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Histoire de blogs.

A propos de l’article « Enfouissement », un lecteur auquel j’ai répondu, m’avait écrit ceci :
« A lire ce billet faut-il en déduire que "faire le siège des échevins" ne vous a pas réussi.
"Point de ressentiment", pourquoi vous croire obligé de le préciser si vous en êtes si sûr. »
C’était, ma foi, faire montre d’esprit et d’une certaine capacité à connaître les ressorts humains.
Ce à quoi j’avais répondu : « Je n'ai jamais fait le siège de personne et surtout pas des échevins du lieu. Ma visite au grand défunt n'était qu'une faute de jeunesse. La leçon m'en a été profitable. »
C’était une sottise de ma part. Elle fut faite toute à trac, par le besoin qu’a l’innocent de se disculper. Ce qui ne sert strictement à rien.
On peut se défendre d’une accusation. On ne peut pas se défendre d’un trait d’esprit qui relaie une accusation, sinon en approfondissant sa pensée si possible par un autre trait d’esprit.
Quelque part outragé, aussi, que l’on pût me croire bien adapté à une sacrée collection de gens incultes, polis dans l’abord, mais souverainement grossiers quand s’élèvent les débats. Voilà bien les leaders d’une société que j’abhorre par son bourgeoisisme et ses faux-semblants, et près desquels pour un empire, je ne me commettrais….
Bien entendu, autre chose est la démarche d’un auteur qui sollicite un éditeur ou qui prend part à un « concours », par rapport à son confrère qui fait du porte à porte chez des personnages en vue. La fréquentation de ceux-ci descend le quémandeur au niveau inférieur au sollicité, puisqu’il faut pour qu’une démarche de ce genre réussisse, faire montre d’admiration ou de retenue.
Pour le reste, il existe chez l’artiste resté modeste un sentiment partagé par tous.
Tout qui écrit est poussé par le démon de se faire connaître. Un blog est l’outil idéal pour cela. On n’a besoin de demander la permission à personne et on écrit ce que l’on veut. Izoard vient d’un autre temps. Peut-être cela aurait-il comblé sa soif d’être lu, si cette nouvelle façon de publier lui avait été connue plus tôt ?

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J’ose citer ici un texte – que je trouve admirable - de Jules Renard, tiré de son Journal, et qui dépeint très bien l’état de la pensée d’un artiste resté conscient de la valeur relative de son oeuvre.
« Je n’ai réussi nulle part. J’ai tourné le dos au Gil Blas, à l’Echo de Paris, au Journal, au Figaro, à la revue Hebdomadaire, à la revue de Paris, etc. etc… Pas un de mes livres n’arrive à un second tirage. Je gagne en moyenne 25 francs par mois. Si mon ménage reste pacifique, c’est grâce à une femme douce comme les anges. J’ai vite assez de mes amis. Quand je les aime trop, je leur en veux, et, quand ils ne m’aiment plus, je les méprise. Je ne suis bon à rien, ni à me conduire en propriétaire, ni à faire la charité. Parlons de mon talent. Il me suffit de lire une page de Saint-Simon ou de Flaubert pour rougir. Mon imagination, c’est une bouteille, un cul de flacon déjà vide. Avec un peu d’habitude un reporter égalerait ce que, plein de suffisance, j’appelle mon style. Je flatte mes confrères par lettres et les déteste à vue. Mon égoïsme exige tout. Une ambition de taille à regarder par-dessus l’Arc de Triomphe, et ce faux dédain des médailles !
Si l’on m’apportait la Croix d’honneur sur une assiette, je me trouverais mal de joie, et je ne reviendrais à moi pour dire : « Remportez ça ! .
« Le pli que j’ai au front se creuse chaque jour davantage, et bientôt les hommes auront peur de le regarder et se détourneront, comme si c’était une fosse. Je ne travaille même pas comme quelqu’un qui veut mériter l’abrutissement, et, malgré cela, il y a, ma parole, des quarts d’heure où je suis content de moi. »
Ah ! si un artiste liégeois pouvait atteindre à cette vérité, à cette simplicité d’écriture, à ce dépouillement non feint, combien je l’honorerais, mort ou vif…
Hélas !...
Une dame qui en est loin également, c’est Rachida Dati, ministre de la Justice de Sarko, qui commet un blog des plus singuliers. Il est fait uniquement à sa gloire, sans possibilité d’y laisser l’ex-voto d’un lecteur qui ne serait pas d’accord.
Elle me fait penser à la bande illustrée « Martine à… » (à l’école, à la piscine, à la cuisine, au cirque, etc…)
Dans ce blog, nous avons la charmante et exotique ministre à Toulouse, à Bruxelles, sur Europe 1, à Marseille, à Vitry-le-François, sur Skyrock Planète Rap, à Perpignan, au Maroc… Il n’y a plus qu’à mon cul qu’elle n’a pas été ! Oserai-je le dire ? Ma foi, je le regrette un peu. (Encore une belle occasion pour vous, cher lecteur critique)
Si vous voulez y jeter un regard (pas à mon cul évidemment), c’est facile, vous faites www.rachida-dati.tv.
Nos politiciens pourraient en prendre de la graine, quoique le blog de certains y ressemble furieusement…

Commentaires

Magnifique citation de Jules Renard, Richard III!
Pour le reste, te tracasse pas, continue, on t'aime bien comme ça!

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