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Du président, du pape, et des saints d’esprit.

Le débat sur le rôle de l’Etat entre religion et laïcité a repris depuis la venue du pape à Paris et les discours qui ont été prononcés.
Sarkozy n’est pas le président neutre et l’arbitre que l’on aurait souhaité en ce domaine. Il aime faire figurer Dieu dans les discours officiels. Il abonde dans un éloge des religions qui en devient indécent dans la bouche d’une président d’une république laïque.
Le militantisme des croyants toutes croyances religieuses confondues relève la tête.
« Ripostes », le magazine de la 5, a, une fois de plus, opposé deux catégories bien distinctes de penseurs : les théologiens et les philosophes. Cela n’aurait que la conséquence d’un affrontement intéressant pour le téléspectateur averti, si les théologiens ne s’intitulaient également philosophes.
On en serait resté à la « dispute » comme on l’entendait en rhétorique, si n’entrait à présent la notion de « laïcité positive » avec l’avènement de l’actuel président, ce qui revient à déduire que la laïcité avant son élection était « négative ».
Puisqu’il en est ainsi, la situation des théologiens par rapport à la philosophie n’est ni positive, ni négative. Elle relève simplement de l’imposture !
Un théologien est tenu au respect d’un dogme. Il démontre exactement ce qu’il croyait avant toute démonstration. Effet du cheminement d’une pensée ? Non. Chez lui l’hypothèse n’est jamais incertaine. Elle tient à sa foi et à rien d’autre. L’élaboration philosophique d’une conviction appuyée sur la foi, appartient à l’histoire des religions et pas à la philosophie.
Dire le contraire, c’est oublier ce qu’est un homme possédé par la foi et servant une religion. Pour cet homme, la foi réside en des récits souvent extraordinaires rapportés comme un film de science fiction, qu’il traduit en faits surnaturels. Ils sont indémontrables et incompréhensibles pour un être doué de raison et qui n’aurait pas l’oreille à la parole divine. Ils ne peuvent être crédités d’un quelconque intérêt philosophique. La conciliation de ces chimères avec un courant de la philosophie ou de la science, est impossible, sauf dans une discussion sur les mythes !.
La tentative d’un Teilhard de Chardin de rapprocher le dogme chrétien et le transformisme n’a aucun rapport avec la biologie, mais relève de la diffusion d’un concept biologique en milieu religieux.

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Depuis le Moyen-âge, l’église catholique a toujours procédé par amalgame du dogme et son adaptation à une philosophie pour aboutir à l’approbation ou la condamnation.
Abélard fut condamné, saint Thomas approuvé et ainsi de suite jusqu’au XXme siècle avec la tentative d’un groupe de chrétiens attachés au bergsonisme condamné par le Vatican.
Mais derrière ces leurres, la figure d’un Roger Bacon transparaît qui découvre enfin le but à atteindre des théologiens « la seule science qui commande aux autres, c’est la théologie », le but étant de retrouver la source de la science intégrale dans le message de Dieu.
Fallait-il intégrer Aristote dans le mythe religieux ? Les docteurs de l’église y parvinrent quand ils eurent définitivement fait de la philosophie d’Aristote un acte de foi, tout en rejetant l’homme, né avant Jésus-Christ donc exclu de la nouvelle harmonie entre le ciel et la terre.
La philosophie n’est pas la somme de tous les courants de pensée d’une civilisation, elle n’en est qu’une partie, le reste étant occupé par la théologie et les sciences ; mais la première ne fait pas partie de la seconde. Elle en est bien supérieure, puisqu’elle peut sans faillir à son rôle discuter de l’existence de dieu ! Quant aux sciences, elle n’en peut déduire que ce qui relève de la morale et à son application dans les découvertes scientifiques.
La laïcité publique est d’un usage encore plus clairement défini que la philosophie. Elle n'est pas une doctrine. L’Etat n'a pas à distribuer les rôles de la croyance et de l'incroyance., C'est cette neutralité qui assure la liberté de croire et de ne pas croire.
Les rapports avec les religions sont particuliers, puisqu’on n’est pas laïque comme on est catholique, musulman, bouddhiste, etc. On peut même être à la fois laïque et catholique, laïque et musulman.
La laïcité, le libre examen, la philosophie ont pour but de faire coexister les libertés avec les religions. On sait bien que les plus difficiles à convaincre dans la laïcité, ce sont les religions et parmi elles les éléments intégristes qu’elles contrôlent ou qu’elles ne contrôlent pas, mais qu’elles instrumentent et pas toujours en faveur d’une cohabitation des libertés.

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