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CIRET… les pompes !

(CIRET : Center for International Research on Economic Tendency Surveys.)

On imagine la tête des économistes des années 70, si on leur avait dit que le baril de brut atteindrait 110 dollars 20 en mars 2008 !
On a assez daubé sur la fin du pétrole pour se satisfaire d’une loi du marché qui stipule que tout ce qui est rare, est cher. Le pétrole le devenant, c’est une règle qui s’applique à la situation.
Or, il y a un paramètre que l’on néglige et qui est la chute de l’économie américaine et la dépréciation du dollar.
L’Europe ne paie pas le même tribut à la rareté du carburant que les USA, puisque parallèlement à la montée des prix du brut, la monnaie européenne s’apprécie à 1 dollar 56 pour 1 euro. Les marchés du brut se font en dollars. Quand le brut augmente, nous ne payons que la différence qui existe entre la hausse du prix du brut et son rapport à la disparité entre les deux monnaies.
Par exemple si le baril augmente de trois points et que l’euro progresse de 1 point, nous aurons à payer deux points d’augmentation du baril.
Qu’en est-il en réalité ?
Les consommateurs des USA, malgré leur monnaie déclinante et l’augmentation constante du prix du baril, paient l’essence à la pompe à des taux bien plus bas que les nôtres, puisque le consommateur européen supporte les énormes taxes et accises que les Etats prélèvent sur les carburants afin d’équilibrer leurs recettes, ce que ne font pas les USA.
Cela signifie qu’en termes d’avenir nous sommes perdants sur le consommateur US, sauf si nous alignons les taxes et accises sur celles – presque nulles – pratiquées en Amérique.
Le gouvernement belge a imaginé un freinage des prix à la pompe en modérant la part des taxes prélevées sur l’augmentation des prix des carburants et alloué une prime pour certains contribuables se chauffant au mazout. Bien entendu, c’est tout à fait ridicule et incomparable aux prix pratiqués Outre-Atlantique.

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Il faut en cela déduire deux choses.
La première saute aux yeux : en payant le carburant moins cher que le nôtre, le consommateur US supportera bien mieux que nous l’effet de l’augmentation dû à la rareté du brut. On peut évaluer l’écart à cinq ans, après lesquels les prix deviendront insupportables aussi pour l’utilisateur américain.
La seconde, la plus inquiétante, est l’inversion possible de la tendance à la baisse du dollar. La hausse du dollar pourrait avoir des conséquences redoutables sur nos prix à la pompe.
Si la parité entre dollar et euro redevenait ce qu’elle était au départ, le baril étant à 110 $ 20, nous payerions le baril à 110 euros 20, au lieu des 70 euros 64 aujourd’hui, puisque l’euro vaut 1$ 56 !
Il faudrait immédiatement et obligatoirement supprimer le plus clair des taxes sur l’énergie fossile.
Ce serait un fameux bouleversement dans la façon d’alimenter les caisses de l’Etat.
Et qui nous dit que le dollar ne va pas remonter ? Certes pas en un jour, mais chaque diminution de la différence entre les deux monnaies ferait immédiatement l’effet d’une augmentation en euro des coûts de cette énergie fossile ! Or, la cote du dollar n’est pas exclusivement liée au domaine économique. La spéculation y entre pour une large part. Si la tendance s’inversait et que les places financières s’accordaient dans le retour du balancier, nous plongerions immédiatement de plusieurs dizaines de points, ce qui nous mettrait tout de suite le baril à plus de 80 euros !
On sait comme les taxes, les accises et en général le mouvement TVA sont propices aux fortunes et dissuasifs au pouvoir d’achat des petits salaires et revenus. C’est le consommateur de base qui paie le plus en proportion de ce qu’il gagne en masse salariale globale à ce petit jeu.. Il faudrait donc que l’Etat trouve les moyens de compenser la perte des taxes sur les carburants, afin de maintenir la pression là où elle était initialement, c’est-à-dire sur la masse.
On peut faire confiance à Reynders pour cela.
L’Ancien régime taxait le sel. Il n’en est plus question aujourd’hui.
On laisse à l’imagination des maîtres du système le soin d’exprimer le jus du travail par d’autres expédients.
Faire payer les riches serait évidemment l’idéal, si le système avait la capacité de le faire. Or, il ne l’a pas !
Cela pourrait conduire à des changements trop considérables pour nos gouvernements.
Avec la gauche molle et libérale que nous avons, le sort du plus grand nombre paraît scellé dans une pareille éventualité.
Il faudrait par de nouveaux subterfuges nous faire avaler la pilule comme étant le résultat logique d’une économie de marché dans un Etat démocratique..
C’est là que nous retrouverions nos hommes politiques, dans l’art de nous étrangler sans nous faire crier.

