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La vie est belle au PS belge.

Ah ! ce n’est pas en Belgique qu’on verrait le PS divisé. Bien sûr, il l’est, sinon plus qu’en France ; mais pas de la même manière. Son image paraît soudée, agglomérée comme des fonds de caisse, autour du ténorino montois. Des décors d’unité et de fraternité masquent les cadavres dans les placards.
La base n’a pas de voix délibérative. C’est pire qu’un clivage Aubry-Royal à 50/50, c’est 10 % de chefs, contre 90 % d’adhérents.
Comment est-ce possible ?
C’est simple. Vous faites en sorte que les statuts faits au moule du chef soient respectés par une salle de militants acquise par clientélisme depuis toujours, comme un ver solitaire ne vit que par la tête.
Le PS belge, au contraire du PS français, ne consulte pas ses militants. Il n’y a donc jamais que des voix « autorisées » qui félicitent le chef ! C’est simple, pratique et garanti.
Sauf tous les 4 ans, on vote sur papier pour l’élection du chef suprême, c’est une formalité. On sait à l’avance le résultat. La dernière fois Elio Di Rupo affrontait un Jean-Pierre De Clercq éclaboussé par les affaires de Charleroi, sparring-partner rêvé. Le maestro fut proclamé roi par 23.747 militants, soit 30,3 % du nombre total d’affiliés seulement. C’est très peu de monde. Cela n’a pas empêché de montrer qu’en pourcentage, près de 90 % des suffrages exprimés plaçaient l’artiste dans le score d’une république bananière.
Il y aurait donc au PS belge, près de 70 % d’abstentionnistes, en majeure partie opposants du Bureau. Une indifférence massive et un renoncement à la lutte, voilà de quoi est constitué le militantisme socialiste.
Chez les chefs, les dynasties se sont formées. Le fils succède au père. L’apport de sang frais, c’est le chef suprême qui amène les plaquettes et tout est dit.
Résultat, voilà trente ans et plus que les mêmes accompagnent les libéraux aux affaires. Le feraient-ils seuls ou avec les « libéraux-religieux », rien ne changerait.
Le malheur, c’est que ça finit par se voir.
Le capitalisme est en train de se planter. Des réformes en profondeur sont péremptoires et nécessaires. Les socialistes devraient être en mesure d’exposer des projets. Hélas ! la boîte à idées est désespérément vide.
Les petites gens souffrent et il y a urgence. Et que voit-on ? La ténuité des réformes, l’appauvrissement de la matière grise, voilà le spectacle que Di Rupo et ses associés nous présentent.
Par contre, pardon ! toujours frétillants à la conquête de pouvoirs locaux et fédéraux, largement rémunérés, les gars du Bureau ont le sens des affaires.

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L’alternative n’existe pas en Belgique. A qui confier son dégoût d’un PS amorphe ? Le CDh n’est pas le refuge des travailleurs malheureux. Milquet a ses Melchior et ses traditions. Elle est allée à l’école d’un Gérard Deprez aujourd’hui apostat et MR.
Ces gens n’ont pas un Olivier Besancenot aux mollets. Les Ecolos ne se sont pas débarrassés des préjugés de classe. C’est encore un parti d’intellectuels. Une mesure sur deux préconisée par eux s’avère néfaste au pouvoir d’achat ou inefficace à la protection de la nature.
Alors, le désamour du PS profite au parti de Reynders. Idem quand après s’être jeté dans les bras de la droite, l’électeur déçu revient à ses premières amours, c’est le PS qui remonte.
Ce jeu finit par exaspérer tout le monde et ne conduit qu’à la passivité générale.
Non seulement personne ne tire les leçons de la crise bancaire et du marasme économique, mais encore il n’y a pas d’accord sur le communautaire qui pourrit une situation déjà nidoreuse.
Cette politique est bien la caractéristique des Régimes dirigés par des élites coupées des préoccupations des gens. Le monde d’en bas qui la saute s’en fout. Il attend du concret. C’est banco qu’il doit payer son loyer et manger quand midi sonne.
A la fin de l’année 2008, le beau monde navigue déjà dans la perspective des élections de l’année prochaine. Cela paralyse l’initiative. On assiste à la fureur montante des travailleurs pauvres, des pensionnés et des cas sociaux.
On voit d’ici le cadeau de Michel Daerden pour l’année électorale : une remise sur la redevance TV, alors que pour les Flamands, c’est gratuit depuis longtemps. Papa va gagner dans un fauteuil.
Et ainsi, vaille que vaille, le PS bourlingue à la va comme le vent le pousse, sans vraiment s’en faire : pas de débats internes, pas de concurrents externes, des chefferies stables seulement modifiables à la retraite des titulaires, dans un pays comme un mouchoir de poche et qui a le record du monde en nombre de gouvernements et d’institutions de pouvoir.
Terre d’élection pour toute carrière politique dans les partis installés, ce petit pays est un éden pour les Melchior et les Balthazar de tous les courants. Un cas d’école de la social-démocratie.
Alors, pourquoi se gêner ?

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