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C’est en France… Quand en Belgique ?

« - Appel de la coordination nationale des comités d’initiatives pour un Nouveau Parti Anticapitaliste. Le Nouveau parti anticapitaliste est en marche ! »
C’est ainsi que commence le communiqué publié dimanche soir à l’issue de l’importante réunion de rassemblement d’une gauche de combat. La suite, si vous le souhaitez sur :

http://www.lcr-rouge.org/spip.php?article1978

Beaucoup de délégués des comités pour un "Nouveau parti anticapitaliste" ont tenu, samedi 28 juin, leur première réunion nationale, à la Plaine-Saint-Denis
Olivier Besancenot c’est dit très satisfait devant les délégués : "Cette première réunion n'est pas un mini-congrès, mais c'est un acte fondateur fort".
En France, ce n’est pas sans inquiétude que le PS voit un mouvement fédérateur regrouper enfin la gauche de la gauche. Si ce mouvement qui se veut européen pouvait gagner la Belgique ça mettrait le feu aux miches de nos placides Socialistes d’Etat.
Car enfin, est-il concevable devant les dérives du système capitaliste, qu’il n’y ait pas un courant contestataire capable de remettre en cause le « socialisme mou » des collaborateurs du libéralisme ?
La situation est encore plus floue en Belgique qu’en France, puisque nos voisins pratiquent l’alternance de sorte que la gauche ne se mélange pas avec la droite, alors qu’en Belgique le Parti socialiste collabore franchement dans le gouvernement avec la droite la plus libérale et le flamingantisme nationaliste le plus affirmé avec le NV-A, par CD&V interposé !
Le nouveau parti de gauche portera le nom de « Parti ouvrier indépendant » jusqu’en janvier 2009 où ce nom sera confirmé ou changé selon le choix des participants à une nouvelle réunion de masse. Que Di Rupo fasse gaffe, ce parti a des ambitions européennes.
La révolte exprimée par ce nouveau parti est celle que, confusément, des centaines de milliers d’Européens éprouvent devant la construction d’une Europe libérale qui ne leur convient pas. C’est le « non » français à la Constitution européenne qui a déclenché une réflexion sur l’indolence des PS européens à défendre vraiment l’opinion des exploités. En France, à l’exception du courant Fabius, c’est l’ensemble du PS qui au moment du vote pour le « oui » avait découvert son vrai visage : celui de la collaboration absolue au capitalisme !
Fonder une autre société basée sur la critique et la solidarité me paraît être une ambition légitime et qui vient à son heure devant les dérives actuelles.
Dans la dynamique du lancement, les comités regrouperaient 10 000 militants environ et se donneraient pour objectif de fonder en janvier 2009 le nouveau parti, dont le nom reste à déterminer. Alain Krivine, fondateur de la LCR en 1968, est satisfait : "C'est un gros succès, on est au début du processus et on est déjà 10 000", trois fois plus que les effectifs de la LCR. L’engouement actuel, c’est le PS qui en est contre son gré responsable. En effet, chaque reniement, chaque coup de barre à droite, ce sont des centaines de socialistes « conventionnels », parfois des militants de toujours, qui ouvrent les yeux et comprennent que le temps de la collaboration avec un système pourri jusqu’à la moelle ne conduira les citoyens qu’à des déconvenues de plus en plus grandes.

