il était un fin stratège, qu’il était un bûcheur infatigable, etc. Que n’est-il sensible à l’essence même du socialisme, à ce qui a fait le parti tout au long du siècle dernier. Que ne se penche-t-il réellement sur la misère des gens produite par la dérive capitaliste et l’accaparement des richesses par une minorité internationale.
C’est tout ce que je souhaite pour 2006, à lui et au PS.

25 décembre 2005

Un Noël à la con.

-Tu veux qu’on fasse demi-tour ?
-Où tu vas ? C’est l’année de Zandrine…
-Merde !... Je prenais le chemin de chez Victor.
-Je me demande où tu as la tête ?
-Encore sous l’arbre de Noël de l’année passée, chez Victor.
-Oui, l’année passée, c’était le tour de Victor.
- Qu’est-ce qu’on s’était emmerdé !
-C’est une tradition. On s’emmerde toujours à Noël.
-Pourquoi on doit s’emmerder à Noël ?
-C’est l’occasion de s’emmerder qui compte. On s’emmerde à Noël, parce que si on ne s’emmerdait pas, ce ne serait pas Noël.
-En voilà un raisonnement ! Et si je te disais que je m’emmerde autant à la nouvelle année ?
-Je sais bien. Toi tu t’emmerdes toujours partout.
-Ce n’est pas vrai. Je m’emmerde quand c’est lourd. Et chez Victor, ce l’était particulièrement.
-Tu dis ça parce que c’est mon frère. C’est ma famille que tu n’aimes pas.
-Non. Pas que ta famille. Chez ma sœur Zandrine, ce ne pourra pas être pire, on a atteint des sommets l’année dernière, mais on s’emmerdera quand même, c’est fatal…
-Dis tout de suite que Victor est plus con que Zandrine.
-Non. Ils se valent. Mais chez Zandrine, on est plus à l’aise. On ouvre la télévision et on peut fermer les yeux au spectacle navrant de circonstances.
-Tu parles. Et ta soeur qui n’arrête pas de commenter, même ce qui est incommentable, comme l’arrivée du père Noël chez Patrick Sébastien ou, ça va être sans doute pire, le truc-machin de Guillaume Durand…
-Pourvu qu’on ne se farcisse pas la quatrième prédication du père Cantalamessa en présence du pape et de ses collaborateurs de la curie romaine. Elle a un côté mystique qui m’inquiète…
-Et si on n’y allait pas ?
-Qu’est-ce qu’on ferait chez nous jusqu’à minuit ?
-On s’emmerderait pire encore.
-Je ne te le fais pas dire.
-Oui. Avant, on s’emmerdait tout autant, mais on ne le disait pas. Il a fallu que tu commentes. Voilà cinq ans que tu commentes et on s’emmerde de plus en plus.
-Dis tout de suite, que si on s’emmerde, c’est ma faute ?
-En un sens… Qu’est-ce que t’as besoin de ricaner quand mon frère ou sa femme en raconte une ?
-T’as vu comment ils sont ? D’année en année ça descend. Ce n’est même plus l’almanach Vermot. C’est dépassé. C’était encore trop fin.
-Parle pour ta sœur et le beauf qui perd ses dents quand il rie par avance de la « bien bonne » qu’il a lue dans « Fou rire » de la semaine avant.
-Au moins quand il perd son râtelier, c’est drôle.
-Oui, ce serait drôle, s’il ne le faisait pas exprès.

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-Tu crois que pour faire rire, il le fait exprès ?
-On verra cette année… si c’est pas prémédité ?
-On n’a pas d’autres solutions. Faut se les farcir…
-Oui. Ce serait plus drôle, si on se faisait inviter dans une autre famille.
-Pourquoi ?
-Là, on s’en fouterait complètement. On serait plus cool. On partirait quand ça nous paraîtrait chiant…
- Ça reviendrait au même. On finirait pas la soirée…
-Tu crois que c’est pareil partout ?
-Sans doute.
-Pourquoi les gens ne se révoltent-ils pas, plutôt que « prendre du bon temps » au coup de sifflet ? C’est le calendrier qu’est con ! Pourquoi on doit penser à la famille le 25 et rigoler le premier, tout ça à date fixe. Et si moi je prétends rigoler le 25 et faire la gueule le premier de l’an ?
-La Noël, c’est une sorte de commémo, pareil le nouvel an… Personne n’y coupe… des milliards de gens s’emmerdent ces deux jours-là, sans l’oser pouvoir dire…
-Je me demande, si on ne fait pas une crise de mélancolie au mot « fête ». Le désir qui vient par bouffée de se flinguer aux douze coups de minuit.
-On ajouterait le treizième qui ferait pan, et on pourrait dire qu’on les a eus. Ils seraient bien emmerdés…
-Penses-tu… la Noël suivante, le beauf, un coup dans le citron, pourrait pas s’empêcher de perdre sa prothèse dans la crème de la bûche, rien qu’au récit de notre suicide.
-Je veux pas lui laisser ce plaisir.
-Moi non plus.
-C’est eux qu’on devrait flinguer.
-Faudra y penser.
-Voilà. On est arrivé. Je range la bagnole devant son garage. Dans l’état où il est déjà, y a pas de raison qu’il sorte…
(quelques instants plus tard)
-Bonjour Zandrine, bonjour chère sœur. On n’est pas trop tôt ? Et mon beauf ? Ha, le voilà ! Mais qu’il est beau avec la petite mèche et la moustache d’Adolphe… On va encore se tordre, je le sens, aux imitations ! C’est frappant la ressemblance ! Mais, comment tu fais ? Tu vas nous raconter ta dernière… Oui, juste pour nous, avant que les autres n’arrivent ?


24 décembre 2005

Une bonne affaire planétaire

C’est étrange, quand même, cette obstination de l’OMC (Organisation mondiale du commerce)… ces réunions à grands renforts de trompes qui ne débouchent en général sur rien que des émeutes et une détestation quasiment unanime du capitalisme mondial sous-jacent.
On pourra dire que sous cet aspect tapageur, l’OMC aura plus fait contre le libéralisme, que le système communiste rangé dans les placards de l’histoire depuis la chute du mur…
Ainsi que restera-t-il de ces six jours de réunion à HongKong ?
Un peu plus de dégoût pour le honteux égoïsme des pays riches, un peu plus de misère pour ceux qui en loques pourvoient aux richesses des privilégiés.
Vraiment, il y a peu d’exemple d’un système économique dans l’histoire des civilisations qui aura été aussi critiquable à l’heure de son apogée, que l’OMC.
Et ce ne sont pas les milliers de personnes qui manifestent dans la cité chinoise et derrière eux des millions de travailleurs spoliés qui diront le contraire.
Qui ne serait aujourd’hui du côté des altermondialistes, alors que ceux-ci se contentent d’exprimer leur colère en esquissant quelques solutions plus humaines, sans prétendre en terminer avec le capitalisme ? C’est un peu en opposition à ces bien nourris en vitrine de l’OMC qui exposent leurs grasses et réjouies personnes dans des vêtures qui nourriraient une famille du Tiers monde pendant un an, que les gens s’insurgent !
Le public s’y perd dans ces réunions suivies de banquets où la politique du monde se décide entre deux coupes de champagne. Est-ce la sixième conférence ministérielle de l’institution ou la septième ? Cela a-t-il de l’importance ?
On ne retiendra que le nombre de morts que les forces anti-émeutes de HongKong feront. La seule nouveauté peut-être de cette année sera dans le mélange de gaz des aérosols de dissuasion. Cette fois, il sera au poivre… vert sans doute, à cause des écologistes qui accompagnent les mouvements protestataires altermondialistes depuis Kyoto.
Mais, une année n’est pas l’autre. Il est vrai qu’en Chine on ne rigole pas avec les émeutiers depuis la place Tienanmen. Les reporters étrangers qui ne sont là que pour filmer la castagne entre les paysans sud-coréens planteurs de riz et la maréchaussée chinoise n’ont jusqu’à présent pu que transmettre les images de manifestants brandissant des banderoles en caractères chinois avec de rares exceptions en anglais.
Comme toujours en Chine, il y avait autant de policiers que de manifestants, ce qui fait toujours un très bel effet dans les gros plans.

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Le directeur général de l'OMC, le redondant Français Pascal Lamy, n’a été nullement perturbé par quelques manifestants infiltrés à l’intérieur des bâtiments, grâce au bon vouloir des policiers qui avaient sans doute reçu des ordres d’en haut, comme on sait que la Chine est toujours communiste et pour faire semblant de ne pas être tout à fait d’accord sur tout avec les capitalistes. Quoique tout cela ait perdu sons sens en ce pays, sauf pour ce qui concerne le suffrage universel et la démocratie à l’occidentale, pour lesquels les dirigeants sont restés maoïstes.
Pascal Lamy a simplement reconnu que l'OMC n'était pas la plus populaire des institutions dans le monde. C’est le moins. Ce constat, il n’était nul besoin qu’il nous le serve. Tout le monde le savait déjà.
C’est que si l’on considère l’OMC comme le patron des patrons à l’échelle de la planète, on pourrait la confondre dans son ensemble avec les entreprises pratiquant le dumping et la concertation à l’étiquette des prix.
Bref HongKong, deux ans après l'échec retentissant de Cancun (Mexique), et les négociations de Doha lancé en 2001 au Qatar, restera un bide aussi retentissant que ceux de ses illustres prédécesseurs.
Comme les précédentes moutures, l'Union européenne et les Etats-Unis ont été accusés par les pays en développement de fausser les échanges mondiaux par le soutien important qu'ils apportent à leurs paysans. Ce qui est vrai.
A cela près que s’ils ne le faisaient pas, ce seraient des milliers d’agriculteurs qui se retrouveraient en faillite dans nos charmants pays drillés par la fièvre du profit.
Peter Mandelson, a réclamé des Etats-Unis et du Japon qu'ils ouvrent complètement leurs marchés aux pays les moins avancés. Il est indispensable que nous trouvions très tôt un accord sur ce paquet développement, a-t-il ajouté. Comme paquet, les USA en ont un drôle sur l’estomac, ce ne sont pas que les citoyens américains qui sont obèses, mais aussi l’économie hypertrophiée par les vols légaux que ce molosse s’autorise partout et surtout chez ceux qui ne savent pas se défendre.
Les grands pays émergents comme le Brésil ou l'Inde surviennent au mauvais moment. On ne savait déjà pas s’arranger entre Européens, Japonais et Américains, avec deux de plus dans le jackpot, ça fera encore plus désordre au prochain sommet… Bah !... du moment que Lamy reste directeur…

23 décembre 2005

Vers un régime totalitaire.

Notre mini-dictature, en luttant contre le terrorisme d’importation d’une super-dictature, est en train de s’en approcher en l’imitant. En effet, Laurette Onkelinx, la pasionaria de l’avenue Louise, la lorette des prétoires, vient de fourguer son ours à la lecture du Parlement. Elle entend compléter par une loi destinée à améliorer les méthodes d'investigation, les lois non démocratiques qui existent déjà.
C’est ce que les Socialistes appellent une démocratie active…
Comme le dit sans honte toute la flicaille parlementaire qui a voté pour, la loi Onkelinx va compléter l’arsenal répressif déjà en place.
Voté mardi, quelques parlottes en commission du Sénat, après, le tout sera pesé et emballé vendredi. Cette arme supplémentaire est destinée à renforcer la loi du 6 janvier 2003 relative aux méthodes particulières de recherche partiellement annulée par la Cour d'Arbitrage, en décembre 2004. Autrement dit, les fouilles-merde onkelinxiens vont pouvoir s’en donner à cœur joie pour reluquer sous les jupons des filles et plus si affinités, avant de traquer le barbu au Coran explosif, ou les malfrats au tiroir-caisse armés de bazooka.
Retenez bien que c’est une socialiste qui déclenche le processus pour une dictature d’extrême droite. Retenez-le pour l’histoire.
Ce texte est heureusement controversé par les derniers démocrates avant qu’un mauvais vent ne les conduise en tôle, ce qui ne saurait tarder. Il vient s'ajouter à une nouvelle paire de menottes d’une Europe qui ferait mieux de s’occuper de ses pauvres (projet européen de création d'une carte d'identité électronique sophistiquée, installation de caméras un peu partout, introduction envisagée d'une reconnaissance numérique des individus).
Pourquoi pas le bracelet électronique dès la naissance ?
Quand on voit tous ces types, le passe avec leur gueule et leurs titres accrochés à la pochette de leur costard, encombrer les couloirs du petit Versailles de l’Europe, rond-point Schumann, on se dit que ça ne les gêne pas trop l’étiquette sur le riz-de-veau et que nos viandes ne valent pas chers, puisque les leur affichent déjà la monnaie… Mais, ils oublient, ces fadés, qu’à partir de 10.000 euros le mois, on est tous pour, comme eux. Par contre, quand on n’a pas de conférence à donner devant les meutes des chiens couchants, pas de Conseil avec déjeuner de travail, et pas de cabinet avant la baise d’une pute recommandée par une délégation étrangère, on peut considérer la chose comme aussi dure à porter que le collier d’un chien par des hommes encore debout.
C’est quoi, pour l’avocate Onkelinx, la liberté ?
La baronne de Schaerbeek croit que la protection de la société contre le terrorisme et la criminalité organisée garantit automatiquement les droits et libertés individuels, en faisant le tri entre la crapule et l’honnête homme.
Funeste méprise !

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Il s’agit rien moins que donner des armes de droit et de pouvoir à des gens (nos flics) qui ne sont ni des juges, ni des humanistes, mais des hommes ordinaires avec nos qualités et nos faiblesses. C’est comme si on laissait les clés et les sièges des palais de justice à toutes les chaussettes à clous du royaume et que l'on dirait aux personnels de justice, signez en-dessous à droite et passez au dossier suivant.
J’en connais quelques-uns de ces flics et, dans le lot, beaucoup de braves types. Mais aucun n’a lu l’esprit des Lois. Montaigne est inconnu. Quant à la Démocratie selon Platon, n’en parlons pas. Le Droit qu’il soit constitutionnel ou juridictionnel, ils n’en ont rien à cirer. Ce n’est pas pour ça qu’ils n’exerçaient pas leur métier correctement. Mettez-leur dans les mains le pouvoir de fouiller la correspondance, d’écouter les téléphones, de suivre « les suspects » jusque dans les WC avec leurs caméras, pour voir ? C’est comme si on donnait à un encaisseur un million d’euros dans une valisette avec mission de la conduire chez X, alors que d’habitude il convoyait les 213 euros de la friture « chez Zésette ». Même si le type fait ce qu’on lui dit, on court un gros risque.
En donnant à la police un blanc-seing, l’Onkelinx fait confiance en gros à des dizaines de milliers de types, avec le credo que la brebis noire est rarissime.
Je l’ai déjà écrit ici, le monde du dessus fait confiance à ses sbires, ne connaît rien du monde d’en-dessous. Ces gens vivent dans l’ignorance et croient que les bavures sont l’exception. C’est normal, en justice, avec un coquard et un bras cassé, le prévenu n’a jamais été rudoyé par les policiers mais a tenté de se rebeller et ce sont les autres qui se sont défendus. Alors, comment voulez-vous qu’avec des mentalités pareilles, ces gens aient une pensée équilibrée et se mettent à la place d’une population dont ils ne perçoivent rien de sa difficulté d’être dans un système déjà fortement inégalitaire et répressif à son échelon ?
Laurette Onkelinx préfère que les méthodes particulières de recherches soient gérées par des services de police que par des services de renseignements, qui travaillent davantage dans l'ombre et sans les mêmes garanties.
C’est son avis.
Mais en donnant un cadre de lois à des pratiques de renseignements dignes des pays totalitaires, Laurette Onkelinx ouvre la boîte de Pandore. Qui sait ce que le Vlaams belang et le Front, s’ils arrivaient au pouvoir un jour, pourraient faire avec l’arsenal Onkelinx ?
S’il y a bien une procédure d’urgence, c’est bien de mettre la camisole de force à une ministre socialiste qui a perdu les pédales.

