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Le PS en panne d’idées.

Comme on souhaiterait avoir un PS en Belgique, au sein duquel aurait lieu des débats même vifs sur des visions différentes des grands problèmes de notre temps !
Di Rupo avait eu l’intuition de cela en imaginant des réunions de la base sans les sections. Il avait même chargé un universitaire frais émoulu de l’opération.
Mais qu’est-il devenu ?
A-t-il jeté l’éponge par défaut d’intérêt ? Parce que les gens n’ont plus rien à dire qui n’ait été dit ?
On ne sait pas.
Reste que les occasions de se démarquer d’Elio sont devenues rares dans ce parti.
Cela suscite pas mal de réflexions.
Sans remonter à Jules Destrée, au temps d’André Cools, ce n’était pas si limpide. On va finir par regretter cette époque où pourtant déjà l’idéologie sombrait dans l’unanimité et le capitalisme pur et simple.
L’ambiguïté d’aujourd’hui tient dans le soin de la propagande à dresser un portrait clean et sans anicroche, lisse désormais, des quelques leaders qui tiennent le devant de la rampe. On suppose que si un avis divergeant se faisait entendre, l’opinion croirait les quelques grands leaders personnellement touchés. Ce ne serait pas l’idée avancée – bonne ou mauvaise – qu’il faudrait considérer, mais uniquement le grand leader qui aurait dû l’avoir, bonne et rejetée, si elle avait été mauvaise.
L’unité des partis et la face unie qu’ils montrent en public et à la télévision ne représentent pas la réalité. Cependant, pourquoi diffusent-ils cette image dans la presse et à la télévision ?
Pourquoi les tendances opposées n'arrivent-elles plus à se faire entendre comme autrefois ? Ce serait bien dommageable s’il n’y avait plus que le président et quelques personnes de confiance capables de penser !
Il y a sans doute plusieurs raisons. J’en vois deux évidentes.
La première tient à ce qu’il convient de faire suivant les écoles de communication et les agences de marketings.
Un parti, comme un homme politique, se lance comme un paquet de lessive.
Il y a des hommes formés pour ça. Les personnes en vue vont à leur école, s’imprègnent des règles, découvertes et pratiquées depuis longtemps par Ségala et consort.
Le sourire est constant lors d’interviews, même si les réponses sont fausses, il faut les asséner avec aplomb. Le public, enfin le gros de celui-ci, ne peut pas s’en rendre compte immédiatement. L’effet de cet aplomb est garanti.
Enfin, deuxièmement, les partis n'ont plus de doctrine, a fortiori le PS qui tranchait jadis sur tous les autres et semblait être le seul à rompre avec cette société.
Il n’y a plus de visions différentes du socialisme. Tous sont socialistes de la même manière. Cette uniformité plaît sans doute assez dans un société chloroformée, mais n’est pas capable de réveiller les masses.

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En France, Olivier Besancenot sera-t-il capable de faire revenir le PS sur ses erreurs ?
Nous n’avons même pas cette chance en Belgique. Ce n’est pas le parti de Javaux, Ecolo, qui pourrait jouer ce rôle. Il est bien trop imbriqué déjà dans les pouvoirs, trop attaché dans le conventionnel aux militants qui ne se distinguent pas des autres par des revendications sociales fortes.
C’est peu dire que la Belgique entre en récession dans des conditions pires que ses voisins et partenaires de l’Europe. Car, nous avons une autre crise, l’Institutionnelle, qui paralyse tragiquement le gouvernement Leterme et qui se superpose à l’autre, conjoncturelle.
Ne pas se savoir gouvernés dans une période comme celle-ci devrait multiplier les idées du PS !
C’est le contraire qui a lieu.
Les discours sont creux et les attentes pas plus impatiemment attendues que d’habitude.
A la faveur des errances du flamingantisme, les socialistes auraient beau jeu de pousser à une rupture entre un libéralisme fascisant à la flamande et un socialisme qui pourrait reprendre des couleurs en allant à l’écoute des gens.
Peut-être même entraînerait-on un socialisme flamand en léthargie aussi ?
Les opinions publiques ne s'y trompent pas : l'impopularité du CD&V et de Leterme ne profitent pas au PS. Selon une logique européenne, les gauches abandonnent même le pouvoir aux droites.
On en viendrait à espérer des luttes d’ambition personnelle au PS, comme en France. On voit bien que Van Cauwenberghe, pourtant montré du doigt par la direction du PS, n’a plus la stature pour rebondir. Il a perdu la possibilité de revenir en se laissant tailler des croupières par les médias souhaitant déforcer le PS de Charleroi. Peut-être par là a-t-il montré que les reproches étaient fondés ? De même à Liège, l’ambition reste locale. Lorsqu’on voit la passivité avec laquelle on suit Di Rupo qui désigne depuis Mons, qui entre au gouvernement à la Fédération de Liège, on a compris que là aussi, la révolution ne sera pas pour demain.


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