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Un PDG sans complexe.

On n’en a presque pas parlé en France, à peine en Belgique, vous pensez. C’est que la social-démocratie est la machine sur laquelle compte le plus... la droite !
Je veux parler du parti de Gauche (PDG ou PG pour la forme) créé par Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez, démissionnaires du PS de Martine Aubry.
Que Mélenchon et Dolez sortent du PS parce qu’ils y étouffaient ne doit pas réjouir le PS français, pas plus que Di Rupo et Onkelinx en Belgique, d’autant qu’on y est à six mois des élections.
Le PS belge va devoir fournir un gros effort d’imagination pour raconter à ses électeurs une histoire de la crise qui l’arrange et comment les sociaux-démocrates l’ont ressenties ! Que les défenseurs de l’orthodoxie capitaliste soient en même temps les champions des travailleurs, voilà qui promet des acrobaties verbales.
En France, il semble bien que la situation se clarifie à gauche depuis que certains socialistes sont sortis de la mouvance social-démocrate. Mélenchon et Dolez ont retrouvé d’instinct le langage révolutionnaire qui manque si cruellement aux maîtres du PS belge, en renouant avec les grandes figures du passé, de Jaurès à Louise Michel et même de Robespierre. Cette fraîcheur ranime l’espérance et fait croire à un autre destin.
Si la sourdine a été mise à cet événement, c’est que la gauche du PS pourrait être majoritaire en voix traditionnellement réparties sur les formations d’opposition, non pas à cause de la dispute des chefs du PS, même si cette dispute doit être prise en compte, mais parce que d’Olivier Besancenot et Arlette Lavilliers, en passant par Marie-Georges Buffet et les socialistes français qui sont proches des thèses de Mélenchon, en gros, la gauche qui ne veut plus de la social-démocratie comme modèle pourrait réunir plus d’électeurs que le parti socialiste !
Pensez donc, à peine lancé et déjà boudé par les médias, le Parti de Gauche recueille 5000 signatures et fait salle comble à son meeting fondateur à l’Ile Saint-Denis dans la banlieue parisienne.

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C’est comme si un vieux socialiste du boulevard de l’Empereur à Bruxelles secouait le cocotier pour refonder un socialisme de la lutte des classes. Et qu’aussitôt surgiraient des sections, du syndicat et des Loges locales, des signes inquiétants mettant en cause la politique collaborationniste de Di Rupo et Onkelinx. Imaginons trois mille personnes dans une salle d’Ixelles, pour une refondation du PS.
Quoique ne manquant pas de travailleurs déçus par la tournure que prennent les prolégomènes de la fin du système capitaliste, le Bureau du PS à Bruxelles n’est pas inquiet pour son avenir.
Dans ses sections, le PS distille des mandats communaux et syndicaux. C’est ce clientélisme qui résiste au changement et fait barrage au militantisme désintéressé.
Quelqu’un de sincère qui tente de naviguer entre les mouvances des mandataires pour se frayer un chemin dans les comités locaux afin d’y amener un point de vue original est aussitôt « détruit » par les caciques qui ont malgré leurs ambitions réciproques, un intérêts supérieur à s’unir.
Ce n’est pas nouveau, puisque en général tous les partis politiques en Belgique, de près ou de loin liés à la social-démocratie, agissent de la sorte.
C’est le paradoxe du PS, ce parti qui ne devrait pas être comparable aux partis bourgeois : le fonds de commerce est quand même le fruit du marchandage du progrès social et le confort des populations les plus faibles avec les puissances d’argent, en échange d’une muette complaisance. Sinon, c’est l’échafaudage de la social-démocratie qui s’écroule !...
C’est pour cela au PS que l’on s’y sent si mal à l’aise.
On y découvre des mandataires ignorant les préoccupations de tout un chacun, convaincus ou feignant de l’être, que le système capitaliste est une fatalité nécessaire et ils ont pour preuve qu’eux s’y sentent parfaitement bien et qu’ils y ont réussi.
Un Mélenchon belge ? Demandez à Philippe Moureaux ce qu’il en pense ? Lui qui a compris depuis longtemps qu’en Belgique, on est politiquement le cul vissé au centre et tant qu’à faire le con, c’est encore dans la placidité et la lourdeur que l’on recueille le plus de voix.
Et puis tout le monde le sait, il faut que ça bouge beaucoup en France, pour que ça bouge un peu en Belgique !

Commentaires

Richard 3, une phrase de Goethe me trotte dans la tete depuis ce matin. " Rien ne trahit autant le caractère des gens que les choses dont ils se moquent" Je suis complètement bloquée pour trouver une explication. Pourrais-tu (en privé) si tu veux me dire ce que tu en penses. Merci.

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