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Dimanche, une nouvelle réunion devait décider d’une structure.
"Le plus grand défi est d'associer les non membres de la LCR à tous les chantiers", alors que "la moitié d'entre eux n'ont aucune expérience politique", a jugé Pierre-François Grond, membre de la direction de la Ligue. Clémentine Autain, ex-candidate à la candidature antilibérale en 2007, a admis que "la LCR est la seule à faire une proposition politique" alors que "le PCF, la gauche du PS ou des Verts n'ont rien fait". Pour que ça marche, le nouveau parti, dit-elle, doit notamment s'adresser aux autres sensibilités" pour ne pas devenir une LCR un peu plus grande".
C’est là, dans cet amalgame des concerts parfois discordants de la gauche de la gauche que se fondra réellement les espoirs de changement. La difficulté tient dans la dialectique. Ceux qui sont rompus à cet exercice savent comme parfois les ténors de la LCR prenaient la tête des non-initiés, pourtant sincèrement d’accords, dans des discours à la Guevara, dont le but étaient d’amener l’auditoire à un consensus sur des théories plutôt que sur du concret.
La prise de parole est l’exercice le plus difficile qui soit, quand on le veut ouvert à tous.
J’ai une amie, habitante de Bayonne, qui est montée à Paris et on l’a écoutée. Elle a eu droit à ses 5 minutes de tribune comme tout le monde. Elle a plaidé pour qu’on entende les voix de partout pour la défense des spécificités locales, souvent niées à Paris. C’est encourageant.
Donner la parole à tout le monde et respecter les avis contradictoires n’ont pas toujours été de saison à gauche, le PS et le PC y sont experts.
Espérons que la suite ne détrompera pas les nouveaux enthousiasmes.
En Belgique, c’est peu dire que tout est à faire pour reconstruire la gauche !
Tiens bon Bobol. Nanar t’embrasse !

Commentaires

Dire que la gauche ne se mélange pas avec la droite en France, et ben.
Une partie des "ténors" de gauche a été phagocytée par la droite quand au reste ils n'ont plus de socialistes que le nom.
Ca va pas être simple pour ce nouveau parti, je leur souhaite bon vent, va leur falloir s'accrocher.

Les socialistes qui se sont ralliés au pouvoir de droite ont été démissionnés d'office et désavoués par François Hollande, Premier secrétaire. En Belgique, ils sont félicités et encouragés par le Président du PS, Elio Di Rupo. C'est toute la différence, mais elle est importante.

Ce n'est qu'un début, continuons le combat ! Personnellement, j'en suis revenu. J'ai suivi le PCB parce que les communistes représentaient la lutte pour la Paix et l'émancipation des plus faibles.
Mais tout en restant communiste, je suis devenu libéral, adepte de la liberté de pensée, de la liberté de parole, de la liberté d'association, de la liberté d'entreprendre et de la liberté tout court. Par contre le système où chaque individu attendrait tout de l'Etat et d'une réglementation tatilonne et de l'Armée des petits soldats pour la faire respecter, je n'en veux absolument pas. Parce qu'elle est contre-productive.
Donc, je suis un vilain petit bourgeois capitaliste.
Rassurez-vous, je suis à fond contre les guerres et les impérialismes (étatiques et privés) qui les font ou les attisent.
Je refuse les exclusions et je tends concrètement la main à tous mes concitoyens, dits pauvres quels qu'ils soient, victime de notre et de leur connerie engendrée par le système étatico-libéralo-individualiste.

Pour illuster mon propos sur les dangers de l'anti-libéralisme et de l'anti-capitalisme aveugles, j'attire votre attention sur ce qui se passe au Zimbabwé.
Voici à quelle extrémité risque de mener la négation de la liberté et du droit de propriété. Ci-dessous, l'article publié dans le Monde d'hier 1/7/2008.

Personne n'imaginait que les lendemains d'élection présidentielle chanteraient au Zimbabwe. Mais la faillite du pays semble s'accélérer quelques jours après la réélection, proclamée dimanche 29 juin, de Robert Mugabe au second tour d'un scrutin où il était l'unique candidat. A la population, le "camarade-président" a promis une "prise de pouvoir à 100%" sur les richesses du pays trop souvent détenues par des Blancs à ses yeux. En attendant, les Zimbabwéens affrontent de telles difficultés d'approvisionnement que l'ancien grenier à céréales d'Afrique australe menace de basculer vers la famine et les épidémies. "Nous sommes dans une phase très délicate de notre existence", constate pudiquement un père de famille.
Déjà folle, l'inflation semble s'accélérer encore depuis le scrutin. Au point que les billets libellés en milliards de dollars zimbabwéens (zim$), introduits récemment, ne valent déjà presque plus rien. La période électorale a encore ralenti les activités économiques et l'argent ne tourne plus. A la course aux denrées, s'ajoute désormais la chasse au liquide. Devant les distributeurs automatiques de billets, les files d'attente incroyablement disciplinées sont presque aussi impressionnantes que devant les boulangeries : le plafond des retraits est fixé à 25 milliards de zim$, l'équivalent de 2 dollars américains jeudi 26 juin à la veille du scrutin, mais d'un seul ce lundi.

