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Violence et politique.

L’élection de la présidence en France ne dépend pas de la capacité de mobilisation de la droite ou de la gauche. L’élection dépend de la capacité des candidats à faire admettre leur priorité à arrêter le cours de la violence, et pas seulement dans les banlieues, mais partout, et d’en convaincre le centre.
Il en a toujours été ainsi, c’est une frange de dix à quinze pour cent d’électeurs, sans opinion précise, qui emporte l’ensemble de l’électorat vers la droite ou vers la gauche. Jusqu’à présent, c’est le gilet de flanelle et les pantoufles doublées d’ouate qui ont empoché la mise. C’est-à-dire la droite, qui s’est accommodée de Sancho Pança, au détriment de son maître Don Quichotte.
Le Centre pense que l’imagination et la volonté de changement sont synonymes d’aventures et de risques. Or, de quoi la petite épargne est-elle friande ? Sinon de stabilité et de calme !
C’est terrible à dire, mais l’intelligence critique n’a jamais été le fort de l’opinion centriste.
Y a-t-il jamais eu un seul centriste capable d’analyser la violence ? Or, ce serait tout le moins, si l’on veut faire face aux attentats permanents envers autrui, quitte à sélectionner, par ailleurs, les facteurs qui déterminent cette violence, comme l’incapacité du système économique à fournir des emplois en abondance et bien rémunérés.
Par principes, toutes les violences sont équivalentes, d’où qu’elles viennent : certaines catégories sociales, partis, groupes corporatistes, voire l’Etat lui-même.
L’Etat dans sa volonté de n’épargner personne de par ses Lois, en réalité opprime tout le monde. C’est une sorte de gangstérisme qui se vérifie dans les faits en ce qu’il est désormais difficile de savoir si un délit à un caractère politique ou tombe dans le droit commun.
Yves Michaud « Violences et politiques » précise : « …si l’apparition de la violence est plus l’indice du dissensus social que de la violence effective de la société, elle est immédiatement ambiguë. Elle peut avoir le sens d’une mise en question de règles intolérables et donc de la démystification de leur oppression ; c’est bien ainsi qu’elle est apparue comme dénonciation de la domination d’une classe sur une autre. Mais elle peut préfigurer la guerre civile puisque celle-ci n’est que l’exacerbation de la dissolution des critères communs. ».
Depuis la vague de fond économique qui a emporté toute conduite éthique, la question de l’organisation de cette domination est passée à l’arrière plan. Cependant, c’est bien elle qui fonde le social, soit à récriminer, soit au consensus. Le Centre qui n’y voit goutte, sera-t-il capable de faire la différence entre une politique de droite qui trouve bon que cette domination soit de la seule compétence privée ou d’une politique de gauche qui veut opposer au laisser-faire, le bien faire en fonction d’un progrès collectif ?
Qui ne voit que l’hystérie de la sécurité est liée au laisser-faire tant celui-ci engendre des comportements violents !
Que fait la Justice en l’occurrence ?
Dans sa crainte de la violence, le droit cherche moins l’apaisement qu’à maintenir son complexe du « sphinx ». Ainsi, il dissimule la propre origine de sa violence. Il applique la Loi, certes, mais à sa manière, souvent inquiétante, partisane, en un mot il obéit à un réflexe de classe.
C’est la défaillance insigne de cette notoire dissimulation, qui met le doigt sur l’origine du droit dans la violence, et qui transparaît dans la lutte contre la violence opposée.
Dans les discours sur l’insécurité et la montée des violences, on voit bien qu’en réalité s’affrontent deux violence, puisque la répression de l’une ne va pas sans la violence de l’autre !
C’est aussi le constat révélé d’un pouvoir qui détient sa propre violence, contre une partie du peuple qui détient la sienne : les gens ne croient plus en la justice, à son efficacité et surtout à son impartialité.
Si le centre qui fait l’élection, penche pour Sarkozy, soyons assurés que la prédominance de la violence « légale » sera répressive de la violence populaire.
Comme ce centre ne veut pas de vague, en réfléchissant un peu, elle aurait intérêt à se porter massivement – au contraire - sur les propositions de Ségolène Royal. Cependant, encore une fois, on peut douter de sa capacité de réflexion !
Pourquoi, va-t-on en France vers des catastrophes en votant à droite ?

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Les discours sur la montée de la violence sont évidemment des appels en faveur d’un ordre fort et respecté, laissant entendre que des menaces pèseraient sur lui. Oublie-t-on qu’ainsi posée, la perspective débouchera tôt ou tard sur une violence de l’ordre pour l’ordre de type fasciste ?
Le régime de sécurité intérieure que Sarkozy veut imposer avec sa tolérance zéro, est une des formes les plus connues du fascisme. Ce règne de la force qui croit pouvoir tout régler, c’est ce qu’on appelle le fascisme ordinaire.
En ne se prononçant pas, Bayrou en prépare le lit. C’est ce qu’on appelle un allié mou de la manière forte. S’il croit représenter son électorat de cette manière, il entend bien laisser sur la pente naturelle de la droite, un centre sans guide et sans réflexion. Je ne vois pas ce qui le retient de commencer des pourparlers avec le vainqueur qu’il aura contribué à faire élire : Nicolas Sarkozy, comme déjà une partie de ses parlementaires ne l’ont pas attendu pour la chasse à la gamelle à droite.

Commentaires

Intéressant point de vue! Je le partagerais entièrement si la gauche elle-même avait le courage de parler clairement et de rappeler aux quelques couleuvres qui se réchauffent dans son sein les quelques idées de base qui fondent le progrès collectif. L'électoralisme la conduit quelquefois à présenter un profil bas devant des individus qui se tamponnent de la solidarité mais qui ne crachent pas pour autant sur tous les tampons! Si la gauche tenait un langage plus clair, elle perdrait peut-être certains électeurs mais elle en gagnerait d'autres. Elle devrait aussi, comme tu le sous-entends, adopter une position plus claire vis-à-vis de la pensée unique du tout à l'économique.

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