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Ségolène Royal et le Sarkophage

S’il fallait faire un choix entre les candidats susceptibles de passer au second tour de l’élection pour la présidence de la République en France, il serait vite fait.
Selon les sondages, ils ne sont que 3 pour le moment : Sarkozy, Bayrou et Royal.
Certes, Besancenot est le leader d’une protestation non dépourvue de pertinence quoique fort éloignée de la réalité petite bourgeoise d’une majorité de l’opinion ; José Bové, excellent dans son rôle de paysan révolté, est un ancien champion du Larzac qui du plateau de Millau au plateau de télévision se sent à l’aise ; même Arlette Laguiller est parfaite en vétérans, aussi folklorique que Poulidor l’était dans le Tour de France ; Dominique Voynet, tout en sombrant dans les intentions de vote, n’en est pas moins respectable en représentante de l’écologie, aucun ne prétend être au second tour. Ils sont au même titre que de Villiers et Le Pen condamnés à se présenter à seule fin que l’on parle d’eux dans l’unique intention de faire flotter l’embarcation qu’ils représentent.
Donc le choix se circonscrit. Il faut pouvoir désigner des trois prétendants celui ou celle que je préfère.
Avec les deux candidats mâles, la droite de l’extrême avec Sarkozy, à la modérée avec Bayrou, est représentée dans son spectre le plus large, même dans ce qu’elle a de plus méprisable avec les propositions de Sarkozy à la création d’un ministère sur les questions de l’immigration et des critères français d’appartenance, et jusqu’au plus loin qu’il soit permis à gauche, avec un Bayrou qui ne se gêne pas de ratisser large, alors que toute sa carrière politique s’est faite dans des gouvernements de droite avec l’allier UMP qu’il dénonce aujourd’hui, sans doute pour mieux le rallier après l’élection.
Ils nous disent, ces deux là, qu’ils ont changé ! Commode façon pour critiquer les gouvernements passés en faisant abstraction qu’ils y étaient, puisqu’ils nous le disent, les hommes que l’on a vus au pouvoir, Sarkozy, Bayrou, ce n’étaient pas eux, tout au plus des caricatures d’eux-mêmes. Et ils auraient changé pile, au moment de la décision de se présenter à l’élection ! Mais c’est admirable cette volte-face providentielle, tellement qu’on se demande si les Français ont réfléchi une seconde au miracle d’opportunité qu’elle représente ?
Ils n’ont pas changé du tout évidemment. Bayrou, s’il était élu, même en voulant associer la gauche et la droite dans un cabinet centriste, malgré toute sa bonne volonté, se heurterait tout de suite à des difficultés telles que – à l’instar de la Belgique – il sombrerait dans la combine et le marchandage pour un gouvernement dont les membres tireraient chacun de leur côté, lui laissant les éclopés du centre – eux-mêmes déjà divisés - pour seuls soutiens. La politique risquerait de patauger un peu plus dans une pétaudière dans laquelle, Bayrou le chef Scout serait le seul à croire possible, dans un œcuménisme entre dieu et diable sans vouloir préciser qui de la gauche ou de la droite serait dieu. Sarkozy, parlons-en de son changement ! Quoique, pour avoir changé souvent de politique et d’hommes à soutenir, de Balladur à Chirac, pour en arriver à se soutenir lui-même en qualité de troisième homme, on peut dire qu’il se sera fait la main pour son changement actuel.
Reste le troisième homme qui est une femme !
Philippe Sollers l’a dit « …qu’une femme se présente est tellement nouveau, tellement considérable que quoiqu’il arrive, je voterai pour elle. »
Et je suis bien de cet avis.
C’est donc avec toute ma conviction de féministe que je salue cette révolution dans la vie politique française et si j’étais Français, même si Ségolène Royal avait été de droite, je voterais pour elle, plutôt mille fois qu’une.
Il se trouve qu’elle est socialiste, ce qui est quand même une chance pour les catégories sociales les plus sinistrées de retrouver un peu de couleur.
La façon fort crâne dont elle s’est présentée aux suffrages des membres de son parti, ses convictions de femme, de mère, de stratège politique, la manière dont elle a su éviter les pièges de ses concurrents au sein même de sa formation, jouent en sa faveur, malgré le terne d’un PS adhérent au système économique qui fait basculer de plus en plus de gens dans la précarité, malgré des compromissions avec l’argent, l’économie capitaliste et le manque de solutions pour en sortir.

