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Simulacre et partage du pouvoir

Il n’y a pas qu’Habermas dans sa critique du positivisme (illusion objectiviste des sciences » qui doute de la rationalité des interventions de l’Etat moderne dans sa « scientification de la politique » et de la « politisation de la science », à cela s’ajoute en France « politisation de l’Histoire » avec la nouvelle mouture de présentation du colonialisme.
C’est qu’ayant de moins en moins de prise sur les décisions qui touchent à l’économie et qui concernent à peu près tous les citoyens, les responsables ont tendance à compenser cette faiblesse par un regain d’autoritarisme dans toutes les autres branches d’activité.
En réalité, à gauche comme à droite, chacun prend conscience de la dérive.
Du néo-libéralisme à la social-démocratie, on ne saurait dire quelles sont les limites des compétences de l’Etat moderne dans son fonctionnement habituel.
A-t-il raison de prendre en charge la santé des gens en taxant les fumeurs afin de décourager la partie des citoyens la plus pauvre d’acheter des cigarettes hyper-taxées ? N’est-ce pas là une sollicitude suspecte ? Alors, qu’il est en droit d’interdire de fumer dans des lieux publics afin de respecter le choix des non-fumeurs.
S’il s’agit de la santé de tous les citoyens, que compte-t-il faire pour dissuader les riches de fumer ?
Sinon, un Etat qui prend en charge tout le sanitaire, que ne limite-t-il pas aussi la vente de l’alcool par une augmentation prodigieuse des accises ? Réservant ainsi, une fois de plus, le droit de fumer, de boire et, pourquoi pas, de rouler en voiture aux seuls riches du royaume ?
On voit comme la démocratie deviendrait facilement ingouvernable, enfin par les citoyens d’en bas, ce qui pourrait déjà se démontrer dès à présent.
L’Etat en fait trop dans tous les domaines, enfin dans ceux qu’il estime propres à préserver les acquis en augmentant son arsenal de mesures sécuritaires et qui n’ont d’autre but que de garantir les structures actuelles avec les emplois des mandataires y afférents, ceux qui touchent à la santé des citoyens, parce qu’il faut bien un exutoire à son impuissance à contrôler le pouvoir économique et enfin à la rentabilité du système, très dépensier et généreux pour son élite et qu’il faut rémunérer par des taxes et autres rentrées, d’autant plus lourdes que les revenus de ses dignitaires sont élevés.
Derrière l’arsenal de mesures et de Lois sans cesse en augmentation, on retrouve l’idée que l’extension de ses domaines rend l’Etat aussi dépendant des particuliers qu’il l’est du pouvoir économique, cosmopolite et intouchable. En même temps que ceux qui sont assaillis, souvent abasourdis par des Lois fusant en tous sens, se dépolitisent et affichent ouvertement un désintérêt pour la chose publique.

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Il y aurait à réfléchir, par exemple, sur certaines Lois qui se superposent et s’entremêlent dans le domaine du racisme, allant de la pénalisation de la simple injure, aux propos violents du Vlaams belang, comme étant propres, justement à favoriser la haine raciale et le refoulement des extrémismes, en laissant dans les coins honteux de la conscience, ce que certains ont sur le cœur, qu’une prise de parole rétablirait, peut-être, dans une plus juste et moins haineuse appréciation des choses ?
L’impératif de la sécurité des citoyens masque l’impératif de la sécurité nationale. C’est au travers de la première qu’impunément s’alourdissent les budgets de la Justice et de la Police au bénéfice de la seconde, de telle sorte qu’il sera demain impossible à une formation politique majoritaire de changer quoi que ce soit, sans l’assentiment des juges et des policiers.
On verra dans les années prochaines les budgets de ces deux pouvoirs prendre une telle dimension qu’il faudra bien en déduire une partie des budgets de l’enseignement et de ceux des couvertures sociales. C’est déjà le cas aujourd’hui, dans la présentation en équilibre du budget de Reynders.
Les décisions importantes sont prises par des voies et procédures et dans des structures administratives très éloignées du citoyen.
Ce qui est en jeu, c’est le contrôle par les citoyens du politique en autonomie croissante dans une société où il est facile d’échapper au contrôle et à la responsabilité par une fuite calculée mettant en cause d’autres pouvoirs, comme l’Europe, la mondialisation de l’économie, voire l’ONU.
La seule et dernière grande manifestation du pouvoir citoyen fut l’enquête publique sur les dysfonctionnements de la justice et de la police, à la suite du fiasco de l’enquête dans l’affaire Dutroux. Suivie par des millions de citoyens, qu’on se le dise au fond des chaumières, cette belle leçon de démocratie ne se reproduira plus.
Nous y avions trop à gagner et les gens de pouvoir trop à perdre.

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