22 décembre 2005

La Revue du Troca : Grands Prix !

Nous sommes en mesure de vous donner une scène de la revue du Trocadéro „Prends la rouge, moi la bleue“ sponsorisé par les circuits „Grands Prix“ une jeu signé du fabricant de jouets Ecclestone.

Monica Dethier-Neumann - Natürlich ist es ein Problem aller Francorchamps, mit dem sich unter anderem Amnesty schon lange befasst. Niemand kommt auf die Idee, das Verhalten von Happart zum Vorbild für Kubla zu machen, obwohl "es sechs Monate aushalten nicht gesundheitsschädlich ist", wie Bell es auf den Punkt bringt ?
Elio Di Rupo - Tutto come da copione. Un governo borghese deve fare gli interessi del capitalismo secondo i ritmi, i tempi e le necessità che la base economica gli impongono. Ciò era puntualmente avvenuto con i precedenti governi di centro sinistra, la continuità è garantita dal neo governo di centro destra. Nulla di nuovo, lo spartito è sempre lo stesso, non cambia la musica, si alternano soltanto i direttori d'orchestra el cavaliere Bacquelaine in una sorta di ricambio fisiologico che la moderna politica basata sulle leggi della comunicazione e dell'alternanza suggeriscono.
José happart - Desert Life in the Francorchams Southwest...
Un autre Wallon : nenni, hin !... nin ti José. Ti sais bin qui ti’n quinoch’ nin l’anglais…
Encore un autre – Où c’est qu’on est, donc hein ! nom di Diu… On dit qu’on n’est pas polyglottes, nous aut’…
Un libéral évincé de la coalition actuelle – Je rends hommage à Monsieur Di Rupo, n’est-ce pas. Impliqué depuis seulement un mois en tant que ministre-président, président du PS et maïeur empêché de Mons, dans le dossier de Francorchamps, sa conclusion est claire, la responsabilité incombe à la bonne foi de tous pour l’avenir de la Wallonie.
Une voix venant des cintres et ressemblant à celle de Jean-Claude Van Cauwenberghe :
Lacunar spectare, arare Francorchamps !...
L’autre wallon : Na nouk reponsôbb châle !
Un Tchantchès socialiste dans la salle – Qu’on laisse parler ceux qui n’ont rien à dire, ainsi ceux qui ont à dire ne diront rien, comme ça le public sera bien averti que dans ce dossier seul Monsieur Defourny est responsable de la banqueroute.
Encore un autre wallon – Je propose qu’on donne la place de ministre-président à Ecclestone !

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Elio Di Rupo - J'ai dit la vérité et je pense que c'est une bonne gestion que de donner la bonne information à nos concitoyens. Le dossier Francorchamps est bouclé. Tout est on ne peut plus clair, tout le monde est responsable, mais c’était pour le bien public et de bonne foi. Je ne connais pas encore le montant de la facture. Le Grand Prix de Belgique aura bien lieu en 2006, tout le bénéfice en reviendra à la Belgique et à quelques industriels et hôteliers, mais ce sont les Wallons qui paieront la facture. C’est comme ça depuis 1830. Nous sommes des vedettes, il faut que le citoyen de base le sache. Sinon, nous pouvons très bien faire de la politique ailleurs, dans des pays où le Parlementaire est mieux considéré.
Un deuxième Tchantchès peu socialiste dans la salle : Awè, vass’ à Kinshasha po veyî !...
Monica Dethier-Neumann – Qu’est devenue Fabienne Demarcin et sa facture à la curatelle ?
José Happart – Jean-Marie, fais la taire, tu vois bien qu’elle porte atteinte à la dignité des parlementaires…
La gazette de Namur - Elio Di Rupo est travailleur et volontaire. Il s'implique dans les dossiers wallons depuis un mois en tant que ministre-président. Au Parlement, lors des séances plénières, Di Rupo est plongé dans les dossiers lorsque les députés se chamaillent inutilement. Toutefois, s'il ne perd jamais son temps, au Parlement il a fait une grosse faute de goût! Un acte déplacé! Il ne comprend pas le platt-deutsch !
Marie Arena – Je propose qu’on passe au vote… Je suis pour la proposition Di Rupo.
Un CDh encore honnête – Mais, il n’a pas encore fait une proposition !
Elio Di Rupo (très instit de 3me primaire et tout souriant ) – Nous allons inclure Francorchamps dans le plan Marshall. Je vais voir Ecclestone la semaine prochaine Il n’y a rien à négocier, mais nous négocierons quand même, dans l’espoir que ça nous coûtera moins cher que prévu.
Serge Kubla – En tant que futur gouverneur, je ne peux plus m’impliquer dans une promotion qui ne regarde pas ma future province. Je n’ai fauté dans ce dossier que par amour de la Wallonie et je vous invite à chanter « Li Tchant des wallons »…

Ils chantent tous avec ferveur, même Jean-Claude Van Cauwenberghe dont les larmes tombent du plafond sur le président de séance Jean-Marie Happart qui ouvre son parapluie de Retour à Liège.
Rideau.

21 décembre 2005

Une société libérale.

Le pourcentage de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté monétaire aux Etats-Unis est supérieur à plus du double de ce qu’il est en Belgique.
Est-ce à dire que la Belgique est un bon élève du capitalisme et l’Amérique, un mauvais ?
Absolument pas, puisque nos supporters du système lorgnent du côté des USA pour forcer notre pays à leur ressembler.
Les kublazistes et les reyndersiens ont encore de la marge avant que notre misère rejoigne le top modèle de l’économie mondiale. Mais ça viendra. Encore quelques conneries de Kubla avant qu’il ne devienne gouverneur, l’une ou l’autre mesure financière de son président et ça fera quand même quelques milliers de malheureux en plus. C’est toujours ça.
Ce n’est quand même pas moi qui ai inventé le rapport des Nations Unies sur la question.
Sur les dix-sept pays industrialisés considérés dans cette statistique, Les Etats-Unis viennent en Tête, et de loin, pour le nombre d'individus vivant au-dessous du seuil de pauvreté.
Les Etats-Unis médaille d'or de la pauvreté!
Que voilà une performance ! Car c’en est une du point de vue capitaliste, si l’on considère que la pauvreté de la masse accroît les profits des classes possédantes.
Quel est l’économiste qui prétend que la richesse accumulée profite à l’ensemble des populations ? En voilà un beau con, comme nous les aimons en Belgique…
Qu'on ne nous chante plus la prospérité générale régnant chez les zélés de l’ultralibéralisme. Passés les beaux quartiers, Los Angeles n’est qu’un vaste ghetto, New York une poubelle et Detroit un mouroir pour les chômeurs de l’automobile. De tous les militaires engagés pour l’Irak, à part les cadres qui sortent de West Point, 90 % des autres sont des chômeurs qui n’ont pas d’autres alternatives pour manger à leur faim.
Voilà l’Amérique !

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Pour en revenir au rapport du PNUD, la "pauvreté humaine" inclut la pauvreté monétaire, dont il est question plus haut, mais qui tient compte aussi d'autres variables comme, par exemple, l’illettrisme, le chômage de longue durée, les chances de survie, etc… Et bien, là aussi, les Etats Unis sont médaille d'or avec 16,5%.
Ainsi la première puissance économique mondiale est parmi les pays industrialisés, la première en ce qui concerne les taux de pauvreté de sa population. Voilà qui donne à réfléchir sur le sens, la qualité, la nature de cette économie mondiale. En particulier celle, purement ultralibérale, des Etats Unis.
Expliquons pourquoi cette merde est délicieuse pour nos libéraux et comment nous n’y couperons pas :
Dans ce pays si riche, qui abrite des fortunes de plus en plus insensées, le rôle de la sécurité sociale est très réduit malgré les efforts de plusieurs présidents, dont Bill Clinton: tous ont échoué, vaincus par les lobbies. La maladie, aux Etats Unis, peut très souvent exclure d'emblée et irrémédiablement. La guérison est aléatoire, et en fonction du budget individuel. Il est courant pour un hôpital de refuser un patient, amené d'urgence, même s'il est un blessé de la route, si sa solvabilité n'est pas attestée. Ce qui signifie sinon un homicide volontaire, au moins un délit de non-assistance à personne en danger.
Le nombre de prisonniers de droit commun - deux millions! - n'apparaît évidement pas dans les statistiques du chômage. La plupart, presque tous, appartiennent à des minorités pauvres; libres, ils auraient fait partie des sans emplois, inscrits ou non ; d'évidence, une fois incarcérés, ils n'apparaissent plus sur les listes de demandeurs d'emploi. Reste cinq millions d’autres sous surveillance (bracelets électroniques), interdiction de quitter l’Etat de résidence, contrôle permanent, etc. qui font du va-et-vient entre leur lieu de vie habituel et la prison. La plupart sont sans revenu, vivant de petites rapines et de charité.
Un nombre colossal d'homme et de femmes vivent dans la misère, le plus souvent découragés, épuisés, trop exclus pour s'inscrire au chômage, d'autant plus qu'il est à peine indemnisé et pour un laps de temps très bref.
L’aide aux populations victimes de séisme ou d’inondation, comme en Louisiane ? On a vu les résultats. Aujourd’hui encore des milliers de personnes sont sans abri et errent d’un Etat à l’autre, oubliés par Washington, ignorés par les Compagnies d’assurance qui n’incluent pas le dégât des eaux et ignorent les catastrophes naturelles.
A-t-on réfléchi au gâchis humain que cela représente? A l'inconscience, à la régression qu'une telle situation constitue? A la façon dont les droits de l'homme se trouvent ainsi bafoués?
Lorsqu'il est question de la misère aux Etats-Unis, les dénégations vigoureuses et vagues de nos économistes et de nos hommes politiques signifient surtout qu'elle est minimisée, comme sans importance. On voit à quel point joue l'intoxication que nous subissons en Belgique, et comme peuvent nous faire du tort nos bélîtres libéraux, en cela secondés par une presse aux ordres.
Si nous ne sommes pas victimes d’une propagande capitaliste et proaméricaine, je me demande ce que c’est ?

20 décembre 2005

Hommage à Tounet

A la demande générale et insistante de Tounet, je ne dois plus asperger le lecteur de mélancolie, mais d’eau laïquement bénite !
Merde (pardon, c’est la dernière fois), comment vais-je faire pour sortir des rangs des dépressifs profonds ? L’autre côté du Styx, sur les rivages de Tounet, les gens sont si bons, si beaux, que j’en ai le vertige.
Cher Tounet, cher croyant absolu, je veux te ressembler et, en tous cas, faire des efforts pour atteindre à ta route enchantée…
Rien que pour te faire plaisir, je vais dorénavant apprendre à aimer les gens, la vie, les fleurs, même les mouches vertes qui semblent si heureuses sur les crottes des chiens au mois d’août. C’est difficile, mon petit cœur est tout endurci. Dessine-moi un mouton, cher Tounet ?
Je nous vois dans l’étable sacrée à côté de l’âne et du bœuf… que le spectacle m’attendrit ! Je devine la couleur du ruban de ta houlette de bon berger : rose !
Après tout, pour une belle et saine démocratie comme la nôtre, gérée par des gens intègres et formidables, dans la courbe ascendante de notre plus beau circuit du monde, je trouverai bien les accents généreux qui conviennent à notre Patrie si mal aimée par moi depuis toujours.
J’ai donc pris ma carte au parti socialiste, comme toi, et réservé aux autres partis traditionnels une place en mon cœur.
José Happart a raison. Cet homme intègre, ce Robespierre fouronnais, ce Juste parmi les Justes de notre Parlement a été trop souvent malmené par la chienlit diarrhéique. On ne respecte pas assez le formidable travail de nos élus, « nos forces-vives » comme tu écris si bien dans ton enthousiasme de grand professionnel de la chose écrite. Et que disparaissent toutes ces infâmes tentatrices qui pensent nous pervertir par le management des couilles (oh ! pardon, ça m’a échappé !) de nos hommes politiques. Oui, Tounet, soyons purs en chassant ces infâmes créatures loin de notre vue et nous serons aimés de nos grands hommes.
J’ai pris également un abonnement aux meilleurs journaux du pays. Si tu as déserté les salles de rédaction, je sais que tu es resté de cœur avec eux tous, fidèle parmi les fidèles, dans une communion identitaire qui te fait aimer à la fois des journalistes talentueux et des actionnaires qui perdent de l’argent pour que survive la pluralité d’opinion que nous entretiendrons dorénavant ensemble, telle la flamme du soldat inconnu.
« Wallon et Flamand sont nos prénoms, Belge est notre nom de famille ! » Pardonne-moi, c’est trop. L’émotion me gagne !
Je suis donc tout à fait d’accord avec tous les Tchantchès de Wallonie, nous vivons une époque formidable dans un pays d’une grande humanité, avancé socialement, permettant un repos mérité aux vieux travailleurs et aux jeunes des indemnités considérables de chômage.
Merci à vous deux, Tounet et Tchantchès pour répandre la bonne parole.
Résultat, je suis un homme transformé.
Il était temps, aux fêtes de Noël, j’allais passer aux yeux de mes rares lecteurs pour un odieux pervers. Grâce à l’immense majorité des citoyens assidus aux lectures électroniques d’informations locales, les vrais Belges sauront démêler le vrai du faux.
Là enfin se puise la sagesse légendaire de l’esprit liégeois plus près du bonnet quand il est à la main, qu’à la tête.

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Du coup, j’ai autant d’admiration pour le président Di Rupo que pour les journalises qui proclament ses mérites. Elio est un type formidable, un des pères nobles de la nation. Il vole au secours des petits sans nuire aux classes qui dirigent notre pays à seule fin de nous procurer du travail et réduire le chômage. Les journalistes, enfin, parce qu’ils sont là pour informer le pays de sa grandeur, en vrais et grands professionnels.
Que les lecteurs dressent des arcs de triomphe à leur mérite !
C’est en lisant tes textes enthousiastes, cher Tounet, que j’ai compris le merveilleux d’être Belge. Rien que d’y penser, les larmes me montent aux yeux.
Oui, cher Tounet, avec toi, j’aime dorénavant la Belgique, Proxi-Liège, ma mère et mes voisins. J’attends de toi que tu me formes. J’ai besoin de connaître les belles choses de la vie que ma neurasthénie volontaire m’a fait perdre. J’attends que tu me montres comment serrer les mains illustres sans fatigue et sans durillon, comment garder le visage réjoui devant les personnalités qui écrivent notre histoire. Tchantchès et toi m’apprendrez à rester digne en conservant l’attitude respectueuse de l’homme plié en deux, à chanter les louanges de nos plus hauts dignitaires.
Je le dis avec toi sans honte, cher Tounet, Belge, que dis-je Wallon, que dis-je encore Liégeois, je crois désormais dur comme fer au Roi, au Parlement, à la gare nouvelle des Guillemins et en l’avenir d’ARCELOR ! Je crois aux vertus de notre Conseil Communal, aux échevins si courageux, à notre Bourgmestre si chaleureux, à qui tu consacres souvent des pages sublimes de vérité.
Je veux te suivre cher Tounet dans ta liégeoise attitude, vivre avec toi les grands événements de cette ville qui bouge, qui en veut comme on dit et qui reste cette Cité ardente dont tu es un des chroniqueurs écoutés.
J’aime les allées du village de Noël, la place Saint-Etienne, les vélos, la police, l’annexe future de la Justice au-dessus de la gare du Palais et même les drogués, car sans eux, point de démonstration de l’efficacité de nos Services communaux. J’aime surtout - que cela se sache - tous les gouverneurs, anciens, présents et futurs, de tous les partis dans la grande tradition liégeoise, si utiles dans les moments difficiles, si grands dans les moments d’apothéose.
J’espère entonner bientôt Li T’chant des Wallons avec toi, mais je n’en connais plus les paroles, qu’importe, j’écrirai à Tchantchès pour qu’il les publie.
Merci pour tout, cher Tounet et jusqu’à une de tes pertinentes interventions sur Richard III.