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Elle va se heurter à deux écueils dont nous saurons bientôt s’ils sont rédhibitoires. Le premier, le plus curieux, mais qui n’en est pas moins redoutable : les femmes elles-mêmes… du moins certaines d’entre elles qui s’écrieront « Une femme à la présidence ! Mais, elle n’en sera pas capable ! » Et voilà où conduit encore aujourd’hui l’éducation de nos compagnes sous le poids de centaines de milliers d’années de soumission aux mâles prétentieux et égoïstes. Enfin, le deuxième écueil, plus anecdotique, mais pour le PS assez préoccupant, c’est le peu d’enthousiasme. Les « éléphants » du parti verraient d’un bon œil Ségolène Royal se planter ! Machos, ils pensent exactement comme les femmes sceptiques « Ségolène n’en est pas capable, parce que c’est une femme ! » sans l’oser pouvoir dire.
Je prétends que justement parce qu’elle est femme, si les Français veulent du changement, ils seront servis. Qu’elle ne sache pas combien la France compte de sous-marins nucléaires est plutôt rassurant. Et si les deux autres candidats ne le savent pas non plus, ce n’est pas la faute de n’avoir pas joué aux petits soldats.
Qu’elle réussisse ou non le grand oral, qu’elle soit ou qu’elle ne soit pas présidente, elle restera dans l’histoire de France comme la première femme qui aura osé. Et cela, nul ne pourra lui en enlever le mérite.
Au-dessus des partis, des modes et des choix, toutes tendances confondues, c’est vous que je préfère, Ségolène.
Ce n’est pas une déclaration d’amour à une femme, mais à toutes les femmes.
Bonne chance Madame, tous mes vœux vous accompagnent.

Commentaires

vous avez une drole de façon de désigner une femme: peu importe qu'elle soit trop faible pour ce poste( tous ceux qui l'on connu en atteste,et en plus ça ce voit)
peu importe si une fois élue, elle nous mene dans le mur!
mais C'EST UNE FEMME
votre choix n'est ilpas un peu sommaire!!!!!

Je reconnais là ta galanterie, Richard III,... peut-être inspirée par un brin de misanthropie! La femme n'est-elle pas l'avenir de l'homme, disait je ne sais plus qui? Et puis, quand on observe crûment ses propres faiblesses, on a quelquefois l'impression que l'herbe est plus verte ailleurs.
Je partage ton point de vue suivant lequel il est nécessaire de rééquilibrer un peu les moeurs politiques pour faire une plus grande place aux qualités plus spécifiquement féminines.
Mais une fois le rééquilibrage opéré, il faudra larguer au plus vite cette "discrimination positive".
L'arrivée des femmes dans un secteur professionnel amène une bouffée d'oxygène. Lorsque l'arrivée devient massive (comme dans l'enseignement, les administrations, les professions médicales,...), cela devient tout différent. Et l'on s'aperçoit mieux à ce moment-là qu'on a besoin à la fois des qualités des hommes et des femmes, et qu'il faut bien aussi supporter les côtés moins positifs des uns et des autres.
Mais comme toi, je les aime toutes et regrette de ne pouvoir les aimer davantage.

Mon cher bernard,
Pour aller dans le mur, on y va droit. Il me semble que cela sera moins dur avec une femme.
Et puis, j'en ai marre des pisse-froid habituels.
Vive la femme , nom de dieu ! Cela ne saurait pas être pire. Au moins on saura avec une femme si, en fin de compte, elle moud la farine de la même manière.

Marcel-Henri et Michel, je joins mon vote virtuel au votre.
Quoi que .... je me souviens d'une certaine dame dite de Fer .... dont la farine était moulue de façon bien masculine et guerrière :-(

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