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Des carrioles sans mulet.

25 jours sans gouvernement. On n’en revient pas comme le temps passe vite sans eux. Quoique les anciens gaffeurs soient toujours aux manettes de la Belgique, ce n’est guère rassurant.
Enfin, ils n’osent plus prendre trop d’initiatives, nous polluer la vie avec de nouvelles lois qui restreignent ou suppriment à chaque fois les libertés d’une population qui s’appauvrit.
Revoilà le bonhomme Jean-Luc Dehaene en médiateur-négociateur. S’il s'est immédiatement remis au travail, c’est qu’il doit être payé pour. Ce type avec sa collection de mandats privés et publics, ne travaille pas pour rien.
Il a rencontré illico l'informateur Didier Reynders et a ensuite téléphoné du ministère – comme ça c’est gratos – à ses potes du CD & V.
Joëlle Milquet, vue après, le trouve forci, mais encore bel homme. Elle veut un check up avant de se prononcer, des fois que le démineur ne puisse plus déminer longtemps. Encore que les idées de Didier Reynders tiendraient sur le dos d’un timbre poste et que n’importe qui pourrait les ânonner au roi.
Leterme attend son heure. Il ne conservera rien des arguties du libéral liégeois. C’est son pote Dehaene qui le lui a dit, Reynders n’a jamais rien compris à l’âme flamande.
Mais chut !... Jean-Luc travaille dans la discrétion.
Il a prévenu la comptabilité, pour mieux semer les journalistes épandeurs de fausses nouvelles sur les champs de Bruges à Gand, il ne recevra pas nécessairement ses interlocuteurs dans des lieux officiels. Le fait qu’il verra plusieurs personnages en même temps ne signifie pas que ce sera dans un estaminet derrière la Grand’place de Bruxelles. On craint pour la facture. Il a la réputation d’être un gros mangeur, d’aimer les vins fins et les menus à 100 euros minimum.
Ce grand leveur d’obstacle s’était acoquiné avec Valéry Giscard d’Estaing pour concocter une Constitution européenne qui fit long feu, tant elle était ultra libérale. C’est dire l’orientation…
Enfin, en tenant compte de sa corpulence, Jean-Luc a prévenu : « « Ma mission se conçoit au sens large. »
Devant une telle soif de réussite, les partis se sont montré discrets.
Elio a offert un cerf blanc au roi, il aurait souhaité donner un coq au débroussailleur, mais il n’a pas encore été convoqué. Depuis qu’il a ouvert son bestiaire au siège du parti à Bruxelles, il conserve un crotale dans un vivarium pour l’offrir à Jean-Pierre De Clercq, qu’il confond sans doute avec le Flamand De Clerck.

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Le tout est de savoir quelle coalition est possible. C’est le casse-tête de Dehaene. C’est du côté des francophones que ça coince. Ça ne va pas être facile de faire mordre à l’hameçon ceux qu’il y a un mois à peine se voyaient premier ministre et juraient avec Milquet qu’ils n’étaient pas demandeurs pour modifier la Constitution pour plus d’autonomie à la Flandre.
Comme Leterme pense le contraire, on va savoir quelle est la formation qui va retourner sa veste en premier. Milquet a-t-elle hâte d’être du gouvernement ? Tiendra-t-elle bon ? Elle finira probablement par se mouiller avec les Libéraux, quoique sa liaison à la Région avec les Rouges pastels ne l’arrange pas. Di Rupo est déjà si malheureux d’avoir « perdu » les élections à cause de ses méchants carolos qu’elle a peur qu’il ne fasse une crise de jalousie.
Voilà ce qui arrive quand on noue des alliances avant les élections. Joëlle hyper courtisée est dubitative. Avec les clowns du Comité de direction du parti qu’elle traîne derrière elle, il va falloir qu’elle prenne seule la décision. Pour un peu, elle regretterait Gérard Deprez l’ancien mentor qui la cornaquait si bien, avant qu’il ne sombre dans le libéralisme pour une place à l’Europe.
Jean-Luc le marieur n’ignore pas qu’entre Joëlle Milquet et Didier Reynders ça n’a jamais été le bonheur. Heureusement, elle a le démineur à la bonne. La rondouillardise familière et néanmoins chrétienne du Flamand rappelle le bon vieux temps où les curés faisaient la pluie et le beau temps au PSC et au CDH.
La « laïcité » du CDh, même si elle n’est qu’une fiction, change bien des choses. Jean-Luc a des alliances bénies dans sa poche, qu’importe si l’union est libre. Une petite bénédiction discrète n’a jamais fait de tort aux couples.
Il est encore trop tôt pour descendre les volets communautaires et s’en aller coucher la main dans la main sur les carpettes du bel étage. La marge de manoeuvre est d’une étroitesse telle qu’il faut serrer les fesses et ne pas respirer à certains passages dangereux.
Déjà la fermeté ne serait plus la même. Ah ! l’amour du roi et de la Belgique unie est une bien chétive chose devant un portefeuille ministériel !...

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