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28 novembre 2005

Le non-sens citoyen.

L’Etat belge ne repose pas, comme beaucoup le croient, sur un système conduit par des partis en pleine forme. Nous sommes plus près d’un régime de partis exsangues, que ne le pensent nos aficionados du libéralisme.
On n’imagine pas la faiblesse de ceux-ci, leur infirmité d’un sang pauvre dans leurs veines : des états-majors sans troupes, des comités sans la base, rien que des groupes de notables locaux, quelques politiciens professionnels, sans rapport avec ce que devrait être un parti citoyen, courroie de transmission entre le peuple et le pouvoir.
La droite et le centre sont encore plus misérables en effectifs que le PS. Le parti libéral à la clientèle « indépendante » se réduit à quelques milliers de membres, poujadistes reconvertis, anciens faillis amers, naïfs économistes, vertueux gardiens du temple de la Bourse. Quant au CDh, le moins que l’on puisse dire, c’est que Louis Smal n’a regroupé autour de sa personne que quelques militants immatures, enjoués de ses borborygmes et de ses grognements gutturaux, du temps où il haranguait dans les cours d’usine ; de l’autre côté du panel, madame Simonet n’a pas fait mieux en tapant dans l’intelligentsia défroquée des sacristies de l’ULg.
L’équilibre politique ne repose plus depuis longtemps sur l’opposition de la droite et de la gauche, comme voudraient encore nous le faire croire les politiciens chevronnés, spécialistes agiles du mât de cocagne, quelques journalistes dont le gagne-pain est directement dépendant de cette croyance et quelques citoyens à qui il est facile de faire prendre des vessies pour des lanternes ; mais sur le consensus généralisé d’un dégoûtant empirisme.
Notre pays partage, avec beaucoup d’autres en Europe, une vision centriste depuis bien longtemps, même si les premiers ministres ont été tour à tour catholiques et libéraux pour la droite et socialiste pour la gauche.
Nous vivons toujours sur l’effet que fit en Europe l’élimination des Jacobins le 9 thermidor de l’an II, qui avaient eux-mêmes liquidés les Girondins des Roland, laissant la place au centre, qui depuis n’a pratiquement jamais quitté le pouvoir.
De cette qualité incolore et insipide des partis est né le centrisme.
Même l’alternance Gauche – Droite, dans le cas d’une majorité homogène de l’une ou l’autre, dans un mouvement de balancier, conduirait à une politique centriste.
C’est que la rentabilité électorale recommande aux partis de s’éloigner des extrêmes, de sorte que les antipodes soient rejetés de facto du monde des décisions.
La combinaison de la faiblesse des partis et du centrisme électoraliste restreint l’influence des électeurs sur la politique belge. C’est tellement dommageable à la démocratie, qu’il n’en reste plus que les illusions… au seul bénéfice d’une dictature libérale molle.
Dès lors, la volonté de la base se perd en chemin et ne remonte presque plus jamais au sommet. Les parlementaires ne sont plus tributaires que de quelques notables et chefs de partis. Ils deviennent pratiquement leur propre maître. C’est donc sous le couvert d’une imposture que le système des notables fonctionne depuis 1830, pratiquement sans interruption.

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La plupart des électeurs demeurent politiquement incultes et, incapables de faire des choix, ils délèguent leurs prérogatives aux grands commis qui s’en arrangent fort bien.
Il n’y a qu’à lire les professions de nos cadres avant leur reconversion dans la politique, pour être convaincu de la non-représentativité populaire au profit des professions libérales.
Ce système parfaitement cloisonné a inventé une démocratie sans le peuple, dont personne n’est ému.
Evidemment, dans cette perspective, aucun progrès n’est possible
En l’occurrence, les discours rassembleurs, en voulant unifier ce qui l’est déjà, ne font que renforcer le courant centriste.
En étendant à tous les pays de l’Union européenne cette façon de gouverner, les facteurs économiques communs ont singulièrement raccourci les marges de manoeuvre, cette situation a engendré une collaboration permanente des modérés de gauche et de droite, pour une politique calquée sur les voisins, de sorte que tout le monde pratique la même.
C’est une unification pour un maximum de contraintes dans l’orthodoxie et la foi capitaliste
Aujourd’hui, cet engagement commun a fait son travail en commençant par l’abolition de la lutte des classes, qui, toute abolie qu’elle soit, n’a en réalité jamais été aussi vive, les grands perdants étant les 25 % de la population belge qui frisent le seuil de pauvreté.
Est-ce que ce centrisme généralisé va se maintenir encore longtemps ?
Ce ne sont plus les hommes qui impriment une direction aux pays européens, mais les événements. Les disparités et les conditions de vie injuste ont moins d’influence que le cours du brut et la perspective angoissante de la raréfaction du pétrole.
Le Centrisme disparaîtra le jour où la mondialisation de l’économie et la diminution progressive des richesses naturelles auront raison du système économique libéral.
D’ici là, la race des avocats ministres et parlementaires aura encore la part belle dans un patchwork où les citoyens sont invisibles

27 novembre 2005

Un sujet qui fâche.

Il y a des sujets que l’on n’ose plus aborder tant ils sont sensibles.
Tel celui du racisme, par exemple.
C’est devenu monnaie courante, dès lors que l’on est européen blanc de peau, il faut être circonspect dans ses propos quand ils s’adressent à un immigré de couleur, voire à un Belge d’origine étrangère.
C’était déjà le cas depuis fort longtemps quand il s’agissait d’un ressortissant Israélien ou d’un Belge de confession juive.
Ça l’est maintenant pour tout qui tombe dans le délit de « sale gueule » selon les critères d’une certaine police.
C’est une évidence, la gauche radicale rejoint dans ses outrances l’extrême droite dans son évidente mauvaise foi. Le Vlaams belang, par exemple, même si la menace de perdre des subsides accordés aux partis politiques atténue la virulence des officiels, exclut les émigrés de toute participation citoyenne et les accuse de toutes sortes de péchés : désordre, drogue, délinquance, intégrisme ; de même, certains éléments d’extrême gauche affichent leurs tendances post-coloniales par l’exclusion contraire de tous citoyens blancs, en leur dénigrant la volonté élémentaire d’accueil et de compréhension des différences.
C’est malheureusement ce dernier discours qui fait le plus de tort aux rapports normaux entre les communautés, en dressant systématiquement « l’étranger » résidant, contre tout ce qui pourrait être belge d’origine, comme si cela avait encore un sens quand on songe au « métissage » à proprement parler des populations autochtones qui remonte à l’occupation espagnole sous Philippe II !...
Cette gauche-là sous prétexte d’anti-racisme par son radicalisme en arriverait à cautionner l’intégrisme musulman, comme une réaction à l’oppression occidentale !
C’est un défi permanent que cette partie de la gauche projette à l’encontre d’une gauche progressiste qui veut prendre ses distances du socialisme de collaboration avec la droite libérale.
Les syndicats se sont jusqu’à présent tenus à l’écart de « l’ethnisation » du mouvement social.
Mais pourront-ils résister longtemps à la division qui menace ?
En-dehors d’eux, il faut convenir que les discours des hommes politiques transpirent l’angélisme tant ils souhaitent ne pas prendre parti pour l’une ou l’autre communauté, même quand ceux qui accusent tout le monde de raciste le sont au premier chef.
Ils auront cependant beau se placer en dehors des querelles, dépeindre les guerres comme les pires horreurs, militer pour les droits des étrangers, réclamer la régularisation des sans-papiers, ils seront toujours regarder de travers comme fils et petit fils de colonisateurs !
Alors qu’un peu de courage serait nécessaire afin de mettre certaines choses au point et notamment celle d’oser pouvoir dire que le racisme n’est pas unilatéral, qu’il n’est pas du seul ressort du « Belge blanc », mais que souvent des citoyens de couleur le sont davantage, par le seul fait qu’ils paraissent plus crédibles dans le rôle de victimes que dans celui de coupables.
On peut regretter que les lois contre le racisme et l’anti-sémitisme aient enfermé les communautés dans le manichéisme d’un camp retranché. Ces lois sont surtout des lois du silence où chacun n’en pense pas moins, mais s’interdit de le dire.

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Alors se font face des gens dont la haine monte en fonction de l’inexprimé.
Où sont ces rapports bon enfant entre les citoyens de quelque origine que ce soit ?
Et ces blagues souvent de mauvais goût mais qui à défaut de détendre l’atmosphère permettaient de connaître sous des dehors plaisants le fond de la pensée de celui qui les assumait : qui ose encore les proférer ?
En s’insérant entre les gens, dans le louable prétexte de les exorciser de l’injure, ces lois n’ont rien fait qu’exacerber davantage les griefs et les rancoeurs, alors qu’un déballage public ferait triompher la bonne foi et rognerait les ailes aux discours boiteux.
Enfin, cette partie de la gauche extrême si sûre d’elle, de son bon droit, de ses justes récriminations pour plus de justice et de liberté, de ses discours antimondialistes… qui ne devine à ses propos qu’elle s’impatiente de quadriller ses zones d’influence en plaçant ses commissaires du peuple et en promulguant ses interdits ?
Nous avons toujours évité les débordements de l’extrême droite par la retenue des mouvements de gauche ; mais si une certaine partie de l’extrême-gauche s’en mêle aussi, il faudra bien que l’on mette les choses au point en 2006.

26 novembre 2005

Un honnête commerçant

Chaque image de guerre dans les pays pauvres de la planète nous renvoie à la même interrogation : mais qui arme donc ces gens dépenaillés, ces enfants soldats, ces paysans n’ayant plus que la peau sur les os et qui traînent des fusils plus qu’ils ne les portent ?
Les chefs de guerre me direz-vous, tous plus ou moins riches d’anciennes rapines et de meurtres et seuls capables de s’offrir des kalachnikovs, des bazookas et des centaines d’armes de poing de tous modèles et de tous calibres.
J’entends bien. Mais, il y a bien des marchands d’armes raflant les surplus de l’ancienne armée de l’URSS, des représentants des compagnies d’import-export, des manufacturiers spécialisés dans l’explosif, des fabricants de copies conformes de tous l’assortiment de guerre qui reconvertissent des tubes de plomberie en fusils à pompe… Bref, il y a une industrie qui sous-traite les armes, qui les vend et qui les expédient là où elles sont nécessaires aux affrontements.
Il peut sembler paradoxal que ces « industriels » passent partout à travers les mailles équiper des « patriotes » comme des « rebelles » sans se faire pincer ! Certes pas par des polices locales, souvent complices et pratiquant le bakchich, mais par les polices des Etats démocratiques partisans d’un contrôle sévère.
Le prix d’une seule pétoire suffirait à équiper de chaussures tout un bataillon ! Les seules munitions susciteraient l’envie des gangs siciliens !
Alors ? Les Occidentaux sont probablement avec les Chinois les fournisseurs occultes, même si l’organisation des trafics incombe à des maffias familières des Conseils d’administration de l’offshore chargés du port et de l’emballage.
Pourtant, parfois une pointure tombe et en tombant lève un coin de voile du mystère.
Le Hollandais Frans van Anraat s’est fait cueillir par la Justice de son pays et passe ces temps-ci devant le tribunal de La Haye qui le juge depuis cette semaine pour complicité de crimes de guerre et de génocides.
Ce vieillard bien propre et aux cheveux blancs a fourni à Saddam Hussein 800 tonnes de substances chimiques qui auraient pu produire assez de gaz moutarde pour anéantir la population du globe ! Seuls – si l’on peut dire – cinq mille Kurdes et quelques centaines de militaires et de civils iraniens lors de la guerre Irak-Iran, ont fait les frais des expériences sur le terrain par Ali le chimique, un des lieutenants du dictateur.
Ce collègue d’Ali le chimique a évoqué l’autodéfense pour justifier cette vente massive de produits toxiques à l’Irak !
Il s’entremet, court le monde, achète aux USA (oui-oui), au Japon, déjeune à Berne et passe le week-end à Rome, s’envole pour Singapour… tandis qu’on embarque à Anvers ses saloperies sans difficulté. Elles vont faire le détour par Akaba pour finir dans les bunkers de Saddam !
Du vrai travail bien libéral, bien mondialiste, Frans innove et cumule les sociétés paravents, les mirages anonymes qu’une police n’aurait aucun mal à percer si elle avait à l’époque reçu « l’autorisation » des autorités pour le faire !
C’est sur un quiproquo que Frans s’est retrouvé en Hollande, après avoir fuit à Bagdad. Il s’y croyait à nouveau sous la protection de ceux qui ont « le bras long ».
Cet exemple nous ramène aux responsabilités des industriels et des exportateurs de ces jouets particuliers qu’on donne à des gamins pour jouer à la guerre.
Frans n’est rien qu’un importateur malin qui s’est fait du fric par son commerce international.
Combien d’industriels comme lui font tous les jours ce que Frans ne fera plus pendant un certain temps ?

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On ne sait pas.
Mais, en voyant tous ces pauvres types de hasard, tous ces mercenaires aux pieds nus, en Amérique du Sud, au Moyen Orient et surtout en Afrique, on peut sans se tromper écrire que des Frans le chimique, il doit y en avoir beaucoup.
On les devine portant beau, parlant fort, certains dans leurs containers ont dû passer en même temps que les mines anti-personnels, des jouets et des prothèses (pourquoi pas ?) pour les enfants nécessiteux et infirmes de ces contrées ravagées par les guerres tribales et les ambitions des caïds locaux ?

25 novembre 2005

Cash-Drain

Chapeau les artistes !

Avec les excuses de Bacquelaine à Daerden, le magnifique sursaut de Jean-Marie Happart dans les derniers mètres du steeple coiffant Kubla sur le fil et l’exemplarité silencieuse du ministre-président, président du PS et bourgmestre empêché de Mons, Môsieu Di Rupo, tel qu’en lui-même, les politiques de la Région que nous aimons tant, ont réussi à noyer le poisson.
Plus personne n’y comprend rien, sauf qu’en cas de déconfiture, ce sont les couillons, c’est-à-dire nous, qui remplirons les poches d’Ecclestone.
Tout de même, après avoir claqué la porte du bureau du contentieux, il semble que si la connerie est largement partagée, l’Haut-lieu le plus con serait bien le sieur Kubla, l’idéologue libéral bien connu. En cours de négociations, on avait prévu la caducité de l’accord avec M. Ecclestone en cas de déficits de 2 Grands Prix. « Non ! Non ! aurait jacté Kubla,… pensez donc M’sieu Ecclestone… cher Bernie… il n’en est pas question. »
La précaution a donc sauté après contacts entre Bernie et Kubla. On a foutu des directeurs commerciaux à la porte pour moins que cela.
A présent que le pot bouille a été suffisamment touillé, on peut dire tout ce que l’on veut, l’élite pensante s’en fout. On ne peut pas renvoyer tout le monde ! Qui serait capable parmi les remplaçants de grimper quatre à quatre l’escalier de la renommée ?
Il ne manquerait plus que ce fût le tour de gens honnêtes à prendre le relais.
L’époque où les responsables ultimes sautaient lors des bévues et des catastrophes est bien révolue.
Comme de bien entendu, Monsieur Kubla ne se souvient pas d’avoir supprimé cette clause restrictive de deux années de déficit.
C’est une amnésie grave mais momentanée, assurent ses partisans, qui n’empêchera pas le grand homme de poursuivre ses activités. La preuve, il était encore au créneau l’autre semaine à jeter du haut des mâchicoulis libéraux du plomb fondu sur le jumeau de José.
Et le plan Marshall que devient-il dans le naufrage de Francorchamps ?
S ça se trouve, il sera à moitié consommé rien que par le déficit des tickets non vendus des futurs grands prix.
Un récent sondage (56 %) montre que les Wallons se foutent que des bolides tournent à du trois cents sur le plus beau circuit du monde. Depuis que Schumacher cafouille sur les lignes de départ et finit à côté de sa voiture, le volant à la main, il y a comme une bouderie de la billetterie allemande… Si l’on se penche ensuite sur la vétusté des tribunes et de la tour de départ, du délabrement des stands et l’aspect peu engageant des parkings, c’est toute une pincée de millions supplémentaires qu’il va falloir trouver pour avoir une chance de ne pas boire la tasse en 2007-2008…
Alors, si c’est pour une vitrine délabrée dont les images qui feront le tour du monde décourageront le tourisme qu’on va refinancer Francorchamps, on ferait mieux de jeter l’éponge tout de suite et placer l’argent dans la création d’emplois, justement dans cette Ardenne spadoise au taux de chômage fort élevé.
Si ces messieurs de la politique régionale en ont fini de se désigner « non coupables », peut-être bien qu’un loustic issu de la population payante pourrait faire rebondir Jean-Marie Happart sur la toile du trampoline. En effet, la société faillie est de droit civil, or le jumeau de l’autre est vice président de l’affaire. Quand on touche des jetons de présence, on doit être aussi responsable civilement de la faillite ?

