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Du haschich à couper au couteau.

La semaine dernière, un élève de l'Institut technique Cousot, à Dinant, renvoyé pour avoir vendu des stupéfiants, s'est introduit dans le bureau du directeur et lui a porté deux coups de couteau. Il faut ajouter que ce jeune meurtrier n’était dans l’établissement que depuis une semaine !
Ce grave fait-divers est affaire de Justice. Le juge de la jeunesse a pris une mesure provisoire de 3 mois de détention en centre fermé.
Depuis, la polémique fait rage. Les enseignants ne se sentent pas rassurés – et ils ont raison – devant la montée des violences à l’école.
Le bourgmestre de Dinant, Richard Fourneaux qui, déjà en août 2003, adoptait l’idée d’un couvre-feu pour les jeunes, s’en est pris à la nationalité de la famille de ce jeune voyou en instance de régularisation de séjour.
Marie Arena, à l’issue d'une heure et demie de réunion avec les représentants du corps professoral de l'école, a appelé à la réflexion. Elle se donne un délai d'analyse, qui comme le refroidissement du canon dans le sketch de Fernand Reynaud « durera un certain temps ».
Des profs se sont mis en grève montrant ainsi qu’ils craignent les petites frappes qui se camouflent derrière les élèves « normaux ».
La gauche s’imagine obéir à des impératifs sociaux en défendant une politique laxiste vis-à-vis des jeunes qui songent à leur avenir dans la grande délinquance en commençant par la petite. La droite profite de l’occasion qui lui est donnée d’en appeler à une politique plus restrictive en matière d’intégration des étrangers, avec comme objectif, le bourrage de charters pour des retours définitifs.
Confusion, brouhaha, chacun veut avoir raison, tout le monde à tort, puisqu’il n’y a pas une politique cohérente en matière de délinquance des jeunes, attendu que l’alternative qui fait que les responsables soient, tour à tour de gauche et de droite, casse tout espoir d’une mise en place d’une logique et de ses conséquences à longue échéance.
Le citoyen se lasse. Les journaux et les responsables jouent sur la peur des gens. Et, du coup, à la nuit tombée, à l’exception des centres villes, les quartiers se désertifient. Comme tout se sait très vite, on amalgame la situation à Bagdad quand une bombe fait 68 morts avec l’arrachage du sac d’une vieille dame à Sainte-Walburge, par deux voyous qui ont pris la fuite.
Plus personne ne croit à la justice, la ministre croit prendre une mesure efficace en réclamant la rentrée pour la casse d’un arsenal détenu depuis des générations par les citoyens ordinaires. Moralité, presque personne ne rend ses « souvenirs de guerre », tant le citoyen ne se décide pas à se trouver coincé les mains vides entre la police et les malfrats équipés du dernier cri en matière d’armes à feu.
La rue ne retrouvera pas son calme et sa sécurité d’un coup de baguette magique. Les profs ne recouvriront pas de sitôt l’autorité qui était là leur et qui les faisait respecter naguère. Au contraire, nous allons sans doute vers un nouveau Columbine, cette fois européen.
Il n’y a pas de solutions, rien que des palliatifs.
C’est le mode de vie qui est en cause. Le rapport des gens avec l’argent, aussi bien des riches que des pauvres. L’absence de solution à des problèmes graves qui touchent à l’emploi et à la justice sociale.
Une justice trop lourde ou trop bonasse ne servirait pas à grand-chose.
Une éducation nouvelle basée sur le civisme et la morale ne serait d’aucune efficacité pour deux raisons. La première, il faudrait y inclure les parents, mais comment les responsabiliser et avec quels effectifs ? La seconde, un jeune qui deale ou qui joue les caïds, rançonne et terrorise ses condisciples, ne peut plus être rééduqué à moins d’un dispositifs lourd, et encore, pour des résultats incertains.
Est-ce à dire qu’il ne faut rien faire ?
Certes non. Mais, il faudrait plus que doubler le budget de l’enseignement, afin de permettre à des enseignants et des éducateurs plus nombreux, de rétablir « en force » un certain ordre à l’intérieur des écoles. Les sanctions vis-à-vis des voyous devraient être immédiates et sans délais. Les parents devraient être responsables des méfaits de leur progéniture.
L’âge de la responsabilité pénale devrait être descendu à quinze ans dans les cas graves.
Laurette Onkelinx devrait s’inspirer de cette pensée de Renan « Il n’y a pire injustice que celle qui consiste à traiter également de choses inégales » afin de réformer en profondeur ce qui n’est qu’une justice bourgeoise de l’ancienne lutte des classes.
Pour que le marais dans lequel nous pataugeons, « la société », soit qualifié de passable, il ne faut rien d’autre qu’une moyenne excellente des médiocres qui le composent. Le compte est vite fait, nous avons les délinquants que nous méritons.

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En attendant qu’il tombe des prix d’excellence dans les écoles, comme des pommes d’un pommier, n’oublions pas que le crime est la figure même de la monstruosité.
Notre système n’aurait que ce défaut, qu’il faudrait déjà le réformer : il fabrique des monstres.
Comme c’est « soufflez hautbois et résonnez musette » que de dire cela, il faudrait quand même rappeler que le monstre moral, psychique et social actif s’avère passible des Lois. C’est dans le lien profond de la justice et des citoyens de lutter contre la monstruosité, que se juge le désir du peuple d’un regain de paix.
Evidemment, si c’est pour faire de ce désir une arme pour traquer les syndicalistes, les chômeurs et les idéalistes, si c’est pour mettre sur table d’écoute les opposants du système, les révoltés et les théoriciens d’un nouvel âge économique, on aboutirait à une dictature de la droite pour régler vite fait le problème de la délinquance, mais à la Pinochet… C’est peut-être à cette conclusion que Richard Fourneaux, bourgmestre de Dinant, voudrait arriver ?

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