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Falò delle vanita

Il y avait le bûcher des vanités (en italien : Falò delle vanità) du moine Jérôme Savonarole quand des olibrius rassemblent sur son ordre des milliers d’objets pour les brûler. Ah ! on ne rigolait plus à Florence, le jour du Mardi Gras. Ensuite vint le roman de Tom Wolfe « Le Bûcher des Vanité » qui reprend la chose en la transposant au temps présent.
Ô vanité ! ô néant ! ô mortels ignorants de leurs destinées ! L'eût-elle cru, il y a dix mois ? pouvait tonitruer Bossuet au duc d’Orléans, pour sa femme Henriette d’Angleterre, décédée inopinément d’une décoction de chicorée.
On est au centre de la question.
Pourquoi ceux qui font la pluie et le beau temps, ont-ils besoin de nous seriner de manière rémanente que tout est vanité, et en disant cela, ils se jouent et ils nous jouent la comédie de l’humilité se mettant en vitrine ? On se demande si ce n’est pas pousser trop loin la forfanterie et le cynisme ?
Alors, qu’ils ne vivent pas comme nous, n’ont pas nos difficultés que d’ailleurs ils ne connaissent pas, et qu’ensuite, ils se fichent le reste du temps d’afficher sans gêne leur propre vanité qui s’apparente à la plus plate vulgarité ?
Il faut en chercher les raisons dans la vérité philosophique qu’ils profèrent pendant des temps assez courts, mais répétitifs : ce n’est pas pour faire assaut de modestie, mais pour attirer à eux une certaine sympathie que les gens simples accordent à ceux qui confessent leurs défauts.
Pour le reste, ces vaniteux qui détestent la vanité, qui voudraient se mettre de la terre sur la tête et confesser leurs ambitieuses faiblesses, sont des gens qui vivent dans un système de corps qui interdit l’hybridation. Le réseau élitaire nous paraît desséché à force de voir tourner les mêmes dans les sphères des pouvoirs où ils ont leur entrée permanente. Cette observation nous la faisons parce que le modèle vit en autarcie et que nous remarquons une dramatique absence de la fécondation intellectuelle que seule peut apporter la diversité des origines et la diversité des formations.

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C’est en grande partie les excès de représentativité des élites qui nous font détester aujourd’hui les personnels politiques.
Il conviendrait une fois pour toute de préciser que la qualité de l’emballage ne préjuge pas du contenu, et que parallèlement, un avocat qui parle bien, peut être un parfait imbécile.
Mais, sa qualité d’avocat nous fait préjuger au départ que nous avons affaire à un esprit profond, et partant, dans la course à l’échalote, il a une longueur d’avance sur la base volontiers méprisée a priori…
J’ai suffisamment voué aux gémonies les « élites » pseudo intellectuelles, parce que rehaussées sans examen d’une approbation gnoséologique, et particulièrement les avocats, pour ne pas citer nombre d‘entre eux désintéressés, épousant des causes humanitaires et ne cherchant pas à faire carrière dans la politique ou les banques. Mais justement, à rendre à César, on voit bien comme ces intellectuels se marginalisent en abandonnant le lieu commun, au point que leur répudiation de classe a déteint sur l’exploitation défaillante des médias de leurs talents.
La solidité de la petite élite du sommet exerce un effet d’amoindrissement des qualités des élites subalternes.
L’homogénéité du sommet accentue la méfiance profonde des échelons inférieurs.
La communication ne circule pas entre les niveaux. Cette coupure des élites entretient un climat de frustration.
En fin de compte, l’abîme grandit entre ceux qui conçoivent et ceux qui exécutent.
Nous vivons donc une démocratie insuffisamment irriguée du bas vers le haut, qu’accentue encore la gouvernance par délégation des pouvoirs du peuple – qui dit-on sont souverains – et ceux qui sont chargés d’interpréter les vœux de la majorité populaire .
Si le suffrage universel avait un peu d’efficacité, il serait supprimé, et remplacé, comme il l’est déjà en partie, par les statistiques.
Le vice le plus profond tient au rôle que l’existence des élites joue dans le maintien de l’appareil bureaucratique de gouvernement.
On ne peut pas dire qu’en Belgique nous ayons des champions du bien dire pendus aux basques des médias, d’autant que nombre d’entre eux sont de souche flamande, et cela s’entend. Cette élite est donc plus artificielle encore qu’en France. Pourtant, elle est bien réelle et sa survivance semble en partie organisée par un système qui la protège et aussi par le respect des dominés, comme s’ils n’avaient que cette élite et qu’ils seraient incapables d’en imaginer d’autres, moins scotchées au pouvoir et à l’argent !
C’est que l’habit fait toujours le moine. Quand nous aurons retrouvé notre esprit critique et que nous pousserons l’audace jusqu’à aller voir l’homme sous ses oripeaux, peut-être bien que le formalisme actuel aura vécu.
Faire de la politique étant devenu une profession et non plus un sacerdoce, allez donc faire comprendre à nos employés de luxe qu’ils le sont à titre précaire ?

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