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Et si on commençait par saisir les meubles de nos parlementaires ? Ce qu’aucun juge du tribunal de commerce n’a jamais osé faire.
Ce qui est dommage.
Il parait que dans les fermettes du plateau de Herve, il y a de biens beaux meubles qui traînent encore.
Jean-Marie rue de la Lèche sous la houlette d’un commissaire priseur qui vante le vieux chêne fouronnais, pourquoi pas ?
Il est vrai que les frères Happart sont réputés pour leur pugnacité. Ils ont appris que la meilleure défense, c’est l’attaque.
D’ici à ce que l’électeur mécontent et qui porte plainte reçoive aussi du papier timbré, il n’y a que l’épaisseur d’une feuille de sommation.

24 novembre 2005

Tu montes, chéri ?...

…t’auras du profit !

Dans cet éden où l’on se trouve si bien que les jeunes brûlent des voitures, tandis que les vieux n’y comprennent rien, la priorité va au profit, tenu pour originel. Bien avant le big bang, il devait déjà être là, à croire que le profit, c’est Dieu…
Le profit est, ensuite on se débrouille avec les reliefs des repas de l’Autorité suprême, le créateur des richesses, sans lesquelles nous ne serions que pouilleux mendiants. C’est-à-dire qu’il n’y aurait rien, pas même ce qui traîne sur la nappe, os de poulet, gras de bœuf et rôtisserie noircie des fonds de poêle, pas de travail, aucun troquet… la zone, sans même une bagnole qui crame !... C’est dire le désert.
Ma tante qui est inscrite depuis quarante ans au parti socialiste est bien d’accord avec Elio : « Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or. ». « Il faut des riches et des pauvres » disait-elle sentencieusement. « Sans riches, tu peux me dire ce que feraient les pauvres ? »…
Tout le parti bien d’accord. Sans pauvres, donc sans riches, comment le parti pourrait-il être réformiste ?
La preuve, nous sommes encore à la même place qu’il y a cinquante ans à écouter les discours de ma tante et ceux d’Elio avec la même admiration, seule la bouche s’est quelque peu ouverte, avec un petit filet de bave plus long que celui de l’année dernière…
Le geste est cependant plus mou du grand leader, le menton s’affaisse, non pas par lassitude, mais par routine et habitude, avec le sentiment qu’à force, le discours de ma tante et le sien, bercés par une longue propagande, ont convaincu nos deux héros, que l’affaire est dans le sac et que nous sommes désarmés.
La propagande est efficace, tous les rappels ont rassemblé les termes positifs, judicieusement placés les mots qui séduisent.
Du socialisme de la lutte des classes, ce qui aujourd’hui resterait d’actualité si boulevard de l’Empereur le bureau du PS avait encore des couilles, nous avons glissé à la collaboration active au marché libre pour faire du profit un credo socialiste !... Un comble !... Les plans sociaux chargés d’envoyer à la casse et à moindres frais les futurs chômeurs, les privant des moyens de vivre et de s’abriter décemment, c’est l’Etat providence qui y pourvoit !... Il fait semblant de s’intéresser aux gens qui finissent dans la rue, pour éviter au Profit trop d’accrochages qui nuiraient au bon renom de la Belgique à l’étranger, histoire que le Prince Philippe nous ramène de Chine quelques bons contrats et quelques vases cadeaux pas trop ébréchés.
Voilà 25 % de la population « assistée » que le réformisme actif d’accord avec le libéralisme tendance Francorchamps (voir la kublamania) réduits à l’humiliation, alors que les héritiers du Profit sont de toutes les surprise-party des serres de Laeken et des Rotary, membres de la belle société et à coup sûr ennoblis, au moins barons, en fin de carrière…
Ce n’est pas anodin, l’échelle où nos grenouilles nationales nous parlent de la pluie pour nous et du beau temps pour eux.
Nos magazines sont unanimes, cette société, telle quelle, préserve de cette manière la cohésion sociale !

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Comme sont devenus obsolètes, ridicules les mots : prolétariat, capitalisme, exploitation !
Quand on emploie ces archaïsmes, on passe pour un con.
Allez parler de ça à ma tante et à Elio, pour voir ? Tout le bureau du boulevard de l’empereur risque de péter les varices de rire ; je vois d’ici Moureaux me traiter d’illuminé ringard, Laurette de plouc désinformé, d’inadéquat trouduc…
Tous incrédules, la main sur le bouton d’urgence, ils m’expulseraient vite fait de leurs profondes études, sans examen superfétatoire de mes diallèles malheureux.
Ils me rappelleraient, ces profondément sociétaires du profit, que le mur de Berlin est tombé et que Staline était pire qu’Hitler.
Je n’avais à la bouche l’interrogation que tout le ponde se pose « Où on va à cause de leurs combines avec les supporters du profit ? »
Comment la gauche en est-elle venue à l’amnésie de ses anciens objectifs d’égalité et de justice ? Comment peut-on aussi peu sentir un présent qui n’augure rien de bon de l’avenir ?
Qu’est-il arrivé pour que le peuple soit entre les mains de ces pitres ?
Pourquoi une telle impuissance à faire valoir le travail et à en faire profiter ceux qui produisent nos richesses ?
Pourquoi, à la logique du marché et du profit, n’y a-t-il plus aujourd’hui aucune opposition sérieuse ?
Quelque chose d’effrayant pointe à l’horizon : celui d’un discours totalitaire d’une démocratie confisquée par une dictature libérale du profit !
Un culte nouveau à un veau d’or inaccessible pour tous !...

23 novembre 2005

André Comte-Sponville à Liège.

Avec la venue à Liège, jeudi 24 novembre d’André Comte-Sponville, c’est toute une intelligentsia locale qui se demande s’il y a encore besoin d’une religion en 2005 ?
Le philosophe Comte-Sponville se pose aussi la même question depuis qu’il a renoncé de croire, il y a plus de 30 ans.
"Si je ne crois pas en Dieu, c’est aussi, et peut-être surtout, parce que je préférerais qu’il existe. C’est le pari de Pascal, si l’on veut, mais inversé. Il ne s’agit pas de penser le plus avantageux - la pensée n’est ni un commerce ni une loterie-, mais le plus vraisemblable. Or Dieu est d’autant moins vraisemblable qu’il est davantage désirable : il correspond tellement bien à nos désirs les plus forts qu’il y a lieu de se demander si nous ne l’avons pas inventé pour cela. (...) La foi nous arrange trop pour n’être pas suspecte."
On est frappé de voir combien avec d’autres écrivains même agnostiques (tels que Camus, Gide, Valéry ou Malraux) Comte-Sponville recourt constamment à un langage emprunté à la Bible, à ses mythes, à ses symboles et à son vocabulaire pour exprimer le sens qu’il a de l’aventure humaine et du mystère de la vie. Les titres de ses ouvrages en témoignent. Même si ce philosophe n’a pas besoin d’une religion, il a néanmoins besoin qu’il y ait des religions. C’est du point de vue strictement littéraire, son fonds de commerce.
"Au sens philosophique, le matérialisme est d’abord une ontologie - une théorie de l’être - ou une conception du monde. C’est la doctrine qui affirme qu’il n’y a d’être(s) que matériel(s) : le matérialisme est un monisme physique. A ce titre, il se définit surtout par ce qu’il exclut : être matérialiste, c’est penser qu’il n’existe ni monde intelligible, ni dieu transcendant, ni âme immatérielle. Ce n’est pas pour autant renoncer aux valeurs ou aux biens spirituels. (…) Etre matérialiste, pour les modernes, c’est d’abord reconnaître que c’est le cerveau qui pense, et en tirer toutes les conséquences." écrit-il, en feignant d’oublier que son monisme, tout physique soit-il, est aussi d’une certaine manière ramener tout à un principe unique, c’est-à-dire paradoxalement… à Dieu !
Ainsi le langage des religions est indispensable pour André Comte-Sponville, quoi qu’il en dise. Le langage qu’offrent les religions au philosophe est plus riche que celui de la psychologie et de la philosophie, d’où l’attrait qu’il exerce sur lui et par ricochet sur ses adeptes qui viennent parfois des milieux religieux.
Cette restriction posée en évidence, André Comte-Sponville n’est pas sans mérite. Dans une langue riche il nous aide à comprendre « ce que l’on ne comprend pas » : "Une religion, qu’est-ce d’autre qu’une doctrine qui explique quelque chose que l’on ne comprend pas (l’existence de l’univers, de la vie, de la pensée...) par quelque chose que l’on comprend encore moins (Dieu) ?"
Il dément que nous ayons besoin d’une religion, aux seuls titres que nous avons à tout âge le désir de nous sentir aimés, compris, protégés, « maternés ». Il classe dans les petitesses des hommes, ces faiblesses qui nous mettent faussement sous une protection dont nous ne savons rien à commencer par ignorer si elle sera efficace pour nous épargner les souffrances de la condition humaine.

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Je préfère, pour ma part, penser la foi à la manière de Jankélévitch : « Dieu enfin serait pour l’être en danger de mort une possibilité de rallonge ou de prolongation infinie par delà le naufrage ». Dans son ouvrage philosophique « La Mort » cet auteur écrit des choses essentielles (page 436) autrement plus lourdes de sens que les philosophes mondains d’aujourd’hui.
Evidemment, l’ironie vient facilement à nos lèvres d’athées lorsque les rassemblements charismatiques et autres JMJ volent à notre secours en exhibant le côté « fraternité émotive » de la foi. Le besoin de religion n’est plus celui d’un dogmatisme uniforme de soumission, mais le prétexte à une fête.
Il n’est alors besoin que de morale.
Sans le savoir, Jean-Paul II le grand organisateur des « parades de l’église » a fait plus pour la laïcité et la progression de la raison que les meilleurs philosophes athées. Car, en rendant accessible et en vulgarisant le mystère, il a fait de la foi une attraction foraine dont l’évidente humanité exclut tout caractère divin.
"Avez-vous besoin de croire en Dieu pour penser que la sincérité vaut mieux que le mensonge, que la générosité vaut mieux que l’égoïsme, que le courage vaut mieux que la lâcheté, que la douceur et la compassion valent mieux que la violence et la cruauté, que l’amour vaut mieux que la haine?" (André Comte-Sponville)
Je suis bien de cet avis.

22 novembre 2005

Une solution algébrique

-Tu aimes Mimi, pourquoi ne le lui dis-tu pas ?
-Mais je le lui ai dit.
-Qu’a-t-elle répondu ?
-Qu’elle avait pour moi une amitié tendre, mais qu’elle ne m’aimait pas.
-Qu’as-tu fait ?
-Rien. Que veux-tu que j’y fasse ? Elle ne m’aime pas. Moi, je l’aime ; c’est une histoire qui arrive tous les jours.
-Il te reste l’amitié tendre. C’est mieux que rien !
-Bien sûr. Mais en amour, tu le sais, l’amitié tendre, c’est de la foutaise.
-Tu t’en contentes ?
-Probablement non. J’ai justement fait la connaissance de Julienne !
-Comme la soupe ?
-Aussi comestible.
-Et alors, quid de Mimi ?
-Je me pose la question.
-Qu’est-ce qui te dérange ?
-Rien. Julienne m’aime…
-Voilà qui t’arrange !
-Non. Pas vraiment.
-Je ne vois pas…
-Certes, Julienne m’aime, mais je n’ai pour elle qu’une amitié tendre et j’aime toujours Mimi.
-Julienne le sait ?
-Je n’allais pas lui dire que je n’ai pour elle qu’une amitié tendre.
-Mimi te l’a bien dit !...
-D’accord, mais ce n’est pas pareil.
-En quoi n’est-ce pas pareil ?
- C’est que je l’aime et quand on aime on supporte mieux les choses qui font mal.
-C’est la même chose pour Julienne ! Puisqu’elle t’aime, elle supporterait mieux les choses désagréables que tu aurais à lui dire…
-Sans doute. Mais, une amitié tendre signifie entre autres qu’on n’aime pas de faire de la peine à la personne qui la reçoit.
-Mimi n’a pas hésité, elle, a t’en faire…
-Les circonstances sont différentes et puis avec Mimi, j’étais au courant de sa vie dès le départ.
-Cela ne change rien !
-Je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même…
-J’ai compris. Tu excuses tout de l’une et tu ne pardonnes rien à l’autre.
-Au fond…
-Mieux peut être. Tu excuses tout de l’une et tu charges l’autre des fautes qu’éventuellement la première commettrait !

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-C’est moche, hein ?
-Non. C’est vache d’un côté et romantique de l’autre.
-Où cela va-t-il me conduire ?
-En général, les deux finissent par se rencontrer… Elles sympathisent, et tu en prends pour ton grade, c’est-à-dire que tu perds les deux !…
-Que vas-tu chercher là ?
-Les histoires d’amour finissent mal…
-…en général.
-Comme tu dis.
-C’est quand même mieux quand on aime tout court… sans amitié tendre.
-Tu as atteint dans ton histoire une sorte d’équilibre.
-Comment ?
-Oui, il y a deux amours non partagés et deux amitiés tendres…
-Tiens, comment cela se fait ? C’est en équilibre comme tu dis. Pourtant, nous ne sommes que trois pour quatre situations !
-Cela pourrait se résoudre par l’algèbre !...
-Le tout c’est de poser l’équation. Et je ne suis pas certain que les mathématiques aient un quelconque pouvoir sur les sentiments.
-Et puis, cela risque de faire zéro = zéro !...