19 décembre 2005

Consultation avant Réveillons…

-Dis, comment tu fais Benjamin, elles tombent comme des mouches ?
-La séduction est une conduite sociale. L’approche séductrice respecte un certain nombre d’étapes conforme à des coches culturels. Consulte une anthropologie de la gestualité…
-Fais pas le con, Benjamin. Ta gestuelle, c’est quoi ? Tu leur mets la main au panier en regardant ailleurs ? Comment tu les disposes, mon salaud ?
-Je les mets en dissonance cognitive…
-Fous pas de moi. Pour les fêtes de fin d’année, j’aimerais bien en tirer une…
-Faut des dispositions…
-Je fais gourou à Anderlecht, toi à Liège… On n’est pas concurrents… Je n’en tire aucune, alors que toi…
-Tu n’as peut-être pas de la gonadotropine…
-Non. J’ai que la dernière moitié du mot…
-T’as pas l’activité ravageuse des gonades…
-Tu crois ?
-Elles le sentent…
-Ah ! les chiennes…
-Puis, c’est pas suffisant.
-Faut quoi encore ?
-Tu sais pas faire la gueule comme moi… Tu parles trop.
-C’est pour les étourdir…
-Erreur, mon cochon. Tu noies leur flexibilité. Elles deviennent rigides, alors qu’elles doivent rester souples en attendant ta rigidité.
-T’expliques ça comment ?
-Par la fluidité du comportement. C’est-à-dire rapidité, richesse…
-Mais tu fais que les regarder… tu dis jamais rien ! T’étais le dernier de la classe.
-Tu te mets en dispositif simulateur. J’explique. Tu reproduis certains aspects d’une situation d’un phénomène ou d’un dispositif réel. Exemple, elle revient d’un trip en Grèce. Tu penses au Pirée et tu te mets en stand bi avec comme voix of la chanson de Zorba le Grec. Du coup, t’as les pompons qui te poussent ailleurs qu’aux godasses. Tu sens le trémoussement interne l’envahir, malgré l’exposé en continu de ses malheurs vaginaux, elle finit par mouiller.
-C’es là que je craque. Je m’apitoie. Je les écoute…
-Et t’es foutu ! Faut jamais les écouter. T’es là pour la baise ou pour faire Saint-Vincent de Paul ? Tes trop mondain dans ta living together relation.

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-Dis tout de suite que je bande mou !…
-Ecoute Sigmund, t’es vraiment con, t’en finis plus de les plaindre… tu t’apitoies sur le malheur, tu notes, tu ratures, tu perds la raie de vue…
-Toi, tu les consoles à la frange ?
-Oui, môssieu, je les désinhibe par le bon côté…
-Tu crois ?
-Absolument.
-Alors, c’est quoi le coup de feu que t’as essuyé en séance de désinhibition la semaine dernière ?
-C’était un accident. J’ai raté une procédure. Depuis, j’ai pardonné.
-La punition ?
-J’ai libéré sans le savoir un stimulus aversif…
-Dis plutôt que t’étais surbooké et que t’as confondu deux clientes.
-Je vais revoir mon système de fonction distribuée.
-Tu vas les mettre en liste d’attente ? Un numerus clausus, peut-être ?
-Je vais inventer une règle de sous-ensemble spécialisé d’un système de traitement, mais pris en charge par l’ensemble de l’analyse fonctionnelle, que je vais noyer dans un détail extérieur, comme le fait de changer l’emplacement des tables toutes les semaines. Je les initie à la géométrie structurelle.
-Tu sais que tu m’épates. Dans le fond, t’es une sorte de génie anobèle. T’es le Harry Baur de la psychologie, le Jean Gabin de la névrose, le surdoué de la fonction sémiotique…
-Attends voir, Sigmund, mets ta tronche sous la lampe… T’as le réflexe palpébral en réaction de sursaut… T’es pas bien, ma caille… T’as fait des tests pavloviens ci dernièrement ?
-Non. Arrête. Ça va pas ? T’es en pleine pariade de copulation, dis donc !
-Qu’est-ce que tu veux… le métier… le mystère des déterminants biologiques…
-T’as le signifiant du désir en étendard… parole, le cul en apothéose !
-C’est un symbole…
-Je te laisse. T’as séance cet aprem ?
-Oui, je traite Georgette à 15 heures et Lucienne à 16.
-Une heure, c’est trop juste… T’as pas de battement…
-C’est des anciennes, du connu, du décapsulé…
-Elles sont en quête de quoi ?
-Je ne sais pas. Je m’en fous, leurs histoires de bonne femme… font chier !
-Tu fais dans le raccourci? Tu décentralises
-Ouais. Je regroupe les cas en un seul… Je fais le dégagement du moi selon mes possibilités…
-T’es trop fort Benjamin… t’es trop fort. L’amant absolu ! La panacée universelle du sexe !

18 décembre 2005

Jacques a dit : Dieu existe !

On savait les religieux peu ouverts au progrès et à la science, obtus et friands des conneries d’esprits tout aussi religieux mais vivant parfois plus de mille ans avant eux.
On ne les savait pas aussi complètement idiots qu’on les découvre en 2005, en cette fin d’année où pourtant la bêtise est reine.
Et cette bêtise éclatante ne l’est pas seulement des ayatollahs coutumiers du fait, mais des scientistes américains eux-mêmes, dont le plus beau fleuron, si l’on peut dire, coiffe régulièrement le bonnet d’âne à la Maison blanche !
Sur quoi, ces tracassés de la cafetière se masturbent-ils aujourd’hui ?
Mais sur la question de la création de l'homme. Et voilà qu’au Royaume des frites, de la blague belge et du surréalisme, on emboîte le pas ! Voilà qu’on s’agite aussi dans les écoles ! Nos doctes de l’à-peu-près, professeurs de biologie en veulent aussi en se frottant aux discours extrémistes religieux.
Malraux l’avait-il dit que ce siècle serait religieux ou ne serait pas, oui, ou non ? N’aurait-il pas dit plutôt, que ce serait un siècle religieux, parce qu’il y a des cons qui meurent d’envie qu’il le soit au détriment de la raison ?
Voilà la corporation des doctes « bouleversée » - depuis près de vingt ans faut-il le dire – mais comme les doctes sont lents et fort méticuleux, ils ont mis vingt ans de réflexion pour récuser les théories de Darwin. Espérons qu’ils mettront encore vingt ans pour nous faire savoir que la terre n’est plus ronde et qu’ils nous fichent la paix en attendant.
Or donc, cette récusation du darwinisme connaît une percée particulière, parce que certains discours religieux versent dans l’intégrisme que c’en est une telle évidence pour ces scientifiques qu’ils en sont troublés !
Oui, oui… en Belgique, décembre 2005, troublés qu’ils sont certains énergumènes qui enseignent à nos enfants !
D'où vient l'homme?
C’était déjà un religieux, l’abbé Moreux qui au XIXme siècle posait la question : D’où venons-nous, qui sommes nous, où allons-nous ?
Ce à quoi Pierre Dac avait répondu : Je viens de chez moi. Je suis moi. Je retourne chez moi.
Ce qui était la seule réponse possible à ce furieux.
Les religions et les sciences apportent des réponses fondamentalement différentes, on le sait. Les premiers se fichent de la tête des gens du haut de leur inspiration charlatanesque et les seconds battent le beurre trois siècles pour de temps en temps asséner une vérité.
Que n’a-t-on découvert une vie animale certaine sur Mars avec les dernières sondes américaines. Cela aurait au moins pour effet de fermer les caquets les plus rétrogrades, au moins le temps pour en inventer une autre, de connerie.
Cependant on verse dans le pathos quand même, rapport qualité-prix dans un enseignement où cela paraît difficile d’enseigner la théorie de l'évolution de Darwin à des élèves dont les convictions religieuses prônent le créationnisme.
Voilà. C’est pour des raisons bassement commerciales (le nombre d’élèves) qu’on se titille le cerveau pour concilier les paroles supposées de Dieu - oui, mais lequel ? – avec les théories du savant anglais.

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« Ce qui a changé, par rapport à la génération précédente, confirme Gérard Corbut, c'est une opposition plus importante de la part de familles qui ont une vision littérale des textes religieux. Quelle que soit la religion. Le catholique moyen ne s'oppose pas à la théorie évolutionniste. Ni le musulman instruit. Les lectures littérales sont le fait de milieux moins instruits qui préfèrent le repli identitaire à l'ouverture.»
On y est.
On va aménager les cours afin de satisfaire les imbéciles !
C’est beau quand même l’ouverture d’esprit… et d’expliquer par un prof d’Ixelles :
J'ai perdu deux élèves à cause de ce problème», confirme-t-il. «Leurs parents, témoins de Jéhovah, les ont retirés de l'école.»
On se doutait un peu que nos écoles fabriquaient des crétins, mais si évidemment elles les favorisent…
Manque d'instruction
Manquerait plus que le débat, plus ou moins virulent selon les établissements, fasse des vagues jusque dans les salles de profs ! Serait-il de nature à opposer les professeurs de biologie et leurs collègues enseignant les religions?
Reste que les religieux sont des retors sans scrupule qui affabulent avec culot, tandis que les scientifiques sont prudents par nature.
Parole d’or que celui qui au-dessus de ce tapage penserait introduire un cours de philosophie pour tous les élèves, plutôt que des cours de religion qui sont du domaine privé.
Mais, y a-t-il encore des « consciences » dans un enseignement gagné par la folie du rendement et de la performance en matière d’instruction et d’éducation fast-food ?

17 décembre 2005

La Commissaire est bon enfant.

-Pousse-toi, tu vois bien que tu prends toute la place !
-Mais chéri, je suis sur le bois du lit !
-Mon cul, y a pas de bois de lit sur le ressort à pied d’Ikea…
-C’est une façon de parler…
-Facile. Tu dis n’importe quoi et c’est moi qui déraille…
-On ne va pas se quereller parce que le bord du sommier n’est pas en bois.
-Si on ne se querellait que pour cela…
-Tu as des choses à me dire ? des reproches à me faire ?
-C’est ça qui m’emmerde, t’es trop gentille. J’ai envie de te secouer…
-Tu m’as déjà secouée hier. T’as vu le coquard que j’ai ?
-Tu l’avais cherché, non ?
-Je t’ai dit que je salerai la soupe un peu plus la prochaine fois.
-Je suis habitué à la soupe en boîte, moi, avec des glutamates et toutes sortes de saloperies qui donnent du goût, tu comprends ça ?
-Tu m’as pardonnée.
-Oui, mais fais attention, Lucienne, fais attention…
-D’autant que ça va être bientôt.
-Bientôt quoi ?
-Tu y as pensé ?
-Tu veux encore en recevoir une ?
-Notre premier anniversaire de mariage…
-Et alors ?
-J’ai un petit cadeau pour toi.
-J’espère que ce n’est pas avec l’argent du ménage !
-Non. J’ai fait des heures supplémentaires, une prîme…
-Nom de dieu ! Lucienne. Tu gagnes de l’argent que tu mets à gauche et tu veux que je sois content !
-Mais, c’est pour toi mon chéri… ton cadeau pour un an de mariage.
-Qu’est-ce que c’est encore que cette connerie ! C’est pas un anniversaire, ça…
-C’est quoi alors ?
-C’est me rappeler ce que ma mère m’a dit ce jour là. « L’épouse pas, mon garçon, cette salope est un crabe, elle va te bouffer ».
-Je t’ai bouffé, moi ?
-Parfaitement. Tu m’as sauté dessus, enveloppé, étouffé… Tiens, je ne sais pas ce qui me retient, de t’en coller une autre…
-Me frappe pas chéri, au poste, j’ai dit aux inspecteurs que c’est quand j’ai épinglé Chéribibi qu’en se débattant, il ma donné un coup de manchette…

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-Pourquoi tu les as eu au flanc, pétasse ? Tiens, t’es trop nulle…
-J’suis quand même diplômée en criminologie, avocate et commissaire divisionnaire au grand banditisme.
-J’en ai rien à foutre. Moi, j’ai jamais dépassé l’école primaire, en plus, je n’ai fait que six mois pour vol à la roulotte… et je n’en ai rien à foutre de tes grands airs. Tiens, ton gros pistolet dans le tiroir de la commode, j’ai envie de le foutre dans la décharge…
-Fais pas ça, c’est mon arme de service…
-T’es pas ceinture noire, toi ?
-Oui.
-Pourquoi tu te défends pas, quand je t’en colle une ?
-C’est parce que je t’aime mon chéri !
-T’es ignoble, voilà tout ce que peux dire. C’est comme avec ton pognon.
-Quoi mon argent ?
-Oui. Jamais tu me parles que c’est toi qui entretiens la baraque, que mes costards et mes sorties, c’est toi qui les règles. T’es qu’une lopette…
-Qu’est-ce que tu veux…
-Ta gueule, avant que tu me dises que tu m’aimes… autrement je vais gerber.
-Qu’est-ce que t’as contre moi ce matin ?
-Ce matin et les autres matins aussi, voilà un an que tu me cours sur le paletot. J’étais un mec libre, avant, j’allais, je venais, je…
-T’étais un délinquant.
-Et alors, pétasse, c’était mon idéal, ça, la fauche… je volais les riches pour…
-…pour ton compte personnel.
-…maintenant, j’ai même plus envie de tirer cent euros de la bourse d’un pigeon… Tu te rends compte de ce que tu as fait ?
-Je sais, tu es devenu honnête…
-Bien foutue comme tu es, malgré tes quarante piges, si je te mettais au tapin, tu rapporterais gros dans la marmite à papa… Mais maquer un commissaire de police, ça s’est encore jamais fait…
-Dors encore une heure, chéri. Je me lève. Je te fais ton café et tes biscottes. Que veux-tu sur ton pain ?
-Quoi tu te tires grognasse ? Le devoir t’appelle ? Où tu vas traîner, hein bourrique, à emmerder les malheureux qui t’ont rien fait ?…
-Je préside ce matin une réunion pour serrer un gang, puis j’ai un rendez-vous avec « Celles qui en veulent » un comité de femmes contre la violence conjugale…
-Tire-toi mais laisse mille euros sur la table. J’ai une dette de jeu chez Polo qu’il faut que je règle. N’oublie pas ton pétard. Il me fait tellement de l’œil que j’ai envie de t’envoyer une bastos dans le citron… C’est ce que je vais finir par faire, un de ces jours…
-Oui, chéri. Dors bien, mon amour…

