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Le code des bonnes pratiques.

Surtout côté admirateurs, inconditionnels du socialisme-libéral, on va dire que j’exagère, que je n’en ai que contre les rosés. D’autres, davantage chevaleresques, iront jusqu’à dire que mon insistance relève de la faute de goût, et qu’on ne tire pas sur une ambulance.
C’est vrai, ça devient une antienne, moins grave que l’affaire Cools, il n’y a pas encore mort d’homme à Charleroi, à Namur, à Schaerbeek et ailleurs… mais une antienne quand même et à la fin, tellement gonflée de mots, que le citoyen s’assoupit le nez dans les gazettes…
Ce n’est quand même pas la faute du public, de votre malheureux serviteur et de toute la masse des honnêtes gens qui ont voté socialiste, les faux en écriture, les faux et usage de faux les concussions, les prévarications. Ce n’est pas inventé, tout de même, les dernières péripéties toutes fraîches qui finissent en scoops… J’irai même plus loin, ce n’est pas non plus la faute de la majeure partie des élus communaux socialistes, groggy, hébétés, qui se doutaient bien, pour certains, qui ne savaient rien pour la plupart, qu’il se passait des choses.
Comme s’il ne se passait pas des choses dans les autres partis, par exemple… même au gouvernement où Reynders a de la chance qu’on a d’autres chats à fouetter que de retourner les budgets mal ficelés, les sommes comptabilisées à tort, et que ce ministère pourraient être mieux géré, par un ministre moins brouillon, etc.
Malgré tout, on y revient au gâchis socialiste, par l’actualité et l’urgence… les maladresses aussi.
Réunis à Mons ce lundi sous la baguette du maître, les chefs se déclarent abusés. Abusés par les discours trompeurs, les envolées « des honnêtes gens inculpés injustement », à tel point que dimanche encore, Van Cau et les siens protestaient avec fermeté de la légèreté avec laquelle les magistrats instructeurs envoient les accusés en préventive.
Lundi, changement de décors : on a été trompé !
Et l’électeur, donc ?
On a encore en mémoire « le Code de la bonne pratique » que le PS diffusait à la veille des élections communales. Il y a moins d’un mois !...

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Enfin, on les pensait transformés nos rosés, résolument engagés sur la voie de la démocratie, de la bonne pratique en rayons, en caisses de douze, que dis-je, une grosse (12 douzaines) de bonnes pratiques, à la disposition de tous, mains sur le cœur et livre ouvert, évoquant les maladresses du passé de gens honnêtes « coupables » d’erreurs de gestion, loin des abominables forfaits qu’une droite monstrueuse leur prêtait.
Eh bien non ! On se trompait.
C’est que l’ancien pauvre est plus fragile que le riche troisième génération. Nos élus socialistes ne sont pas tous des avocats issus d’anciennes familles d’avocats, des gentilshommes émoulus des universités où le père fondateur enseignait déjà, comme on le voit encore, chapeau melon et barbe en pointe, dans le cabinet du recteur, pendu dans son cadre ovale seulement caressé par le plumeau de la femme d’ouvrage 2 fois l’an.
Non. Les partis de gauche, même si le PS libéral à des rêves bourgeois depuis qu’il touche à l’argent et au pouvoir, les partis de gauche sont les refuges de gens issus de classes moins riches. Les syndicats, c’est pareil. C’est même encore plus flagrant. Les permanents viennent d’encore plus bas, de familles encore plus misérables. Ce n’est pas une honte, non, au contraire, s’élever de rien, c’est mieux que de rester au niveau de son grand-père, même qu’au regard des ancêtres, certains des petits fils qui plastronnent aujourd’hui ne se sont jamais donnés que la peine de naître.
Ces gens brusquement sortis de la médiocrité, voire de la gêne, se voient soudain à la tête de revenus qu’ils n’auraient jamais espérés d’une vie de travail honnête. Et en même temps qu’ils découvrent cela, les voilà entraînés dans le sillage des fils et petits fils des anciens voleurs du royaume, qui, aussitôt oubliés d’où ils viennent, vivent de telle sorte, tout à fait légalement et dans la plus parfaite honnêteté, que cela frappe les fraîchement élus d’admiration!...
Tout paraît à portée, l’argent rentre, on est écouté, respecté, on prend des décisions comme un grand patron. Et l’on finit par agir comme tel, c’est alors qu’on s’aperçoit que si la voiture de fonction est confortable et fait facilement ses 40.000 euros, le reste ne suit pas. Il y a un hiatus. Et c’est la pente. Parfois légère, les voyages d’agrément comme l’ancien bourgmestre de Liège, les salles de bain à bulles et les travaux qu’on finit par faire faire par des employés communaux, tous affiliés au parti et qui trouvent cela naturel. Le chef, doit être mieux loti… C’est la règle.
Quand on reçoit le code des bonnes pratiques, on le discute sérieusement et peut-être se croit-on sincèrement dispensé des bonnes pratiques que l’on recommande aux autres.
C’est aussi bête que ça.
Les anciennes familles volent ou ont volé. Il est plus facile de dissimuler un milliard quand on en a dix. Mais les nouvelles ? Celles qui veulent se hisser, s’établir ? On reste à la merci d’un billet de cent euros. Il est reproché un euro de mayonnaise sur un sachet de frite (Cela s’est vu dans un syndicat affilié à la Régionale FGTB).
Alors, soyons indulgents pour les protagonistes malheureux dans les affaires communales. On peut juste leur reprocher que l’idéal socialiste a fichu le camp. Mais cela, ce n’est pas que pour les minables qui poignent dans les caisses, c’est valable pour tout le monde.


Commentaires

Une expression connue dit: "derrière chaque fortune, il y a un grand crime".Il est impossible pour un simple salarié de devenir riche ou même aisé sans avoir bénéficié d'un héritage substantiel ou sans avoir trafiqué.Et puis, comme tu le dis très bien, il est plus facile d'être honnête quand on est déjà aisé.Enfin, cela me fait un peu rire de voir les citoyens vertueux lever les bras au ciel d'indignation quand un élu saucissonne des marchés publics pour rester en dessous des plafonds pour les appels d'offres; je ne défends certainement pas la pratique mais à côté de ce qui se passe tous les jours et partout dans le privé, c'est de la gnognotte! Les remèdes sont pourtant simples pour assainir les pratiques publiques: désigner sur concours des inspecteurs des finances à pouvoir d'investigation (et de refus de marchés) très large, bien payés mais personnellement responsables de leur éventuelle cécité. Quand on connaît la nature humaine, on sait que la tentation viendra inévitablement un jour et on prend les mesures ad hoc pour y remédier. Cela me fait aussi rigoler de voir les indépendants critiquer les hommes politiques: ils fraudent tous et la majeure partie de leurs entreprises sont inutiles pour la société! Quelle hypocrisie de faire semblant de découvrir des magouilles alors que tout autour de nous s'étalent sans honte ni pudeur les témoignages d'innombrables rapines! Est-il exagéré de dire qu'elles sont elles-mêmes le fondement de notre régime économique (et j'allais dire démocratique, mais là aussi, me serais-je réellement trompé?)?

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