21 novembre 2005

Un bide

Locke à Montesquieu !... si le premier était un sot, le second était un fameux naïf.
Ne pensaient-ils pas que le développement démocratique irait de soi et qu’il suffirait d’un discours d’entraînement civique pour que nous nous attachassions à l’ancêtre de Verhofstadt !
L’attendrissement du moraliste bourgeois devant la grandeur de l’Etat de droit est un rêve.
Le père Michelet dans son livre sur le Peuple s’est fichu le doigt dans l’œil : le XXme siècle n’a pas vu le triomphe de la démocratie, mais l’avènement d’une dictature libérale.
On l’a bien vu l’autre dimanche à « Faire le Point » de la RTBf. Aucune, mais aucune des personnes présentes sur le plateau n’a mis en cause l’économie capitaliste qui fait tant de dégâts avec son taux de chômage record, ses fortes disparités de salaire et son indécente soif de profits en tant que co-responsable des révoltes de la jeunesse des banlieues.
La démocratie s’est développée dans un premier temps sans effusion de sang dans la signature du contrat social, comme le prédisait Rousseau et sans recourir au despotisme éclairé de la prophétie de Robespierre.
Le triomphe mou de la démocratie s’est fait en-dehors des vaticinations imbéciles des pouvoirs religieux.
D’où vient donc cette puissance que l’on évoque, quand dans une démocratie, force reste à la Loi ?
Principalement de son indépendance de ses électeurs !
Les hommes qui se rassemblent sous sa bannière n’y ont pas grand-chose à dire.
L’adhésion des uns et l’hostilité des autres ne la touchent guère. Mieux, elle se nourrit des plus rebelles, en ce sens qu’elle soude la gauche et la droite dans une même attitude de défense.
Qu’on le rejette ou l’approuve, le système économique n’est jamais remis en cause. Ce qui est responsable au premier chef de la prospérité ou de la misère est intouchable ! Pour en changer les règles, il faudrait bouleverser l’ordre européen avant d’envisager l’ordre économique mondial.
Machiavel l’avait déjà noté, ce sont les Nations qui se servent de la force des autres, comme au judo, qui gagnent. Aujourd’hui la seule Nation qui fait trébucher toutes les autres, n’est à proprement parler qu’une institution, c’est celle de Wall street !
Les citoyens sont maintenus par la peur dans la dictature libérale : peur des banlieues, des intégristes, et des pays musulmans non contrôlés par les Etats-Unis.
C’est Hobbes qui a le premier parlé d’un contrat social basé sur la crainte.
Il ne faut pas entendre ses propos à la légère. L’époque dont parle Hobbes n’est ni lointaine, ni primitive. Elle est celle que nous vivons.

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Voilà deux siècles que la civilisation libérale subsiste sans aucun idéal et sans aucun plan.
Le XXme siècle avait vu monter en puissance puis disparaître le communisme.
Cela nous avait convaincu que les utopies sont meurtrières.
Nous pourrions faire l’expérience demain que leur absence est plus catastrophique encore que leur persistance.
Peut-être allons-nous observer que ce qui nous reste, c’est de diriger les désespoirs vers d’autres exutoires que le communisme à seule fin de nous en prémunir.
La dictature libérale n’a plus qu’un ennemi. Mais il est de taille. C’est la résistance intérieure à ses Lois.
Le Communisme, certes fut un fiasco ; mais, il apportait à la réflexion des masses une utopie. C’est de cela que nous manquons le plus sous la dictature libérale : le rêve !
La priorité va donc au profit, dont on espère monts et merveilles, qui en tous cas se traduirait par une décrue du chômage pour en revenir au modeste 5 % des années 60 !
Sinon, le profit d’abord au nom duquel tout est constitué sera l’arme fatale qui nous détruira tous !

20 novembre 2005

Happart en compett…

Plus qu’une solution pour les Happart brothers : rattacher le circuit de Francorchamps aux Fourons, avec l’espoir que les Flamands feront mieux que les « Lîdjeux » !...
Ça gaze terrible au Gouvernement des choses wallonnes à propos du circuit que le monde entier nous envie.
Happart a signé sans avoir lu le traité nous liant à Ecclestone, Grafé n’a eu en mains qu’un texte anglais, Bacquelaine n’a jamais dit ce qu’on lui fait dire et Kubla jure qu’un contrat entre libéraux est toujours honnête.
Bref, ces hautes autorités wallonnes n’ont pas écorné le Plan Marshall en le privant de quelques millions d’euros, puisque nous paierons les dédits de nos deniers, au pire, et au mieux, nous poursuivrons sur le circuit de Francorchamps les vrombissements annuels du Grand Prix, en comblant chaque année les déficits… de notre épargne.
Donc le plan Marshall est pur et dur et son excellence Di Rupo en piste avec la meilleure voiture pour les premiers essais.
Si après ça, on trouve que les sports moteurs sont les parents pauvres en Wallonie…
Le débat parlementaire de mercredi dernier est, de toute manière, éclairant.
1° on n’a pas trace d’une garantie apportée formellement par la Région (alors que la convention la requiert);
2° par simple reconduction par la FOA, la convention pourrait être prolongée de 2010 à 2015. Mais les grandes questions restent béantes. A l’avenir, poursuivre le Grand Prix, ou y renoncer? Par le passé, a-t-on engagé la Région, et à quel terme?
Jeudi dernier, pourtant, c’était encore le drame. Le JT de la RTBF sort une note que le ministre Michel Daerden avait fournie à ses collègues arc-en-ciel le 2 octobre 2003, soit 3 semaines avant la signature de la convention. Les ministres wallons ne pourront plus dire qu’ils ignoraient ni son existence, ni les risques inhérents à sa conclusion. On pourrait établir la liste des menteurs.
Quant au futur, si un compromis est impossible, on dénoncera la convention en justice.

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Cette fois les « Compétents universels » devront passer par les tribunaux anglais, c’est le contrat qui le dit. Les différentes expertises conviennent qu’il y a de quoi plaider contre la convention ; mais sur les chances de succès, ça varie. D’autant que les indices s’additionnent pour estimer l’intervention régionale
Alors, là, pardon, on est bien la patrie des avocats. Quant à gagner cette cause-là… on n’en serait quitte qu’aux frais et au paiement des avocats, resterait quelques millions d’euros en plus des 75 prévus à payer en cas de rupture de notre part.
Les Flamands, qui rouscaillaient jadis pour avoir chez eux le grand prix une année sur deux,
ne sont plus du tout chauds sur la pétaradante aventure sportive. Ils s’auto félicitent plutôt de préférer la bicyclette moins bruyante et plus écologique. Ils suivent d’un œil amusé les tribulations de leurs collègues wallons. D’abord les Logis sociaux, à présent le circuit de rêve ! Il ne manquerait plus que donner en fermage le carnaval de Binche à Monsieur Ecclestone en guise de compensation pour faire complet. Nous n’aurions plus comme vitrine de prestige que nos parlementaires eux-mêmes dans un grand show pour venir en aide à la Région wallonne… on voit très bien les Happart exporter leur savoir-faire à Kinshasa…
Certains amis socialistes me disent régulièrement que j’exagère, que cela ne va pas si mal qu’on le dit. Il m’arrive parfois de lire ce qu’ils écrivent sur ce qui va bien, au point qu’ils ne tarissent pas d’éloge à propos de certains projets. Eh bien ! chez eux la brosse à reliure et l’aplatissement intellectuel tiennent lieu de cervelle, obnubilent leur vision, écornent leur sens de la dignité.
Je ne serais pas loin de croire qu’une débilité légère est à la base de leur jugement, si on ne savait pour la plupart d’entre eux qu’ils profitent de leur bassesse de manière plus ou moins directe et que leur vue basse est plus le fruit d’un calcul personnel, que d’une foncière erreur de raisonnement.
Alors, à ceux-là qui trouvent nos cascadeurs responsables de la catastrophe contractuelle avec Ecclestone peu dangereux et compétents pour le redressement de la Wallonie, je leur souhaite avant la fin de leur triste vie, qu’ils puissent un jour se regarder à nouveau devant une glace sans rougir.
Si nous avons les hommes politiques que nous méritons, je souhaite me tirer du lot et avec moi toute la population lasse de ces mirliflores, ne voulant pas associer les innocents et moi à tous les lâches et les profiteurs qui seuls les méritent.

19 novembre 2005

Un rire nerveux.

-Qu’est-ce qu’on a rigolé, dis donc !
-C’était une belle soirée.
-Et ton fou rire… Tu ne pouvais plus t’arrêter.
-Quand on rie comme ça, j’avais mal aux côtes.
-Au fait, j’ai raconté la soirée à ma femme.
-Et alors ?
-Quand elle m’a demandé pourquoi on riait ainsi, j’avais oublié pourquoi !
-T’es un fameux farceur !
-J’ai eu l’air malin…
-Je m’en doute.
-Alors, je suis venu te demander de quoi on riait ?
-Tu ne t’en souviens pas, franchement ?
-Non, je t’écoute.
-C’est simple… Attends, c’est Chose, tu sais bien, le grand avec son journal à la main…
-Oui, je le vois d’ici, le journal à la main… Mais ce n’est pas avec lui qu’on a commencé à rire…
-Non. Tu as raison. C’était quoi, alors ?
-C’est ça que je te demande.
-Ce n’était pas à cause de Lucy ?
-C’est qui Lucy ?
-Tu ne connais pas Lucy ?
-Non.
-C’est difficile à t’expliquer… En réalité, personne ne savait la raison de sa présence.
-Alors, comment sais-tu qu’elle s’appelle Lucy ?
-C’est le patron après son discours qui l’a appelée Lucy.
-Ce serait bien sa maîtresse ?
-Sa femme était là…
-En tous les cas, c’était après le discours du patron qu’on a ri, alors là, ri…
-Bon. Je ne me rappelle plus de rien.
-Moi non plus.
-C’était la soirée des prépensionnés. Ils faisaient tous la gueule. Et pourtant, on s’est marré.
-Attends, n’est-ce pas quand le patron a tiré au sort pour savoir qui partirait à la fin de l’année, afin de sauver l’entreprise de la faillite ?
-Quand même pas…
-J’y suis. On a ri parce que le patron tremblait tellement quand il a sorti un nom du chapeau et il a tellement mal articulé le nom du pauvre type qui est en trop, que c’est cela qui a déclenché l’hilarité générale…
-C’est impossible.
-Ah bon !
-C’est bien après que l’on a ri. Même qu’on s’est étonné que tu ries aussi.
-Explique.
-Voilà… Mon dieu !... je sais pourquoi !
-Tant mieux, enfin, on va savoir…
-Rappelle-toi, tout le monde a cru que c’était Aubert qui devait partir.

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-Et alors ?
-On a ri et toi avec nous, parce qu’il n’y a pas d’Aubert dans la boîte.
-J’y suis. C’est ça qui était drôle.
-Toi, tu t’appelles bien Jobert.
-Tout le monde le sait.
-Le patron a bel et bien dit Jobert et non pas Aubert.
-C’est pas drôle ce que tu dis là.
-Sur le moment, on avait compris Aubert, comme toi. On s’est tous gondolés, toi le premier. Tu es celui qui a ri le plus fort. Impossible de te faire taire. Même que le patron s’est demandé si ce n’était pas un rire nerveux ? Tu sais, ça arrive… En te voyant de si bonne humeur, on s’est posé la question de savoir si tu n’avais pas un engagement à la concurrence…
- Ha ! Vous aviez compris qu’il s’agissait de moi.
-Tu pleurais de rire sur l’épaule de Lucy qui était toute gênée. Maintenant cela me revient, tu pars et c’est elle qui te remplace, parce qu’elle est plus compétente que toi… Tu ne saurais pas coucher avec le patron comme elle le fait…
-Nom de dieu ! Et dire que j’ai raconté la scène à ma femme, sans me douter que c’était de moi qu’on riait !

18 novembre 2005

Convoitise sur la Toile

Il y a comme une impatience qui se fait jour au sommet de Tunis à l’encontre de l’hégémonie américaine sur Internet. Les participants ne sont pas tous d’accord qu’une société privée californienne (Icann) soutenue par le département du commerce américain se fasse des couilles en or en gérant la Toile à elle toute seule, alors que cette organisation planétaire touche à tous les pays.
Les Amerloques ont seulement concédé qu’un Forum de discussion ait lieu de temps à autre sur des questions relatives à Internet, sans aucun pouvoir de décision, bien entendu.
En choisissant la Tunisie pays hautement sous surveillance de son président Ben Ali, c’est comme si on décidait d’un congrès sur les religions à Téhéran !
En effet, à peine la presse de l’étranger était-elle à l’affût de belles images, qu’un journaliste français se faisait tabasser par la police secrète de cette dictature sournoise, pourtant réelle.
Avec le capitalisme américain, c’est toujours la même chose : à chaque raisonnement se voulant apporter plus de justice à la diffusion de la pensée, il oppose la force, comme il a opposé un non recevoir à tout ce qui concourrait de près ou de loin à déforcer la main-mise de ce colosse sur la mondialisation des économies, étant entendu que tout ce qui n’est pas américain n’est pas bon pour le reste du monde.
Ainsi donc les règles de fonctionnement ainsi que les normes de la Toile resteront du domaine privé et sous le protectorat fédéral américain.
L’argument de Washington est toujours le même, il craint une prise de contrôle d’Internet par des forces non-démocratiques ! Ils ne le disent pas tout à fait de la sorte, mais tout le monde aura compris que les forces « bureaucratiques », dans leur bouche cela veut dire la même chose.
Moralité, les recommandations techniques pour le WWW (World Wide Web) est chasse gardée du W3C, Massachusetts Institute of Technology, de Boston ; les « routeurs » les machines qui calculent la meilleure route sont l’œuvre de CISCO, installé à San José (Californie) et à Sunnyvale dans les faubourgs du même.
Pour surfer que ce soit par Nestcape, Apple, Explorer, ne cherchez pas, ils sont tous américains.
La messagerie est dominée par Yahoo et AOL, tous 100 % USA.
Autour de ces grands partenaires, où il y a du fric à ramasser, les plus petits rapaces ramassent ce qu’ils peuvent. Des nébuleuses d’actionnaires d’entreprises réelles ou fantômes permettent des fortunes et des culbutes rapides, presque toutes s’ébattent dans les eaux américaines, sinon aux îles Caïmans, paradis de l’argent noir.
Les chercheurs et les universitaires américains s’y vautrent à l’aise, parfois pour de réelles percées d’avenir, souvent sur des projets qui aussitôt élaborés se « brevettisent » de sorte que nos braves troufions du Sart-Tilman et d’ailleurs deviennent archi dépendants des grandes écoles US.
Pour être sur Internet l’ordinateur doit posséder une adresse IP (Internet Protocol) bricolé d’abord par l’Université de Californie du Sud pour être dans les mains actuelles de l’Icann.
C’est une institution à multiples facettes, internationale mais de droit californien, sous tutelle garantie 100 % bon beurre américaine.
Seule la Chine, pays qui place le citoyen chinois sous haute surveillance comme chacun sait, a élaboré un système filtrant afin que les internautes chinois ne puissent pas se démoraliser en se frottant à leurs homologues mondiaux. Ce système intéresse évidemment les autocrates qui trouvent intolérable cette étrange liberté de penser et de réfléchir de leurs compatriotes.

