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La brique dans le ventre de l'Amérique.

Une brique, c’est dur à digérer.
La société américaine vit un problème géométrique. Les populations ont vécu longtemps dans l’effet asymptote convergent, à savoir qu’un jour le pauvre par son travail et son art du commerce rejoindrait la bourgeoisie figurée par Hollywood : la belle maison avec du gazon que l’on tond en lançant par dessus la haie à ses sympathiques voisins des plaisanteries respectueuses de Dieu et un peu moins des femmes.
Dans son non-dit perceptible par quelques rares économistes, le pouvoir pensait que les lignes resteraient rigoureusement parallèles.
Or, ce n’est ni l’un ni l’autre. En réalité, la société américaine vit l’effet asymptote divergent. Les lignes ne se rejoindront jamais, elles se fuient ! D’abord imperceptible, c'est un phénomène qui existe depuis plus d’un quart de siècle et qui s’accélère. Il se traduit par le creusement des inégalités. 1 % des Américains les plus riches accapare aujourd'hui 20 % du revenu national, quand la population ayant les revenus les plus faibles n'en reçoit que 12,6 %.
L’eau régale révélant à la pierre de touche que tout ce qui reluit n’est pas or, c’est la crise immobilière qui enraie la croissance aux Etats-Unis.
Exemple : « …une maison de plain-pied, avec 4 chambres et 2 salles de bains, située à Elk Grove, une commune de 60 000 habitants dans la banlieue sud de Sacramento. Achetée 1 250 000 dollars au début de 2007, est aujourd'hui mise en vente à 799 000 dollars, soit une décote de 36,1 %. Il y a encore quelques mois, personne n'aurait imaginé qu'une telle chute soit possible. Et ce n'est pas fini : le marché ne montre aucun signe de stabilisation ».
Et le journal américain de poursuivre : « Les stocks de logements invendus représentent l'équivalent de ce qui se construit en une année, un niveau si élevé que les prix du mètre carré, au niveau national, pourraient encore baisser de 15 % dans les deux ans qui viennent ».
Que ce ne soit rien qu’une crise du logement, ne serait pas si catastrophique pour les autres secteurs. L’Europe aussi souffre d’une surenchère dont candidats propriétaires et locataires se plaignent, et il faudra bien un jour, que ce qui est surfait redescende, l’effet spéculatif passé..
Mais, aux Etats-Unis, chaque crise grave de l'immobilier est le signe avant-coureur d’une récession générale.
Les économistes qui le savent se partagent en deux courants, les minimalistes qui espèrent qu’avec quelques mesures de relance – ce à quoi Bush procède actuellement – la machine à produire et à vendre va redémarrer, et les autres, plus réservés, estiment que la récession ne fait que commencer. Ils tiennent ce raisonnement par rapport à la consommation des ménages en chute vertigineuse.
Qui a raison. Qui a tort ?
Dans les deux cas, il y a une unanimité : c’est l’état de récession de l’Amérique. Pour une fois, les experts sont d’accord !
Les faillites personnelles, aggravées par la crise des subprimes, ces prêts à risques accordés en masse à des ménages peu solvables, est ce qu’on appelle une crise domino, capable de faire basculer tout le jeu.

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Les prévisions sont terribles : 1 million de familles sont déjà sur le carreau. Elles pourraient être 2 millions d'ici fin 2008, incapables d'honorer leurs échéances. Parmi les ménages ayant souscrit des prêts immobiliers à risques dans la période 2004-2006, 6 sur 10 devront faire face à une hausse d'au moins 25 % de leurs mensualités cette année. C’est toute la middle class qui est touchée, celle que Hollywood a prise comme modèle pour peaufiner ses « movies ». La petite maison dans la prairie, c’est fini, pour longtemps.
Non seulement la classe moyenne, mais aussi la classe inférieure, dont le rêve s’est brisé confronté à la terrible réalité, ne sont pas prêtes à s’en relever.
Le système ne peut plus générer une augmentation du PNB à jets continus. Avec l’épuisement des ressources terrestres exploitables, cette récession a une autre dimension future qui échappe encore à l’entendement des masses : l’incapacité de renouvellement de certaines matières premières devenues trop chères. C’est à terme, la condamnation sans échappatoire du système de production à l’américaine et la fin du rêve américain.
La pompe à crédit s’est enrayée. Les banques sont au bord de la faillite. L’Amérique est groggy, avant qu’elle ne soit out.
Même les nombreuses créations d'emplois qui avaient permis jusque là d'atténuer l'essoufflement, n’existent plus. L'Amérique détruit ses emplois, et le taux de chômage ressemblera bientôt à celui de l’Europe. Cette dégradation du marché du travail avec le reste, achève de plomber le moral des ménages.
Reste que depuis l’an 2000 les profits des banques et des multinationales sont prodigieux. Certaines années il a été de 45 % pour certains !
Le temps des vaches maigres est arrivé. Les profiteurs de ces années de rêve n’entendent pas restituer aux travailleurs ce qu’ils leur ont pris, bien sûr. La récession, ils s’en fichent dans leurs bunkers dorés. Quoi qu’il arrive, ils ne mourront pas de faim.
Que ceux qu’ils ont plumé se débrouillent.
Les pauvres aussi ont adoré le clinquant et la grosse américaine. Alors, pensent les milliardaires : qu’ils crèvent.
C’est la loi du chacun pour soi.

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