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Dieu : le retour !

Après le retour du « tout moral » on est en plein dans celui de Dieu.
C’est l’époque qui veut ça. Il devient si délicat de parler de certaines choses que l’on a fait des lois pour ne pas que ça se voie qu’on en parle quand même.
C’est tout l’homme. L’hypocrisie, dieu apprécie.
Mais dieu, pardon, on peut en parler ! Non seulement on peut : on doit !
Jamais aucune loi n’interdirait à Dieu de commercer avec les hommes.
Il est partout et dans tout. En ce moment, il sort à peine d’un stade de Pékin.
Place à la fantasmagorie ! On ne peut pas égaliser le sol en hélicoptère à béton, raboter les clous qui dépassent sans laisser un petit quelque chose d’immatériel et d’insensé au fond des gens.
D’abord, nous avons eu droit au réarmement théologique par le chantage au génocide.
Le rappel du Dieu vengeur par ses zélotes nous saisissant les tripes, nous avons souhaité et obtenu une police pour incroyants. Puis, ce que nous n’avions pas souhaité est arrivé, les concurrents de Yahvé ont réclamé une place à leur tour.
Allah est surtout grand par le bruyant de son prophète.
Donner dans le mystique allait faire oublier l’orage prochain au peuple et éviter la critique des institutions économiques.
Temple, église, minaret, synagogue, locaux pour le tantrisme, le bouddhisme, les adeptes des Derniers et des Premiers jours, des Tables de la Loi, Moon light serenade et scientologie de la révélation : Jéhovah, Allah et Bouddha ont de quoi se loger.
C’est le grand charivari de leurs opéras. Les soupirs des anges concurrencent les imprécations des gourous, les vocalises des moines, des imans et des muezzins.
Les serviteurs du Grand Révélateur comptabilisent les oboles et les dons des fidèles pour la consécration suprême du Temple : celui de Wall street.

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Dans la confusion, des derniers hésitants s’interrogent : puisqu’il y a tant de dieux et qui paraissent incompatibles, comment reconnaître l’Unique ?
Et s’il n’y en avait point, finalement ?
Sinon, celui qui ressemblerait le plus à Voltaire, qui serait doux, tolérant, aimable, et un rien frondeur ?
A force de trop vouloir l’égalité du monde dans ce qu’il a de plus médiocre, en serait-on arrivé à ce que Dieu le soit aussi ? Un Dieu qui respecterait les hiérarchies humaines, qui serait de gauche, mais approuverait une politique de droite, bref un dieu socialiste ! Un dieu, enfin, qui reviendrait de La Rochelle avec les bobos de la rue de Solferino ?
Ou un Dieu tellement inaccessible, qu’à force, on soupçonnerait qu’il n’existe pas ?
L’athéisme considéré comme un anathème !
Certains fols ont cru que le seul culte possible était celui des hommes.
On s’est rendu à l’évidence que dans cette conjecture, les riches allaient devoir casquer.
Voilà du coup l’athéisme devenu l’horreur absolue de Ben Laden à Dobeliou Bush.
Pour que des intérêts aussi divergents s’allient, faut-il que l’athéisme soit considéré comme le fléaux de la parfaite aporie !
Les bookmakers des parlements n’y pensent pas. Il suffirait de dresser des Temples à l’athéisme, comme des francs-maçons s’y essayèrent sans grand succès, pour mettre les adhérents de tout système à égalité
Un vrai cours de morale à côté des cours de religion serait un beau début.
Pourquoi pas un dieu de synthèse, un dieu qui aurait son temple et qui accepterait, comme tous les autres, les modestes contributions citoyennes qui font les grandes rivières à seule fin de reverser le tout dans un fonds de la solidarité humaine ?
Puisque les foules sont sensibles au décor et aux costumes, il suffirait d’un grand prêtre habillé de rideaux, la barbe est superflue, et qui viendrait nous raconter des sornettes, sauf que ce serait pour la bonne cause en réparation aux victimes des kalachnikovs des dieux forts !

Commentaires

Tout un texte sur dieu, c'est à dire sur rien.

Des milliards d'hommes qui réfléchissent sur rien !
C'était à souligner, non ?

On ne comprend rien à la vie tant que l'on ne comprend pas que tout y est confusion.
Henri de Montherlant

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