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Il faut malgré tout rendre hommage aux américains qui laissent la bride sur le cou jusqu’à présent à la clientèle de la Toile, du moment que ça leur rapporte du fric, tant ils sont sûrs que leur combine est inégalable et incontournable, si bien que même des cinglés du genre de Ben Laden en usent et en abusent à satiété. Il y a quand même en Europe une surveillance discrète qui opère depuis des policiers spécialistes pour traquer les pédophiles et les terroristes. Il en va de même dans tout, si les intentions sont bonnes, elles permettent des dérives et il ne faudrait pas gratter beaucoup sur la Toile pour découvrir certains abus dont se sont rendus ou se rendront coupables nos soi-disant pays « libres ».
Comme on le voit la mainmise américaine sur ce porteur d’avenir est totale. Il y aurait de quoi désespérer nos universités, si ce n’était déjà fait dans bien d’autres domaines.
Mis en compétions avec le Zimbabwe, les artistes de nos Alma mater n’auraient pas pu inventer le fil à couper le beurre avant eux, tant il aurait fallu d’abord expliquer à nos élites qu’il y a intérêt à dégeler la motte avant…

17 novembre 2005

Au secours, on dérouille…

Après la gifle du classement du « top 500 » des meilleures universités du monde réalisé par l’université Jiao Tong de Shanghai, l’Université de Liège, dans la moitié du tableau de la 3e édition, n’a plus grand-chose à prétendre, loin des trois leaders Harvard, Cambridge et Stamford.
L’Université singulière et majuscule n’est plus.
Si elle tient encore une place prépondérante dans les médias liégeois, voire wallons, c’est qu’en la matière, elle occupe une large part des emplois politiques, clés d’ouverture à toute une intelligentsia locale digne de la cour du roi Pétaud.
Le classement traduit une réalité : l’insuffisance des moyens, la sottise des programmes et la suffisance pontifiante des « propriétaires » de ce haras jadis brillant et qui produit, depuis ses chevaux panards, une nomenklatura qui nous la baille belle partout où s’échange le « savoir » contre le pognon, sans vraiment convaincre qu’il faille à la représentation populaire un avocat par trois députés, un blanc-bec hors catégorie par bureau de ministère et une flopée d’artistes en fines relations Rond-point Schuman, issus de notre 258me place shanghaienne.
Depuis qu’il est devenu incompétent, le caquetage des universités fait chier l’honnête homme, surtout le dimanche matin, quand les laborieux de service de la RTBf quémandent les avis éclairés d’une faune qui donne l’urticaire aux auditeurs.
Dans le rassemblement centriste des partis, la gauche universitaire n’a pas été victime d’un putsch exécuté par surprise par l’aile libérale du mouvement centrifuge. C’est volontairement que les jeunes tiges du Sart-Tilman se mêlent aux cadors aguerris de l’ULB pour régler le compte à la démocratie, en toute lucidité ontologique.
Contrairement à ce qui est dit, on ne donne pas d’argent à l’université. Les crédits de base proposés à nos labos compensent tout juste l’inflation ! Et c’est ça qui est drôle : c’est une ancienne en l’occurrence Madame Simonet qui organise la pénurie.
Depuis le regretté Pierre Bourdieu, on sait qu’est intellectuel, celui que les autres intellectuels reconnaissent comme tel. Cette reconnaissance est évidemment le premier souci des « casés » du système, on voit d’ici la chaîne. Quand une bourrique rencontre une autre bourrique, qu’est ce qu’elles trafiquent ? Mais des histoires de bourriques !
La spécificité carriériste de notre système d’enseignement supérieur ne dessert-elle pas les citoyens ?
Oui, sans doute.

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Le classement de Shanghai montre que le bidule éducatif belge est en panne.
Il faut arrêter cette école qui présélectionne à 14 ans et où les enfants n’ont pas de fin d’adolescence. Il faut diversifier l’enseignement secondaire et arrêter d’expliquer que les notes en maths et physiques sont les plus importantes. Quand on est bon en maths, on réussit tout dans cette société ! Sauf qu’on peut parfaitement être un cuistre...
Un exemple d’organisation de type universitaire qui foire complètement, est le contrat que nos célèbres diplômés ont pondu entre la Région wallonne et Bernie Ecclestone à propos du Grand Prix de Francorchamps. Il serait rompu unilatéralement et nous devrions en assurer les frais soit 14 millions d’€ par an jusqu’en 2010 au titre d’indemnité contractuelle. A cela, il faudrait ajouter les intérêts. Au total, la somme atteindrait au minimum les 75 millions d’€!
Le voilà le plan Marshall réduit aux acquêts, c’est-à-dire une magnifique route dans une verte campagne qui ne va nulle part, si ce n’est revenir à son point de départ.
On a beau ne pas être chauvin, mais tout de même n’importe quel soudeur à l’arc licencié de chez ARCELOR était plus compétent que Kubla et ses boys copistes des hauteurs de Liège.
A force de célébrer les qualités de nos brillants gaffeurs, ceux-ci souffrent d’une « tropéziation » accélérée, c’est-à-dire qu’ils aiment le peuple, mais de loin, comme leur permettent les richesses qu’ont leur alloue pour prix de leurs « immenses « services.
On se demande où cette inculture organisée en triomphes immodestes va s’arrêter et s’il ne conviendrait pas que nous augmentions sérieusement ces oiseaux rares pour qu’ils aillent définitivement se dorer sur les plages au soleil des ailleurs.
Cela nous coûterait beaucoup moins cher.

16 novembre 2005

Un et un font deux zéros.

Les circonstances actuelles m’obligent à anticiper les articles. De sorte qu’il se peut parfois que deux articles de deux jours différents paraissent quasi simultanément. C’est le cas actuellement. Le lecteur est prié de faire la part des choses et de bien regarder la date de parution. Merci de votre compréhension.

Nous sombrons dans l’infamie des comptes de boutiquier.
Les études que nous poussons sont toutes orientées dans le sens de la rentabilité directe. Nous privilégions les mathématiques et nous abandonnons l’Humanisme pour ce qu’il est : un empêcheur de célébrer en rond les professions qui rapportent.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, infiniment plus que chez les Anciens, on ne nous parle plus que de la rigueur mathématique. On n’a jamais fait aussi peu de cas de la célébration de la métaphysique et de l’abstraction.
C’est une double face du monde moderne. D’un côté on exalte les vertus, le sens du devoir, le civisme et d’un autre on n’éduque pas les enfants dans ce sens. Au contraire. On leur dit ; bats-toi, sois un tigre, dans un monde où tu dois faire ta place. On irait presque prétendre que seul le résultat compte et que peu importe les moyens, du moment qu’ils passent à travers des règles sans s’y faire prendre.
Cette double face éclaire l’aspect le plus repoussant d’une démagogie du verbe et l’irrévocable duplicité des « vertueux » luttant contre la chienlit.
La constante apologétique des mathématiques relève de la plaidoirie d’avocat ne croyant pas ce qu’il dit au seul bénéfice d’une méchante cause.
Dans sa fonction « acquittante », il faut pour l’avocat des mathématiques que le monde qui s’élabore soit innocent.
Non. Il ne l’est pas.
Et pour une fois comme en cent, tout le monde à tort ;
Les réussisseurs n’ont pas besoin de se priver.
La jeunesse studieuse sera donc parfaitement mathématique et, ayant oublié la métaphysique se trouvera fort dépourvue de réflexion lorsque viendra le temps des catastrophes.
En vrai, les efforts entrepris ailleurs que pour conforter le camp du concret, sont mal ou ne sont pas payés.

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C’est devenu un crime de réfléchir, d’écrire avec des mots justes dans des situations que l’on décrit avec toute la rigueur d’un esprit libre.
Dans le nouveau travail de la matière moderne, on procède par équivalence, comme la fiction et l’extrapolation, le rêve, la poésie et la critique ne sont pas des matières « sérieuses » voilà toute une partie de la jeunesse dont la vocation n’est pas prise en compte, voilà toute une jeunesse qui s’obligera aux mathématiques et dont le futur désiré inadaptable sera retransformé en un autre destin plus convenable, sinon plus convenu.
Le monde de l’équivalence a remplacé le monde de l’égalité a très bien dit Péguy.
Le monde de l’équivalence est essentiellement un monde où cela revient au même.
On le voit bien dans les emplois proposés. Vous êtes chimistes, mais on a besoin d’un chef de vente en électroménager, vous êtes universitaire donc équivalent et moyennant un léger remodelage de votre cursus, vous vendrez des aspirateurs mieux que personne.
Malheureusement les responsables de cette dérive suivent le fort courant, celui qui conduit vers le monde des affaires intégral. Quand on interroge les responsables, ils avouent leur impuissance avec toujours la même antienne : « Nous ne sommes plus responsables de rien. Nous ne faisons qu’accompagner la tendance. Elle nous conduit à des catastrophes nous en sommes conscients ; mais nous ne pouvons rien y faire. Nous ne démissionnons pas Nous sommes contraints d’agir de la sorte. »
Voilà, la boucle est bouclée. Au contraire d’Elisabeth Guigou et de son désormais célèbre « responsable, mais pas coupable » les mentors de nos enfants, nos illustres du micro facile sont « coupables, mais irresponsables ».
On ne pourra désormais plus que s’attendre au pire.
Une sorte d’illettrisme aux jeux des zéros multiples d’une intelligence de robot éclairera désormais le monde de sa science exacte.
On ne s’étonne déjà plus des balbutiements hors de toute syntaxe de nos parlementaires. Par comparaison avec la sottise qui envahit l’espace, ce seront bientôt les derniers faux-vrais « lettrés » qui disparaîtront sous les chiffres et les mémoires virtuelles de nos décadences futures. Les autres, les anciens, les vrais lettrés seront enterrés depuis longtemps.

15 novembre 2005

Une jeunesse différente.

-Ho !... Manu, tu descends ?
-J’peux pas, l’ascenseur est en panne.
-T’habites qu’au cinquième !
-C’est que par l’escalier, j’suis mort.
-Comment que t’es mort ?
-Au troisième t’as la bande à de Crayancour qui squatte le palier…
-Alors ?
-J’y dois trois savonnettes…
-Ça fout !... j’y ai fait crédit d’un pétard l’autre jour… qu’i’m’ doit toujours.
-Alors, t’as pas envie de lui casser la gueule ?
-J’y ai dit à Crayancour qu’avait jusqu’à demain… Tu dis qu’annule en passant, rapport à moi qu’annule aussi…
-Et si i’ m’casse la gueule quand même ?
-Alors, tu descends, ou quoi ?
-Pourquoi faire ?
-T’as de ces questions ! Prends l’ascenseur…
-T’es sourd ? J’ t’ai dit qu’était en panne…
-Alors descend par l’escalier, t’habites qu’au cinquième…
-T’es con ? J’y dois trois savonnettes à Crayancour et si tu m’dis qu’i’ t’doit un pétard, je te fous mon transistor sur la gueule et du cinquième, ça fait mal…
-Tu te dégonfles, Manu, Crayancour a pas droit de t’emmerder…
-Fais pas chier.
-On est libre de circuler, fils…
-Jusqu’au couvre-feu, fils…
-C’est après, qu’on voit les pointures.
-Merde, si c’est comme hier, on n’a rien vu…
-Off course, on n’est pas dans la zone. On est dans les bonnes barres… où qu’il s’passe jamais rien.
-Tu vois ce que je vois ?
-Oui, fils, c’est de Crayancour qui va faire sa ronde. I’ protège les bagnoles du quartier…
-Tu rigoles. C’est pas pour y piquer la sono, plutôt ?
-Alors quoi, tu descends pauvre con !
-T’as la bagnole à ton père ?
-Ouais, il est au Ministère avec une voiture de fonction…
-Bon…
-Alors, Manu, tu t’amènes ?
-Où qu’on va ?
-Surveiller les beaux quartiers…
-Tu t’en fous, toi, mais moi, j’ai pas fini HEC, j’ai même plus l’intention d’y mettre les pieds… C’est tous des pourris… Si ton père nous voit ensemble…

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-T’as pas honte de foutre en l’air notre avenir en tenant les propos que tu tiens…
-M’emmerde pas avec l’UDF, j’te vois venir… centriste de mes deux…
-Ta gueule, je te conchie avec ton UMP…
-C’est tout de même con de se taper sur la gueule alors que la France est en danger…
-J’encule Jeanne d’Arc et la République !...
-C’est pas parce que tu tiens des propos jeunes qu’i’ faut être vulgaire…
-Quand je pense que ton père crois que tu étudies !...
-Et que le tien crois que t’es en Angleterre pour parfaire ton anglais !...
-J’en ai plus rien à foutre du paternel.
-Paraît qu’i’ pourrait entrer à l’Académie française !
-Tu sais pourquoi on n’est pas dans la situation d’en ramasser plein la gueule des flics ?
-Un peu. On n’est pas des voyous…
-Tu crois ?…
-Si un peu tout de même…
-Alors ?
-C’est que nous, nos vieux, nous donnent des biftons et qui savent pas en échange comment qu’on les emmerde, parce que…
-Parce que ?
-On est bilingue. On parle français vieux style, avec les schnoques et en bande, comme à Aulnay-sous-bois, on s’aligne sur les paumés de la République, comme ça quand on sera députés, on saura comme i’ faut les avoir au trognon, les pigeons…

14 novembre 2005

Le démocrate a l’hémorroïde fragile

Doudou, passe-moi la vaseline, j’ai eu une pénétration douloureuse…
Ah ! on est fleurs… Le voilà bien le bon choix… tout à fait grec, bien logique, bien conçu pour les cons, qu’ils s’enthousiasment, abandonnent le doute aux faux missionnaires, aux incultes, à ceux que les ulcères réveillent la nuit pour vomir, au nom d’horribles fantasmes, gnoséologies monstrueuses de tous les autres systèmes !
Oui, oui, hurlent les millions d’enfoirés qui dès qu’on en parle sont à la mouillette, oui, notre système, notre démocratie est la meilleure au monde.
Repos. L’arme au pied, sourire…
Notre rapport à ce qu’on croit être de plus fin, de plus évolué, de plus… enfin de plus, n’est pas un rapport normal, c’est le rapport du charbonnier à la foi.
Aha !... ben Laden, ce franc salaud qui veut de ses petits bras abîmer notre temple du beau ! Sait-il seulement qu’il porte atteinte à la plus grande morale du monde, ce jocrisse qui montre son cerveau chez l’orthopédiste d’Allah pour d’infamants durillons de l’âme ?
On est tous un peu dans le Vaudou. Nos responsables politiques vous le diront, ils incarnent la démocratie. Mieux, ils sont la Démocratie… téléologistes de l’admirable !
Il y a Dieu et eux, à l’amulette, aux rites, pour nous, troufions du rassis, si abominables que ce n’est que par faveur qu’on nous permet d’aimer la démocratie à l’entrée de son temple !...
Abasourdis, du fort en gueule à l’enfant de chœur, sur le tableau biblique on a le sourire éternel … réunion de joconds au syndrome de Down. Nous l’avons dans le baba notre petit chromosome en plus : le chromosome démos !
Pourtant les grands exemples, les Anciens grecs… de drôles de mirlitons, les esclaves faisaient tout le travail manuel, ce qui laissait à leurs maîtres beaucoup de temps pour réfléchir sur le mécanisme de la réflexion… Mais, minute, qui c’est l’esclave des temps modernes qu’a plus une minute à lui pour réfléchir : mes zigues, vous, chers lecteurs, la femme du gendarme et l’épicier pakistanais, tous ceux qu’on voit dans la rue, pas une minute à perdre, tous démocrates en confiance… résolument sans réflexion adorant ceux qui en ont !... perdus à un mètre de la machine-outil, désemparé dès qu’on touche plus la chaîne de montage, sanglotants dans les couloirs du FOREm à la recherche de notre élan démocratique absent !...
Comme nous sommes cons et que nous ne comprenons rien, il est inutile de nous apprendre autre chose, à savoir que nous vivons heureusement sous un régime doux, le meilleur au monde. Par conséquent, nous pouvons déléguer nos pouvoirs à ceux qui pensent pour nous, qui sont moins cons, parce qu’ils ne travaillent pas à des besognes absorbantes. Ils n’ont qu’un seul objectif nous faire bander, mais sans dépasser une certaine mesure, grande distinction du peuple à la crampe…
C’est promis, c’est juré, ils viendront nous sucer tous les quatre ans dans un élan d’altruisme et de civisme, thérapie de la démocratie avancée.
Superbe temps pour les canailles ? Hein, ma grande, en transit dans un bel avion blanc pour les retrouvailles avec la société démocratique de consommation…
L’agora c’est comme mon cul, s’il a vu 2 personnes sur toute sa carrière (des médecins, qu’alliez-vous croire ?) c’est beaucoup. De Popov à Harry, c’est pareil agoraphiles dix générations à l’avance, nous formons le groupe le plus uni de démocrates en confiance au monde.