Commentaires

"On imagine la tête des économistes des années 70, si on leur avait dit que le baril de brut atteindrait 110 dollars 20 en mars 2008 !"

Entre parenthèses, en dollards constant, le barril etait à 200 dollards en 1976. Mais c'est vrai, si le barril a triplé en dollard sur 5 ans, il n'a fait que doublé en euros, assez amusant de voir d'ailleurs que les nouveaux records du brut s'accompagnent quasi toujours dans la presse par un nouveau record de l'euro, et après ca on nous dira que les journalistes n'aiment pas nous faire peur. Déjà ils ont abandonné les cours du Brent pour le Light Crude de NY qui est 5-10% plus cher, c'etait plus vendeur sans doute !

"La hausse du dollar pourrait avoir des conséquences redoutables sur nos prix à la pompe" n'est pas tout à fait exact. La devise des fournisseurs comme celle de la majorité des clients n'est pas le dollard et si le dollard venait à baisser le prix du barril baisserait aussi (enfin il baisserait dans la proportion du dollard tout en continuant à augmenter selon les lois du marché.

Quand à moi, et je sais que cela va faire réagir, mais je pense qu'un barril cher est une benediction, cela nous incite à faire des économies, à réfléchir à notre facon de consommer et quand on voit que la montée vertigineuse des prix N'A presque PAS changé les habitudes des automobilistes qui roulent toujours aussi vite et autant (la baisse de consommation observée est minime) et N'A quasi PAS non plus changé nos habitudes de chauffage. A croire que le barril n'est pas encore assez cher !

Quand aux taxes percues, tant mieux, voilà une taxe parfaite qui s'applique proportionnellement à la pollution engendrée et plutot que d'aller equipper nos véhicules de matériel sophistiqué pour nous suivre au satellite et nous faire payer des taxes de circulation au kilomètre parcouru, on ferait bien mieux d'augmenter d'autant les taxes sur le carburant, notre consommation d'essence étant par définition proportionnelle aux distances parcourues. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Moi je dis vive les taxes, elles servent à tous, pour l'enseignement, les soins de santé, les pensions, le chomage ... et pourquoi pas le dévelloppement intensif des transports en commun (on parle de tram à Liège, chose qui était encore impensable voici 5 ans). L'argent percu ne disparait pas enfin !

Il conviendrait d'intégrer la disparition lente, mais inéluctable du pétrole, pour imaginer un scénario moins réjouissant que le vôtre, à cause des antagonismes et des enjeux nationaux.
Quant aux taxes, j'espère qu'elles seront mieux réparties un jour, proportionnelles selon les revenus. La TVA est parmi celles qui sont des plus injustes.

J'intègre la disparition lente et inéluctable dans le "enfin il baisserait dans la proportion du dollar tout en continuant à augmenter selon les lois du marché", la loi du marché voulant que ce qui est rare est cher. Il y a peu de doute quand au cours du pétrole pour les prochaines annees, il montera. On parle de 200 dollards dans 5 ans, 300 dollards dans 10. C'est une préoccupation fort lointaine pour celui qui fait tous ses trajets en transports en commun et qui vit dans une maison passive, à nous d'y tendre si on veut s'affranchir de ces charges toujours plus difficiles à supporter. Je prefere que l'etat use des revenus sur les accises des carburants pour ameliorer les transports publics et l'isolation des maisons que de s'en passer et accepter le gaspi comme une fatalité.

Et c'est uniquement parce que les taxes sur les carburants sont élevees en Europe que l'industrie europeenne consomme DEUX FOIS MOINS d'energie que l'industrie américaine à produit egal. Aujourd'hui, nous leurs vendons nos process !

Finalement, si je suis d'accord pour dire que la TVA (ou les accises) est peu repartitrice, elle n'est pas pour autant injuste sauf si on prend comme point de vue que celui qui gagne 2500 doit tout payer deux fois plus cher que celui qui en gagne 1250 mais dans ce cas la qu'on simplifie tout de suite les choses en donnant la meme chose à tout le monde !!! Il y a d'autres techniques de répartition plus justes qu'on applique parfois trop timidement avant de remettre en cause TVA et accises.

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