16 décembre 2005

2006 au bord du gouffre

Ce siècle en ses débuts n’est pas si éloigné du précédent.
Il le continue même sur au moins un point, celui de l’indifférence féroce où nous conduit la marchandisation de tout et y compris de l’humain. Par réaction d’impuissance, le parti des indifférents regroupe les neuf dixièmes de la population. Sous le couvert des lois sociales qui octroient un maigre viatique à ceux qui sont sans revenu parce que sans travailou qui ont perdu la santé, on laisse s’installer l’égoïsme « charitable ». Il fait litière à la bonne conscience, en espérant qu’il ne se produira pas d’émeutes.
L’indifférence contrôlée est un satisfecit pour le pouvoir. Elle est le signe qu’il anesthésie bien l’opinion.
La massive indifférence assied les régimes dans une fiction de la démocratie. Les mécanismes de décision, les rouages qui relient les citoyens entre eux ne sont plus rien d’autres qu’une goualante à deux sous qui sauve les apparences.
On connaît les conséquences de ces cohésions supposées masquant le fossé entre les élus et ceux qui les élisent.
C’est ainsi que depuis le milieu du siècle dernier, grâce à cette indifférence, les paysages politiques et économiques se sont métamorphosés sans éveiller la moindre inquiétude.
D’abord inaperçu, le nouvel ordre du monde envahit nos vies, nos comportements et jusqu’à notre façon d’être, insidieusement et à notre insu.
A l’aube de 2006, voici un monde nouveau, inconnu, un monde où notre condition de citoyen c’est vassalisée, non pas au profit de nos élus qui nous auraient trompés, mais au profit d’une puissance supérieure qui les subjugue et les tolère en même temps. C’est à elle que profite essentiellement notre indifférence, étant bien entendu que ceux qui entretiennent en bons intermédiaires l’illusion de la démocratie, perçoivent de cette puissance, d’intéressants pourboires.
Tandis que se préparent des systèmes inédits pour lesquels nous sommes exclus des élaborations théoriques, nous agissons dans un quotidien qui ne nous éloigne pas tellement des années 1950. C’est comme si le nouveau plan Marshall du gouvernement wallon nous reconnaissait le droit pour un temps encore à vivre dans une organisation économique désormais dépassée et inopérante.
Tout s’imbrique et se met en place pour un autre mode de vie.
Seuls le voient déjà, ceux qui justement vivent dans la précarité « grâce » à notre générosité. Tandis que l’Etat se pliant à la volonté de la puissance supérieure qui le domine, accordera de moins en moins d’aide à ceux qui en ont besoin, malgré les milliards qu’il manipule.
Toute protestation étant désormais inutile, nous assistons sans broncher aux démantèlements des entreprises publiques comme les chemins de fer et la Poste, comme si cela était un mieux de les offrir en pâture aux particuliers. Nous ne sommes pas placés devant un fait accompli, nous sommes à l’intérieur du système, partie à la fois prenante et lésée.

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Désormais du parti des aquoibonistes, notre passivité nous a fait tomber dans des mains étrangères qui ne rendent des comptes qu’à leurs banquiers.
Ce qui est surprenant, c’est de vérifier tous les jours qu’un tel système s’est imposé de lui-même et sans l’aval démocratique ; qu’il nous est advenu comme le dogme d’une religion intégriste sans provoquer des remous, ni commentaires autres qu’énamourés.
En phase terminale, ce système a conquis tout l’espace politique et économique sans une seule élection et sans aucune garantie. La prééminence des marchés est devenue un incontournable présupposé. Ce système a confisqué les richesse et s’est attribué le droit de les répartir, tout en marchandant à petits prix les biens nationaux qui, à l’exemple de 1793, enrichit en un tour de main des aventuriers.
Une fois les richesses de la Nation à leurs pognes, les promoteurs les ont mis à l’abri dans des coffres. Ils se servent de leur puissance pour des trafics abstraits. Nous sommes les vecteurs inconscients de leurs magouilles virtuelles à l’aide de nos cartes bancaires dont nos nouveaux portefeuilles ont épousé les formats.
Et tandis que nous nous enfonçons dans un inconnu que nous n’avons pas voulu politiquement et socialement, au nom d’une puissance extérieure à l’Etat quasiment surnaturelle, nous allons à petits pas vers nos cimetières économiques de ferrailleurs dépassés.
Nous n’apercevrons les conséquences de cette gestion globale que lorsqu’il sera trop tard. Nous éprouverons d’abord une peur vague, lorsque viendra la raréfaction du pétrole, sans bien savoir gérer notre angoisse.
Nous resterons passifs devant la hausse du chômage. Nous n’accuserons vraiment les véritables responsables de la catastrophe que lorsqu’il sera trop tard, c’est-à-dire lorsque notre capacité d’entreprendre singulièrement amoindrie par les grands transferts de machines et de technologie, sera émoussée. Entre-temps nous aurons été persuadés que notre imagination dans la recherche créerait de nouveaux débouchés. Elle s’avérera bien incapable à nourrir la population. Nous survivrons alors dans un désert économique, comme en Afrique. Juste retour des choses, nous serons dépouillés comme nous avons dépouillé les autres…

15 décembre 2005

Concilions l’inconciliable.

-Cette nouvelle émission rassemble des personnalités dans le but de concilier l’inconciliable, afin de montrer que l’on peut toujours s’arranger. Ici Alphonse Lembrouille, pour la première de ce soir, qui vous présente nos invités sur le plateau « Concilions l’inconciliable »… Monsieur Defourny, bonjour. L’organisation du grand Prix de Francorchamps pour 2006 fait partie de l’actualité de cette dernière quinzaine… Sur le plateau également, son excellence le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Son excellence, bonjour. Votre récente élection à la présidence de l’Iran et vos déclarations devant des milliers de personnes à Zahedan, une ville du sud-est de l'Iran, où vous avez a déclaré: « Aujourd'hui, les Européens ont créé un mythe au nom de l'Holocauste et considèrent ce mythe comme étant au-dessus de Dieu, de la religion et des prophètes, » justifie votre venue sur le plateau. Et enfin, notre dernier invité, André Mordant de la FGTB, bonjour camarade. Le syndicat socialiste a réaffirmé ses griefs envers le "pacte des générations", mais aussi envers le "pacte de compétitivité" réclamé par la FEB, vous allez durcir les actions, dans le courant des prochaines semaines. Vous nous direz pourquoi. Je m’adresse d’abord aux trois invités. Que pensez-vous de la performance du Standard qui devient champion d’automne ? Monsieur le président ?
-Oui. Le sport est une des premières activités en Iran. C’est justement dans un stade archi plein que j’ai déclaré devant des milliers de supporters que ce sont les Européens qui ont commis des crimes contre les juifs et en conséquence les Européens, les Etats-Unis ou le Canada, devraient céder une partie de leur territoire aux juifs pour y établir un Etat.
- Où le situez-vous ?
-Il y a des espaces vides dans vos Ardennes et je ne vois pas pourquoi…
(André Mordant l’interrompant)
-Installez-les tout de suite à Dachau tant que vous y êtes…
(Alphonse Lembrouille)
-Monsieur Mordant… camarade… laissez finir le président.
-Merci, monsieur Lembrouille… Si vous, les Européens, avez commis ce grand crime, alors pourquoi ce serait à la nation palestinienne opprimée d'en payer le prix ? Vous, les Européens devez payer cette compensation vous-mêmes. Voici notre proposition: donnez-leur une partie de votre propre terre en Europe, aux Etats-Unis, au Canada ou en Alaska pour que les juifs puissent y établir leur pays.
(André Mordant)
-C’est intolérable de pareils propos….
(Alphonse Lembrouille)
-Et vous monsieur Defourny, qu’en pensez-vous ?
- J’ai organisé les Grands Prix par amour du sport. Tout le monde le sait, je suis un supporter d’Anderlecht et je crois qu’il va se ressaisir, si on lui donne sa chance. Moi, la Région wallonne m’a proprement floué et ne m’a pas donné la mienne. C’est une erreur d’arbitrage. Ils avaient choisi José Happart, vous vous rendez compte ! Il n’avait jamais arbitré qu’en Provinciale, des clubs comme Barchon ou la Flèche fouronnaise. Je n'irai donc pas témoigner devant la Commission des Affaires générales du parlement wallon, sur les conseils de Me Didier Putzeys, mon avocat.

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(Ahmadinejad)
- Je ne vois pas le rapport avec le transfert des Israéliens en Europe.
(André mordant)
-C’est toujours la même chose. Les syndicalistes, on ne les entend jamais…
(Alphonse Lembrouille)
-Votre avis sur la première place du Standard, alors ?
-Dans le contexte du championnat et dans le cadre du pacte gouvernemental, nous réclamons des discussions immédiates sur les penalties qu’Anderlecht aurait dû avoir et qu’on n’a pas sifflé. C’est comme avec les employeurs en ce qui concerne la problématique des journées assimilées, le remplacement en cas de crédit-temps ou encore la définition des professions pénibles. Nous allons débuter nos rencontres bilatérales avec la FEB. Nous voulons aboutir à un accord sur ces différents points avant la fin du premier trimestre 2006. Dans un pays qui compte 600.000 chômeurs, dont 136.000 jeunes, nous devons être les porte-parole des sans-voix et non une courroie de transmission du pouvoir…
-Que réclamez-vous ?
-La gratuité des stades pour les chômeurs…
(Ahmadinejad et Defourny)
-Monsieur Mordant détourne la question à son profit…
(André Mordant)
-Pas du tout et je vous emmerde…
(Alphonse Lembrouille)
-Voyons, camarade…
(Defourny)
-Qu’est-ce que c’est que pour une émission à la con ? je croyais que j’étais sur le plateau de controverse l’avocat Putzeys m’avait dit de faire attention, j’ai croisé José Happart chez la maquilleuse, c’est un complot…
(Ahmadinejad)
-Je vais demander à l'ayatollah Ali Khamenei, le chef suprême, de lancer une fatwa contre Lembrouille… Vous ne savez pas à qui vous avez affaire…
(Alphonse Lembrouille)
-Messieurs, calmons-nous, je vous rappelle que « Concilions l’inconciliable » est une émission qui devrait apporter une solution au problème de chacun en suggérant une plateforme commune d’entente… je passe sans transition à la deuxième question : Pourquoi tant de haine ? Qui veut répondre le premier ?

14 décembre 2005

Mais quelle horreur !

S’il y a quelque chose de pitoyable en Belgique, c’est bien le décalage entre les patrons hargneux, suspicieux et exigeants et la phraséologie sur le travail, sa grandeur, son caractère sacré par ceux que Reich appelle les « manipulateurs de symbole ».
La mutation de la faune patronale, qui est passée de maître de forge aux technologies de pointe, a produit un monstre froid qui ne communique pas ou fort peu, sans commune mesure avec le patron à l’ancienne qui soufflait la chandelle, quand les ouvriers quittaient la fabrique. (Ce qui ne veut pas dire que le premier était meilleur.)
GrandGousier 2005, qu’en aurait-il à faire des employés coûteux, des règles et des lois sur le travail, d’une Sécurité sociale, des syndicats et des délégations, au regard des machines au cœur de cartes à puces ? Sans émotion, sans plainte et sans désir, ces machines ouvrent à un autre âge dont le Maître tient le destin en mains !
Il n’a besoin que de vigiles montant la garde sur ses trésors et quelques esclaves informels vaquant à ranger les déjections rejetées de ses vrais auxiliaires tout en chrome et vitres dépolies.
Le nouveau monde de l’industrie ne nous tend pas les bras. Il n’a pas besoin de nous. Ses espaces sont sans aspérités, nous ne pouvons ceindre son poli de miroir. Nous n’appréhendons plus ses vomissures que par ses interstices.
Les ombres qui s’y activent ne nous voient pas. Ils ne partagent plus rien avec nous. Ce sont les dernières abeilles ouvrières qui ne savent même plus que la reine à qui elles prodiguent des soins, les dévorera au fur et à mesure de ses appétits.
Aucun projet, aucune pensée ne nous est proche. La langue qui s’y parle n’est même plus l’anglais de Shakespeare, c’est un mélange de sigles et de conventions au milieu d’une succession d’une logique binaire exprimée en zéros.
Ces « patrons » d’un autre monde ne sont ni indifférents, ni hostiles. Ils fuient naturellement ce qu’ils détruisent et on ne les voit pratiquement jamais. A peine se souviennent-ils de nous comme le paléographe de ses ancêtres. Ils nous ont laissé dans le monde des « emplois » avec nos Marie Aréna et nos Verhofstadt attachés à nous convaincre, alors qu’eux-mêmes ne sont plus convaincus.
Passent-ils près de nous ? Ils sont condescendants avec l’amusement d’un enfant devant guignol. Bien vite, ils retournent jouer à des jeux que GrandGousier concède à ceux qui croient en lui. Pour lui, ils gouvernent l’économie mondiale, en son nom et pour toujours convaincu de sa divine puissance. Ils finissent par ignorer, enfermés dans leurs réseaux protecteurs, que le monde dans lequel les autres humains pataugent est réel et dangereux. Sans état d’âme, ils patronnent ainsi l’économie mondiale réduite à leur seul modèle par-dessus les continents et les frontières. Les pays ne sont plus que les pièces d’un puzzle qu’ils remonteraient les yeux fermés.

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C’est dans ce monde-là que l’humanité vit, soi-disant seul maître à bord dans le vieux rafiot d’une démocratie qui s’accommode de ses rats prédateurs dans la rouille des derniers voyages.
Cependant l’évidence des faits, la luminosité de la situation n’a hélas pas de phare qui nous ferait prendre conscience. Au contraire, nous nous imaginons « à caser » dans un marché du travail momentanément en décrue ! Nous pensons à la vie future comme les bébés phoques inconscients que de sinistres chasseurs canadiens vont tuer à coups de gros bâtons, et qui, la minute avant que leurs cervelles n’éclaboussent le bas de pantalon de ces salauds, rêvent au bonheur d’être en vie.
Ce serait vraiment à mourir de rire qu’après la mise à la rue des centaines de milliers de famille sans travail nous espérions encore du système. Alors qu’entre les mots, on nous dit depuis longtemps de nous tenir à notre place, et que notre avenir est clairement défini, puisqu’il n’y en a aucun. Et dans ce paradoxe, nous allons comme la patrouille des castors en chantant les couplets d’avenir que nos chefs de meutes chantent avec nous, tout en nous entraînant vers les précipices d’où ils nous regarderont tomber, pour aussitôt recommencer le même jeu avec la génération suivante.
Les hommes potentiellement capables de fournir un travail ne servent plus à rien et la démographie est galopante ! 3, 4… milliards de sans travail bientôt en 2010 !
C’est ainsi que sans raison vraiment de vivre dans la logique régnante, les holocaustes passés ne seront rien devant les holocaustes qui se préparent. Des millions d’hommes moururent jadis de la faute d’un seul dans d’abominables tortures. Mais, on pouvait mettre des visages sur la folie National-socialiste. Demain ce sera un concept, une abstraction, une logique sans aucun fou à désigner qui sera notre tombeau. Et ce sera pire.
A la perversion d’un homme aura succédé la perversion des hommes !

