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Vivent les Irlandais.

Ah ! le bourre-pif à l’Europe… groggy la clientèle.
Quoi, quoi, objecte les grands vassaux, ces manants d’Irlandais qui font de la résistance à notre si inoubliable carrefour des esprits ! Même Cohn-Bendit l’extralucide de mai 68 est en pleine déconnade. Les Irlandais se seraient tellement sucrés grâce aux subventions de l’Europe, qu’ils n’auraient plus le réflexe d’en laisser une pincée pour les autres !
Sait-il au moins que le « décollage » de l’Irlande n’est pas pour tout le monde et que la population pauvre n’a pas profité du boum réservé à l’élite ?
Est-ce suffisant de lécher les vitrines en s’émerveillant de ce que l’on ne peut pas acheter ?
Voilà ce que c’est de passer à Bruxelles dans des voiture aux vitres teintées afin d’aller plastronner Rond-point Schuman. Il était inutile de prendre l’avion pour Dublin. Il suffisait de marcher sur les trottoirs de la capitale de l’Europe pour être parfaitement au courant des raisons du vote négatif des Irlandais.
Parce que l’Europe s’est déconnectée des citoyens. Elle ne prend pas en considération leur déconvenue d’un capitalisme délirant. Elle n’est plus « le rêve » comme on disait naguère.
Les gens pensent que l’Europe ne sert qu’à entretenir une kyrielle de fonctionnaires dans des Institutions qui de toute manière ne sont pas là pour diminuer le prix du mazout et de corréler les salaires à l’inflation.
Soyons clairs, l’Europe politique d’un côté, le commerce de l’autre, et tout baigne disent nos éminents. Ils sont pour une liberté qui les arrange : celle du commerce. Ils n’ont rien à voir avec la conjoncture. La vie sociale, selon ces docteurs de l’économie, est une affaire entre le patronat et le syndicat.
Vite dit et pas mal pensé pour se tirer des voitures, la conscience en paix et le portefeuille garni.
Pour le reste, quand on se demande comment on va terminer le mois le porte-monnaie vide, qu’est-ce que vous voulez que ça nous foute qu’elle soit en panne, l’Europe ?
Tout était à prévoir.
Et rien n’a été prévu.
Alors à quoi servent les gros salaires ?
Ah ! si l’Irlande avait manœuvré pour enlever la parole aux gens comme nos experts en dirupoltronnerie et reyndersalade, si les yeux dans le beurre de Milquet avaient séduit les Dublinois ? Peut-être aurait-on jonglé avec le référendum et l’aurait-on escamoté de la Constitution irlandaise ?
C’est dur-dur pour les déconnectés d’ambiance qui nous dirigent…
Mais ils n’ont pas dit leur dernier mot. Ils le veulent leur président du consortium, ils aspirent à leur ministre des affaires étrangères et aussi à celui de la guerre.
Ces braves du salaire surmultiplié parleraient d’une seule voix au nom de l’Europe entière. C’est ce qui les travaille le plus : parler d’une seule voix. Dire à la face du monde entier ce que nous ne sommes pas, afin que leur vision de l’Europe archi minoritaire soit celle qui compte : un peu pétainiste, un peu tatchérienne… et hurrah pour Charlemagne !
Aussi, le simulacre se poursuivra : nous « votons » ou nous avons « voté » OUI, un oui massif comme Louis Michel, un oui, inoubliable, par porte-plume interposé ; car, les bougres, ils n’ont pas confiance en nous, ils bourrent les urnes à notre place ! Voyez si un référendum en Belgique ou ailleurs rejoignait l’Irlande, comme ce serait une tache !
Et sur le plan Institutionnel, Barroso a bien ouvert ses portugaises. Il a compris ce qu’on lui demandait. Le processus continue, comme si les Irlandais ne s’étaient pas butés, comme s’ils avaient voté oui. Ainsi, quand l’unanimité, moins une voix, sera déclarée solennellement, on va entreprendre en douce des négociations avec les récalcitrants. Déjà qu’ils pompent des subsides en belle proportion, Barroso va leur faire un pont d’or, comme à Madonna.
On se demande comment la Wallonie est dirigée ? Qui ne voit dès lors l’intérêt à voter non, pour ensuite négocier la cerise sur le gâteau ? Rudy Demotte ne serait-il qu’un sot ?
Mais qu’est-ce qu’ils veulent tonnent les parlementaires européens : « Ne sommes-nous pas heureux ? Certes, au prix des carburants, la voiture est devenue un sacré luxe ; mais il n’y a pas de guerre, enfin pas encore, puisque l’Europe n’a pas d’armée. Le système capitaliste est épouvantable, mais ne faisons-nous pas tout pour le supporter ? Ainsi, prenez-nous en exemple, n’avons-nous pas de bons salaires et un avenir assuré ? ».

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C’est ce dernier point qui coince. Eux, certainement n’ont pas à s’en rancir l’oignon, mais les pauvres hères dans la rue ? Ils ne reçoivent pas « la juste »rétribution de leur mérite. Comme disait naguère Figaro, il leur faut bien plus d’industrie pour vivre une heure, qu’eux une année entière.
Alors, si l’Europe était dirigée par des parlementaires vraiment représentatifs, elle dirait d’une seule voix son inquiétude quant à la dérive actuelle du système économique mondial, chercherait des solutions intermédiaires entre laisser-faire et dirigisme. Elle serait attentive aux populations qui s’interrogent sur leur sort.
Elle se poserait la question de savoir sa vraie utilité, plutôt que rêver à des stratégies planétaires en se taillant des costards chez les tailleurs chics de Londres.
Elle se rapprocherait des gens, plutôt que de s’en éloigner.
Mais les élites sont stupides, bien dans l’air du temps : « tout pour moi et rien pour les autres », telle est la nouvelle devise internationale. L’Europe y adhère. De vrais libéraux, ces petits monstres !
Alors, qu’ils aillent se faire foutre et vivent les Irlandais.

Commentaires

Tout ce bla bla est bien passionnant mais se féliciter de ce NON quand on sait pourquoi les irlandais ont dit non, il n'y a pas de quoi pavoiser autant.

Non à l'avortement, non au mariage homo, non aux arabes et aux turcs, voila de quoi ce non est fait alors faire dix pages là dessus, n'avez vous rien de plus intelligent à dire ?

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