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Alceste et Philinte.

-Je plains les maîtres de morale qui disent à nos chères têtes blondes qu’il ne faut pas voler, pas tricher et pas essayer d’évincer les petits camarades par la fraude et le bluff.
Car, quel exemple ont-ils, ces malheureux, à leur donner ?
Ce n’est pas vrai que le type honnête se fait une situation grâce à son mérite reconnu.
Il est faux de prétendre que les réussites sont là pour nous prouver que la persévérance, la ténacité, l’esprit d’équipe et le solide bagage universitaire justifient la primauté sociale.
Il n’y a pas d’Etat plus encombré de fripouilles et de gens malhonnêtes à sa tête que le nôtre dans toute l’Europe, si l’on excepte les nouveaux adhérents. Quant à la Russie et ses quelques pays satellites, n’en parlons pas.
Nos grands belges ? Tous plus ou moins maquereaux et bien profondément incultes sous le vernis. Le cœur sec sous l’apparente grandeur d’âme. Bien calés dans les mobiliers d’Etat, ils attendent qu’on les suce et puis s’est tout. Les couilles comme des aumônières, ils ont l’air de donner, mais ils donnent jamais rien que des saloperies informes, qu’ils appellent salaires entremêlés de foutre…
De quelque côté que l’on se tourne, nous ne voyons que des gens avides, trustant les places et s’y cramponnant. La fin des cumuls ? Cette bonne blague pour débiles mentaux…
Un nouvel éclairage de la canaillerie ambiante, c’est à notre justice que nous le devons, depuis que – il faut lui rendre hommage – les nouveaux magistrats remplacent les anciens.
Enfin, le catalogue de la corruption, de la prévarication, du vol qualifié ne s’arrête plus au vol de vélo ; mais, monte… monte… et nous délivre du soin de bouger notre casquette devant nos éminents. Les juges osent lever la tête et ce qu’ils voient n’est pas très ragoûtant.
Il y a de la crapule partout, certes, le malheur n’excuse pas tout, mais l’argent non plus.
Cet Etat, un des plus formidables héritiers au monde, puisqu’il ampute jusqu’à 90 % des héritages de ses citoyens, n’est pas fichu de répartir correctement ses pécules, tout en pataugeant dans la fange des milliards récoltés, au chevet des morts et aux pompes des stations. Il amasse surtout et fait son beurre sur le dos des petites gens. Il n’est prodigue que pour une catégorie de citoyens, quant aux autres, ce ne sont que mendiants humiliés. C’est à qui sera le plus parasite et en même temps jouera le héros indispensable, tandis qu’en bas, le chômeur paria sera pourchassé…
Et si c’était pour faire du social, de la relance, de l’économie bien sentie, on ne pourrait qu’applaudir, mais non, c’est avant tout pour se sucrer dans le sens le plus médiéval du terme, qu’ils nous gerbent leurs ordres, qu’ils chipotent sur la ration de pain aux plus misérables…
Certes, des exemples contredisent ces affirmations un poil sectaires. Des gens courageux, honnêtes, travailleurs, peu intéressés existent. Il y a en Belgique une population qui travaille dur, se fait sentir les poches par nos larrons sans piper mot ; mais cette population reste modestement sur ses établis, ses planches d’épure, ses hauts-fourneaux. Seuls les batteurs d’estrade triomphent, s’enthousiasment et donnent des conseils, ce qui est proprement insoutenable à l’honnête homme.
Le drame aujourd’hui, c’est que les gens honnêtes le savent, sans pouvoir l’oser dire tant ils craignent d’incarner à eux seuls, le sens le plus bas du populisme.
Alors, ils se taisent. Que voulez-vous qu’ils fassent ?

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-Bon. D’accord. Il faut faire la part des choses. La vie du ver à bois peut être paisible et douce aussi, s’il se contente de sa condition de ver à bois. Chacun trace la voie qu’il peut. Il y a autant de bonheur à respirer ici, plutôt que là. C’est une question de poids du fiel ; une fois débarrassé, plus de rancœur, de basse jalousie… On peut aimer et être aimé à tous les échelons. La culture ne passe pas par la possession de trop de biens, de trop de savoir. Il vaut mieux une tête bien faite, qu’une tête trop pleine. Tous le savent, l’étude ne sert qu’à mettre l’autodidacte le pied à l’étrier. Le luxe ce n’est pas de posséder plus que les autres, c’est de vivre tranquille et sans la crainte d’être inquiété par une mauvaise action que l’on a commise par le passé dont on craint devoir s’en expliquer un jour. Vivre dans la bonne conscience réelle et non pas feinte est fort agréable. Satisfaire ses besoins et ne pas courir après ses désirs.
Qu’y a-t-il franchement d’exaltant à commander aux autres et puis sentir que l’on est plus ou moins obéi, que l’initiative que l’on a prise était la bonne ? La notoriété ? Elle commence par du stress et finit au cimetière, comme tout un chacun. Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, la chose est bien connue. A l’exception de quelques grands noms, l’histoire n’a retenu que le plus souvent l’espace d’une vie d’homme, de qui se souvient-on vraiment six mois après sa mort ?
Le patrimoine ? Bien sûr les petites mouches restent accrochées et les grosses passent à travers la toile que l’Etat araignée tend tout au long de notre vie, et pour cause, c’est ce qui le fait vivre.
Chacun a une fonction utile. Même le parlementaire marron, lorsqu’il est dénoncé, nous laisse voir que l’arbre cachait la forêt.
-Mais je ne suis pas amer. Je ne broie pas du noir. Je ne casse pas du ministrable. Je n’en veux pas à la terre entière. Je pense tout simplement que le pouvoir au lieu de communiquer verticalement par un réseau de communications descendantes, devrait se confronter aux communications ascendantes de la base ; que ce réseau ascendant est généralement atrophié et que ce sous-développement empêche que ce réseau fonctionne différemment et qu’enfin, s’il est loisible aux gens du dessus de communiquer aisément avec les gens du dessous, l’inverse n’est pas possible ; et que le dialogue au lieu de monter ou descendre, devrait s’étaler par palier et aller de haut en bas et de bas en haut par strates longitudinaux…
-Et alors ?
-... la critique me fait bicher et l’éloge m’emmerde…

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