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La Machiavel tendance…

On a compris. La politique consiste à accompagner les événements, les tendances majoritaires et les systèmes économiques. Quand l’homme de pouvoir colle bien à la réalité, il observe de quel côté navigue le plus grand nombre. Le repérage accompli, il estime comment vont les mœurs et suppute si les tendances sont durables.
Il n’est pas là pour montrer la voie à suivre, ni développer des plans d’ensemble. Il attend le départ de la colonne pour courir à la tête du cortège. C’est un suiveur du premier rang !
Sa fenêtre est d’abord ouverte sur le quartier où il vit.
L’observation s’étend à la ville, puis au pays, et enfin au monde.
Et ce qu’il fait pour surfer sur la vague locale, il l’applique au monde entier.
Dans sa dimension mondiale, la tendance devient courant.
Le courant pousse une déferlante impossible à maîtriser.
Donc il se laisse porter.
Le politiciens qui réussit est un Sancho Panza et pas un Don Quichotte.
Si le régime est purement libéral, il est libéral. Si la tendance est fasciste, il le devient.
Il y a des ferments nationalistes en Flandre. L’Haut-lieu est à l’écoute. Pas encore de brassards, jeux de drapeaux de la jeunesse en culotte courte battant des tambours, mais qui sait ?...
Seuls quelques fous, idéalistes ou aventuriers perturbent le jeu de bielles. Ils ont trouvé la botte de Nevers qui touche à tous coups. Le public répond à leur appel. Les politiciens suivent. Parfois un seul illuminé suffit à entraîner les foules. Elles commencent par dire qu’elles n’ont rien à se reprocher, comme on l’entend souvent ces temps-ci, pour se retrouver en tôle comme de vulgaires immigrés.
Par le passé, cela s’est vu, le climat délétère est propice aux dictatures sanglantes. Il est vrai qu’en l’occurrence, le politicien n’a pas le choix. Il adhère, sinon, il doit entrer en résistance. Ça n’est pas son fort.
C’est ici que les historiens nous prennent pour des imbéciles.
Ils réécrivent l’histoire à leur manière en suivant le chemin de quelques grandes figures qui ont dit « non » et se sont opposés à la dictature.
De 1933 à 1940, il y avait bien 80 millions de nazis en Allemagne, très peu de résistants et parmi eux, une poignée d’anciens dirigeants politiques.
L’oppression qui suivit n’émut personne. Il fallut attendre la débâcle pour que les Allemands se rendent compte, forcément, la tendance s’était inversée. L’acte de bravoure de la SS devenait un génocide.

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Ceci n’accable pas les Allemands qui sont un grand peuple. Cela démontre que l’esprit fonctionnaire est général et qu’un grand peuple peut être un peuple veule.
Aujourd’hui, localement, les différents pouvoirs politiques cherchent à coller au peloton en Belgique. Les Flamands ne pensent plus du tout comme les Wallons. On s’est efforcé de masquer par des artifices ce constat. On n’y parvient plus.
Nous assistons à la scission en deux courants du personnel politique. Dame, chacun obéissant à la loi des tendances, opère sa reconversion. Les politiciens flamands se font nationalistes, demain ils se feront flamingants, s’il le faut. Les politiciens wallons sont les plus perplexes. Ils misent toujours sur le loyalisme vis-à-vis d’une Belgique unie et d’autre part, ils se demandent si sous les coups de boutoir flamands, la population wallonne ne va pas évoluer vers une sorte de volonté d’indépendance. Le tout est d’apprécier jusqu’où un citoyen wallon peut aller dans la peur d’un avenir sans ses partenaires de 1830.
Cela se change en cauchemar pour les Di Rupo, Milquet et Javaux. Reynders lui dort mieux, il a choisi de collaborer avec le camp d’en face. Trahir ne l’empêche pas de dormir.
Heureusement que la politique n’est pas toujours à la frange de deux hypothèses contradictoires.
Par contre, où le pouvoir est plus tranquille, c’est bien sûr dans le système économique qui est devenu mondial. Vous ne verrez jamais personne critiquer quoi que ce soit. On ne parle jamais que d’adaptation ! Parce que c’est ce que croit la masse. Le calcul serait à refaire si cette masse commençait à perdre confiance et se délitait dans la croyance que le système économique mondial est déterminant et le seul possible.
Ce n’est pas demain la veille.
Les systèmes meurent, comme les civilisations.
Ne vous tracassez pas. Le jour où celui-ci donnera des signes d’essoufflement et que ces signes se traduiront dans les masses par un mouvement de protestation et de scepticisme, alors nos hommes de gauche, après avoir freiné des quatre fers pour éviter ce changement – dame, ils vivent très bien dans la mondialisation économique – retrouveront leurs anciennes marques. En Belgique cela se traduirait pas trois choses. On déterrerait le principe de la lutte des classes. C’est facile, il suffirait de changer quelques dates et quelques virgules dans les discours anciens. On reviendrait au sifflet des meetings passés ponctuant de son « tuut-tuut-tuut » des slogans comme « plus un sou au curé » et - last but not least – la refondation des écoles en une seule.
Ils auront l’air de nous avoir conduits. Ils chanteront sur tous les toits que leur intuition ne les a pas trompés. Nous les croirons et nous repartirons vers de nouvelles désillusions…

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