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Echec passager ou chant du cygne ?

La question est insidieuse.
Le monde officiel occidental est apparemment convaincu : c’est un faux pas provisoire. L’opinion ordinaire, si elle ne se prononce pas, commence à douter…
Mais de quoi ? Faux pas du système économique actuel, pardi !...
Disons le franchement, sans parler de l’apocalypse, les travailleurs vivent un échec !
C’est un échec parce que l’économie est incapable de maintenir le niveau de vie de tous de façon équitable, de sorte qu’il n’y ait pas de salarié largué ou de cadre surpayé, de capitaux rentabilisés bien plus que le travail ; mais encore, elle est incapable de résoudre le problème du chômage.
Cette constatation que tout le monde peut faire – et pas que sur six mois, mais sur plus de vingt ans de statistique – cette société ne sait pas et ne veut pas la faire ; les politiciens parce qu’ils naviguent à court terme et que ce sont des marchands de bonheur imaginaire, les industriels parce qu’ils redoutent d’échanger leur statut de privilégié contre celui du mauvais élève en bonnet d’âne.
Le tout commerce est une dérive. La liberté commerciale un frein à la liberté des individus. Le système bancaire une escroquerie. La mondialisation une monstruosité. Bref, c’est la cata !
Plutôt que de dénoncer l’impasse comme un fait, le monde navigue à vue et feint de découvrir tous les jours les effets pernicieux de l’économie libérale, mais sans jamais pousser plus loin un raisonnement simple qui consisterait à reconnaître l’échec.
Puisque l’hypocrisie est générale, alors, qu’on n’est pas encore descendu au fond du trou, on se demande ce que demain les supporters de l’échec vont bien pouvoir trouver pour faire croire que cet échec est de bon augure pour les redressements et les triomphes futurs.
Après les bureaux pour l’emploi, tous abîmés dans des arguties où triomphe la capacité de l’Administration à mentir aux demandeurs d’emploi ; le législateur à défaut de s’en prendre aux causes, s’en prend aux effets ; l’industriel ronronne de plaisir dès lors qu’il a des esclaves pas chers à sa botte ; il ne restait que le chômeur à convaincre de son immoralité. C’est fait.
Dans une société maboule, cette dernière résistance est tombée. Manipulé par Arena, Reynders, Milquet et Di Rupo le dossier prend l‘aspect d’un réquisitoire contre l’oisif dépendant social. Qui est la victime type actuelle ? Le chômeur, coupable désigné.

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On a fait le tour.
Cependant, on n’a rien réglé. Tout problème a sa question, si j’entends Socrate expliqué par Platon.
Or cette question, on n’a garde de l’examiner, car elle consisterait à se demander si le concept qui en découle répond à trois critères.
1. Un progrès constant et équilibré entre les citoyens ;
2. La résorption d’un chômage massif pour l’amener à un chômage de moins de 5 % ;
3. Une prévision à long terme des denrées et matières premières, afin de prévoir suffisamment à l’avance les évolutions des marchés pour en atténuer les effets sur la population.
Resterait la question politique.
Elle est majeure.
Tant que les politiques seront à la remorque du système libéral, nous serons obligés d’en supporter les conséquences. Comment a-t-on pu croire qu’on pouvait concilier un concept de liberté, à une délégation de pouvoirs ? Nous déléguons nos pouvoirs à des politiques qui délèguent ensuite les pouvoirs qu’ils ont reçu de nous au pouvoir économique !
C’est le cas, quand par un insidieux amalgame, on associe société libérale et démocratie.
Marx s’est moqué des « robinsonnades des deux compères du libéralisme, Locke et Hobbes. Il aurait pu y associer Tocqueville, si cher au MR.
Hegel était sévère, mais juste, à propos des penseurs qui supposaient qu’avant la société, il y avait des hommes seuls. L’homme à l’état de nature est une fantaisie historique. Dès que l’homme apparaît, il y a société avec ce que cela suppose de règles, d’interdits, d’organisation sociale et de recommandations expresses.
Wilhem Reich se dit surpris non pas que les hommes obéissent, mais qu’ils ne désobéissent pas plus.
Et c’est à cause de cette pénurie de désobéissance, que s’arrêtera bientôt l’expérience capitaliste en tant qu’essai de civilisation humaniste. Si les hommes continuent à obéir à un système qui les condamne par milliards à l’état de bête, il n’y a vraiment rien d’autre à faire qu’à attendre le désastre.

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