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Chirac mis en examen.

En droit français, le statut pénal du Président de la République désigne sa responsabilité, en ce qui concerne les infractions qu'il pourrait commettre dans l'exercice de ses fonctions, mais également antérieurement à ou hors de ses fonctions.
Cette même loi met le président de la république hors d’atteinte d’éventuelles poursuites judiciaires pendant l’exercice de son mandat. Aujourd’hui, chacun voit bien le côté pervers de cette immunité momentanée.
La mise en examen et peut-être l’inculpation de Chirac le sont pour des faits bien connus du public, tant ils ont été commentés dans des articles de presse et des communiqués à la télévision. Ils sont antérieurs aux deux mandats présidentiels. Il s’agit des affaires d’emplois fictifs à la Commune de Paris. On peut se poser la question de savoir si, pendant douze ans, le peuple français n’a pas été dirigé par un délinquant ?
Si le législateur a voulu cette loi particulière à la présidence, c’était pour préserver l’autorité du chef de l’Etat dans l’exercice de sa fonction. C’était aussi au désavantage d’une instruction fortement retardée, puisque dans le cas présent, il s’est passé de nombreuses années entre les faits et l’attrait devant une Cour de l’éventuel responsable.
C’est lors du mandat de l’ineffable Jospin qu’ont été votées deux Lois qui sont aujourd’hui à la base d’un pouvoir accru de la présidence et qui bouleversent le concept de l’actuelle République. L’inversion des dates des Législatives et de l’élection présidentielle, permettant à cette dernière de prendre le pas sur l’autre, et la loi – dont il est question ici - accordant au président de la république de ne pas répondre de ses actes devant la justice pendant l’exercice de son mandat..
Si bien que les affaires se sont accumulées dans lesquelles l’ancien président apparaît pour différentes raisons qui ne sont pas toutes liées à un délit probant à sa charge, mais où il y a doute, voire suspicion, empêchant la justice d’entendre l’intéressé, ne serait-ce qu’en qualité de simple témoin.
Il y a doute et suspicion sur les affaires concernant certains chargés de mission, les emplois contestés du RPR, la SEMPAP, les HLM de Paris, les lycées d’Ile de France, les billets d’avion, les frais de bouche, la propriété de Bity, et la dernière nébuleuse de Clearstream.

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Toutes ces affaires n’ont pas la même gravité. L’ex président pourrait sortir blanchi de certaines ; mais toutes peuvent être sanctionnées par la justice et réclament donc la désignation d’un ou des coupables, avec à la clé des amendes et de la prison, éventuellement. Chirac est le premier président de la République à devoir répondre de ses actes devant la justice depuis…le maréchal Pétain !... Les dossiers que l’on pourraient ouvrir afin de le mettre en examen touchent à de nombreuses activités de l’ancien président ; mais aussi touchent le parti qui le soutenait - le RPR devenu UMP - et qui soutient actuellement Nicolas Sarkozy,. C’est un des paradoxes de l’élection de Nicolas Sarkozy, l’actuel président est un apparatchik UMP, dont il a été le dernier président. Il est, pour avoir participé au pouvoir et milité au sommet de ce parti, suspecté au moins d’avoir été informé de tout ce que l’on reproche à Jacques Chirac. Voilà bien, pour Jacques Chirac, le meilleur allié qu’il puisse avoir dans sa mise en examen ; car, tour à tour ami, puis rival, Sarkozy n’a pas intérêt à enfoncer son prédécesseur. Leurs sorts sont liés. On relèvera au passage la légèreté de l’électeur français qui pouvait sans beaucoup d’effort concevoir que le langage de Sarkozy se présentant aux électeurs comme étant un homme neuf et décidé de changer les choses, ne pouvait être que mensonger. Reste à voir dans l’actuelle mise en examen de Jacques Chirac, ce que comprennent de la séparation des pouvoirs, les juges et les procureurs parisiens. L’indépendance résistera-t-elle aux pressions et aux influences extérieures ? Avant son départ de l’Elysée, en nommant à la tête des procureurs de la République, un ami fidèle, Jacques Chirac pourra-t-il compter sur la clémence des juges ? On le saura bientôt.

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