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Les partis dans l’embarras.

Gros QI et nos professionnels de la politique devraient se méfier. A force de sourire en parlant de leur carrière, comme si la politique n’était qu’un métier lucratif comme les autres, ils donnent l’image parfaite de gens heureux, survolant un pays dont la situation ne l’est guère, enfin pour les citoyens qui ne sont pas de l’establishment.
Ils vont finir par nous excéder.
Ils n’ont aucun doute, alors que nous en avons tant.
Ils sont, comme le déclarait Gros QI pour la situation à Charleroi, hyper sereins !
L’homme de la rue, plus censé qu’il ne paraît, se demande quand on l’interroge, bien qu’il réfléchisse avant de répondre, s’il ne risque pas de dire une sottise.
L’homme politique, hélas ! ne doute jamais. Il ne prend une mine catastrophée que lorsqu’on l’interroge sur des événements tragiques. En jargon du métier, cela s’appelle prendre une gueule de circonstance. Le remet-on sur le programme de son parti, sur l’actualité de ses « troupes » ?... et voilà que son visage s’illumine.
Le sérieux de la vie sociale à laquelle il participe plus que nous, puisqu’il est un acteur et nous des spectateurs, n’entame pas son optimisme.
Il ne touche jamais le fond.
Les meilleures idées du monde associées aux plus noires lui font supposer que l’on peut tout dire. Puisque le doute ne l’effleure jamais, il lui suffit d’affirmer.
-Où en est-on du plan Marshall ?
Il répond que cela suit son cours de la même manière que les 200.000 emplois de Verhofstadt le suivaient.
Pour Charleroi, on a la réponse, Gros QI est hyper serein. Juste quelques petites choses à voir, quand le bourgmestre aura le temps.
Les sottises deviennent-elles accablantes ? Le voilà qui fait profession de savoir. Il a fait des études pour cela. Il prend la chose de haut. Aurions-nous le front de contester sa capacité ? C’est comme si nous le croyions sans diplôme, à égalité avec les gens de la rue !...
Il veut bien être populaire, se pencher sur les voiturettes d’infirme, tapoter les joues des vieillards et des enfants, à condition d’être apprécié, toujours au centre du champ de la caméra. Les visages des malheureux qu’il soulage de sa présence doivent refléter une extase amoureuse.
La vie deviendrait impossible s’il fallait déchanter et affirmer que les millions d’euros que le système pompe généreusement sur ceux qui gagnent le moins en Belgique n’étaient pas utilisés à bon escient.
Gros QI et les autres n’éprouvent pas le besoin de se remettre en question.
Et cette bienveillance bonasse avec laquelle ils se considèrent, ils la reportent sur leurs partisans.
C’est fort commode.

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Les subalternes se chargeront de faire payer le scepticisme de ceux qui ne sont pas de l’avis de l’homme supérieur. Pas lui, qui jouera à la limite le rôle de conciliateur dans les situations que sa propre incurie, sa lâcheté et le désordre dans lesquels vogue son esprit, ont créées.
Ce qui est admirable, c’est la manière princière avec laquelle il écarte tout jugement aléatoire, comme si « le doute supérieur ne planait jamais sur toute spéculation » (Malebranche).
Loin de s’inquiéter comme va le monde et, dans la dérive, de ce que devient le sort des belges, il gère au jour le jour un pays comme on gère une entreprise, c’est-à-dire qu’il s’octroie d’abord un bon salaire, avant de penser à organiser le travail.
Sa bonté apparente qui n’est qu’un égoïsme à peine dissimulé, Nietzsche la trouvait fort proche de la bêtise.
Car, enfin, comment douter que le pot aux roses ne soit un jour découvert et que les mauvaise gestions ou pire les détournements et les largesses réservées à sa famille ne soient jamais dévoilées ?
On a vu à la veille de passer la nuit au poste comme les importants attendent encore de la part de ceux qu’ils administrent des louanges, voire des éloges !
Et plus leurs affaires sentent la Correctionnelle, plus il est nécessaire pour leur ego d’entendre la foule les acclamer, leur bureau les plébisciter et leur conseil d’administration leur réitérer sa confiance !
La difficulté, de l’homme politique qui tombe, tient dans l’affirmation qu’il a toujours excipée, de sa bonne foi en tout. Qu’on l’ait abusé, c’est évident. Mais, ce faisant, il accrédite chez les sceptiques l’opinion qu’il n’est pas des plus intelligents, que c’est un naïf, etc. Aussi, doit-il rassurer ceux qui lui sont reconnaissants d’avoir magouillé et tourné les lois pour eux, en même temps qu’il doit crier son innocence sur tous les toits.
Comme a écrit Flaubert dans une lettre à son ami Louis Bouillet : « La bêtise consiste à vouloir conclure ». Et c’est en cela que nos brillantissimes sont des sots.
Ils veulent finalement garder ce qu’ils ont volé à la collectivité, recevoir un quitus faute de preuves des juges et triompher aux élections suivantes.
C’est beaucoup !

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