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Les croissants chauds.

On en entend tous les jours du chômage, son origine, sa persistance, sa résorption, tellement que l’on se croit au fait et gavé d’informations.
Nos hommes politiques en ont fait leur cheval de bataille.
On a vu s’y atteler tous les cadors du libéralisme au socialisme. Et pour quel résultat ?
On en est arrivé au point qu’un ministre, selon que la conjoncture soit favorable ou non dans le domaine de l’emploi, verra sa cote de popularité monter ou descendre, sans qu’il y soit pour grand-chose.
Première ânerie dite à longueur d’année par les économistes et nos responsables : la croissance serait trop basse pour réduire le chômage. En dessous de 2 % l’an, on perd des emplois et pour en gagner, il faudrait une croissance de 3 % au moins !
En vérité rien ne justifie une pareille affirmation. Historiquement, il a existé des sociétés de plein emploi totalement immobiles. Le Japon pendant longtemps en fut un exemple. Et si l’on veut bien passer sur d’autres aspects plus négatifs des systèmes totalitaires communistes en Europe, jusqu’à la fin de l’URSS, il existait très peu de chômages dans les Pays de l’Est.
Si le taux de croissance fait gagner des emplois, par les progrès techniques qu’il entraîne, il en fait perdre aussi.
Nous sommes attachés à une logique de perdant et de gagnant. A vous d’être dans cette dernière catégorie. Si vous ne le pouvez pas, n’en attribuez la malchance qu’à vous-même. Ne sortent de ce dilemme que les sociétés très solidaires ou très individualistes. La Belgique comme d’autres pays d’Europe navigue d’un bord à l’autre, sans savoir quel parti définitif il faut prendre. On voit le résultat : la montée du chômage.
Car enfin, les demi-mesures, les aides, les remises au travail et les sanctions promises en cas d’échec, qu’est-ce que c’est, sinon un accompagnement mou d’un système dont on redoute les effets sur les citoyens, non pas parce qu’ils s’y sentent mal, mais parce qu’aux abois, le peuple devient redoutable et aspire à son autogestion. Voyez-vous « une marche blanche » des chômeurs de Belgique réunis à Bruxelles. Y aurait-il une force de police capable de l’arrêter ? Alors, on verrait tout de suite les responsables aller dans le sens d’un véritable socialisme, quitte le lendemain, la fièvre tombée, à retomber dans les ronrons du quotidien.
Si l‘on veut obéir à la logique socialiste, il faut donc prendre des mesures d’une solidarité évidente, à commencer par renverser la tendance actuelle à pousser les gens à faire n’importe quoi à n’importe quel salaire.
A moins de vingt ans d’une pénurie gravissime des carburants, ne serait-il pas temps de se demander où cette volonté de croissance va nous mener ? Certainement pas au plein emploi, mais au contraire à des catastrophes qu’en comparaison, la crise de 1929 serait une plaisanterie.
Mais non, les discours restent les mêmes dans l’axe très libéral d’une économie en expansion continue qui n’a que le mérite d’allèger les dettes de l’Etat. C’est-à-dire exonère la responsabilité de l’Haut-lieu en accablant d’un excès de taxe et de TVA, les petites gens.
Aristote déjà n’assignait pas une autre place au progrès technique que celle d’abolir le travail des esclaves. 2500 ans plus tard, Alfred Sauvy ne dit pas autre chose.
Le progrès technique symbolisé par la machine ne détruit-il pas plus d’emplois qu’il n’en crée?

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Des temps modernes, on se souvient des débuts des luttes ouvrières et de la « Révolte des canuts de Lyon ». Toute l’histoire du progrès technique cohabite avec la richesse qu’elle produit et la misère qu’elle engendre.
La question n’est pas de revenir en arrière pour réutiliser les bras devenus inutiles ; mais, tout simplement de savoir les raisons qui font que la Société est incapable à proposer des emplois convenables à ceux qui sont largués et surtout de faire bénéficier l’ensemble de la population du progrès techniques, à commencer par ceux qui sont privés de leur travail grâce ou à cause de la machine ou de la nouvelle technique ?
C’est Sismondi, bien avant Keynes, c’est-à-dire dès la première moitié du XIXme siècle qui répond le mieux à cette question : « Du fait de leur licenciement, la consommation des ouvriers diminuera et, par suite, leur demande. De ce fait les machines sont néfastes, sauf si leur introduction est précédée d’un accroissement des revenus, et, par suite, d’une possibilité nouvelle pour les ouvriers remplacés ». (1)
En fait de possibilité nouvelle, on culpabilise le chômeur et on lui prêche la mobilité et les prospectives accompagnées pour une autre voie incertaine, avec au bout la culpabilité de l’échec.
C’est que les possibilités nouvelles ne sont pas créées et, au fur et à mesure de la disparition de l’énergie fossile les chances de l’être s’amenuiseront davantage.
Ne nous cassons pas la tête, le système actuel restera sourd jusqu’au bout aux cris de détresse des gens, comme nos dirigeants, du reste.
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1. Sismondi ; Nouveaux principes d’économie politique, ou de la richesse dans les rapports à la population.

Commentaires

Thanks for all the effort spent in making this fabulous blog ! ok,nice one

c'est vraiment très intéressant..........:)

Very nice information. Keep sharing.

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