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Avant la cloche du deuxième sprint.

Commenter les élections des présidentielles en France du premier tour, on voit ça dans tous les journaux. Les statisticiens se transforment en politologues, les Instituts de sondage en dernier salon de la République. Reynders s’enflamme pour Sarkozy et Di Rupo pour Ségolène.
Ce n’est pas faire preuve d’originalité d’affirmer que Nicolas Sarkozy à 8 chances sur dix de passer la barre des 50 % et d’être élu, les bookmakers anglais le prennent gagnant.
Sauf imprévu, gaffe majeure de l’un et performance oratoire de Ségolène, les jeux sont faits.
Je voudrais seulement attirer l’attention sur le fait qu’en France, les électeurs ont presque toujours voté à droite.
Du Général à Pompidou, de Giscard à Chirac, cela fait un demi siècle d’une majorité présidentielle de droite. Si l’on excepte les deux mandats de Mitterrand. Mais, Mitterrand n’était pas réellement socialiste. Ce personnage ambigu, opportuniste, avait le sens de l’histoire, un flair rare. Titulaire de la francisque – une décoration de Vichy – il aurait pu devenir un nouveau Papon. Il se convainc que son avenir politique n’est pas chez le Maréchal Pétain et le voilà Résistant. Et tout est à l’avenant, comme par exemple son habileté à conquérir le parti socialiste dont il devint le premier secrétaire, lui qui était par nature centriste. Bayrou lui aurait bien plu !
Donc la majorité en France est d’inspiration droitière. L’alternance relève de l’exception. Jospin, autre socialiste de raccroc, en a fait les frais, le jour fatal où Jean-Marie Le Pen est passé devant lui au premier tour de l’élection présidentielle.
Péripétie funeste qui ne s’est pas reproduite. L’engouement pour cette élection est en partie dû à cet événement de 2002..
Royal a peu de chance de remporter le morceau.
Les Français croient tout ce qu’on leur raconte à droite, à commencer par le conte de fée du changement de Sarkozy. Homme de parti, homme de pouvoir, voilà vingt ans qu’il est aux affaires, s’il avait eu la moindre velléité de changer les choses, on s’en serait aperçu !
Si changement il y a à droite, ce ne sera pas du côté de la fracture sociale qu’il aura lieu. On a vu le cynisme de Chirac, réélu sur un programme d’ouverture entre tous les Français et ce qu’il en est advenu.

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C’est le drame des élus de droite. Ils sont élus pour conserver, garder ce qui est, maintenir les droits d’un côté et les nier de l’autre. C’est clair, Sarkozy élu sera paralysé sur les questions essentielles, comme l’a été Chirac.
Son ministère de l’immigration n’augure rien de bon.
Quelqu’un a dit que la droite française était la plus bête du monde. Ce record n’est pas usurpé.
Aussi bizarre que cela paraisse, il ne faut pas avoir été décoré de la francisque sous Pétain pour le penser, la seule capable de faire actuellement une politique de droite intelligente est… Ségolène Royal.
Car le programme qu’elle présente, s’il tranche par rapport à celui du président de l’UMP, c’est quand même un programme respectueux des marchés et de la démocratie confisquée par le système capitaliste. Certes, il y aura des réajustements, des criantes injustices seront réduites, c’est dans l’ensemble un moindre mal qu’une politique qui consisterait à ne rien lâcher tout en se fâchant définitivement avec les banlieues et les jeunes de la deuxième génération d’immigrés, aujourd’hui Français, mais Français sans droit.
En votant Ségolène la droite maintiendrait ses privilèges, en votant Sarko, en voulant tout conserver, elle risque de tout perdre.
Evidemment, la droite ne le fera pas, puisqu’elle ne veut rien lâcher et qu’elle croit qu’elle va tout garder avec son champion !
Les réformes douces de Royal sont pourtant bénignes. Prenons le SMIG à 1500 euros. Comme il est suggéré, le SMIG ne sera effectif qu’en 2009 et il s’agit de 1500 euros bruts. Si l’on considère l’inflation de 2 à 3 % l’an, quoique les autorités puissent dire, est-ce que cette réforme serait exagérée et de nature à bouleverser l’échelle des salaires ?
Et tout est l’avenant, comme les logements sociaux, la création de crèche, l’emploi avec abattement des charges patronales, tout enfin va dans le sens d’un saupoudrage à moindre coût.
En plus, le vote Ségolène garantit une paix civile et le calme des banlieues, c’est appréciable.
Les révolutionnaires d’extrême gauche le savent : un bon recrutement et une politique critique ne sont possibles que sous un gouvernement conservateur.
Et si les mouvements d’humeur n’ont pas cessé sous le gouvernement de Jospin, il faut bien avouer, le PS, dans la cohabitation, n’a pas fait une politique de gauche.
Si on pouvait connaître pour qui votent Chirac et Villepin, on serait fort surpris. La droite devrait s’interroger à son tour et les prendre en exemple.

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