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Ce qui nous bouleverse et nous tue à la fois : cette réflexion d’un hyper tendu du désir démocrate : « La démocratie c’est le moins mauvais des systèmes. »
Ça veut dire que la démocratie est quand même un mauvais système, s’il n’est pas le plus mauvais.
Autrement dit, nous adorons un système qui n’est pas bon !...
Paradigme, le député démocrate fonctionne dans le mauvais !... Comme nous, nous adorons du mauvais… Je me doutais aussi par notre petit côté faisandé, notre propension au coup tordu… notre amour des fines saloperies, envahissements, émeutes… pogroms… juste pour y mettre le bon ordre, turgescences de la matraque démocrate !...
Oui… se rattraperont les inconditionnels, mais la démocratie est douce et modérée. Ce qui est excessif n’est pas bon. L’excès nuit en tout…
Formidable, voilà une belle définition de l’immobilisme. La démocratie immobile ! Qu’est-ce qui ne bouge pas, qui craint l’excès de la révolution ? Mais les conservateurs, mon cochon… Alors voilà, nous ne bougeons nos fesses qu’au travail, pour la construction, l’énorme projet démocratique. Quel est-il ce mirobolant programme ?... l’immobilisme.
Comme je suis con, ce grand projet démocratique, que d’autres peaufinent pour moi, passent par des réussites économiques. Cela va sans dire. Je travaille parce que je suis un grand démocrate. Les sacrifices que je fais, n’en sont pas vraiment, puisque c’est pour la bonne cause.
Et voilà, le piège à cons s’est bien refermé sur nos gueules.
C’est logique dans le fond.
C’est quand même chouette de savoir que, lorsque je l’ouvre, je ne dis que des conneries et que lorsqu’on m’interprète, je suis sublime !
Alors, Doudou, la vaseline, c’est pour quand ?

13 novembre 2005

Joli cœur et charentaises.

Les livres du genre « Comment réussir dans la vie » doivent singulièrement titiller la glande envieuse des paumés de la réussite. D’autant que réussir n’est pas tant de briller, d’être aimable, d’en avoir dans le chou, mais comment faire pour ramasser du pognon vite fait, sans finir comme un con à Lantin.
Cette question : « Que dois-je faire dans la vie pour réussir ? » a l’air, comme ça, raisonnable, pourtant elle porte en elle le reflet de ce qu’on est déjà, un petit arriviste qui n’est pas encore arrivé.
C’est clair que ni l’intelligence, ni l’aptitude au travail ne répondent à ce critère qui se résume à prendre l’oseille et se tirer.
Un constat, les auteurs à martingale ne donnent jamais leur numéro de compte, sauf pour payer par correspondance.
Donc méfiance.
Se pose d’abord la question « faire ou ne rien faire « ?
C’est du travail, dont il est question, quand « on fait ».
Le rapport entre le nombre d’heures prestées et le résultat met évidemment le chômeur, tête de liste à la prestation, remplir un formulaire et se présenter au FOREM tous les six mois vous fait l’heure à plusieurs milliers d’euros. Du point de vue de la rentabilité, c’est le top.
Le boulot abîme l’homme.
Le travailleur devient-il beau par son travail ? Un camionneur qui ne dort plus, cramponné 12 heures à son volant, pourquoi a-t-il des valises sous les yeux ?
Sans compter les maladies professionnelles, les courbatures et la connerie du travail à la chaîne, on ne peut pas dire que le travail rende à l’homme toute sa noblesse et le laisse avec son intégrité.
Qui c’est-y qui perd de temps en temps un doigt à la scie sauteuse ? Le patron peut-être ? Donc le performant pour réussir et rester intact ne doit surtout pas travailler, il endommage son fonds de commerce pour des ronds de carotte.
L’employé est-il mieux loti ? Quand il revient en courant pour bondir dans ses charentaises, il fait plus bander personne, sa femme en premier lieu. Et si son métier est trop prenant, il devient franchement insupportable. Il transporte ses emmerdes à domicile et sa malheureuse épouse a droit tous les soirs à un cours complet de comptabilité. Il ne se soigne plus, ne voit plus sa compagne qui se tortille pour rien dans un déshabillé, alors qu’il s’assoupit une canette à la main devant un match de foot ou le Standard perd un à zéro.
Par contre, l’oisif se distingue par sa disponibilité, sa beauté intacte, le soin qu’il en prend. Même inculte, il finira par prendre un livre un jour, même s’il ne le terminera pas, c’est toujours ça. Par le délicat ennui, tant de fois supérieur au travail, il finira par se cultiver, en tous cas passera moins con que les malheureux à la nage papillon dans les marais de l’économie.
L’oisif est toujours disponible, avec une réflexion drôle de temps en temps. Il a le temps dans la vacuité de ses jours d’en trouver une à faire péter la sous-ventrière.
A la différence de quelqu’un qui travaille, donc démontre que sa situation n’est pas brillante et que son travail est nécessaire à sa survie, l’oisif s’en fout et s’il ne fait rien, c’est qu’il peut se le permettre.
Du point de vue personnel, le besogneux inspire de la méfiance. C’est à lui qu’on vend tous les calendriers de fin d’année. C’est lui qui se ruine à tous les coups quand un marchand de vin sonne à la porte. Il s’achète même des encyclopédies qu’il n’aura jamais le temps de lire !
Si c’est à chacun son mérite, ce n’est jamais qu’en fin de parcours qu’on lui balance le compliment avec une décoration du travail avant qu’on le foute à la porte avec le souhait des survivants de ne le revoir jamais revenir dans l’entreprise pour dire bonjour ; car du coup, le besogneux aura repris des couleurs en essayant avec ce qu’il lui reste de force, de devenir oisif.
Dans les grandes lignes, qu’on réussisse ou qu’on ne réussisse pas, pour un patron, on passera toujours pour un con, et aussi dans sa famille où on aura irrité tout le monde par la parcimonie avec laquelle les mômes du damné du zoning ont eu de l’argent de poche, sans oublier ses sempiternels discours sur les traditions affirmant que tout le monde travaille, ce qui est archi faux.
Puisque l’oisiveté rend aimable et qu’on ne prête qu’aux riches, l’oisif bénéficiera de cet a- priori que les gens aimables sont toujours riches, ne serait-ce que d’une richesse intérieure.
Et puis, et puis… allez vous faire foutre.

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-Chéri n’oublie pas ta gamelle à réchauffer pour midi. Et prends ta douche à l’usine, tu salis trop la salle de bain. De toute manière, je rentrerai plus tard, je passe chez la coiffeuse et j’ai le goûter dont je t’ai parlé au profit des petits dyslexiques du syndrome de Down de la fondation de l’abbé Couillard. Si tu ne me vois pas, tu prends un surgelé, tu le passes aux micro-ondes. Tu commences à en avoir l’habitude ? J’ai pris ta carte de crédit, la mienne est « out » depuis que mon ensemble bustier et petite culotte de chez « Nana »…. Tiens, il est parti sans me dire au revoir, quel grossier ce con !...

12 novembre 2005

Dessine-moi ton sourire ?

Je viens d’une planète qui s’appelle Perdita dans la galaxie d’Andromède.
C’est un monde minéral dont je suis l’exception.
Les pierres m’ont acceptée et nous avons un langage commun. Jusqu’à il y a peu, je pensais être moi-même un minéral, j’avais la couleur d’un quartz rose avec des inclusions de grenats et des dents en pierres de lune.
Mais, comme ma planète se déplace en défiant toutes les lois de la physique, elle a fini par sortir de sa galaxie. C’est en errant dans l’infini, qu’une nuit elle s’amarra sans bruit à la terre et se fondit en elle, au point que je me vis seule au milieu d’un monde nouveau.
Les végétaux poussaient entre les pierres mes amies. Des animaux allaient et venaient dans une connivence parfaite avec l’inanimé.
Jusqu’à ce que je touchasse cet étrange caillou rond, il ne m’était jamais venu à l’esprit que je pusse être autrement que seule.
J’avais bien pour les pierres, mes amies, un vague sentiment de plaisir à leur parler et même à les caresser, mais nous étions si différents que ce sentiment s’arrêtait à quelques caresses innocentes et à quelques échanges de vue sur la pluie et le beau temps.
Quelle ne fut pas ma stupeur lorsque j’aperçus le premier être qui me ressemblât vraiment.
Il était jeune et dans mon esprit, parfaitement beau, quoique j’en visse plus tard beaucoup d’autres qui tout en lui ressemblant pouvaient aussi être considérés comme agréables et beaux.
Bien entendu, j’en devins amoureuse.
Il répondit à mon désir et je sus enfin ce qui me différenciait des pierres et m’attachait par les sens et le cœur à mes semblables.
Cela était si nouveau pour moi que ce premier homme cru que je n’aimerais jamais que lui.
Or, sur Perdita j’avais été si privée de tout ce dont les humains trouvent en abondance. Je n’eus pour l’auteur de ce premier contact qu’une sorte de reconnaissance émue qui ne compensait pas la soif que j’avais de connaître d’autres étreintes dans d’autres bras ; ce qui, je le compris plus tard est parfois considéré comme une raison suffisante de rupture et d’éclats.
Je partis donc par les chemins, ma curiosité et ma soif d’aventures jamais satisfaites, mais avec toujours l’honnêteté de dire à ceux qui passaient dans ma vie que si je les aimais, ce n’était pas une raison suffisante pour que je me dispensasse d’en aimer d’autres.
Cependant, résolument humaine, je résolus de goûter aussi à la jalousie, sans vraiment l’éprouver, à l’amertume des rendez-vous manqués tout en étant déjà à imaginer une nouvelle rencontre devant mon café-crème, à la solitude aussi entre quatre murs à vouloir frénétiquement m’en sortir en tapant des appels à la tendresse sur mon clavier d’ordinateur, bref, à être en quelque sorte une personne curieuse de tout et résolue à épuiser toutes les joies de la terre avant de remonter sur mon petit caillou et repartir vers Andromède, afin d’y renouer avec la vie antérieure.

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Au bout de quelques années d’aventures, je me rendis à cette vérité que je n’étais pas faite pour trop souffrir et je me détachai peu à peu des hommes. Comme je n’avais pas été adolescente sur cette planète, je compris que je venais de traverser l’âge ingrat et que l’âge mûr me réserverait sans doute d’autres joies.
Quelle ne fut pas ma déception quand je me trouvai devant les mêmes hommes en pâmoison mais avec des rides et des poils blancs dans la barbe, tenant les mêmes discours et ayant les mêmes désirs !
Quoi, tout ne serait donc qu’une longue redite qui, du premier homme au dernier, recommence identique, de gestes et de paroles rabâchées depuis la nuit des temps !
Certes, nous nous aimerons toujours. Bien évidemment nous ne nous quitterons jamais. C’est entendu ce sera comme la toute première fois, quand il suffisait de se toucher pour sentir monter en soi l’infini des plaisirs… avec cependant une différence : celle d’une usure indéfinissable, des mots, des gestes, des désirs et une peur sourdre du couple que je formais avec mes partenaires successifs, celle rémanente d’un accomplissement et d’une fin, bref la déchéance mécanique des organes d’habitude gorgés de sang et qui se délitent dans les débats intérieurs dans l’angoisse d’une extinction annoncée.
Je parlais de tout cela avec mon ami Epaminondas, ce général thébain qui jadis servit d’exemple à toutes les vertus et qui était dans ce salon de dégustation de la Foire d’octobre à partager ses croustillons avec moi.
Il me regardait sans trop montrer qu’il m’aimait dans la tradition de la philosophie du renoncement, pour cause de retraite méritée et visible de par sa crinière blanche…
Il était lui-même d’une autre planète, celle où les hommes vivent en étant revenu de tout sans être allés vraiment quelque part.
Il était comme moi, incertain, à la fois nostalgique du passé et curieux de l’avenir. Et je pensai que nous eussions pu nous rencontrer sur une autre planète. Je ne pouvais lui accorder la seule chose qu’il eût encore désirée ce soir-là, dans la cruauté du décalage du temps entre lui et moi. J’en fus même à hésiter que nos lèvres se rencontrassent, quand sonna l’heure de la retraite.
Je pus ainsi quelque peu compenser chez ce général vaincu, l’acharnement du mauvais sort, par ce modeste don de la caresse brève.
Je regrettai, cependant, que ce baiser ne fût pas spontané de ma part, et qu’il succéda à une hésitation que plus rien n’effacera jamais…
C’était comme l’adieu de Bérénice à un Titus moribond.
Depuis, je suis retournée sur mon caillou et je repars seule vers Andromède. Dans mille ans, quand je toucherai au port, ce sera comme si rien de tout cela ne s’était passé. Ce sera bien.

11 novembre 2005

Une affaire entendue.

Nul doute que les événements séditieux en France vont devenir sporadiques, pour tout à fait disparaître dans les jours qui viennent et que les promesses qui ont suivi les désordres vont être partiellement, sinon complètement, oubliées.
Cela a toujours été ainsi. Les réformes sont des leurres destinées à faire accroire…
Et si l’on considère l’ordre public rétabli et le côté paisible des choses, voilà qui ne contrariera personne.
Pourtant, tout le monde sait que les questions soulevées restent pendantes et si elles n’ont pas trouvé l’ombre d’une solution à chaud, elles n’en trouveront pas davantage à froid.
C’est la force des démocraties d’aspirer toute chose, d’en faire un brouet comestible et commerçable. Gageons que la destruction des milliers de véhicules de ces quinze jours ne sera pas une perte pour tout le monde ; car la perte d’un bien, provoque dans une société de consommation, un regain d’activités compensatoires.
Et on en arrive à cette conclusion un peu infamante et qui déshumanise les intentions que « ce qui est bon pour le commerce, est bon pour le citoyen ». Drôle de raisonnement qui nous conduit directement à une « dictature libérale » qui n’est pas franchement une dictature, mais qui n’est plus une démocratie !
A défaut d’un mot intermédiaire, attachons-nous encore au mot « démocratie » quand nous parlerons de « dictature libérale », par commodité et surtout pour laisser aux dictatures dures l’exclusivité du mot.
Les démocraties brassent tout et d’un mélange du pire et du meilleur en font leur fast-food. C’est-à-dire quelque chose de comestible, de pas très bon, mais mangeable.
Au contraire, les sociétés totalitaires, concentrées sur le chef et son noyau s’épuisent dans une censure qui les stérilise. En dramatisant tout à l’extrême et en punissant la pensée même des citoyens, elles font du quotidien un enfer où seuls les affidés, les complices du tyran, trouvent leur compte.
Qui parle de démocratie dit « commerce » aujourd’hui. Le citoyen devient client. Les rapports entre lui et ses chefs de rayon parlementaires sont les mêmes, qu’entre une carte de crédit et son lecteur.
On voit bien la manière dont vont être récupérés les mouvements violents des banlieues en France pour le bénéfice des responsables actuellement en poste dans les autres démocraties d’Europe.