13 décembre 2005

La laïcité négligée.

Le vendredi 9 décembre, la loi française sur la laïcité (séparation de l'Eglise et de l'Etat) a eu cent ans. En Belgique aussi, cela a été l'occasion d’un bilan, en somme très positif, qui a permis la cohabitation des croyances dans la paix et le respect mutuel. Mais les dispositions prévues dans cette loi seront-elles suffisantes pour endiguer les intégrismes ? C’est évidemment du côté des intégristes conquérants que l’on a quelques inquiétudes puisque pour certains croyants ne pas adhérer à leur foi équivaut à une condamnation.
La polémique en France autour de la proposition de Nicolas Sarkosy de construire des mosquées est en soi une remise en question de la loi de 1905. Pourquoi cette loi qui a fait ses preuves devrait-elle être contournée ou aménagée ? L’Etat, en France comme en Belgique n’a pas à construire quelque église que ce soit avec l’argent des citoyens.
La laïcité dans l'Hexagone n'est pas belge. Mais, sans doute aurons-nous à prendre parti, un jour ou l’autre, sur ce problème de financement d’un lieu du culte.
C’est que parfois s’autoproclamer laïques n’est pas suffisant, encore faut-il le proclamer avec force et exiger que ce droit soit respecté. Quand on voit avec quel mépris dans certains pays comme l’Iran la façon dont sont traités « les infidèles », on peu redouter que leurs ressortissants en séjour chez nous en viennent à contrevenir ouvertement à notre laïcité.
Ce centenaire aurait dû faire l’objet de manifestations plus importantes. Les organisateurs de cette commémoration ont été trop timides. On aurait aimé qu’ils aillent plus loin que ces quelques discours solennels de bonne intention, et profiter de l'anniversaire pour envisager l’avenir de la laïcité au cours du nouveau siècle. Les avocats qui pullulent dans nos partis et partent sur leurs grands chevaux pour beaucoup moins, auraient dû bomber le torse et tonner dans les hémicycles, comme les bourgmestres laïques que l’on n’a guère entendu, au moment où les intégristes et les fondamentalistes nous servent la soupe à la grimace tant et plus.
Au Sénat français, une «déclaration universelle sur la laïcité au XXIe siècle» a fait l’objet d’une lecture. On aurait aimé qu’Anne-Marie Lizin en fasse autant chez nous. C'est une déclaration qui fera date. Elle remet les choses en place tout en étant une invitation au dialogue.
La laïcité doit rester «le principe fondamental des Etats de droit» et constituer «un élément clef de la vie démocratique». En n'étant «l'apanage d'aucune culture, d'aucune nation, d'aucun continent», la laïcité garantit qu'il n'y aura aucune discrimination dans «les nécessaires débats concernant les rapports du corps à la sexualité, à la maladie, à la mort» mais aussi dans ceux qui ont trait à l'égalité entre hommes et femmes et à la nécessaire liberté d'exercer ses convictions personnelles.

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«La laïcité ne signifie pas l'abolition de la religion mais la liberté de choix.» Ce qui implique encore «de déconnecter le religieux des évidences sociales et de toute imposition politique». Mais «qui dit liberté de choix dit également libre possibilité d'une authenticité religieuse ou de conviction»... (Cité par la Libre Belgique)
La laïcité étant en permanence une action bien vivante : «Tout en veillant à ce que la laïcité ne prenne elle-même (...) des aspects de religion civile où elle se sacraliserait plus ou moins, l'apprentissage de ses principes inhérents peut contribuer à une culture de paix civile. Ceci exige que la laïcité ne soit pas conçue comme une idéologie anticléricale ou intangible», si elle ne peut être remise en cause dans ses principes, elle ne subsistera que par les problèmes qu’elle soulève et qu’elle résout en partie, par des discussions entre citoyens ou entre groupes.
La conclusion de la déclaration est logique, elle est « un principe fondamental du vivre-ensemble dans des contextes où la pluralité des conceptions du monde ne doit pas apparaître comme une menace mais plutôt comme une véritable richesse»...
Alors que cette question importante de la laïcité dans les Etats modernes devrait valoir des forums de débats sur la Toile, dans les Ecoles publiques et les partis politiques, elle semble passer au second plan, y compris dans les cercles mêmes où la laïcité ressort d’un consensus général, mais trop souvent tacite, pour qu’on n’y fasse plus allusion.
C’est dommage. Nous risquons ainsi en n’étant pas vigilants de la perdre au bénéfice des pires alliances intégristes ou fondamentalistes.

12 décembre 2005

Les beaux emp’ois du FOREm

Aujourd'hui phénomène

-C’est quoi l’emploi de phénomène ?
-Vous tombez bien. Entrez dans la salle, Monsieur Mickey Little est justement interviewé par notre public-relation, madame Diverge…

-Monsieur Little comment avez-vous trouvé l’emploi de phénomène ?
-J’étais manutentionnaire à « Emballé-C’est pesé » une société de transport. Un jour, je me suis présenté au syndicat et on m’a demandé mon salaire. Quand ils l’ont su, un type m’a dit que j’étais un véritable phénomène…
-Cela vous a donné des idées ?
-Oui. D’autant que le permanent m’a dit aussi que je prenais des vessies pour des lanternes. Alors j’ai voulu faire « L’homme lumineux » et faire prendre ma vessie pour une lanterne.
-Cela n’a pas marché ?
-Pas fort. Pourtant, je m’étais mis aux boissons phosphorées. Je n’ai jamais osé manger tout de suite une crêpe flambée après le phosphore. J’ai donc choisi une autre spécialité
-Laquelle ?
-Nain.
-Mais vous mesurez un mètre quatre-vingts !
-Ce sont des métiers de l’illusion. Avant, j’avais été député sur une liste qui préconisait la vie simple par nourriture cosmique, alors…
-Evidemment… Mais, ici il s’agit de paraître petit devant un public exigeant…
-C’est la même chose que paraître grand pour un public naïf…
-C’est le contraire.
-C’est bien ce que je disais.
-Et comment avez-vous réussi ?
-Voilà. Je me présente et je dis des choses tellement ignobles et tellement basses que les gens finissent par confondre mon physique avec la petitesse de mon esprit.
-A ce compte-là il y a beaucoup de nains dans la vie.
-Oui. Mais les gens qui sont frappés de nanisme ne s’en rendent pas compte et font ainsi illusion entre eux. Moi, c’est par la seule volonté que je transforme mon apparence.
-Pouvez-vous donner un aperçu de votre talent pour nos candidats phénomènes ?
-Si vous voulez.
-Tout le monde vous écoute.
-T’as pas honte pouffiasse de faire chier les gens et te faire jouir en contemplant leur merde, hein salope ? C’est pas parce que t’as réussi à t’en tirer en te faisant enculer par la moitié de la ville de Liège pour sécher ton cul au chauffage central des fonctionnaires que t’as le droit d’emmerder des pauvres cons qui ne t’on rien fait et…
-C’est bon. En effet, vous êtes tout petit et vous n’arrivez pas à…
-Ton cul baveux de vieilles putes…
-C’est assez vous dis-je… Nous avons compris…
-Veuillez m’excuser. Je me suis laissé emporter par mon rôle de phénomène.
-C’est compréhensible. Je le dis sans arrêt à nos candidats, il faut bien s’appliquer à ce que l’on fait. Le reste arrive toujours à point. Et vous, vous êtes parfait. Actuellement, c’est votre seule spécialité de phénomène ou bien vous en avez une autre ?
-J’étudie actuellement un phénomène d’un genre un peu spécial.
-On peut savoir lequel ?
-Je veux faire homme-piquet.
-Cela consiste en quoi ?
-Je me couche et soudain on peut monter une tente sur son mat principal.
-Je n’ose comprendre !
-Si, osez… J’étudie avec la doctoresse Dieudonnée de Beau-Pertuis un priapisme artificiel. J’y arrive, mais je ne tiens pas la séance complète. Aux chansons scoutes, c’est la débandade et la toile de tente retombe au sol...
-Quel étrange phénomène !
-Je vous ne le fais pas dire… et comme mon numéro de phénomène s’adresse avant tout aux délassements de plein air, le scoutisme serait ma principale aire d’activité… vous comprenez, la tante, les chants, le jamboree, tout est lié.
-Et comment faites vous pour vous concentrer ?
-Je fixe une personne dans l’assemblée et je me sers de ma faculté de rapetisser pour m’agrandir, en employant la même technique… Par exemple vous : Viens ici espèce de grosses salope, je sais que tu aimes ça et je vais te pren…

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-Non. Non. Je vous crois. Eh bien voilà, chers candidats, une excellente introduction au métier de phénomène. Monsieur Mickey Little nous a convaincu qu’en l’homme tout est possible. C’était madame Diverge qui depuis Sclessin vous parlait des beaux emplois du FOREm…
(à part) Dites, monsieur Mickey, vous voulez bien me montrer la technique du piquet de tente dans mon bureau du quatrième ?

11 décembre 2005

Pour un nouveau PS.

Le PS est le seul parti de la gauche qui subsiste dans un climat politique dégradé. Il mène une stratégie qui se voulant éloignée des extrêmes tombe nécessairement au centre. Cette fascination centriste n’est pas spontanée, elle est le fruit d’une stratégie vieille de trente ans, confortée par les statisticiens, les publicistes et les avocats du PS, convaincus que la société loin de se gauchir, s’embourgeoise et que l’électeur se recrute désormais au centre. D’où l’abandon de la théorie de la lutte des classes. Cela sera de moins en moins vrai à l’avenir, en regard des événements et de la dérive du capitalisme.
La formulation en parti réformateur du PS est trop peu représentative en 2005 de la gauche pour que celle-ci s’en satisfasse. Aussi, les déçus du socialisme se comptent-ils par dizaines de milliers, jusques et y compris dans les rangs mêmes de ceux qui collaborent au triomphe du libéralisme en lui donnant leur caution.
Jouant de son monopole, le PS a jusqu’à présent tenu bon. Mais les scandales redoublés dans les sociétés de logement qu’il gère et le fiasco de Francorchamps altèrent son image et risquent de lui coûter des sièges.
La voie est étroite pour le nouveau et palot observateur, le jeune avocat Gilles Doutrelepont, que Di Rupo a lancé au cœur de la catastrophe annoncée, pour ramener au parti les mécontents. On est loin de l’ancienne Jeune garde socialiste et de la fougue du passé. Celui-ci pourrait faire aussi bien « Jeunesse libérale » que vicaire chez Milquet.
Il n’empêche, malgré la collaboration avec les libéraux, le PS se dit toujours le parti de la transformation sociale.
Et c’est là, devant les faits qu’il tient un double langage.
Car, de quelle transformation s’agit-il ? Puisqu’il ne peut plus modifier grand-chose dans l’équilibre économique.
Les mots ne suffisent plus à rassurer les esprits inquiets.
Les faits sont là. Loin de gauchir la politique libérale, le PS en suit les méandres. On assiste au démantèlement des grands services collectifs, sous prétexte de moindre coût, pour le bénéfice d’entrepreneurs privés. Les lois de protection de la précarité comme le chômage se détricotent et perdent de leur efficacité, alors que les chômeurs sont de plus en plus nombreux. Bref, le PS aide à la précarité générale des populations à bas revenus. Mieux, il condamne les syndicats qui mobilisent contre « le pacte de solidarité » et qui n’est rien d’autre, au-delà des mots accrocheurs, qu’une récession des droits des travailleurs âgés.
Le PS feint par sa politique ne pas voir dans l’accroissement des inégalités que le clivage entre les actifs et les exclus et même entre les générations, s’accroît, alors qu’il se vante d’arrêter la fringale capitaliste dans son désir de manger le « petit » !
Aux questions innombrables que sa politique soulève, il n’est aujourd’hui aucune réponse satisfaisante.
Comment socialement démocratiser le libéralisme ?

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Un contrepoids au système est, on le voit bien, insuffisant.
Toute aspiration nouvelle, tout progrès ne peut se concevoir que dans une espérance lointaine, mais omniprésente dans la volonté de changement. Un retour aux idéaux qui irait jusqu’à la volonté de changer la donne de l’économie libérale mondialisée, en commençant par la critiquer.
C’est ce qui n’apparaît jamais dans les discours de Di Rupo qui est devenu le grand collaborateur de la droite.
Comment ne pas souhaiter qu’un nouveau socialisme libéré du carcan libéral détermine enfin une autre politique que celle que les pays occidentaux suivent et qui nous conduit à coup sûr dans le mur ?
Il faut le répéter sans cesse, un système économique qui s’accommode de millions de chômeurs, qui ne vit que sur le profit et l’égoïsme, qui a fait ses preuves qu’il est inamendable et que plus on avance, plus sa singulière logique tranchera en faveur des plus riches et spoliera les plus démunis, augmentant sans cesse le malheur des multitudes : EST UN MAUVAIS SYSTEME !!!
Ceux qui disent : « Oui, mais le moyen de faire autrement ? » n’ont de gauche que l’étiquette, parce qu’ils n’ont en eux que la résignation du chien couchant d’un capitalisme triomphant.
Il faut espérer que bientôt des voix se feront entendre à gauche qui exploreront les conditions d’un futur redressement idéologique qui balayera le réformisme de collaboration.
Il faut trouver les moyens et cela dans l’immédiat pour que puissent s’exprimer démocratiquement les recalés du suffrage universel, ceux qui, à force de mettre de l’eau dans leur vin, n’ont plus de vin du tout.
Ce ne sont pas des réformes qu’il faudrait au PS, mais une refondation sur les anciens principes, un changement radical d’objectifs et une autre voix que celles trop souvent entendues de ces ministres noyés, imbibés dans le système libéral, qu’ils servent en leurrant les gens qui les élisent…

10 décembre 2005

Faire le mur…

Il n’y a pas d’autres explications : avec la création du mur entourant plus les Palestiniens que les Israéliens (les frontières de ces derniers restant ouvertes sur la mer et l’Egypte) les dirigeants d’Israël sont devenus fous !
La progression de ce mur malgré l’opinion internationale, enfin celle qui n’est pas manipulée par les médias pro israéliens, apporte son lot d’absurdités, de malheurs et de honte à des populations sans défense. Tantôt c’est un lycée coupé en deux, un village séparé de ses terres, des paysans qui doivent faire 30 kilomètres pour se retrouver exactement de l’autre côté du mur, dans leur champ !
Cette infamie a été suggérée par la gauche israélienne et c’est la droite qui s’est empressée de passer des marchés juteux à ses bétonneurs. On voit du ciel cette étonnante muraille de Chine d’un type nouveau, serpenter à sa fantaisie en annexant de-ci de-là de bonnes terres et des terrains stratégiques pour « protéger » les implantations juives, toutes illégales..
Pourtant en Europe, malgré la diaspora et les milieux du spectacle truffés de vedettes de confessions juives ou assimilées, la population est très réservée quant aux propos tenus autour de cet ouvrage qui rappelle en plus grand encore le mur de Berlin du temps de Honecker et du Communisme.
Cela y ressemble fort au reste, même crainte mais inversée au lieu de dissuader de sortir de l’enclave, le mur façon Sharon tendrait plutôt à empêcher d’entrer, même unilatéralisme. La population arabe subit sans cesse de nouvelles contraintes.
Tout cela vu et approuvé par les Américains, les seuls capables de forcer Israël à une certaine retenue et cependant n’usant jamais de ce pouvoir qu’ils détiennent par le fait de l’aide qu’ils apportent à l’Etat juif sans lequel celui-ci serait contraint d’agir avec moins de dureté et de cruauté envers les adversaires vaincus.

