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Un drôle d’animal !

En l'an 2000, quelques fondus s’étaient rassemblés pour attendre la fin du monde. D’autres farfelus prétendaient que des événements extraordinaires allaient changer l’ordre des choses, que la terre allait basculer, que son orbite se modifierait. Bref, aucun de ces augures du malheur n’avait songé que la comptabilité par année du calendrier était tout à fait conventionnelle et du seul fait des hommes. Le calendrier n’a jamais rien eu d’extraordinaire si l’on excepte celui de Nostradamus ou celui plus pittoresque de Mathieu Laensberg.
Bref, l’an 2000 n’a pas réédité la sottise collective de l’an mil où la chrétienté s’attendait à l’imminence du Jugement dernier.
Il y eut bien quelques suicides, mais on sait que pour satisfaire leurs instincts, les névrosés sont bons à tout !
Les importants se disent assez proches des superstitions populaires les plus suspectes, histoire d’accréditer l’idée qu’ils sont comme tout le monde.
Il était impensable que certains d’entre eux sous l’égide de l'ONU ne cédassent pas à la tentation d’adopter un programme ambitieux : «Objectifs du Millénaire».
L’occasion de l’intelligentsia internationale de couper le ruban symbolique était trop forte…. encore que les puristes affirment que le troisième millénaire débuta en 2001.
Il fut donc décidé l'éradication des grandes pandémies (Sida, Paludisme, Tuberculose), la réduction de la très grande pauvreté, la diminution par deux de la faim dans le monde, la réduction drastique de la mortalité périnatale maternelle et infantile et la régression significative de l'illettrisme et des discriminations envers les Femmes, le tout en quinze ans !...
Grande ambition, vaste programme, vœux pieux pour lesquels les hommes et les femmes de bonne volonté ne peuvent que tomber dans les bras des uns et des autres en pleurant de bonheur, malgré la facture d’environ 150 milliards de dollars par an...
150 milliards, vaste chantier, déjà rien qu’à la question « qui va payer ? ».
Pourtant, quand on voit la facilité avec laquelle les gouvernements ont arrosé d’argent frais les banques en détresse huit ans plus tard, ce programme était à la portée de tout un chacun.
Enfin, vaille que vaille, à mi-parcours, la nature classificatoire et statistique de l’ONU a fait le bilan du vaste programme.
Il est accablant pour le monde riche, le monde industriel, le monde exploitant le monde, si quelque chose de tant soit peu humain puisse encore accabler le monde capitaliste.
La faim et la pauvreté : les populations qui souffrent de la faim continuent, en valeur absolue, à croître et la faiblesse des rémunérations maintient 20% de la population salariée sous le seuil de pauvreté.
Assurer l'éducation primaire pour tous : un certain progrès numérique de l'enseignement mais la qualité de l'éducation manque et le nombre des enfants réfugiés sans école va croissant
Egalité des sexes : à l'école et au travail, la discrimination ne régresse guère
Réduire la mortalité infantile : les décès des enfants de moins de cinq ans sont toujours considérables
Améliorer la santé maternelle : en Afrique subsaharienne, le risque de mourir au cours de la grossesse ou de l'accouchement est toujours élevé
Combattre sida, paludisme et autres maladies : moyens efficaces mais non accessibles à une part importante des populations
Assurer un environnement durable : la moitié de la population mondiale n'a pas accès à l'eau et l'objectif ne sera pas atteint en matière d'installations sanitaires
Partenariat pour le développement : l'aide publique au développement est inférieure à 0,3 % du PIB mondial et le commerce mondial n'améliore rien »
Parallèlement, la FAO constate une augmentation de la faim dans le monde : plus de 920 millions de personnes se couchent tous les soirs la faim au ventre, et meurent lentement dans cette prison.
La raison principale de ce fiasco : les Etats, à de rares exceptions près, n'ont pas tenu leurs engagements. Les 150 milliards de dollars annuels nécessaires à la mise en place des objectifs du Millénaire n'ont jamais été versés. On n'a même jamais atteint les 100 milliards, alors que 3000 milliards (estimation provisoire) viennent d'être versés pour sauver le système bancaire.
On se demande ce qu’il restera des beaux discours et des belles promesses après la crise ?
A côté de ces estimations lamentables, de ce formidable plongeon de l’humanité dans un nouveau Moyen-Âge, voir les gens, entendre un oiseau chanter, respirer l’air de la campagne, arrachent encore des soupirs d’aise, des demi-sourires à nous Occidentaux qui ne sommes pas les plus mal partis de cette planète.

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Ainsi, moi, il m’est donné de toujours bien digérer, de dormir tout mon saoul, de trouver les femmes charmantes, de jeter des bouts de papiers à côté des poubelles publiques et de me foutre de tout, bref d’être parfaitement heureux !
Alors qu’il y a franchement de fichus quarts d’heure qui me plongent dans un cafard monstre !
L’homme est quand même un drôle d’animal !

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