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La fragmentation sociale, la dilution des groupes et des pratiques apportent à la sécurité générale la garantie que « l’ennemi » (le pauvre et le marginal), se présentera devant les Polices en ordre dispersé, donc justiciable au cas par cas.
Evidemment avec ses 20.000 colocataires d’un ghetto urbain, un quartier ne pourrait pas être jugé d’une pièce. Si une telle insurrection survenait, elle serait éliminée par l’ordre bourgeois, de la même manière que Saddam Hussein fit gazer ses opposants kurdes. Bien entendu, les petites gens des barres qui pleurent la destruction des voitures et des bâtiments communautaires ne le savent pas.
Donc la politique de Villepin va être de faire soit disant du social et qui ne fera que réduire les liens entre les composantes sociales des quartiers « à risques ».
Rendre les gens solidaires dans une société égalitaire, il ne le peut, évidemment, la dissolution du système libéral dans l’altruisme étant impossible, personne ne voulant se dessaisir de son acquis pour le bien-être général.
La rupture avec une solidarité totale entre les citoyens, la dispersion des minorités, la quête d’initiative personnelle dans tous les registres, fournissent autant de débouchés pour l’activité marchande des économies libérales.
En atomisant les projets, il sera fort difficile d’en dénoncer les nuisances et surtout, il sera facile de cacher ce qui n’est pas heureux de faire voir, à savoir le terrible échec des économistes qui prévoyaient dans les années 60 que le formidable développement des productions de biens allaient satisfaire toutes les demandes. Ils en déduisaient même la nécessité d’accroître les besoins par la publicité qui donne si facilement l’idée de la richesse facile et à crédit.
Si on est loin de la satisfaction générale, par contre le désir de vivre bourgeoisement dans le confort est le résultat du triomphe de la publicité. Aussi curieux que cela paraisse, cette activité libérale par excellence est le ferment de la subversion populaire.
La différence entre l’espérance que la publicité donne aux masses et la réalité, est à la base des révoltes du monde occidental.
Et elles ne sont pas prêtes de prendre fin.

10 novembre 2005

On n’est jamais trop prudent.

-Toujours avec Juliette ?
-C’est qui, Juliette ?
-Enfin avec Mariette ?
-C’est qui Mariette ?
-Mais, tu le fais exprès ? Quelque chose en « ette » ?
-Ah ! tu veux parler de Marinette…
-Oui, c’est ça !...
-C’est qui Marinette ?
-Va te faire foutre !... Ce que j’en dis, c’est par amitié pour toi.
-Alors, si c’est par amitié pour moi, motus et bouche cousue.
-Silence total ?
-Total !
-Pourquoi ?
-Mon vieux, des enjeux sont importants. L’être est et le non-être n’est pas.
-Ce qui veut dire ?
-C’est une question d’honneur, tu ne comprendrais pas.
-Je te remercie. Je savais que l’amour est une maladie honteuse, mais à ce point là !
-Je voulais dire que le non-être est ce qu’il y a de mieux dans certains cas où il vaut mieux de n’être pas, que d’être.
-J’ai compris. Tu es en délicatesse avec un jaloux.
-Je ne répondrai pas.
-C’est pas tout, mais je te rappelle que ce soir c’est notre partie de carte aux « Bons amis ».
-A quelle heure ?
-Comment ça à quelle heure ! Tu sais bien que ça commence à six heures et qu’à huit heures, on se tire, Raymond prend son service chez « Rodolphe kwick ».
-Je ne peux pas. J’attends de communiquer à 6 h 12.
-Alors là, c’est la meilleure, 6 h 12 !... pourquoi pas à 8 H 47 ?
-C’est ainsi.
-Tu ne peux pas différer ou avancer ?
-Impossible, c’est l’heure du coucher du soleil.
-Tu communiques avec le ciel ?
-Non, mais la lumière rasante porte mieux les signaux !
-Ah ! les signaux de fumée !... voilà pourquoi ce feu de broussaille dans le fond du jardin…
-Voilà. Tu as tout compris. Je jette une couverture humide sur le feu et je la retire. Je corresponds en morse. C’est plus sûr. La fumée s’envole et les écrits restent.
-Alors si je comprends bien, on va bridger à trois parce que notre partenaire joue au Sioux avec une dame ?
-Merci !... On n’est pas plus discret. Si j’étais toi, j’ouvrirais la porte pour gueuler la bonne nouvelle !... Déjà que j’ai une voisine qui note les heures au cours desquelles j’entre et je sors…
-Ah ! t’es dans le quartier aux cancans, toi…
-Et tu ne sais pas tout…

-Quoi encore ?
-La sœur de Juliette...
-Tiens, ce n’est plus Marinette ?
-Si tu veux que je poursuive, ne m’interromps pas. Ce n’est ni Juliette, ni Mariette, ni Marinette, si tu veux ne pas le savoir…
-Va pour Juliette alors…
-La sœur de Juliette à un petit ami qui est le demi-frère du neveu de l’oncle de la femme frémissante…
-La femme frémissante ?
-Oui. J’appelle ainsi ma voisine de la maison jaune. Parce que chaque fois que je passe sur son trottoir, son rideau frémi. On sent qu’elle est derrière.
-Je ne vois pas le rapport !
-Moi bien. Et ça suffit comme ça…
-Tant pis. On fera sans toi. On jouera avec un mort.
-Ecoute, il n’y en a plus pour longtemps. Avec les jours qui raccourcissent, fin du mois prochain, le soleil couchant sera à 16 h 37, il me restera plus de quarante minutes pour rejoindre les « Bons amis »…
-Bien le bonjour pour moi à Paulette. A propos, j’y pense, ma femme s’appelle Georgette…
-Il n’y a pas l’ombre d’un rapport…
-Et puis discret comme tu es, saurait-elle seulement que tu l’aimes ?

9 novembre 2005

Gérard de la Tour-Penchée ou Tchantchès ?

-Quel est le Belge le plus célèbre ?
-Je ne vois pas…
-Oui, quel est le Belge à qui tu penses ?
-C‘est quoi cette bouffonnerie ?
-On a Thomas van Hamme de « C’est du Belge » de le RTBf…
-On devrait en rester là. Qu’on décrète que c’est lui le Belge le plus célèbre et qu’on nous foute la paix avec ces conneries…
-Ils peuvent pas. Ils ont lancé un concours. Ils peuvent plus l’arrêter.
-Alors si tu veux un nom, mets-moi sur la liste.
-T’es pas célèbre !
-Non, mais j’emmerde personne.
-Adamo non plus…
-C’est un mauvais exemple.
-Eddy Merckx ?
-Pourquoi pas le roi Baudouin aussi, tant que tu y es.
-C’est fait. Il a même une chance d’être le lauréat.
-Qu’est-ce que tu veux, à partir d’un certain degré de connerie, je ne sais plus, je suis comme désarmé…
-Et si tout simplement le Belge le plus célèbre était la petite femme que t’as en ce moment ?
-Tu tombes mal. Celle que j’aime me fait la gueule et celles que j’aime pas, j’ai pas envie de voter pour elles.
-T’as pas autre chose à branler ? Par exemple un sondage les dieux les plus célèbres ? Krisna, Mahomet, Jehovah, le père Antoine ou Moon ?
-Tu la poserais comment la question ?
-Je réfléchis… On invente des dieux. C’est-à-dire des existences délivrées de la douleur, du mal, etc... Puis, une fois inventés, on les plonge dans l’histoire et les passions, les crimes, les maladies. A peine a-t-on posé avant toute chose une origine absolue et pure qu’il faut la contaminer. Les dieux sont invoqués contre le mal et aussitôt le mal revient avec les dieux…
-C’est pas une question pour la RTBf, ça… C’est même pas une question du tout.
-Comment tu poserais la question sur les dieux, toi ?
-Y a pas à poser une question pareille, vu la liberté du culte.
-Donc, il vaut mieux de parler des Belges les plus célèbres.
-Oui.

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-Dutroux est quand même parmi les Belges les plus célèbres.
-Oui, mais c’est une célébrité qui ne compte pas.
-Il est aussi connu qu’Annie Cordy.
-Il faut qu’il soit connu de façon favorable…
-Tu me l’avais pas dit.
-Cela va de soi.
-Arrête. Je m’en fous… Dans la liste aucun chômeur, pas un clodo, pas un seul bas salaire, aucune femme seule qui élève son enfant avec moins de 500 euros pas mois, pas un seul innocent condamné à une lourde peine, aucun paraplégique, aucun clown, musicien des rues, alcoolo, rien ni personne d’aucun hôpital, pas une…
-Où tu veux en venir ?
-Que les Belges les plus célèbres sont anonymes et qu’ils sont peut-être parmi les plus malchanceux.
-Oui. Mais on ne les connaît pas.
-Parce qu’on veut pas les connaître.
-Ce serait difficile de les connaître.
-On ne s’en donne pas la peine. C’est tout. Rien que des feignasses dans tes belges célèbres, des sans-cœur, des à l’abri de tout, chanteurs statufiés pour trois méchants vers, roi et ministres sans envergure et sans humanité, de la chienlit bourgeoise, tes belges les plus célèbres.

8 novembre 2005

L’Ordre règne à Varsovie.

On aurait tort de considérer les philosophes et les écrivains, comme d’heureux phénomènes dont on apprécie les idées servies par des mots judicieux, seulement le soir sous la lampe, sans jamais transposer dans la réalité ce qu’ils écrivent.
Il n’existe pas deux mondes en matière de société, celui dont on rêve et celui que l’on vit. Il n’existe que les faits et la réflexion que ces faits inspirent aux gens de plume.
Lorsque Léon Tolstoï écrit en 1886 «pour acquérir le pouvoir et le conserver, il faut aimer le pouvoir Et l’ambition ne s’accorde pas avec la bonté, mais, au contraire, avec l’orgueil, la ruse, la cruauté. Ce ne sont pas les meilleurs, mais les pires qui ont toujours été au pouvoir et qui y sont encre. » fait-il œuvre de romancier ou de visionnaire ?
Ne voit-on pas, aujourd’hui que deux pouvoirs s’affrontent en France ?
Celui légitimé par le suffrage universel et l’autre, celui de la « rue », à savoir une minorité agissante, acteur et victime du suffrage universel ?
Se pose la question, dès lors, du fonctionnement de ce suffrage universel. Est-il compatible avec ce que Léon Tolstoï pense des hommes de pouvoir et que le suffrage universel envoie dans les Parlements pour nous diriger ?
Je sais comme on crie aux loups à chaque fois que l’on remet en question ce que nous appelons encore la « démocratie » et qui n’est plus qu’une dictature libérale. Et comme il ne se fera pas faute d’avoir contre moi ceux qui par facilité plus que par conviction me considéreront comme tenant des propos d’extrême droite, alors qu’en y regardant de près, ce ne sont que des réflexions d’un homme épris de liberté et de justice.
Aujourd’hui, l’adaptation à l’ordre régnant est tout. Il démontre son droit à régner par le seul fait qu’il règne. C’est comme si – tout en nous disant les acteurs principaux du drame qui se joue – on nous leurrait sur l’importance du rôle qui serait d’une grande insignifiance, presque de figuration, de sorte que nous nous en leurrerions nous-mêmes au point de soutenir les tyrans qui nous gouvernent.
Toute la question est de savoir si la société actuelle mérite que nous nous adaptions à elle. Si c’est le cas, les jeunes des banlieues ont tort, sinon, ce sont eux qui ont raison !
L’homme conscient de sa citoyenneté dans un ordre qu’il estime le meilleur se reconnaît en ce qu’il accepte la richesse des autres comme le mérite retiré de leur labeur. Dans le cas d’un doute supérieur sur la justice, se pose alors la question de savoir de quelle autorité se réclament ceux qui par leur seul pouvoir placent la majeure partie des citoyens dans un état d’infériorité ?
Ne conviendrait-il pas dans le second cas de repenser le pouvoir de l’argent d’une économie qui concerne tous les citoyens ?

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N’est-ce pas là une belle cause et qui justifierait toutes les violences que de construire un monde dans lequel les hommes ne seraient pas condamnés à l’inégalité ?
Certes, les iconoclastes de banlieue n’agissent qu’en aveugles dans une Saint-Barthélemy qui désigne d’abord le pouvoir absolu de l’économie comme leur première tyrannie, mais ne sont-ils pas en même temps ceux qui, fous de douleur et de rage destructrice, nous avertissent que leur précarité est à la fois injuste et prémonitoire, car elle peut être celle de tout citoyen « déchu » demain ?
L’éducation n’est pas de fourrer des programmes dans la tête des enfants à seule fin de les rendre performants dans le seul dessein économique, mais de les rendre apte à l’analyse des faits et des concepts, ce qui ne s’apprend dans aucun livre.
Pour ne l’avoir pas fait, pour être restés aveugles lors du passage d’une démocratie balbutiante à la dictature libérale, les citoyens avec leurs représentants ambitieux, sont sur le chemin de l’aventure.
Par l’absence de jugement, en cela aidé par l’immobilisme des gens de droite, nous pouvons craindre que la prophétie d’un autre grand écrivain « tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de merde qu’il est temps de ne plus en avoir du tout » (Flaubert lettre à Georges Sand) s’accomplisse un jour dans un chaos où il n’y aurait plus que des victimes.
Mais nous n’en sommes pas là. Nous en sommes aux abus de jeunes enragés par la conscience de leur impuissance politique et sociale, ce qui, par réaction, provoque immanquablement les abus de pouvoir.
En attendant « Veux-tu réussir ? Sois bête et gras et rigolard ; tu atteindras des cimes » prétend Michel de Ghelderode. La « majorité silencieuse » s’y efforce. A la première fusillade elle applaudira les forces de l’Ordre tirant sur ses enfants.
Ce sera un beau gâchis, mais si c’est à ce prix que la dictature libérale conserve son pouvoir, il n’y aura pas une hésitation possible.
Comme dit jadis un autre pouvoir : « L’Ordre règne à Varsovie ».

7 novembre 2005

Demain ce sera pire

Près de 900 véhicules incendiés, des écoles et bâtiments publics attaqués, quelques 250 interpellations: le bilan des affrontements dans les quartiers sensibles s’est encore alourdi samedi après une neuvième nuit d’émeutes. Les violences s’étendent dorénavant à toute la France.
Les médias en colportant les nouvelles sont bien dans la ligne et les intentions des responsables gouvernementaux : dépeindre dans toute sa sécheresse les violences, sans vraiment n’en chercher les causes que dans la vie sans espoir des banlieues, en laissant supposer qu’ailleurs, la vie est d’une autre qualité, alors que l’on sait pertinemment que pour les travailleurs et les sans emploi, elle ne vaut guère mieux de quelque côté que l’on se tourne.
Les propos de Nicolas Sarkozy sur le respect de la chose publique, allant jusqu’à vouloir nettoyer les Cités au Karcher, rappellent les propos tenus par Gaston Eyskens lors des grandes grèves de 60-61 en Belgique. Selon cette source d’information, ces flambées de violence sont propres aux bandes de casseurs. A cela s’ajoutent les luttes des gangs et cette petite délinquance qui foisonne dans les milieux pathogènes propices à ce genre d’opposition.
Pourquoi ne va-t-on pas plus avant dans l’analyse des événements et de cette violence ?
Parce que les électeurs n’en demandent pas plus.
Les seuls faits exposés les rendent frileux. Le durcissement de l’Autorité sur le terrain, plaît à la plupart des citoyens. De telle sorte que le gouvernement de la République suppose que cette flambée de violence, s’il reste ferme, retombera dans l’escarcelle du pouvoir en place, sinon d’une droite davantage musclée, sous la forme d’un gain électoral.
Donc, montrer les incendies, les dégâts, sans contrepartie réflexive, c’est assuré le pouvoir d’une sorte d’immunité vis-à-vis de ses responsabilités face au malaise social des jeunes.
Dans la même séditieuse aventure, en 60-61, on a vu le parti socialiste de Belgique rallier la droite et stigmatiser les grèves et les violences, de même en France, on voit déjà la gauche s’associer à la droite afin de faire face à ce mouvement incontrôlable, dans un élan républicain..
Pour faire complet, il reste au gouvernement Villepin à parler d’éléments venus de l’extérieur noyautant les bandes armées, ce qui avait été fait par le gouvernement belge lors des affrontements contre la Loi unique.