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Le mur à Abu Dis, mars 2004

Qu’il s’agisse des assassinats ciblés, des démolitions de maisons, de la création de colonisation, du comportement odieux de la troupe d’Israël aux points de contrôle, ces faits si souvent répétés font invariablement penser à une occupation comme celle que nous avons connue en 40-45 et cela, c’est intolérable.
La dernière semaine l’Iran a été en vedette pour son intention de posséder l’arme atomique. Quand on sait que l’Etat d’Israël l’a grâce aux aides américaines, sans que cela ait soulevé le moindre scandale, et tout en n’ignorant pas que cet Etat est à la limite d’être classé dans les Etats « voyous » et qu’il pourrait s’en servir à l’occasion, on en arrive à se demander comment et au nom de quelle non-prolifération, on interdirait à l’Iran ce que Israël possède depuis de nombreuses années ?
Enfin, il faut souligner aussi l’unilatéralité de la justice israélienne condamnant les Palestiniens avec la sévérité qu’elle ne réserve qu’à eux, restant par ailleurs laxiste et compréhensive des exactions et des crimes des citoyens israéliens sur les Palestiniens.
Cela révolte, à la fin, les souffrances qu’endurent des millions de gens à cause de l’expansion par la force de ce minuscule Etat arrogant et cynique à cause de la protection implicite que nous lui accordons.
Quand on voit la violence monter en puissance partout, l’espèce de folie intégriste qui secoue le monde musulman, l’extrême dangerosité de la poudrière du Moyen Orient, on peut se demander si le retour en Palestine d’une diaspora juive voulue et concertée à la suite de la guerre de 40 par les anglo-saxons, était une bonne chose ?
Depuis Arafat et l’Intifada, la situation ne s’est pas améliorée entre les protagonistes de la tragédie. Le retrait de Gaza était de la poudre aux yeux. La feuille de route du président Bush était une belle foutaise et, il n’échappera à personne, que le retrait de Sharon du Likoud n’est qu’une manœuvre électoraliste d’un homme de pouvoir qui entend le conserver.
L’Europe a une part de responsabilité dans le pourrissement d’une situation qui aurait pu conduire avec plus de fermeté dès la mort d’Arafat à une mise en demeure de pacifier la région en plaçant les uns et les autres devant leurs responsabilités. Mais l’Europe ne se fait que pour et aux alentours du pognon. Elle est aussi molle et inconsistante pour ses relations extérieures qu’elle est passive pour le drame de millions de ses chômeurs et son manque d’objectifs sociaux.
Alors, vouloir qu’elle cherche une solution avec dans le dos « l’allié » américain prêt à faire le contraire, autant vouloir faire pousser des cerises sur un pommier.

9 décembre 2005

Du nouveau chez Grover.

-Monsieur Granpri, la société Grover détentrice du circuit de Groverland est en faillite. Pouvez-vous nous en donner les raisons ?
-Elles sont simples. Nous avions, Choumachère, le pilote originaire de Groverland qui faisait venir tous les Groverlandais lors des compétitions, il a changé d’écurie et n’attire plus les foules sur la nouvelle Dala, tchécoslovaque…
-Il y a bien d’autres raisons, votre salaire par exemple ?
-Je gagne 1200 euros par mois comme directeur-président et maïeur empêché de Grobourg, une commune de l’arrondissement Sud de Groveland. Est-ce trop ?
-Mais vos commissions et vos frais ?
-Je ne vais pas mettre de ma poche dans cette affaire Grover ?
-Mais, ils sont énormes !...
-Je vais demander à mon avocat, maître Le Joyeux d’étudier une plainte contre ceux qui attentent à mon honneur.
-On dit que vous avez engagé à prix d’or Emilienne Demin-Matin pour vous introduire à la région groverlandaise, afin de vous assurer le soutien de Frèrapart ?
-La S.E.C.S.P. (Société émettrice de chèque sans provision) basée à Grobourg dont Emilienne Demin-Matin est directrice-fondatrice est une entreprise de public-relation. Emilienne est très introduite dans les milieux de gestions des patrimoines bancaires. Je persiste à croire qu’il s’agissait d’un bon investissement. D’ailleurs, madame D’Évier-Joncon faisait partie du personnel au titre de conseillère de direction. C’est dire le sérieux.
-Qu’ont fait ces dames dans le circuit de Groverland pour mériter une prime de 250.000 euros ?
-Elles étaient chargées de scier la branche sur laquelle Frèrapart était assis, jusqu’à ce que les premiers craquements décident celui-ci à signer des documents secrets contrôlés par nous et offert à Monsieur Livingstone.
-Dans quel but ?
-Mais d’avoir l’aval de la région de Groverland qui venait de lancer le plan Patton pour relancer le pays. Et nous espérions bien en avoir une partie grâce à nos efforts consentis en faveur de la S.E.C.S.P. Croyez-moi, 250.000 euros ce n’est rien qu’une commission. C’est courant dans nos métiers. On dirait que vous tombez de la lune !
-Mais dans une maison de débauches, c’est moins cher !
-Vous en connaissez-vous, des putes qui parlent en anglais et s’habillent chez Chanel ?
-…pas d’après le député libéral Baku qui a dénoncé les anomalies de la société Grover.
-Monsieur Baku n’a jamais pardonné à Monsieur Frèrapart de lui avoir soufflé sa maîtresse.
-Emilienne Demin-Matin ?
-Non, vous n’y êtes pas. Je veux parler de Christine d’Évier-Joncon !
- Non !...
-Si !...
-Je croyais qu’elle était la maîtresse d’Alexandre Dubas, le député travailliste grosbourgeois !
-Justement parce qu’elle avait été au célèbre Dubas, monsieur Baku voulait absolument qu’une liaison aussi prestigieuse le posât en qualité d’homme politique affable et à femmes…

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-Et pourquoi a-t-elle préféré Frèrapart ?
-Le pouvoir, Monsieur, l’argent… le magnétisme qu’un homme frustre et de la campagne exerce sur une parisienne mondaine et sophistiquée…
-Le désir du verger…
-Non, de la verge…
-Mais que vient faire Emilienne Demin-Matin dans cette ténébreuse affaire ?
-On ne sait pas. Ou plutôt, on ne sait plus. Elle aurait fait public relation à Cannes et connut le pilote Choumachère, dans la suite du Négresco « Aristote Onassis », d’autres l’avaient vue à la foire d’octobre en marchande de marrons très chauds…. Sa mission était de ramener le pilote sur la Rariri, et revenir sur le circuit groverlandais. Une autre version, la mettait dans les bras du pouvoir par la filiation des habitations sociales « Le chaume du chômeur » de Couillet-les-Eaux et maîtresse d’un célèbre avocat de Charlie-le-Bois, Auguste van d’Espièglelard. Ce qui est probable, mais pas prouvé…
-Ce serait une sorte de Mata-Hari du pouvoir de la région groverlandaise ?
-Vous savez, on écrit l’histoire plus avec les slips des gens importants qu’avec les stylos vendus le premier mai au profit des majorettes du Blé qui lève.
-L’avenir du plan Patton ne va-t-il pas être obscurci de tous ces méandres ?
-Aux dernières nouvelles Monsieur Livingstone veut bien reprendre le circuit groverlandais et décharger la Région groverlandaise des problèmes de financement pour 2006…
-Sans autres conditions ?
-Il désire simplement reprendre à fifty-fifty les taxes auto et quelques autres babioles et notamment les foncières et les accises.
-Pas grand-chose, assurément…

8 décembre 2005

Papy fait de la résilience

-Je suis mal, Kéké.
-Tu n’as pas eu des parents convenables, Baba…
-Tu peux le dire, mon frère.
-Qu’est-ce qu’ils faisaient ?
-Mon père était gouverneur, dis donc…
-Et ta mère ?
-Elle était inscrite au parti socialiste…
-Qué malheur !...
-Tu peux le dire Kéké…
-Qu’est-ce que tu attends de moi ?
-T’es pas psy, mon frère ?
- Psi pourquoi ?
-Je suis la première génération traumatisée. Je veux me libérer du poids du passé !
-Attends là, t’es lourd…
-J’ai pas le temps, Kéké, vends moi ton kit de thérapie brève…
-Si t’avais été descendant d’Arméniens… fils d’un militaire israélien dynamiteur des logis palestiniens, héritier des terrains bordant le circuit de Francorchamps, neveu des Frères Happart… mais fils de gouverneur et avec une mère socialiste… C’est la thérapie longue.
-Combien de jours ?
-Des années, tu veux dire. J’ai le fils d’un avocat, député MR en thérapie depuis seize ans…
-Mais je dois me marier dans six mois, je peux pas attendre…
-Je sais Baba. Tant d’enfants traumatisés oscillent entre effondrement et anxiété… pourquoi tu n’essaies pas une nouvelle manière de vivre ?
-C’est quoi ?
-Tu les envoies se faire foutre et tu les laisses mijoter dans leur connerie.
-Je peux pas, je travaille dans les bureaux de mon vieux. Il aide ma mère à tapisser ma chambre avec les vieux posters de Di Rupo. Ma future femme est la nièce d’une petite cousine de la trésorière d’un club de militantes dont Anne-Marie Lizin est présidente !...
-C’est le double traumatisme… cas classique. Les troubles psychiques dont tu as hérité vont être également transmis à tes enfants…
-Veux tu être mon tuteur en résilience ?
-Tes parents t’ont parlé de ce qu’ils avaient vécu ?
-Oui. Mon père dort avec son costume de gouverneur, son coussin est fendu au milieu pour faire descendre son bicorne entre les lattes du sommier… Ma mère entonne l’Internationale chaque fois qu’il a une érection… ça fait quand même deux fois par an qu’ils me réveillent.
-Tu as reçu leur traumatisme en pleine tête, pauvre Baba…
-Comment amortir le choc, Kéké ?
-La solution la moins mauvaise, c’est ni se taire, ni parler à chaud, mais parler autour de façon dédramatisée. Tu connais le bistrot « Les burnes ontiques » ?

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-C’est un troquet avec mini foot, la patronne tient le pip-show des Guillemins à ses heures perdues…
-Je fais séance de résilience tous les samedis. Tu t’amènes. On t’écoute.
-T’as des autres traumatisés ?
-T’es pas le seul dans la résilience. Les parents sont tous à jeter… J’ai même un père qui rejette son propre père, sur le temps que son fils le rejette…
-C’est efficace ?
-Je vais être franc avec toi. T’es bon pour la thérapie longue.
-Sinon, je risque de transmettre mes traumatismes ?
-Ecoute Baba, si t’avais le matériel…
-Qué matériel ?
-Moi, pour les miens, j’avais un Walther P 38…
-Tu en étais arrivé là ?
-Oui. Mais on a fait des progrès grâce à M’sieu Boris Cyrulnik ta mère…
-Que faisaient-ils, tes vieux ?
-Mon père dirigeait une grande banque et ma mère était professeur de Droit constitutionnel.
J‘ai dû interrompre la chaîne de la désespérance pour sauver mes enfants.
-Tu veux me le prêter, le P 38 ?
-On a trouvé mieux. Tu chantes trois fois par jour le truc à Claude François… et tes résiliences ne t’abandonnent pas, mais ne t’empêchent plus de dormir… Tu chantes avec moi
(Ils chantent)
Je suis le mal aimé / Les gens me connaissent / Tel que je veux me montrer / Mais ont-ils cherché à savoir / D'où me viennent mes joies ? / Et pourquoi ce désespoir / Caché au fond de moi…

7 décembre 2005

Justice en do mineur

La semaine dernière s'est achevé l’ultime péripétie des rebondissements de l’affaire Dutroux : celle du scandale d’Outreau !
En effet, c’est à cause de notre pédophile national de sinistre mémoire que le juge français Fabrice Burgaud, influencé par l’opinion publique, a instruit seulement à charge envoyant certains inculpés jusqu’à faire trois ans de préventive, pour qu’enfin la Cour de Cassation de Paris les disculpe !
C’est terrible que le justiciable soit la victime d’un con de l’ampleur de ce juge d’instruction d’Outreau !
Des gars de ce genre, il doit y en avoir tout un rayon. C’est une fois de plus le problème de l’omniscience que donnent certaines fonctions de justice et aussi de police qui est posé. Laisser sans contrôle des individus qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter dès qu’ils ont touché le but qu’ils s’étaient assignés, paraît de plus en plus inique et calamiteux.
C’est toute la véracité des témoignages des petites victimes des pédophiles qui est en question. Malmenés par des parents indignes, interloqués et apeurés par tout l‘appareil de justice, ils se sont trouvés en face de psychologues persuadés à l’avance de la véracité de ce qui n’était qu’un échafaudage hasardeux issu de l’imagination enfantine de ces petits martyrs. Ces enfants sont passés de victimes manipulées à personnages importants, du jour au lendemain. La parole des enfants fut triturée et amplifiée par des gens qui d’habitude sont plus circonspects.
Cette histoire de fous aurait pu, selon un témoignage d’un accusé disculpé, envoyer la France entière à la guillotine !
Tous les inculpés innocentés ont été unanimes pour dénoncer les carences graves de l’instruction. De l’avis général, y compris du ministère public qui a plaidé pour l’acquittement des accusés, au point que la défense n’a pas jugé utile de plaider, le juge Fabrice Burgaud n’a pas su écouter les gens, parce qu’il cherchait des coupables, pas des innocents.
Le Monde parle des dérives d’Outreau, comme devant nous interroger sur cette rumeur de pédophilie, la plus facile à exporter et à exploiter et difficilement contestable.
L’affaire Dutroux, on s’en souvient, aurait pu se terminer comme à Outreau. En résistant à la tentation de partager la thèse de réseau avec les parents des victimes, le juge Langlois aurait-il agi sagement ? Qu’aurait fait le juge Connerotte, s’il n’avait pas été dessaisi ?
Après les conclusions et les condamnations et sans préjuger du dossier bis qui pourrait livrer des surprises, force est de constater le sérieux de l’instruction belge en regard de l’instruction française pour un procès du même genre. Notre juge d’instruction a préféré a rebours de l’opinion publique, ne pas sacrifier à la rumeur.
Voilà qui est tout à son honneur et le place certainement dans cette catégorie de magistrats dont nul ne peut contester l’honnêteté et la rigueur.

