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Les caniveaux de la droite française.

Je m’étais bien promis de laisser la majorité de droite en France terminer son travail de sape et permettre au fiel et à la haine le soin d’élire Nicolas Sarkozy à la présidence.
Mais le Président de l’UMP a des lettres, ou plutôt ses nègres en ont pour lui , ce qui ne signifie pas qu’il ignore ce qu’on lui fait dire.
Qu’il annexe tout ce qui lui semble bon pour lui et ses électeurs, qu’il condamne le dialogue entre Bayrou et Royal en le qualifiant de politique de caniveau, c’est dans sa manière d’être ; mais, qu’il s’attaque à mai 68 et cet élan vers la liberté que fut cette lame de fond estudiantine et populaire, franchement c’est trop !
Sarkozy est non seulement le chef d’orchestre de ce déferlement haineux ; mais encore s’est-il emparé de la mémoire des citoyens illustres qui ont fait l’Histoire de la République ; enfin, se surpassant, comme il n’était pas possible qu’il le fît lui-même, il a délégué les « aboyeuses de la droite française » salir sa rivale. Michèle Alliot-Marie invective Madame Royal sur l’ordre de son maître : « Nous n'avons pas besoin de quelqu'un qui change d'idées aussi souvent que de jupes". Quant à Rachid Dati et Rosine Bachelot, autres femmes de son apanage, elles, ne sont pas en reste.
Que faire devant l’hystérie qui s’est emparée de la droite ?
Plus sereinement, pour rendre service à la gauche dans un élan « tout contre Sarkozy », nous pouvons démonter les discours de celui-ci, et réfléchir aux origines de ses textes enflammés.
Ce que l’on y trouve est assez surprenant.
Son style imprécatoire ressemble à celui de Maurice Barrès. L’Affaire Dreyfus que ce dernier vécut comme une menace de désintégration de la communauté nationale, devient dans la bouche de Sarkozy la traque des voyous dans une banlieue qu’il faut nettoyer au Karcher. Il y a dans les deux discours l’idée d’une épuration, et le sentiment de la nécessité d’un réarmement moral dans une société qui en a le plus urgent besoin.
Comme Barrès, la pensée de Sarkozy s’articule sur un nationalisme traditionaliste, plus lyrique et moins théorique que celui de Maurras, fondé sur le culte de la terre, de la grandeur d’une France que l’on doit mériter. Ce qui – entre parenthèse – devrait faire réfléchir tous ceux qui parmi les gens de droite 100 % d’origine premier cru, sont loin d’atteindre au portrait idéal qu’en trace le super patriote de l’UMP. Ces « Origines contrôlées » feraient bien d’y réfléchir entre deux coups de rouge et la gesticulation cocardière.
Le ministère des Etrangers de Sarko n’est-il pas digne de figurer au palmarès de « plus Français que moi, tu meurs » de la Ligue de la Patrie française, puis celle de la Ligue des patriotes, à la tête de laquelle Barrès s’illustra après Déroulède ?
Coïncidence, Barrès est mort à Neuilly.
Cette politique de Sarkozy est vieille de plus de cent ans !... ringarde !... kitsch !...
La phrase martelée, la gesticulation, le choix précis du terme, outre qu’il fait penser à Jean-Marie Le Pen, rappelle à s’y méprendre Edouard Drumont, autre théoricien de l’antisémitisme. Il suffit d’écarter les passages sur la haine du Juif - que Nicolas Sarkozy ne partage pas bien entendu – comme par exemple le texte fort bien écrit de LA FRANCE JUIVE DEVANT L'OPINION paru en 1886, pour rester stupéfait de la ressemblance entre les écrits de Drumont et les échauffements atrabilaires que les nègres font lire à Sarkozy : même envolée, même emphase et mêmes litotes !
L’ancienne haine du Juif « responsable de l’effondrement du pays » de la droite de 1880 à celle de l’entre deux guerres, est remplacée par la haine des étrangers qui sourd des discours du candidat de la droite en 2007 : ces étrangers « qui vivent en France sans le sentiment de devenir Français, des sans-papiers parasites et vivant d’expédients, des chômeurs (qui ne veulent pas travailler ) et qui traînent désoeuvrés dans les banlieues ». C’est presque un plagiat, un copier coller !...
La droite française, celle qui cancane sur les paliers des beaux arrondissements, adore ce rentre-dedans qui ne néglige pas le style et qui raffole de la citation « instructive ». Si c’est Chamfort qui l’a dit, si Jaurès lui-même… c’est la classe !...
Les préparateurs, les nègres, les chercheurs de nouveautés pour moucher l’adversaire, le beau monde enfin de l’UMP dont Sarkozy se gargarise, sont aussi des lecteurs d’Emmanuel Ratier, comme Henry de Lesquen (UMP) et Brice Hortefeux (UMP), conseiller de Sarkozy.

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Emmanuel Ratier, diplômé du Centre de formation des journalistes de Paris ainsi que de l'Institut d'études politiques de Paris, a travaillé pour Le Figaro Magazine, Valeurs actuelles et Minute, dont il fut rédacteur en chef chargé des grandes enquêtes. Son bimensuel de 12 pages, Faits & Documents, sous-titré Lettre d'informations confidentielles serait la nouvelle bible de la droite française ! Ce journaliste est aussi le conseiller de Mégret et de Le Pen, comme quoi, ces gens-là finissent toujours par se retrouver.
Alors, caniveau pour caniveau, sur celui de la gauche, il y a des gens qui souffrent et il semble que Ségolène Royal soit la seule à pouvoir leur venir en aide ; quant à l’autre caniveau, celui de la droite, les petites gens n’y sont pas… et pour cause, dans ce caniveau-là, il n’y a que des rats !...

Commentaires

Alors là, je te dis :BRAVO, je retrouve enfin le vrai progressiste et humaniste que j'ai connu.

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