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Kriss Peeters, un Nozick flamand.

C’est Kriss Peeters qui le dit, les Flamands veulent réduire les allocations de chômage afin de responsabiliser les chômeurs dans un but d’activation. En accompagnement à ce nouveau plan de rigueur contre « la paresse et le parasitisme », le ministre-président flamand du CD&V veut octroyer une prime régionale d’activation calculée sur la base des efforts des intéressés pour décrocher un emploi.
Nul doute que par ces mesures, les Flamands s’insèrent en tous points dans un concept de contrainte inspiré de l’Etat minimum de Robert Nozick, pour un capitalisme individualiste total.
L’objectif est de tarir à longue échéance les devoirs de l’Etat vis-à-vis de ses citoyens les plus vulnérables. Lorsque l’incitation sous forme de prime aura écrémé le pot, le fond sera traité comme étant définitivement irrécupérable et traité comme tel.
On sait à quels désastres se préparent les USA qui naviguent depuis toujours dans ce même état d’esprit.
C’est que ce plan – déjà inadmissible – dans une économie capitaliste classique, est néfaste à une nouvelle économie qui n’a plus rien à voir avec ce que l’on a connu durant les 30 glorieuses (1945-1975).
La politique de libre échange anglo-saxonne devant la concurrence chinoise tend à réduire la part de rétribution des efforts du travail. Comment inciter les gens à travailler pour gagner moins, si ce n’est en réduisant les allocations de chômage ?
C’est l’âme libérale et bornée du MR francophone qui se matérialise dans une société flamande « en mouvement ». Etre en mouvement peut se comprendre dans les deux sens, évidemment. Les Flamands ont choisi la marche arrière. C’est un choix qui ravit Reynders. Voilà pourquoi, en partie tout au moins, le MR est si près des thèses flamandes.
C’est le triomphe du côté « protestant » des théoriciens qui n’en voient pas le défaut majeur par rapport au bonheur de l’homme et qui prêchent pour un travail justifié par la seule économie de concurrence.
Cette thèse flamande et du MR est aussi celle de plusieurs responsables socialistes et CDh.
Nos mythes culturels se reflètent très largement dans la représentation que nous avons du travail.
Or, le sens qu’il faut en donner a évolué singulièrement vite dans ce dernier quart de siècle.
Pour la plupart des travailleurs, il conviendrait de remplacer la désignation des tâches par un autre mot que le travail, par exemple corvée, marchandisation de l’homme ou mécanisation de l’homme.
Le travail qui conserve à l’homme une certaine dignité humaine n’existe plus.
Il est déconsidéré pour non rentabilité au profit d’une spéculation qui n’a besoin d’aucun savoir, ni d’aucun travail.
C’est dans les zones de manipulation de l’argent que se situe aujourd’hui le parasitisme. C’est là où, justement, le gouvernement flamand n’a garde de « mettre de l’ordre ».
Depuis plus de vingt ans peut-être, les philosophes et les économistes sérieux se sont mis d’accord pour ne voir dans le travail qu’une sanction ! Tandis que l’éthique protestante et anglo-saxonne y voyait un impératif divin.

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Nous cherchons encore dans le travail un accomplissement de nous qui n’y existe plus.
Les Flamands et une partie des Wallons ne veulent pas voir d’évidence que notre manière de concevoir le travail doit changer, afin qu’il retrouve une dimension consciente.
Le travail ne peut être regardé seulement comme une police sociale ( Nietzsche).
Le sens du travail est bien l’objectif majeur d’une société de progrès juste et équilibrée.
La volonté flamande de pousser tout le monde au boulot procède d’un passéisme décadent, puisqu’il ne s’accompagne que de motivations vulgaires et immorales.
Même la FGTB se trompe lorsqu’on y préconise pour réduire le chômage, d’investir dans la formation et dans la recherche. Car, c’est développer en laboratoire de nouvelles techniques qui une fois commercialisées par des industriels exploiteront de la même manière le travailleur. Il est impératif que parallèlement à la recherche, des esprits libres envisagent une autre façon de travailler.
Le gouvernement flamand ne nous y incite pas.
L’avenir est bien sombre dans une Belgique à la flamande…

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