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Concentration et frustration.

Est-ce un truisme de déclarer que la cité est une invention humaine ?
Oui. Et pourtant ce qui va de soi n’est pas évident pour tout le monde.
Cette grande concentration d’humains que représente la ville si elle se voit aussi chez d’autres espèces semble être maîtrisée partout ailleurs que chez l’homme. Le problème de la régulation numérique, par exemple. Les ruches à l’état naturel, les nids de fourmis et les termitières semblent parfaitement s’autoréguler, quittent à ce qu’une partie de la population émigre pour fonder ailleurs une nouvelle colonie. Cependant, ce sont avec les structures hiérarchiques et selon un ordre bien établi que s’accomplissent les « déménagements », si bien que c’est presque toujours avec succès.
On est effrayé de l’expansion démentielle de certaines villes comme Mexico, Bombay ou Kinshasa. Dans tous les cas, les nouveaux arrivés sont rejetés à la périphérie sur des terrains de fortune pour y vivre dans des formes extrêmes de précarité. Si bien que les conditions sanitaires et les dangers de la pollution ne se limitent pas à ces nouveaux quartiers mais dégradent l’ensemble de la ville, mettant en danger la santé et le bien-être de toute la population.
Il y a dans la concentration urbaine quelque chose d’imprévu et qui ne se compare à rien ; car la termitière est tributaire des lois biologiques et génétiques.
Nous n’avons par conséquent aucun exemple naturel de notre expansion sur des points géographiques précis et si nous pouvons vivre dans nos villes comme des insectes sociaux, en tant que vertébrés nous ne sommes pas génétiquement propres à cette concentration.
Le malaise actuel mondial n’est pas seulement dû à l’antagonisme des religions, des nationalités et des pouvoirs économiques contradictoires et égoïstes, mais aussi à cette modification profonde de notre mode de vie dans des grands ensembles, alors que nos origines sont autres dans des groupes beaucoup plus restreints et en contact permanent avec une nature presque complètement éliminée dans des villes de grande concentration d’individus.

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Les haines, les luttes de pouvoir naissent dans les bidonvilles, pour envahir l’ensemble des cités où plus que jamais se confirme que l’homme est un loup pour l’homme, dès lors qu’il oublie ses origines dans une manière de vivre qui n’est pas la sienne.
Nous contrarions la nature par des concentrations de pollution, nous modifions les climats, nous changeons la nature de nos relations, bref nous apprenons à vivre autrement en un si court laps de temps que nous ne pouvons qu’aller à l’échec.
Nous sommes menacés par l’environnement urbain que notre hubris a créé.
Sans référence, parce que sans exemple d’une vie quasiment concentrationnaire avec ses nouvelles règles et par conséquent ses nouvelles contraintes, l’homme « moderne » s’efforce, tant bien que mal, d’atténuer l’effet des changements par une « ristourne » des richesses produites aux plus démunis, sans y parvenir vraiment.
Alors que le groupe devrait assurer à tous ses membres inégaux une chance égale de développement, il se contente d’une simulation de justice égalitaire qui ne fait que renforcer les rancoeurs et les haines.
La Belgique comme tous ses autres partenaires européens développe ainsi une forme nouvelle de vie dont on voit bien ses limites, sans pour autant être capable de freiner cette concentration insensée des individus, tant par la limitation des naissances que par l’afflux des personnes des confins ne possédant pas la même culture et dont justement la principale protection est dans le nombre d’enfants !
On peut se référer à de nombreuses études sur les conséquences violentes produites par une forte densité de population.
On a observé chez des primates un type de comportement identique conséquence directe du surpeuplement.
L’impression d’une violence urbaine accrue n’est pas fausse.
Si les statistiques s’équilibrent sur des périodes avant et après les concentrations urbaines, c’est qu’elles ont été faites globalement, villes et champs. Autrement dit, l’accroissement significatif des délits et agressions des villes est compensé par l’ensemble plus pacifique des petites entités des campagnes.
On agresse plus facilement à Bruxelles qu’à Houffalize. On dégrade l’environnement plus souvent à Liège qu’à Comblain-au-Pont.
Non pas que les gens y soient plus respectueux des autres et de l’environnement qu’en ville, mais parce que plus près de leur milieu naturel que chaussée d’Ixelles, ils sont moins stressés et donc moins agressifs.
Comment dégraisser les grandes villes ? Ce n’est pas en dynamitant les bidonvilles et en « relogeant » les exclus que l’on y arrivera ; mais en persuadant les jeunes qu’ils auront une meilleure façon de vivre dans des petites unités que dans des grandes. Encore que, cette évidence ne soit pas inscrite dans les priorités de la politique actuelle.

Commentaires

Je pense qu’on peut même élargir la réflexion. Jusqu’où l’homme peut-il accepter une vie de plus en plus artificielle et déconnectée de son environnement naturel ? Freud, dans « Malaise dans la Civilisation », disait que cette dernière correspond à une névrose, nonobstant les « progrès » scientifiques et techniques enregistrés. On a dit de lui et de Schopenhauer qu’ils étaient pessimistes. Et s’ils étaient simplement lucides, ce qui n’exclut pas de savourer la vie de tous les jours ? Les plus dangereux ne sont-ils pas les optimistes qui refusent de voir la réalité en face, qui croient toujours que tout finira par s’arranger, que l’homme est bon par nature, … ? Nous sommes entourés de bidules informatiques de plus en plus sophistiqués dont nous ignorons le plus souvent les modes de fonctionnement. Notre cadre de vie devient de plus en plus virtuel. C’est pourquoi j’apprécie l’école de la « Pleine Conscience » qui nous propose d’être attentif à chacun de nos actes et mouvements de la vie quotidienne, de voir le nuage dans l’eau qui sert à faire notre café, la vache et l’herbage dans le lait que nous y versons, … !

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