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Tous coupables !

Qu’est-ce que la Justice et que sont les juges aujourd’hui ?
Cette institution sous des formes diverses existe depuis fort longtemps.
En Gaule, la première justice structurée fut celle de Rome, la paix romaine, mais aussi la justice romaine. Avant, c’était un système pas très loin de celui de l’Iran actuel. Les druides étaient à la fois les augures, les auxiliaires et les inspirateurs des chefs de guerre.
C’est dire si l’application de la loi l’était à la tête du client.
Cela a-t-il beaucoup changé de nos jours ?
Par principe philosophique, un juge, c’est le verbe de l’arbitraire.
Juger un objet par rapport à un autre, c’est comparer ; juger du moment adéquat pour accomplir une action, c’est prendre une décision. Tout autre chose est de juger son semblable sur son comportement et son Fatum. C’est définitivement une imposture.
Puisqu’il faut bien qu’il y ait des règles à respecter dans des groupes humains, il est nécessaire qu’il y ait des lois et des juges pour les appliquer. J’entends bien. Mais devant la difficulté pour que ses règles et ses lois soient justes et appliquées à chaque spécificité, il devient impossible de bien juger. Dès lors, nous avons des fonctionnaires qui appliquent les lois avec mansuétude ou avec sévérité à leur convenance, selon des impératifs obscurs.
Ceux qui portent le nom de juges sont tout simplement des commis de l’Etat. Ils sont payés – et fort bien, ma foi - pour désigner comme coupables et rarement innocents ceux qu’on leur envoie. Ils les punissent selon un tarif codifié, généralement supérieur à la peine effective, pour faire peur au public. Un juge, c’est l’aboutissement d’une chaîne de prise en compte de fonctionnaires dont il est le dernier maillon.
Contrairement à l’ancienne croyance populaire, il n’a rien de commun avec Dieu. C’est plutôt du côté du Prince qu’il se sent concerné ; car le pouvoir temporel, contrairement à ce qu’on nous fait croire sur l’indépendance de la Justice, est indubitablement impliqué dans sa conduite, ne serait-ce que parce que c’est le législateur qui fait les lois..

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La séparation des pouvoirs est un vaste complot des élites ; car, depuis Machiavel qui en a débattu, le pouvoir n’est pas divisible et ne s’articule que dans un seul et vaste projet. A la différence des dictatures, les démocraties n’ont d’original que la façon dont elles camouflent leur vraie nature.
François De Closets « Le divorce français » avec comme sous-titre « Le peuple contre les élites », bouquin paru en février, décrit par différents exemples ce qu’est la confiscation du pouvoir.
Ordonnateur en sous-main de la punition, le pouvoir l’est aussi du pardon. Quand les geôles sont pleines, les élargissements sont plus fréquents. Le pouvoir se montre généreux par intérêt, contrairement à l’opinion publique qui ne comprend pas qu’un Dutroux ait commis ses derniers forfaits, alors qu’il aurait dû normalement être en prison.
Relaxé avant terme, le coupable comme l’innocent est « pardonné ». Accepter la rémission de la chose jugée, pour l’innocent, c’est se reconnaître coupable.
Sous nos climats, il n’est pas bon de se voir juger pour une faute même bénigne, quand la nation se trouve « effarée » par des actions de grands criminels. Le coupable devant ses juges se voit « puni pour l’exemple ».
Maître de juger, le pouvoir tranche à sa guise, selon son humeur. Le pardon a souvent été employé dans le but d’exploiter les faibles. « Va bosser » semble vouloir dire le pouvoir et « ne fais plus le mariole ».
Admirable duplicité qui place l’homme qui a fini « son temps » entre la crainte et la reconnaissance.
L’accroissement de la délinquance, n’est que le reflet de l’évolution vers un égoïsme absolu des élites. La plupart des délinquants sont des riches qui n’ont pas réussi.
La difficulté, c’est d’enseigner la morale dans une société qui ne l’est pas.
Quant au peuple qui réclame plus de sévérité, son honnêteté est abusée et son désir de sécurité détourné.
C’est l’histoire d’un garçon crédule et naïf à qui on souffle des absurdités et qui les diffuse en s’en attribuant les mérites qui finissent par se retourner contre lui.
La justice sous nos climats est un produit de luxe dont les pauvres doivent se méfier. La procédure est affaire de moyens. Quand deux fortunes s’affrontent, c’est souvent la plus riche qui l’emporte. A fortiori, quand c’est un riche contre un pauvre. Mais, indépendamment de la notion des parties riches ou pauvres, quand un individu sans moyen tombe dans les rais de la justice et qu’il pourrait s’en tirer à l’aide d’une procédure intelligente, il n’en a pas les moyens et il écope en général du maximum.
Aussi, la justice n’est qu’un moyen de laisser la société en l’état, avec ses inégalités, ses injustices et son conformisme bourgeois.
Pour juger, il faut être sans état d’âme et participer tacitement avec l’establishment à ce qui paraît être un consensus entre les différents groupes sociaux et qui n’est en réalité que la dictature voilée des élites à l’encontre des plus pauvres.
C’est ce qu’en son temps, Marx appelait une justice de classe.
Si le mot « classe » a été enlevé de la bouche de nos modernes socialistes, elle n’en est pas moins omniprésente à tous les rouages et à tous les stades de la société. Et pour comprendre celle-ci, il est indispensable d’évoquer ce dont les socialistes se sont dispensés de faire, au grand dommage de ceux qu’ils sont censés défendre.
Le suffrage universel venant nimber les injustices d’un voile trompeur, on aura fait le tour de la justice et des justiciables : une chose pas très propre et qui dessert l’humain.

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