Le prix du rouleau de papier toilette, vendu à la sauvette, a atteint 10 milliards de zim$. Mais le précieux objet comporte environ trois fois moins de feuilles que le nombre de billets de 10 millions qu'il faut pour en faire l'acquisition. "Tirez-en vous-même la conclusion pratique", sourit un client qui a fait le calcul. Dans les supermarchés aux allures occidentales, les étiquettes sont changées chaque matin et les clients tournent entre des rayonnages aux trois quarts dégarnis. Des consommateurs facétieux ont rebaptisé "MT" (empty, soit "vide") La chaîne de magasins TM. Les rares articles disponibles le sont à cause de leur prix inabordable. Hagards, des pousseurs de chariot presque vide découvrent des paquets de céréales à 325 milliards de dollars zimbabwéens, soit seize fois le salaire mensuel d'un employé. The Herald, le journal pro-Mugabe, claironne que de nouveaux "magasins du peuple" proposent les denrées de base à des prix taxés. Mais selon des témoignages, ils sont réservés aux porteurs de la carte du parti présidentiel (la ZANU-PF).

Un pays à bout Sans électricité, souvent sans eau et sans grand-chose à mettre dans son assiette, comment les gens survivent-ils? Le marché noir, les petites cultures maraîchères et les devises envoyées par les 3 millions d'émigrés expliquent en partie ce miracle. Mais le pays est à bout. Alors que deux millions de Zimbabwéens (un habitant sur cinq) dépendent déjà de l'assistance d'une agence de l'ONU ou d'une ONG, les activités de ces dernières ont été suspendues début juin "jusqu'à nouvel ordre". Or l'effectif de personnes en situation d'"insécurité alimentaire" pourrait doubler au cours de cette année, estime un humanitaire européen. A moyen terme, la perspective est encore plus sombre si l'on considère que l'aide extérieure fournit non seulement des aliments d'urgence mais des intrants agricoles dont l'absence risque de compromettre les prochaines récoltes. Autrefois exportateur de céréales, le pays ne produit plus que 28% de ses besoins en maïs, denrée la plus populaire. Alors que l'hiver austral vient de débuter, "il faut s'attendre à une crise humanitaire", avertit un diplomate, qui ajoute : "Elle risque de se traduire par des mouvements massifs de population et de se propager à toute la région." Déjà, dans ce pays longtemps bien classé du point de vue sanitaire, un millier de cas de choléra ont été enregistrés en quatre mois et plus de 115 morts déplorés.

Face au sourd mécontentement de la population, Robert Mugabe va réactiver son arme habituelle : la politique d'"indigénisation" de l'économie qui, en remplaçant des fermiers blancs par des amis politiques peu versés dans l'agriculture, a précipité la catastrophe économique. Samedi, au lendemain du scrutin, trois véhicules ont fait irruption dans la ferme de Ben Freeth, un fermier blanc, à 100 km d'Harare. Une cinquantaine de nervis armés ont enlevé tous les adultes présents, puis les ont passés à tabac, leur infligeant de multiples fractures. Le fermier avait défrayé la chronique en obtenant du tribunal de la Communauté des Etats d'Afrique australe (SADC) un jugement suspendant son expulsion. Cette fois, sous la menace, Ben Freeth a dû signer une déclaration de renonciation à ses terres.

Gaston Philibert


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