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La seule différence, mais elle est de taille, même si elle reste informulée, réside dans les raisons de cet affrontement avec les forces de l’Ordre.
Il ne s’agit pas ici d’une situation jugée défavorable par les syndicats. Les jeunes qui manifestent dans la rue ne sont pas des militants syndicaux, encore moins des militants politiques, mieux, la plupart ne sauraient mettre un nom sur leur « ras-le-bol ». Quand bien même les « meneurs » ne seraient rien que des petits délinquants. Ils se savent des victimes de quelque chose qui les dépasse et dont ils ne savent affronter l’oppression qu’en s’en prenant aux biens qu’ils voient dans la rue ou dans les usines et magasins périphériques. Parce que ce sont les seuls biens qui sont à leur portée et non pas parce qu’ils sont les symboles de la réussite comme l’a prétendu un psychologue sur Antenne 2.
Ils sont tout simplement les premières victimes en révolte du système économique de la dictature libérale.
Il suffit de savoir que tous les biens dont disposent certaines couches de la population sont sortis des mains de leurs parents et parfois d’eux-mêmes, pour se poser la question : « mais ces richesse créées par les petites gens tout au long de leur vie, à qui sont-elles attribuées, en un mot : à qui le crime profite-t-il ?
Je sais bien que personne ne se posera la question et qu’il n’y aura pas dans ces circonstances dramatiques, le moindre chroniqueur pour inviter ses lecteurs à y réfléchir.
Il n’y aura que des sarcozystes et des villepinistes entourés solidairement de tous les milieux de droite et de gauche pour stigmatiser les violences et réclamer la poursuite comme avant de l’ordre républicain.
Peut-être y arriveront-ils, les forces sociales en présence, partis, syndicats, associations, penchent trop du côté du pouvoir capitaliste pour qu’il en soit autrement. Les couches « modérées » des citoyens sont les garanties nécessaires à la poursuite de la chimérique démocratie.
Cette « mini révolte » finira par s’arrêter.
Tout le monde feindra en avoir retiré les leçons.
Et c’est tout à fait pris de court que le public se trouvera un jour confronté à une autre crise, peut-être d’une tout autre ampleur.
Tout cela, parce que personne ne veut admettre que cette rébellion de la jeunesse, c’est le résultat d’un mauvais système de répartition des prospérités économiques, d’une mauvaise gestion des politiques face à la montée d‘un pouvoir capitaliste, d’une mondialisation qui va à l’encontre de la dignité des gens.

6 novembre 2005

BIZZZZZZZZ

-Tu vas te mettre en frais ?
-En frais ?
-Oui, tu vas l’attendre, ses fleurs préférées à la main ?
-Non. Il n’y aura pas de comité d’accueil. Je l’attends symboliquement.
-Comme une image subliminale ?
-Sublime, veux-tu dire ?
-Subliminale, c’est-à-dire fugace, quasiment irréelle… tant ta rétine a très peu de temps pour la fixer…
-C’est ça. Il y a même des moments que je me demande si elle existe ?
-Elle pourrait très bien exister sans qu’elle existe.
-Comment cela ?
-Oui, tu crois que c’est elle parce que tu la crées dans ton imaginaire.
-Elle est pourtant réelle, mais peu présente.
-C’est dû à quoi ?
-Une espèce d’accident de parcours. Elle a dû prendre à droite un jour que je prenais à gauche, si bien qu’on tourne autour du pot.
-Non, si tu tournais avec elle autour du pot, il faudrait que vous tourniez dans le même sens, à la même vitesse, et chacun à un bout d’une ligne qui passerait par le centre du pot.
-Bref, nous nous voyons si peu, que lorsque nous nous voyons, nous avons besoin d’un signe de reconnaissance. Heureusement qu’il y a le portable. L’autre jour, nous étions sur les trottoirs opposés du boulevard. Pour peu que j’aie eu l’intention d’aller vers elle, nous nous serions croisés sans nous voir.
-C’est angoissant une situation pareille !
-Et ce n’est pas tout. Nous sommes nés le même siècle, mais dans une moitié différente, elle dans la seconde, moi dans la première.
-Si chacun avait eu son siècle, vous ne vous seriez pas rencontrés non plus.
-Par exemple.
-Et vous vous aimez ?
-Ce n’est pas ainsi que ça marche. Quand je dis que je l’aime, elle me dit qu’elle ne m’aime pas.
-Et elle, te dit-elle qu’elle t’aime ?
-Non. jamais…
-Là aussi, vous auriez difficile de vous rencontrer. Vous auriez eu une chance, si l’un avait aimé l’autre, et l’autre aimé l’un, mais alternativement.
-Oui. Parce qu’alternativement, il existe un moment où l’on s’aime tous les deux en même temps
-D’accord, mais c’est comme l’image subliminale, il faut saisir cette conjoncture favorable au bond.

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-Que vas-tu faire ?
- Là, tout de suite ?
-Oui.
-Elle refait sa valise. Je ne peux pas la refaire à sa place. Elle va reprendre l’avion. Je ne suis pas du vol. Elle va rentrer chez elle et moi je suis chez moi.
-Des histoires comme la tienne, ça arrive tous les jours ;
-Ah ! bon ?
-Oui, si tu comptes le nombre de femmes qui te plairaient et que tu ne connais pas, c’est fou…
-Parfait. Mais moi, celle dont je te parle, je la connais. J’ai même parfois des petites conversations. Je lui prends la main, qu’elle ne me refuse pas…
-C’est Tout ?
-C’est déjà beaucoup. Essaie, pour voir, de prendre la main d’une femme au hasard…
-Toi, ce n’est pas au hasard… Tu sais qu’elle prend l’avion après avoir fait sa valise pour rentrer chez elle. C’est beaucoup !...
-Tu connais des femmes qui en voyage d’agrément ne font pas leur valise pour revenir chez elles par avion ?
-A la fin, me diras-tu pourquoi tu m’as entraîné dans une conversation dont je ne comprends strictement rien ?
-Et la subtilité, quand fais-tu ? Dans les circonstances présentes, compte tenu de la force du vent et les vols de nuit sur Zaventem, en sachant qu’il convient d’employer des mots couverts afin de paraître étrangers l’un à l’autre, toute notre conversation n’avait qu’un but, celui d’exprimer devant tout le monde, ce qu’on ne souhaite dire qu’à une seule.
-Tu y es arrivé ?
-Oui.
-C’est quoi ?
-L’amour ne doit pas viser la réciprocité immédiate. Il reste toujours une dissymétrie en amour.
-Pour la dissymétrie, on peut le dire, t’es le roi Richard…

5 novembre 2005

On est foutus, les mecs....

On n’en peut plus ! C’est trop… nous les machistes, les grandes gueules et les va-de-la-queue-que-j’-me-présente, nous voilà beaux !... Nous sommes au temps des veuves…
La veuve n’a plus la main du mâle en poupe, mais le vent.
Hilary Clinton, par exemple, pas encore veuve, mais presque, du Président brushing… et bien le petit Billy pourra repasser dans l’histoire avec sa Monica, c’est bel et bien sa future veuve qui va postuler la présidence pour effacer tout de suite le Texan gaffeur trop vu. Et qu’est-ce qui pourrait barrer la route aux Démocrates ? La veuve de Dobeliou : Condoleezza-les-gambettes !...
Condi contre Hillary !... Et nous les obsédés de la muscu, qu’est-ce qu’on fait ? Y aura plus qu’à se branler sur Eros-Magazine… belle déchéance.
Les Totor de l’estrade, les Patagons de la vocalise – si on excepte le Pagny – nous n’aurons plus qu’à nous Dirupottiser : promenade deux par deux dans les fourrés et ramassage des châtaignes dans les parcs solitaires et glacés montois. Entre hommes, c’est l’orgueil du macho qui en prend pour dix ans d’humiliation !....
Et pas qu’en Amérique que les veuves passent à l’offensive.
La veuve de Hollande François pas encore dégommé, mais presque au prochain Congrès socialeux, la toute charmante Ségolène la Royale, on la voit bien en noir entourée de ses enfants jeter une rose sur l’ancienne Underwood du bureau de François et se lancer avec sa copine Aubry la Lilloise à la conquête d’une France Jeanned’arcquisée.
Toutes en crêpe noire, ces dames se crêperont le chignon avec les matamores femelles d’en face : une Marine Le Pen en Walkyrie, son petit Siegfried de père sous le bras.
Jusqu’aux belles du Sri Lanka pourtant réputées voilées et silencieuses, la révolte des burkas et des tchadors : le voile met les adjas… Les gros cons derrière les moucharabiehs n’ont plus qu’à se fouetter la guiguite au nom du Seigneur… l’autorité musclée fout le camp.
En principe, les bougresses musulmanes, attendant d’un fakir de mari le coup de la corde raide qui se tient seule bien droite et qui monte, qui monte… c’est foutu. Même aux îles Fidji, je vous demande un peu, la magistrature suprême est exercée par une femme.
Elles laissent faire le ménage par les anciens julots, d’ici à ce qu’elles les maquent dans les poses aux trois huit, y a qu’un pas.
Les veuves d’un jour ou de demain montent aux créneaux. Nous, on les aurait préférées en Amazone, les nibards au vent, pour une dernière vision de rêve avant d’entrer en cuisine pour faire toutes les vaisselles de retard que nous n’avons jamais faites… même pas. Le rêve, l’amour, c’est fini. La position du missionnaire était trop humiliante. Râpés les quatre fers en l’air en attendant le saut de l’ange du Gustave à la carpette, ce sera pour plus tard quand elles voudront bien en sortir de temps en temps un du placard, un beau qui fait pas semblant sur Internet, un de ces athlètes seulement doué pour le tamponnage des wagons, de ces gros gardes-barrière à la belle trompette de veille toute en cuivre et recourbée… intellectuels malingres aux trois poils sur la blanquette s’abstenir.

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Est-ce que le machiste franchouillards bavassant et son collègue friteux belge ne seraient pas en train de remiser leurs boules de pétanque de la prétention trouducustik ?
C’est qu’elles en ont comme nous, les gueuses et pas que d’artifice, de prothèse, de toc.
Je l’ai toujours dit, c’est la Margaret Thatcher qu’a tout foutu en l’air.
Avec son genre mutante et sa batterie de stylo-bille dans le slip, on aurait dû se méfier. Cette tonitruante nous a truandé. Alors, forcément les belles du genre Bénazir Bhutto et les voluptueuses façon Tansu Ciller, même si elles ont vidé les lieux, ont laissé comme un petit parfum que nous ne reconnaissons pas entre nous, les mâles déchus, mais qui appelait à nos meurtres entre amies, des armées de petites nouvelles.
Ah ! nos viandes sont prises de court. On en devient gêné de nos appendices. Certains ont déjà franchi le pas On devine chez nous à des regards et accents déchirants que quelques-uns de nos hommes politiques sont passés à l’acte et sont déjà transsexuels. Les Frères Happart y pensent, tout le Conseil communal de Charleroi, c’est presque fait… Le prix du rognon est à la baisse dans les charcuteries. C’est la débâcle !
On en est à se remémorer certaines panthères qu’ont pas pu sauter les grillages. Isabelita, la troisième épouse de Peron, dont elle a pris la place, veuve authentique, à la mort du Chef, n’a jamais pu reprendre le rôle d’Evita.
Le coup d’Etat des casqués-bottés du coin a eu raison de la veuve !
Les machistes y pensent : un coup d’Etat… mais comme les couilles ont changé de camp, on se prend à douter de l’ancienne force virile.
Et si on bandait plus ?
Qu’elles nous auraient tout pris, jusqu’à nos choses, qu’on finirait chapons à la veille de la grippe aviaire ?
Faut croire qu’elles nous ont jeté un sort !...
J’ai même la trouille de flanquer une beigne en rentrant à celle qui veut encore bien m’héberger, histoire de tâter le terrain.
On peut pas descendre plus bas…

4 novembre 2005

De source sûre.

-Vous êtes l’éditeur de Frédéric Lenoir, le confident de l’abbé Pierre. Dans le livre au titre évocateur « Mon Dieu… pourquoi ? » vous montrez l’abbé jeune, en contradiction avec son vœux de chasteté, courir les prostituées. Pourquoi, vous êtes vous senti autorisé à mettre sur la place publique l’intimité d’un vieil homme ?
-Faut-il caché la vérité aux gens ? Pourquoi la fille d’Albert II et celle de François Mitterrand n’auraient-elles pas été reconnues comme telles, puisque cela est ?
-C’est du voyeurisme !
-Non, c’est de l’information.
-Qu’est-ce que ça rapporte de plus aux gens ?
-A eux, rien. Mais à moi, beaucoup.
-Vous êtes cynique.
-Non. J’ai une femme et des enfants à nourrir.
-Et si les besoins de votre famille augmentaient ?
-J’envisagerais d’autres scoop.
-Par exemple ?
-Benoît XVI a fait partie de la Wermacht ;
-Tout le monde le sait.
-Mais ce qu’on ne sait pas, c’est qu’il aurait pu connaître le docteur Mengele.
-Il l’a connu ?
-Non. Mais il aurait pu.
-Et alors, où est l’info ?
-Elle est dans sa participation à l’aventure du Reich d’Adolphe, donc à sa complicité avec les autres nazis.
-Certes, mais Benoît XVI n’a pas, pour autant, été un tortionnaire d’un camp de concentration.
-Non. Il a peut-être fait pire !
-Je ne vois pas ce qu’il y aurait de pire.
-Il a été incorporé en 45 dans une unité antiaérienne. Il a donc servi une pièce d’artillerie et a tiré sur les avions alliés. Peut-être en a-t-il touché un ? Il serait alors coupable d’avoir tué des aviateurs ?
-Quel rapport avec l’abbé Pierre ?
-Aucun. C’est vous qui m’aviez demandé ce que je ferais pour satisfaire aux besoins croissants de ma famille.
-Est-il besoin d’en ajouter pour cela ? L’actualité est donc si pauvre ?
-Non. Elle est très riche, mais les gens n’en veulent pas.
-Vous en connaissez les raisons ?
-La suspicion est générale. Il est plus facile de parler des défauts ou de la vie secrète de quelqu’un, que des qualités du même..
-La vertu ennuierait-elle ?
-Non. Mais on n’y croit plus. Elle n’est plus crédible. Qu’un abbé Pierre ait eu des aventures, quoi de plus naturel ! Qu’il n’en ait pas eu, voilà qui n’aurait pas été normal.

