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Deux crises pour le prix d’une…

Une fois de plus le système économique est en crise. Les partis de gauche devraient en profiter pour dénoncer l’imposture et la foncière malhonnêteté du capitalisme, les augmentations des prix qui mordent sur les petits salaires, la course à l’abîme du rendement et du moins cher produit, les monstruosités que sont les prélèvements obligatoires des Etats dits démocratiques, moins pour redistribuer les fruits du travail aux plus démunis que pour gaver les sangsues qui nous vident de notre sang sous prétexte qu’ils nous dirigent, bref l’égoïsme en guise de morale..
Eh bien ! non. Rien de tout cela. Dans le fond, tous les partis de gauche au pouvoir sont des partis qui appliquent à la lettre la doctrine de Rocard, à savoir sachons nous intégrer quelle que soit la situation. Cela porte un nom : c’est de l’empirisme, un dégoûtant empirisme.
Donc, badaboum, crise financière de l'immobilier spéculatif américain aux Bourses mondiales, hausse du baril de brut, hausse catastrophique des denrées alimentaires, blés, légumes, de la viande, des loyers, tous les ingrédients pour charger un peu plus le dos des pauvres, sous prétexte qu’ils ont bon dos…
Les économistes, une fois de plus, nous ont pris pour des imbéciles en affirmant que le marché des crédits immobiliers américains n'auraient d'autres conséquences que dans ce secteur et dans ce seul pays.
Enfin, le 10 septembre, le journal « Les Echos » reconnaît la faille sous nos pas : depuis plusieurs semaines les Bourses du monde entier dévissent : -12 % de la mi-juillet à la mi-août, et ça continue. Les banques centrales, appelées à la rescousse de la finance mondiale, ont déjà mis à sa disposition des centaines de milliards de dollars et d'euros.
Premier constat, le capitalisme n’est pas cette chose sans état d’âme qui régule par le marché de l’offre et de la demande les aspérités de l’économie. Quand vous ne pouvez pas payer les traites de votre voiture, un huissier vient saisir votre véhicule et sur sa lancée les meubles et les bibelots qui sont vendables. Quand une grande banque est en faillite virtuelle, c’est l’Etat qui accourt la renflouer avec notre argent, sans rien lui demander.
C’est ce qui s’appelle compenser un déséquilibre momentané pour éviter l’effet domino.
Allez raconter à votre banque que vous êtes en déséquilibre financier momentané, pour voir si on va vous croire ? Sinon, le bois de rallonge se fera à du 17 ou 18 %, ce qui avant la mondialisation s’appelait de l’usure.
Ainsi, les banques centrales ont ainsi englouti des centaines de milliards pour sauver des spéculateurs du monde entier, parmi lesquels de très grandes banques et multinationales.
Des escrocs au service d’autres escrocs, en quelque sorte.
Il est vrai que durant cet été le système spéculait fonctionna à tout va sur la brique, sur le fuel, sur l’acier… et sur notre connerie de pauvres trimards de l’horloge pointeuse.
Alors la « bulle » immobilière outre-Atlantique faisait les beaux jours de la voyoucratie d’argent qui galopait au train des Etats-Unis. Ils se payaient sur la bête resplendissante avec en la dépeçant dans les premiers couteaux : la perspective de rapides profits, les prix immobiliers flambant, tous au plus chauds comme la bite d’un marin saoul au cul de la première pute croisée sur un wharf.

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Tels les morpions collés aux poils du pubis, les ménages américains s'endettèrent sur le conseil des banquiers. Il est ainsi, le ménage américain, une grande candeur et une foi sans limite dans le capitalisme mondial. Forcément, puisque jusqu’à hier, le marché américain était dominant. Les banques n'ignoraient pas que certains emprunteurs ne pourraient pas les rembourser s'ils perdaient leur emploi ou si les taux de crédit s'envolaient. Mais, tant que les prix de l'immobilier grimpaient, les emprunteurs pouvaient revendre leurs maisons, la banque y trouvant son profit, comme d'ailleurs une foule d'intermédiaires. La banque, c’est comme un bar, il y a toujours un maquereau qui traîne… Celui-ci fit semblant de jouer le jeu et mit de côté des gains sûrs pour racheter à bas prix aux pigeons à sec de liquidités.
Le bout de gras n’est pas éternel. Une récession, un chômage accru, des prix de l’immobilier qui redescendent et voilà le rêve spéculatif qui crève entraînant la multitude de gogos à la ruine.
Chez l’Amerloque naïf, au second trimestre de cette année, 600 000 emprunteurs « subprime » n'arrivaient plus à rembourser leur crédit. Une banque d'investissement dut fermer deux de ses fonds saturés de « produits » financiers. Puis ce fut le tour d'une grosse société de courtage immobilier, qui se plaça sous la protection de la loi américaine sur les faillites. La bulle spéculative se dégonflant plus vite qu'elle n'avait pris forme, la BNP Paribas, comme bien d'autres, annonçait, le 9 août, qu'elle fermait trois de ses fonds « dynamiques »... une semaine après que son président eut prétendu qu'il n'avait pas de problème !
Après la pause de l’été, au cours de laquelle les voyous qui nous dirigent tentaient d’éteindre le feu qui couvait, le voilà reparti de plus belle, au point que nous n’imaginons pas avec notre crisette et nos complexés flamands.
La menace d'une récession se confirme donc, et Di Rupo devrait se magner le cul pour changer de discours. Le FMI, ce 10 septembre, annonçait « un impact négatif modeste sur la croissance », poursuivant par cette appréciation qui veut tout dire : « Cela ne veut pas dire que ce sera indolore. »
Nul ne sait jusqu'où peut aller la crise. On est beaux avec notre plan Marshall qui foire déjà sans l’ajout de la récession, un gouvernement qui mûrit dans le fromager de Van Rompuy et les nécessaires augmentations des pensions et des petits revenus qui tardent.
Bien entendu les experts économiques n’ont rien vu venir, en cause leur connerie congénitale mais aussi, à leur décharge, le système capitaliste, lui–même qui échappe à tout contrôle.
Déjà le « miracle » américain de l’emploi s’est arrêté, mais encore la machine repart en arrière produisant 4000 largués rien que dans la période du 1 au 10 septembre.
Voilà ce qu’en dit Pierre LAFFITTE, expert en la matière : « L'irresponsabilité, la dangerosité pour l'humanité des tenants du système capitaliste, on en a une nouvelle illustration avec ce qui n'est déjà plus l'éclatement de la bulle spéculative immobilière aux États-Unis et qui pourrait déboucher sur une récession mondiale aux conséquences aussi dramatiques qu'imprévisibles. »
Et pendant ce temps, le PS, à Mons, a vécu la plus grande parade techno de wallonie.
Il y a des jours…

Commentaires

http://www.monde-diplomatique.fr/2007/09/LORDON/15074

Excellente lecture, mon cher Anonymous. Ce n'est un secret pour personne que j'en ai tiré l'essentiel de l'argument de ce blog, citant même son auteur Pierre Laffitte.
Amitiés.

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