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Que va-t-il se passer en France après ce couac dans la magistrature ? On parle d’un collège de trois juges dans les cas graves. On commence petit à petit à trouver extrêmement lourd le pouvoir d’un seul homme d’envoyer quiconque en prison sur de simples soupçons.
En Belgique, Laurette Onkelinx s’amuse à modifier la législature en matière de Cours d’Assise, sans se poser la question de la préventive.
C’est dommage.
Ce serait bien l’occasion de comparer les deux poids et deux mesures relatifs aux soupçons selon que l’on soit un délinquant en col blanc ou un has been du vol à la tire.
Parions que la faillite de Francorchamps qui s’annonce fort mouvementée et qui pourrait dégager certaines responsabilités judiciaires n’enverra pas en prison pour certains délits ce que d’habitude, pour moins que cela, y finissent quelques malheureux escarpes et autres médiocres de la délinquance ordinaire.
Nos sociétés apeurées des perspectives terroristes et intégristes font en sorte que les pouvoirs régaliens soient de plus en plus attribués à un paquet de gens, certains très biens, mais parmi lesquels se glissent des cons fameux de l’importance de celui d’Outreau.
Quant au juge français d’Outreau, il court encore comme on dit. Aux dernières nouvelles, s’il a été déplacé, il n’encourra aucune sanction. Peut-être même a-t-on prévu pour lui une voie de garage dorée.
Sa responsabilité n’est pas engagée. Les drames de tous ces innocents dont il a brisé la vie et saccagé l’avenir, ne le concernent pas. Mieux, il n’a pas à présenter des excuses à ses victimes…
Les traditions ne se perdent pas.
Les grands serviteurs de l’Etat n’ont pas à se faire du mauvais sang. Sans gaffe ou avec gaffe, la voie sera toujours royale.

6 décembre 2005

La belge attitude…

Par les temps qui courent, dans un pays aussi peu raciste que la Belgique, il n’est quand même pas bon d’être un basané à la recherche d’un emploi. Les patrons ne le disent pas clairement, puisque c’est interdit, mis le délit de sale gueule, justement, ça existe.
A la sauce Ducarme, on va vers une norme standard de l’individu bon Belge, comme il y a des critères bleu-blanc pour notre bétail de concours.
Le bon Belge à la quarantaine, ce qui exclut les vieux et les jeunes. Il est employé de bureau, donc est toujours propre sur lui. Il ne suit plus la messe du dimanche matin, mais a pleuré à la mort de Jean-Paul II. Il aura fini de payer sa maison dans une quinzaine d’années : trompe sa femme modérément et sans que cela se sache et perturbe la vie des enfants qui entreront bientôt à l’université faire des études qu’il n’a pas faites, parce ses parents n’avaient pas les moyens. Il se sent démocrate et joue au Loto dans l’espoir d’être un vrai libéral mondialiste, partisan de la libre entreprise. Du reste, il attache le mot libre et tous ses dérivés à ce qui touche au pays, à la dynastie, aux partis et à l’entreprise. Il suit les informations de RTL et préfère les films de la RTBf. Il est royaliste parce que la royauté, finalement, ça coûte moins cher. Il n’aime pas trop en parler, mais Place Royale de RTL est une émission qui l’émeut beaucoup. Il connaît les noms de tous les petits enfants du roi Albert.
Il a voté autrefois PS, mais il considère que ce parti n’est plus assez ferme à la conduite des affaires, surtout à l’égard des syndicats, aussi vote-t-il désormais pour le MR don il trouve Didier Reynders moins représentatif que Louis Michel. Il n’aime pas Joëlle Milquet tant il estime qu’une femme ne devrait pas s’occuper de politique.
La dernière fois qu’il a lu un livre, c’est le Harry Potter que son fils avait oublié dans les toilettes, c’était il y a quatre ans.
Il se vante d’avoir accepté que la mère de sa femme n’aille pas dans un home, mais il n’y perd pas, puisqu’elle a une « grosse » pension. Il en aurait fait de même avec sa mère si celle-ci n’était pas morte, parce que le séjour en home coûte horriblement cher et qu’elle n’avait qu’une petite pension. Il trouve que le CPAS de sa commune n’est pas « humain » en faisant payer les « jeunes » pour les vieux.
L’histoire n’est pas son fort et pourtant il a lu jadis « Mein Kampf » « pour connaître la vérité sur Adolf Hitler ». Son opinion s’est faite depuis la chute du mur de Berlin. Le Reich était une monstruosité, comme le système communiste, mais au contraire de ce dernier, Hitler a fait quelques bonnes choses à commencer par remettre les chômeurs au travail.
Ce n’est pas avec lui qu’on voyait les fainéants courir les rues.
Quant à la peinture, il trouve que tout le monde peut faire du Picasso, par contre l’Angelus de Milet, c’est du grand art.
Dans son entreprise, il appelle tous les coursiers « Mohammed » et tous les ouvriers d’atelier « Ali ». Ce n’est pas par racisme, mais c’est plus facile comme ça. Il se dit certain que peu d’immigrés veulent travailler. « Ils viennent chez nous pour nous décauser et expédier les Allocations familiales à leurs six femmes au Maroc. Ceux qui travaillent « c’est parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement ».
Il se réjouit d’être vieux et de sortir de la vie professionnelle avant 65 ans, « à condition qu’il n’y perde pas trop ». Jadis, il pensait que les prépensionnés étaient des chômeurs de luxe, donc des parasites. Aujourd’hui qu’il pourrait l’être, il pense que ce n’est pas trop tôt de faire quelque chose pour ceux qui ont travaillé toute leur vie sans se plaindre.

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Ce n’est pas lui qui se lamentera qu’il n’a plus rien à faire et qu’il s’ennuie, mais il commence à s’inquiéter de n’avoir aucun hobby. A tout hasard, il a acheté des pièces en plastique dans une grande boîte pour monter chez soi la maquette du Normandie, bateau que les Américains ont brûlé dans le port de New York, « parce qu’ils étaient jaloux de cette réussite européenne, la seule d’ailleurs… ».
Il réagit toujours avec « l’esprit civique » aux événements qui secouent la Belgique. A l’affaire Dutroux, il a défendu le gendarme Michaux et les juges d’Instruction « qui ont fait ce qu’ils ont pu dans des conditions difficiles. » Il n’est pas violent, mais il étranglerait de sa main tous les accusés et leurs avocats de cette affaire..
Tous les 21 juillet, il se reproche de ne pas arborer le drapeau national, mais il a toujours reculé devant le prix « exorbitant » pour un emblème qui se voit de loin. La vraie raison, c’est qu’il a peur que ce drapeau ne désigne sa maison au vandalisme.
Il se rappelle avoir vu un soir des taggers bomber la porte de son voisin. Il a éprouvé une joie secrète que ce n’était pas à la sienne qu’on s’en prenait, mais il a témoigné sur demande d’un inspecteur au Commissariat sur ces faits de violence. Il a exigé le plus strict anonymat de peur des représailles, puis, il s’est mis à dépeindre avec forces détails, un individu qu’il a à peine aperçu, puisant dans sa mémoire les caractéristiques d’un « Ali » de son entreprise, en se disant « qu’ils se ressemblent tous. »
L’autre XV août en Outremeuse, il a pu entendre avec satisfaction que les vieux qui parlent encore Wallon étaient très près de penser comme lui sur les étrangers, mais sans l’oser pouvoir dire en Français, de peur d’être entendu par un « jeune qui irait le dire à d’autres comme lui ».
Il remplacera sa voiture l’année prochaine. Il souhaite acheter du belge. Il prendra quand même une Toyota parce que le concessionnaire habite au coin de sa rue.

5 décembre 2005

Au secours, les cons nous cernent !

« Après la grippe aviaire, l’intégrisme musulman semble avoir été introduit en Belgique par des oiseaux migrateurs venus du Maghreb. On ne déplore pas de victimes, mais l’épidémie pourrait exploser d’un jour à l’autre… » voilà le non-dit perceptible, hier midi à la télé, à Controverse sur la RTBf. L’enquête est en cours.
Depuis, on en est sûr : « Ils sont parmi nous. »
Personne ne l’ignorera plus, les dames bien couvertes et les hommes à la barbe et en long abaya, voilà ce qui nous attend si nos fins limiers n’ont pas les armes adaptées : à savoir caméra, écoute téléphonique, viol de la correspondance, etc…
Anne-Marie Lizin faufile son tchador pour le premier essayage. Elle suit des cours à l’Ecole de la femme prévoyante socialiste depuis l’indépendance de l’Algérie.
Débat, enfin, comme toujours escamoté par les quelques grandes gueules ouvrant une avenue à l’état policier. Ce dont se sont félicité les deux argousins de service.
-Non, Messieurs aurait pu s’écrier Ducarme dans une grande envolée, le terrorisme ne passera pas, dussions-nous devenir terroristes nous-mêmes…. Ce qui est doucement en train de se produire avec les nouvelles lois de l’avocate Onkelinx, spécialisée dans le parlementarisme musclé.
Avec les futures affaires qui seront rondement menées hors de tout usage et surtout hors du contrôle d’un juge d’instruction, il faut s’attendre à des vertes et des pas mûres.
Dan Van Raemdonck, de la ligue des Droits de l’Homme, et Josy Dubié ont raison de se méfier. Mais que pouvaient-ils contre ces consternants imbéciles qui adaptent la démocratie aux circonstances et qui vont finir par faire de la Belgique un Etat du genre de celui d’Israël qui ose encore s’appeler démocratique, parce que les racistes qui en font la majorité, laissent le droit aux autres d’y voter !
Que pouvaient-ils contre des téléspectateurs ignares qui abreuvaient de leurs conneries les interventions sélectionnées par le préposé à la censure de la RTBf ? « Je n’ai rien à cacher, écrivait l’un d’eux » montrant par là qu’il était tout à fait dans la logique des 80 millions d’Allemands qui ont acclamé de 1933 à 1945, Adolphe Hitler et qui, eux non plus, n’avaient rien à cacher, avant que les Alliés ne découvrent les camps de concentration.
Merde, mais qu’est-ce que c’est que cette bande d’eunuques qui prennent peur parce qu’une kamikaze de « cheu nous » a fait exploser sa connerie à Bagdad ?
Alors, si quelques consternants cornichons, cette fois islamistes, à l’image des anciens CCC, se prenant pour le bras vengeur de la Société, en décousaient à l’encontre de quelques passants malheureux, et défrayaient la chronique des attentats, quel délire n’entendrait-on pas !
On est resté pourtant plus calme lors des tueries du Brabant wallon ! Serait-ce que – comme certains l’ont prétendu – il s’agissait en l’occurrence d’un « bon terrorisme » ?
Ce qui est affligeant dans tout cela, c’est de voir la réaction de « l’honnête homme ». C’est drôlement gratiné. Je ne savais pas mes compatriotes si près d’acclamer le rétablissement de la peine de mort et faire des vœux pour la venue d’un régime des colonels !
Ce qui m’emmerde le plus chez les pervers qui nous dirigent, c’est de voir comme ils sont prompts à l’amalgame. Si je ne suis pas à la lettre les inventions sécuritaires de l’Onkelinx, je passe illico pour un sympathisant des terroristes (lesquels ?). Si je suis contre les caméras de contrôle au-dessus de chaque réverbère, c’est parce que je perpètre au moins un attentat à la pudeur et si je n’applaudis pas aux interventions policières musclées à la tête du client, c’est parce que je suis un mauvais Belge !
Mais ces gens savent bien ce qu’ils font. Ils suivent l’opinion générale complètement pervertie par les propagandistes et les vrais fauteurs de troubles que sont les mondialistes économistes libéraux, dont personne ne parle et qui continuent de faire, bon an, mal an, des millions de victimes de par le monde.
Quand on pense que les lois qu’on va se faire un plaisir de voter pourront permettre aux sbires du régime de fouailler dans les poubelles de Greenpeace, de la Ligue des droits de l’Homme et demain dans les syndicats, sans le contrôle d’aucun juge d’instruction, on se demande si ces gens ne sont pas tombés sur la tête ! Et tout cela sans aucun attentat ! On se demande s’il y en avait un qui ferait des victimes, ce qui serait hautement déplorable, quels couplets patriotes et vengeurs on entendrait !

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En voyant madame Lizin sur le plateau si sûre d’elle et à ses côtés un Ducarme, en brigadier de la maréchaussée, appuyer les élucubrations du chef de la Brigade antiterroriste assurant à la ronde que ces hommes étaient des démocrates et avaient parfaitement conscience des limites de la Loi, on se demande si le père Ubu n’a pas engrossé le Royaume d’un seul et même coup de bitte et que tous ces gens n’étaient pas, en somme, reliés entre eux par un seul et même cerveau : celui que Michel Adam dans son Essai sur la bêtise décrit comme un processus de différenciation sociale, qui permet d’éloigner l’originalité excessive de l’autre, laissant ainsi aux cons le soin d’être dirigés par leurs semblables, dans une sorte de monopole de l’universelle bêtise !...


4 décembre 2005

Quand la BCE tire un coup.

Ah ! ce qu’ils sont forts !...
Les patrons sont anéantis, le baron Ernest-Antoine Seillière ne s’en remettra pas !... La banque Centrale Européenne relève son taux directeur de 25 points… le drame !
Ça fait aux petits épargnants 2 % 25 d’intérêt, au lieu de 2 %...
Non, mais sans blague ? Quel couillon le petit épargnant qui même à 2,25 n’a pas le taux de l‘inflation qui est au minimum de 3 % 50, quand les banques prêtent à du 15 % !
Cette situation doit bien faire rigoler Rond-point Schuman où le fonctionnaire gagne assez de biftons sur notre couenne pour ne pas se taper le crédit à 15 % comme dans les chaumières…
Les journaleux emboîtent le pas, évidemment,.
Le Soir titre : « La BCE tire un coup et rengaine son arme ». Comme si avec le patron de la BCE qui s’appelle Trichet, on devait s’attendre à la plus grande rigueur !...
Mais non, mes cailles, les coups fumeux restent possible ! Voyons, ne nous emballons pas, il y aura encore d’autre tunnels sous la Manche à forer dans le porte-monnaie du pigeon. Ce n’est pas fini la belle vie, faut jamais désespérer de l’imbécillité du petit épargnant, au contraire de son oseille, elle est inépuisable.
L’autre jour en France, des mariolles (Orange, SFR et Bouygues) ont pompé un milliard de plus dans le boni qu’ils se font sur les abonnés du téléphone. Ils ont été condamnés à en reverser 534 millions dans les poches de Villepin. C’est fameux, non ? L’Etat et les maffieux en fifty-fifties !
Et le tocard qui fait de « l’allô chérie ? C’est moi ! C’est toi ? » délesté de son pécule par l’haut-lieu battu seulement d’un naseau par Bouygues… C’est aussi beau qu’à Longchamp dans le prix de l’Arc de Triomphe…
Ce n’est pas de la saine répartition des gains, ça ? Pas comme l’amende perçue sur le champ ou le bidule se multiplie par 7 en frais de tribunaux, pour un simple stationnement.
L’Etat et les maffieux du commerce, tous amoraux et en cheville ?
Non. Mais d’accord pour nous plumer quand même.