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-Vous comptez en rester là ?
-Dieu est assez porteur. On a presque tout dit sur Jésus et ses apôtres, jusqu’à nier son existence ou donner à l’apôtre Jean un rapport de fratrie avec le Christ. On va voir. Mahomet est vendable, il a fait les quatre cents coups. Cependant, c’est dans l’actualité que nous allons touiller.
-L’actualité belge ?
-Française d’abord. On brûle des tas de voitures ces temps derniers. Les constructeurs automobiles ne vendent pas beaucoup. Vous voyez le rapport ?
-Vous n’allez pas insinuer qu’ils donnent des bidons d’essence aux jeunes…
-Pas du tout. Mais si je mets les deux informations côte à côte, on fera le rapprochement.
-Et pour la Belgique ?
-Ce serait en collaboration avec un éditeur bruxellois.
-Ce n’est pas difficile. Nous avons une belle brochette d’hommes politiques corrompus.
-L’intérêt n’est pas d’enfoncer une porte ouverte. Mais prendre un citoyen ordinaire et en faire un salaud, voila qui a du ragoût. Assurez le public, comme l’abbé Pierre pour les femmes, qu’il y a quelque part dans une commune des Ardennes un instituteur qui ne sait ni lire ni écrire, c’est sensationnel, et c’est porteur.
-Vous avez votre petite idée ?
-L’illettrisme plaide pour moi. Un autre exemple, Jean-Claude Defossé qui dénonce les magouilles et les projets biscornus, si on lui demandait par quel hasard il est entré à la RTBf et comment il compte faire pour ne pas en sortir à 65 ans, ce serait peut-être intéressant.
-Vous savez que vous êtes ignoble ?
-Pas plus que l’homme public ou l’industriel qui va crier sur tous les toits son honnêteté et qu’on retrouve dans le journal à la rubrique des faits-divers.
-Pas plus, certes, mais conscient de l’être.
-Evidemment. Comme vous, finalement qui allez publier cette interview de sorte que ceux qui la liront loin d’être édifiés et d’en tirer une morale, vont se mettre à réfléchir de travers. Vous en seriez aussi, sinon plus responsable, que moi pour le coup ?

3 novembre 2005

Paris brûle-t-il ?

Les événements de Seine-Saint-Denis à Clichy-sous-Bois sont à la fois des violences en réaction aux forces de police protégeant la propriété bourgeoise et un malaise touchant à l’évolution de la société, de la part de jeunes ne se reconnaissant pas dans les composantes d’un libéralisme amalgamé à la démocratie.
Les faits :
Première nuit d’émeutes
Les échauffourées ont eu lieu après une intervention des pompiers qui portaient secours à trois personnes électrocutées. Deux adolescents de 15 et 17 ans sont décédés. Ils s’étaient réfugiés dans un transformateur pour échapper à la police, intervenue alors qu’une dizaine de jeunes gens auraient tenté de forcer une baraque de chantier. Bilan : une quinzaine de véhicules incendiés.
Les violences continuent :
Dans le quartier du Chêne-Pointu, dans la nuit de vendredi à samedi, environ 400 jeunes affrontent 250 à 300 policiers et gendarmes. Sept policiers sont légèrement blessés à l’issue des échauffourées. Une trentaine de véhicules et dix poubelles sont incendiés.
Cinq cents personnes marchent en silence samedi matin pour rendre hommage aux deux adolescents morts électrocutés. En tête du défilé, une quinzaine de jeunes portent des T-shirts blancs sur lesquels on peut lire d’un côté le nom des disparus, et de l’autre "Mort pour rien".
Une troisième nuit plus calme
Les pompiers décomptent 17 feux de poubelles et quelques véhicules incendiés dans la soirée, mais ne signalent aucune violence.
Cette troisième nuit n’est qu’une accalmie passagère.
Par la suite, la contagion gagne trois départements et les incendies volontaires de voitures se multiplient dans les nuits qui suivent.

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Le gouvernement Villepin est mobilisé. Sarkozy développe un projet. La méthode Sarkozy soulève des controverses, même dans la majorité. Chirac appelle au calme.
Cette insurrection larvée inquiète tous les milieux. Elle n’est ni le résultat d’une petite délinquance, ni d’une criminalité générée par l’oisiveté forcée des jeunes chômeurs et leurs activités de « débrouille ». Elle est la conséquence d’une seule dérive : celle de notre société de consommation, dite démocratique et de plus en plus inégalitaire.
Dans le futur, à moins de gérer cette violence urbaine de protestation par les forces de police, ce qui pourrait anéantir ce qui reste des libertés citoyennes et voir la naissance d’un régime autoritaire, nous glissons insensiblement vers une apocalypse nouvelle purement intérieure de l’Union européenne.
Nous assistons au début d’une désagrégation, d’une décomposition des tissus sociaux, d’une pulvérisation du ciment social et politique.
Dans les années qui viennent, la notion d’exclusion s’élargira de plus en plus, jusqu’à la fin quasiment de la civilisation dite industrielle.
Il s’agit bien ici d’une fracture au niveau des inégalités dues à la mauvaise répartition des fruits de la croissance. Que va-t-il se passer lorsque les pénuries de carburant et de matières premières auront réduit celle-ci à son niveau zéro pour de longues années, sinon pour toujours ?
Nous sommes bien à la fin des années d’euphorie et d’expansion. La persistance des foyers d’exclus démontre que la croissance n’est pas suffisante pour intégrer toute la population dans une relative prospérité générale.
C’est la faillite d’une idéologie et d’un discours.
C’est l’écroulement d’un rêve : celui d’un emploi pour tous.
Les mécanismes d’assistance, largement inspirés des luttes syndicales, ne sont pas parvenus à entamer l’isolement de dizaines de milliers de citoyens, dont beaucoup de jeunes.
Mieux, tous les chiffres indiquent la dérive du système capitaliste vers la société à deux vitesses dont on redoute tant les effets. Les premières mesures gouvernementales qui tendent à restreindre les frais sociaux et faire des économies sur les revenus de substitution, loin d’être efficaces, sont de véritables bombes à retardement.
Les espoirs des libéraux , comme ceux des socialistes se brisent sur une évidence : les bienfaits du développement économique ne s’étendent pas à tous. La production massive des biens ne s’accompagne pas d’une intégration de l’ensemble de la population. Des laissés-pour-compte se comptent par dizaines de mille et sans doute demain, par millions…
Bientôt, dans les remous de l’après pétrole, de nouveaux exclus viendront s’ajouter aux anciens. La croissance zéro va fragiliser de nouveaux groupes.
Dans les groupes que la prospérité va quitter au moindre reflux de l’économie, des gens modestes glisseront dans la misère, des gens prospères dans une médiocrité dont ils n’ont pas idée.
Les nouveaux pauvres s’ajouteront aux anciens. Des situations comparables à celle de la Seine-Saint-Denis pourraient déborder la police au point de créer un climat insurrectionnel général. La tentation des riches libéraux serait de faire proclamer la loi martiale. Pour défendre leurs privilèges, les milieux de la finance trouveraient aisément un appui chez les libéraux et même les socialistes, comme cela s’est vu lors des grèves de 60-61 en Belgique.
Devant la vraisemblance de ses sombres perspectives, ne conviendrait-il pas de revoir le système économique libéral ?
Est-il encore temps ?

2 novembre 2005

Condamnation populaire.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité de ses 15 membres une résolution sommant la Syrie de coopérer à l’enquête sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.
C’est de l’obstination, enfin !...
Tout le monde sait que ce sont les Services secrets syriens qui ont assassiné Hariri et voilà l’ONU qui demande aux assassins de coopérer à la recherche des coupables !
La diplomatie internationale est un animal étrange. Ce n’est pas rassembler des preuves pour être convaincue qui l’intéresse, mais rallier le plus grand nombre de gens persuadés que c’est la Syrie qui est dans le coup…
La Loi internationale a élaboré une justice qui n’instrumente pas à charge et à décharge, mais fonctionne sur la conviction d’une sorte de jury de l’opinion publique.
Ainsi Socrate a-t-il été jugé à Athènes.
Est-ce pour autant que la Syrie ne soit pas coupable ?
Les preuves d’un complot sont déjà suffisantes pour envoyer n’importe qui aux Assises, dans une situation normale.
Dans les cas de graves suspicions, les assassins la jouent en douceur et profession de foi d’innocence. C’est le cas de la presse officielle syrienne qui dit la volonté de la Syrie de coopérer à la commission d’enquête de l’ONU.
Une dictature obligée de rendre des comptes aux autres Etats est un fait nouveau dans l’histoire contemporaine.
Avant la décennie, les assassins au pouvoir exerçaient leurs mandats en toute quiétude, dès lors qu’ils satisfaisaient aux règles du commerce et laissaient aux grandes compagnies le soin d’exploiter le sol et les gens.
Bien sûr, les exactions étaient sanctionnées en privé, lors des visites des dictateurs dans les démocraties ou les appels à la prudence des chancelleries, mais on laissait un Mobutu terminer sa carrière. Aujourd’hui, après la chasse aux Talibans en Afghanistan et l’intervention américaine en Irak, les dictatures sont devenues des objectifs à seule fin d’étendre malgré elles la démocratie à leurs peuples.
La Belgique a trébuché la première dans le burlesque de sa loi de compétence universelle qui, dès lors qu’elle en excepte les gros poissons et les chefs d’Etat en place, n’est plus qu’une parodie de justice qui ne se déploie pas de la même manière selon que l’on soit puissant ou misérable.
C’est une loi dont l’application ambiguë consacre sa part d’ombre à l’iniquité.
C’est ainsi que l’on se garderait bien d’attraire les responsables chinois à ce tribunal.
Certains voient en Bush un dictateur, mais personne n’imaginerait lancer contre lui un mandat d’arrêt international.
Reste donc les petits poissons.
Sadam Hussein l’a appris à ses dépens. Bachar el-Assad, s’il ne manœuvre pas au plus fin, se verrait bien contraint de mettre prochainement un genou en terre, quant à l’Iran, on hésite, c’est un poisson plus gros et ce ne serait pas une promenade de santé que d’aller tirer la barbe aux barbus de Téhéran.

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Ce qui est gênant dans l’implication de la Syrie dans l’assassinat de Hariri, c’est qu’une intervention ferait le bonheur de l’Etat d’Israël, qui sous couvert de démocratie, poursuit une politique dictatoriale en Palestine avec à sa tête un « voyou » du genre de Bachar el-Assad et que liquider l’un, renforcerait l’autre dans l’unilatéralité de sa politique.
C’est qu’un dictateur peut en cacher un autre et que les critères pour les démasquer profitent trop à certains, pour ne pas suspecter l’honnêteté des juges, au point de faire partie ouvertement de l’autre camp.
On aurait pu croire que puisque le monde est devenu un village, il serait plus facile d’y établir une paix véritable.
Ce à quoi aboutissent les conjonctions identiques n’est finalement qu’une vaste querelle entre voisins suspicieux, dans des mitoyennetés discutables et dont la plupart sont dans des contentieux depuis tellement d’années que plus personne ne s’y retrouve.
Le monde livré aux avocats et aux plaideurs ?
Si c’est le cas, et comme la justice est toujours du côté du manche, la chute des roitelets terroristes ne pourrait que renforcer la puissance des grands despotes.
On se demande si c’est mieux !

1 novembre 2005

Formulaire.

-T’as fait ton contrat ?
-J’attends le formulaire du Gouvernement.
-Pourquoi, t’as besoin de formulaire ?
-Pour faire les choses en règle, j’ai dit à mes vieux, on va faire un contrat de solidarité entre nos générations.
-C’est mieux. Ainsi, pas de problème…
-Tu sais qu’ils m’on fait la gueule ?
-Et moi, donc ! Si t’avais vu la tête de ma mère… Mais moi, je l’ai fait sur papier libre.
-C’est valable aussi ?
-Oui, tu envoies le double à Vande Lanotte.
-Tu n’as pas fait trop de concessions au moins ?
-Juste le nécessaire : 6 bouteilles de Chaudfontaine tous les mois après leur entrée au home.
-Comment, ils ne sont pas encore au home ?
-Non, ils s’accrochent à leur villa du Sart-Tilman.
-Si bien que tu ne sais pas encore l’occuper !
-C’est ça. Je vis avec ma femme et mes deux filles tout bêtement dans 180 m², avenue Rogier et eux, dans une villa qui ne leur convient plus, font dans les 300 m² !.
-Ils sont égoïstes tout de même ! Et leur piscine chauffée ?
-Que tu veux qu’ils fichent de la piscine ? Avec la Parkinson on dirait deux hors-bord !
-Tu ne trouves pas que plus ils vieillissent plus ils deviennent difficiles ?
-Oui, ce sont toujours les jeunes qui doivent attendre qu’ils se décident pour le home.
-Tu n’as pas pris celui de Beaufays ?
-Beaucoup trop cher.
-Tu ne vas pas me dire que tu les as inscrits sur la liste d’attende du CPAS ?
-Justement.
-C’est comme les miens.
-Avec les revenus qu’ils ont ?
-Ils n’ont plus de revenus.
-Comment, ils n’ont plus de revenus ?
- Non. Tout est réglé. Voilà 5 ans qu’ils m’ont cédé les parts de l’usine.
-Ils vont te faire un procès !
-Non. Je les tiens par les preuves des fausses déclarations aux impôts qu’ils ont faites et tout le travail en noir avec lequel ils ont amassé une fortune.
-T’as de la chance. T’as bien conduit ta barque.
-Tu penses. Ah ! ils veulent des contrats de solidarité ! Eh bien ! ils en auront.
- Surtout que les informations erronées sur le contenu du pacte de solidarité entre les générations, ne sont pas faites pour éclaircir les choses.
-Il a raison, le nouveau président de la SPA…
-Oui, Vande Lanotte depuis qu’il dirige la Société Protectrice des Animaux a gagné en humanité.

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-En résumé, pour l’ancien vice-premier ministre, il ne convient pas de dire que l’âge de la pension est porté à 60 ans. "Verhofstadt aurait mieux fait de se taire (...). Sans doute une forfanterie libérale"…. Des mots qui nous éloignent du sujet.
-Oui. Avant de placer les jeunes, il faut placer les vieux.
-C’est une question de bon sens.
-On ne peut tout de même pas les abandonner. Alors, il faut trouver un refuge.
-Dans un local exigu, mais décent.
-Adapté et propre.
-Où les gens qui les reçoivent leur apprennent à bien mourir.
-…dans le silence et la dignité surtout !
-Le silence… un rêve avec les miens si braillards !
-Si nous allons au bon marché, c’est pour ne pas qu’ils croient que nous faisons des sacrifices. Ils ont eu une famille, ils savent ce que c’est.
-On n’en a rien à foutre des déclarations. Ce qu’il nous faut, c’est une solidarité minimum. Nous avons des enfants. Nous devons penser à eux, comme nos vieux ont pensé à nous… C’est ça, la chaîne de solidarité…
-Verhofstadt est bien d’accord.
-Tu sais qu’il va placer ses vieux ?
-Lui aussi ?
-Pas ceux de sa famille… ceux de son gouvernement.
-Qu’est-ce qu’il compte faire ?
-Il cherche un home pour Laurette Onkelinx.
-Si elle n’est pas incontinente, il y a moyen de la caser. A Schaerbeek, c’est très bien !
-Ses vieux comme mes vieux, à Verhofstadt, sont devenus tellement difficiles !...
-La crise est générale.
-Le chien Bobby, de tes vieux, tu le reprends chez toi ?
-Tu es fou ! dans un appartement… Non, je l’ai fait piquer la semaine dernière. C’était prévu dans le contrat de solidarité.
-Tu me fais penser que les miens en ont un aussi.
-Je te dis réclame un formulaire. C’est mieux.