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Ségolène Royal et le phénomène Jospin.

On croirait le titre du livre de Jospin « l’Impasse » fait pour la crise en Belgique, ou alors, l’histoire de son échec de 2002, vu à travers celui de 2007.
Eh ! bien non. Il semble que ce personnage sorti des méandres d’une politique chère à Guy Mollet ne puisse s’empêcher de poursuivre la démolition d’un parti dans lequel il a échoué en vidant tout son sac de fiel sur la pauvre Ségolène.
Il n’a même pas le fair-play et la solidarité que les vaincus se doivent.
On l’a toujours vu, ce type manque de classe…
On devrait se méfier des gens qui renoncent à quelque chose à la suite de leur échec. Ils passeront le reste de leurs jours à se justifier en diminuant les mérites des autres.
Oui, Monsieur Lionel Jospin, le parti socialiste français est descendu aussi bas à cause de vous, de votre manque de communication, de votre froideur et de l’estime profonde que vous avez de vous-même qui vous empêche d’estimer les autres. N’est-ce pas vous, jour funeste, qui avez fait voter les Français pour la présidence, avant les législatives, poussant ainsi vers la présidentialisation à marche forcée, croyant, pauvre fou, que vous en seriez le premier bénéficiaire !
Vous n’avez même pas la reconnaissance du ventre à l’égard des institutions et d’un parti qui vous ont supporté et nourri trop longtemps. Il faut encore avec la notoriété que vous en avez recueilli que vous vous répandiez dans les gazettes et aujourd’hui en librairie.
J’avais mis sur le compte de votre maladresse l’échec de 2002. A la lecture de votre pamphlet, je me rends compte que votre échec est bien plus profond que cela. Il est pour ainsi dire collé à votre personne, à vos ressentiments, à vos perfidies toujours en réserve.
Vous êtes depuis 2002 une machine à perdre. C’est à qui ne vous aura pas dans son camp. Vous avez soutenu Madame Royal du bout des lèvres disiez-vous, et vous n’êtes apparu qu’une seule fois à ses côtés. Eh bien ! c’était une fois de trop, cela ne lui a pas porté chance.
A votre place, je ne me serais pas vanté d’avoir prévenu François Hollande de la piètre candidate que ferait sa compagne au moment de la campagne contre Sarkozy ; car, vous saviez le malaise qui existait dans le couple et c’était une façon lâche et détournée de dire que vous étiez avec l’homme, contre la femme.
Bien sûr la candidate Royal était fragile et mal préparée devant un Sarko qui venait de loin et dont l’ambition donnait à sa faconde d’avocat une telle ampleur dans les effets de manchette que les Français ont pris ses paroles pour argent comptant, contre la sincérité dépouillée de Ségolène ; mais vous n’avez pas le droit d’écrire que cette femme n’est pas intelligente et qu’elle n’a aucun des atouts qu’il aurait fallu pour battre Sarkozy.

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Le PS n’a plus aujourd’hui qu’à prendre l’ironie de Sarkozy au pied de la lettre quand il déclare souhaiter que Madame Royal se présente face à lui dans cinq ans. On verra alors où en sont les réalisations de l’équipe actuelle et comme les Français apprécieront l’homme qu’on voit partout, qui dirige tout et qui, s’il le pouvait, relèverait sabre au clair les gardes françaises de l’Elysée ; comme ils verront comme la simplicité, la naïveté et même les maladresses de Madame Royal ont au moins le caractère de l’authenticité dans l’honnêteté pour une gouvernance juste et qui ne veut surtout pas privilégier la richesse au détriment de la pauvreté.
Le livre de Jospin est un révélateur de la personnalité plutôt secrète de son auteur. Quand il nous dit, par exemple, qu’il a mûri son projet lors de la campagne de Ségolène et qu’il s’y est attelé dès le lendemain de la défaite, il avait donc de bonnes raisons lors de cette campagne de craindre la défaite par quelques points faibles.
Il a donc failli à sa tâche de militant en n’exprimant pas ses états d’âme au staff de Ségolène. Il ne l’a pas fait, parce qu’il savourait en vieux renard une défaite qu’il voyait certaine. Et puis, il avait hâte d’effacer la sienne, par une autre défaite qui n’était pas de son chef.
Lors de son retour de l’Île de Ré, on l’a vu consulter quelques amis afin d’éventuellement se présenter à la candidature, pour aussitôt déchanter et rager de la popularité de Madame Royal. Il l’avoue lui-même :
« Une nouvelle candidature de ma part n'aurait été concevable que si un consensus s'était opéré. Je devinais que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn avaient peu de chances de s'imposer face à Ségolène Royal, très déterminée et propulsée d'emblée par les sondages et les médias, mais leur maintien dans la course excluait ma propre présence. »
La contradiction de Jospin n’est jamais aussi grande lorsqu’il dit : « Au bout du compte, le caractère académique des débats organisés entre les trois candidats déclarés n'a pas permis que la vérité de chacun apparaisse, ni que soient pensées les lignes de force d'une campagne victorieuse. » Alors, on ne comprend plus. Il nous dit que n’importe quel candidat parmi ceux qui s’étaient déclarés auraient mieux fait que madame Royal, pour ajouter que la vérité ne pouvait apparaître, ni que soient pensées les lignes de force d’une campagne victorieuse des TROIS candidats ! Il se fout de qui, Lionel ?
Giscard d’Estaing a mis vingt ans à se guérir d’une défaite à la présidence de la République, on se demande si Jospin quand même plus âgé aujourd’hui que ne l’était Valéry (55ans en 1981) ne sera pas enterré avec elle !
Je me demande, en tout état de cause, si les aigreurs de Jospin ne vont pas rendre Ségolène plus populaire encore ? Pour la suite, ce sera intéressant de voir comment les autres éléphants du cirque socialiste vont s’ingénier à poursuivre l’œuvre destructrice de Jospin. Il faudra attendre la démission de Hollande au prochain congrès pour le savoir.

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