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C’est pas en Belgique qu’on verrait ça !
Tu parles, avant que Loulou Michel se soit débiné à l’Europe, il avait lancé le slogan fameux de « la rage taxatoire »… tout confondu qu’il était avec les Verts, à la tête des insurgés aficionados de la démocratie d’alors, contre le conglomérat vicieux des socialistes et du CDh ancienne formule. Maintenant que le fiston Michel en croque et que c’est le Verhofstadt qui est aux manettes, où on en est avec la rage taxatoire ? Pareil.
L‘institut Pasteur n’a pas été consulté et nous, déguisés en petits bergers landais avons été mordus par tous ces enragés qui ne sachant que faire avec notre fric, le gaspillent avec la frénésie des soupeurs des nuits parisiennes, tandis que nous agonisons avec nos 15 % de chômeurs, nos salaires dérisoires et nos ongles noircis d’avoir gratté le sol gelés des glanages d’hiver.
Pour revenir au 0,25 %, l’Haut-lieu se calme quand même : « cette décision ne devrait donc pas peser sur la timidité de la croissance » dixit Le Soir.
Autrement dit, cette libéralité de Trichet qui nous donnera dorénavant 2,25 alors qu’ils nous prennent toujours du 15 pour mensualiser le paiement différé de notre aspirateur, ne nuira pas à la croissance, puisqu’il n’y en a pas et qu’on ne s’attende pas de toute manière à ce qu’il y en ait !
Voilà qui est d’un bel optimisme et qui en dit long sur l’attention que l’on nous porte !
Trichet joue dans la timidité. Qu’à cela ne tienne disent les barons du système, nous tiendrons le coup. Foie gras et champ’ aux Réveillons, la Communauté européenne n’est pas inquiète sur son sort.
Quant à nos viandes, chers lecteurs consciencieux, nous n’en périrons pas non plus.
Cela nous évitera un excès de cholestérol pour les fêtes.
Et puis, ceux qui le peuvent encore, tireront leur coup sous la couette. Cela ne coûte pas cher et n’est pas encore taxé.
« La BCE tire un coup et rengaine son arme » - comme l’écrit Le Soir - nous tirerons donc le nôtre sans trop songer au leur.
Aux douze coups de minuit, nous chanterons la même rengaine, à part que les Assis nous auront quand même fait le divin enfant dans le dos.
Et vive la démocratie, nom de dieu !...

3 décembre 2005

psychologue-grutier.

- Vingt dieux, Freddy, d’où tu sors cette bagnole ?
-Elle est à moi, mon vieux !
-Elle fait au moins dans les 25 mille euros !
-Le double aussi, mon bouffi !...
-T’es plus grutier à Chertal ?
- Non, ils m’ont foutu à la porte, les salauds…
-Tu fais quoi, à l’heure qu’il est ?
-Psychologue….
-Toi ?
-Moi !
-T’as même pas fini tes gardiennes !...
-T’occupes… C’est un métier au plus tu fermes ta gueule, au mieux c’est !...
-Raconte.
-Tu sais qu’après Chertal, j’ai fait tous les métiers… surtout chômeur.
-Même que je t’avais vu mancheux au Pont d’Avroy, tu te rappelles ?…
-Tu parles… une salope m’avait rayé parce que j’avais pas répondu à son interview, j’étais patraque… A force de tracassins, je bandais plus et ma femme s’était barrée avec mon meilleur copain… C’est alors que j’ai rencontré l’adjudant Trouillard…
-C’lui de la Chartreuse, du temps de service qu’on a fait ensemble ?
-Le même. Ça remonte…
-Alors ?
-Après notre temps, l’année suivante, il s’était fait pincer à la feuillée en train d’entreprendre un conscrit, par le lieutenant Grobaston…
-Je sais. Il était un peu tapette. Le lieutenant aussi, d’ailleurs. Jaloux sans doute ?
-Ce mec avait inventé la thérapie de groupe pour toutes les mal baisées, les surfeuses du NET, les écorchées du troisième millénaire, les sclérosées du bonheur…
-Oui, y en a un paquet…
-Il les réunissait dans une arrière salle, les laissait dégoiser leurs conneries en ponctuant d’un « très bien », ou d’un « ce n’est pas grave » quand elles reprenaient du souffle, tandis qu’il se branlait sous la table, d’où parfois les yeux révulsés du gourou, comme s’il était en transe.
-Comment il se faisait l’oseille ?
-…avait commencé avec une petite boîte tupperware, comme à l’église. Ça donnait que dalle, les garces, elles mettaient jamais que des ronds jaunes…
-Oui, le coup de la petite pièce de Bernadette Chirac…
-Alors, il a déménagé dans les quartiers chics. A loué à prix d’or un rez-de-chaussée rupin… a mis une plaque en cuivre « Eusèbe de Trouillard chercheur d’académie psychologue » et a attendu la morue…
-C’était plus le tupperware à douze balles...
-L’Eusèbe avait fait l’occupation chez les verts de gris en 45, il me disait toujours : « Was ist typisch Tupperware? Das ausgezeichnete, mehrfach prämierte Design, die Spitzenqualität der Produkte, eine umfassende Beratung und Top-Service? “

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-Passons... Il s’est mis au tarif profession libérale ?
- A cent euros la séance, quand elles sont douze autour de la table, ça chiffre. Avec représentation en matinée et en soirée samedis et dimanches…
-Comment t‘as pris la relève ?
-J’étais comme qui dirait son assistant. J’ouvrais les portes, débarrassais des manteaux et passais le plateau avec le champagne… Mais l’Eusèbe était un cavaleur, enculé mais cavaleur, un reste de la vie de garnison, quelque part à Sigmaringen avec la gretchen qu’est en manque avec son Jules en captivité à Novossibirsk… Alors, il se tapait les passables…
-Il avait un truc ?
-Oui, il en retenait une qu’il voulait couvrir – comme on dit dans les champs – en thérapie spéciale, question d’expérimenter les grands chagrins, de la crise de foie aux hémorroïdes en passant par les peines d’amour. Comme il avait pas le temps, dès qu’il était en privé avec l’effrontée, il sortait son chtibre. Où la dame lui foutait un aller et retour sur la gueule et on la revoyait plus, ou la séance suivante, elle mettait deux cents sur la console façon funérarium qu’était à l’entrée et que j’étais chargé de surveiller de près. J’avais bien vu que les deux cents dans le plateau prenaient de l’ampleur. J’entrevoyais la catastrophe, une confidence, tu sais, femme à l’autre, ce que nous entre hommes on n’oserait pas dire, du genre, c’est la verrue au bout de son Joly Jumper qu’est irrésistible, alors tu vois la gueule de l’autre qui pensait qu’au calibre de l’Eusèbe.
-Alors ?
-Elles se sont empoignées en matinée de samedi. L’Eusèbe et moi, on a eu juste le temps de sauter sur les biftons du plateau et de foutre le camp par la fenêtre, côté cour. Il s’est mis aux abonnés absents. Je crois qu’il s’est reconverti dans l’adolescent boutonneux qu’à des malaises à force de branlettes… Il les aide un peu, quoi…
-Et toi, t’as repris le fonds de commerce ?
-Oui, mais ailleurs.
-T’es où ?
-Juan-les-Pins l’hiver et Knock-le-Zout l’été.
-Bien, mon cochon !... T’as pas besoin d’un homme à tout Faire ?

2 décembre 2005

Fantasme.

-J’me suis tapé tout le train…
-t’as englouti un train, avec sa loco ?
-Oui, la loco, la première !
-In the baba ?
-Tu l’as dit bouffi…
-T’as des fantasmes ?
-Oui, da… mais qu’est-ce que tu veux dire au juste, auguste ?
-T’es au top, quoi…
-Oui, je suis au top. Mais de quoi ?
-De tes fantasmes !
-De mes rêves, tu veux dire ?
-Non, des fantasmes, c’est pas des rêves.
-C’est quoi ?
-C’est un autre qu’on a en nous et qu’on refoule. Il ne se rappelle à nous que dans un fantasme. C’est un fantasme parce qu’il reste inaccompli. C’est ton train avec la loco en tête…
-Ah ! bon. Je voulais seulement dire que tout un convoi a déboulé, machino en tête, pour avaler mes sandwiches aux crevettes, à la roulotte devant la gare… qu’au bout d’une heure, j’avais plus de stock…
-C’est pas un fantasme… Alors, t’en as ou pas des fantasmes ?
-Tu veux dire rêver des cochonneries qu’on ne fera pas ?
-Si tu veux.
-Pourquoi tu me demandes ça ?
-Pour savoir si ton double fait mieux l’amour que toi.
-Dis tout de suite que je ne te plais plus !
-Je veux dire, si t’as des fantasmes dont tu pourrais me faire part.
-Pourquoi ?
-Pour comprendre comment tu fonctionnes. Tu comprends, on s’aime, mais on aime quoi ? Quelle personne ? Qui es-tu ? Qu’est-ce qui te ferait plaisir… Comment elle prend, la mayonnaise…
-Qui je suis ? Mais, je suis Clémentine, celle que t’as draguée la semaine dernière à la poissonnerie au marché de Saint-Nicolas. Tu t’en souviens pas ?
-Bon. Allais. Quand tu rêves, tu rêves de quoi ?
-Hier, j’ai rêvé que je faisais une machine et que j’avais du noir qu’avait déteint sur le blanc. Si c’est ça que tu veux savoir. Dis donc, t’es pas un peu branque ?
-Non. Je veux dire, quand tu rêves du sexe…
-Je rêve pas du sexe. Puis, les rêves que tu dis, c’est personnel.
-Alors, tu rêves ou tu rêves pas du sexe ? Tu fais des fantasmes.
-Ah ! quand on rêve de la chose, c’est qu’on fait des fantasmes ?
-Pas nécessairement. C’est quand ton imagination projette ton être dans un interdit que de toute façon tu n’accomplirais quand transgressant des valeurs morales, donc qui resteront des interdits, puisque tu ne les transgresseras pas.
-T’as fini de m’embrouiller ? Donc, si je te dis un fantasme, tu me ficheras la paix ?
-Oui.
-Chaque fois qu’un client me plaît et qu’il me prend du poisson, je fais semblant de rien et je mets son poisson sur mon sexe, dans mon slip sous le comptoir, rien qu’une seconde. Sauf quand c’est des crevettes mayonnaises. Quoique une fois en été, mais j’avais pas de slip ce jour-là… Puis je le lui emballe. Et c’est recta, il me revient amoureux la semaine suivante.
-T’as rêvé de ça souvent ?
-Jamais, je te dis mon fantasme, je mets le poisson contre mon sexe…
-Ouais, t’as déjà dit.
-Voilà tu sais tout.
-T’as pas rêvé. Tu fais ça en réalité ?
-Bin oui !
-Avec moi ?
-Pareil…

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-Alors mon hareng saur ?
-Sur mon sexe.
-Mais nom de dieu, Clémentine, c’est pas un fantasme, ça…
-Ah ! Bon…
-T’as pas fait que penser mettre mon hareng saur sur ton sexe, tu l’as fait !
-Et comme ça, c’est pas un fantasme ?
-Non, alors.
-C’est quoi ?
-Mais, c’est proprement dégueulasse… c’est monstrueux… Voilà pourquoi mon hareng saur sentait autre chose que la marée et que toi par contre… C’est une cochonnerie…
-Dis tout de suite que je me néglige !... Les fantasmes, c’est bien des cochonneries, non ?
-Ça m’apprendra de vouloir connaître tes fantasmes…
-Tu veux que je t’en dise un autre ?
-T’en as beaucoup des comme ça ?
-Maintenant que tu m’as dis ce que c’était…
-Tu ne vas pas me dire qu’on t’a foutu à la porte il y a trois semaine des spécialités italiennes parce que tu te mettais les blocs de Pecorino et que tu tartinais le Gorgonzola sur ton gniard ?…

1 décembre 2005

Gémellité

Il ne peut y avoir de lassitude dans le discours de ceux qui dénoncent un système qui laisse sur le carreau les chômeurs et certaines autres catégories sociales sans statut.
Aussi est-ce délibérément que je reprends un thème qui ne sera clos que le jour où le sentiment d’une meilleure justice prévaudra pour diminuer l’inégalité entre les membres de notre société.
On n’en est pas là.
Cela fait trop longtemps que les politiques ont baissé les bras devant la fatalité libérale. Nos décideurs réagissent sans même percevoir qu’ils peuvent agir autrement.
Pourquoi les électeurs se disent-ils « écoeurés » des discours des avocats de notre partitocraties ? Parce que l’Etat politique est entré dans un processus d’impuissance et d’irresponsabilité vérifiable par des budgets centrés sur des équilibres où le malheur d’être pauvre dans un pays riche n’est pas repris en compte.
Tous les efforts entrepris jusqu’à présent l’ont été dans des mesures financières à seule fin de rendre supportable un chômage massif et une lente paupérisation des petits métiers mal rétribués.
L’Etat distribue au petit bonheur la chance une partie des revenus du travail dans une sorte de saupoudrage à seule fin de ne pas pousser à bout la partie la plus pauvre du corps social. S’il n’en était pas ainsi, il y a longtemps que son incurie eût provoqué des émeutes et que le sang aurait coulé dans les faubourgs de Liège, Seraing ou Charleroi.
Le rang subalterne que les citoyens occupent dans la nouvelle hiérarchie s’est produit quand les idéologies fascistes et quelques 25 ans plus tard communistes se sont effondrées. Nous nous sommes crus sans ennemi et voués au progrès constant.
Nous vivons aujourd’hui sans projet et sans idéal, si l’on considère comme nul celui de gagner de l’argent en procurant un travail aux autres, dominé par le seul souci du rentable, du productif et de la performance.
L’Europe nous a anesthésié en s’en remettant à elle, comme tous les autres pays de l’Union. Si bien que nous nous trouvons sans moyen devant une action molle. Nous croyions qu’un lien de plus en plus étroit avec les autres pays dégagerait une dynamique que nous attendons toujours et qui n’arrivera sans doute jamais.
La seule réponse que nous espérions de cette union de plus en resserrée, était une réponse européenne à une mondialisation aux effets pervers. Elle ne se produira pas, tellement les avis sont différents d’un pays à l’autre, jusqu’aux absolutistes tels que l’Angleterre et la Pologne qui ont fait leur credo d’une mondialisation à l‘américaine.
Cet alignement sur un pays ami, mais néanmoins étranger à l’Europe, est le signe que l’évolution des Etats européens n’est pas harmonieuse, manipulée par une logique libérale qui veut la baisse constante des coûts du travail.
En Belgique, dans la confusion des partis occupés à se faire une clientèle au centre, il peut sembler étrange qu’il n’y ait plus une politique de droite et une politique de gauche. Didier Reynders pourrait permuter avec Di Rupo qu’aucune différence ne serait perceptible.
Voilà qui dit tout.
Il est vrai que cette stabilité, cette uniformité des partis se comprend par l’aspect tout particulier des revenus des états-majors. En effet, tout compte fait, un député socialiste percevant les mêmes émoluments qu’un député libéral, ces messieurs et dames ont à peu près le même train de vie, éprouvent à peu près les mêmes frustrations et les mêmes désirs. Cela leur donne le sentiment d’appartenir à la même classe sociale. Voyant dès lors de la même manière, ils ne perçoivent plus les besoins de ceux qu’ils devraient en principe défendre et qui ne sont pas de leur milieu.
Mais tout cela est bien fragile.
Il est possible que l’accélération du processus de désintégration fasse que la moyenne du chômage atteigne des cimes encore inexplorées. Encore faudrait-il pouvoir établir qu’au-delà de certains taux : 30, 40 % de chômeurs, la société s’effondrerait dans des pogroms, que les jeunes sans emploi et les pensionnés sans pension alimenteraient dans une guérilla. Les politiques tenteraient de maîtriser « la chienlit » en appelant à eux la police et l’armée ?

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Il s’est déjà vu par le passé que les socialistes désavouent les grèves et les aventures tentant à renverser un Etat dépravé. Nul doute que si une chose pareille survenait, il serait aux côtés des autres partis à défendre leurs acquis contre la population tombée sous le seuil de pauvreté.
Alors la permutation d’Elio et de Didier ? Pas si farfelu qu’il n’y paraît.