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Le train de 8 h 47.

On peut comparer le 16 à un claque, ça fait rire.
La question principale même si elle a été abordée sur le ton de la plaisanterie, reste cependant celle-ci : à quoi sert un gouvernement ?
Eh bien ! il n’y a pas de réponse satisfaisante. La question reste pendante.
Les affaires courantes, celles qui gèrent notre quotidien, bien sûr, apportent un semblant de réponse ; cela va de soi, qu’il faille quelqu’un à la barre naviguant à vue entre les écueils. Mais sur le fonds, pour l’essentiel, presque au sens biblique du terme, ne devrait-il pas être à l’image du bon pasteur dont la mission est la sauvegarde du troupeau ?
Et là, force est de constater qu’il n’en est rien.
Aussi, puisqu’il faut chercher dans une philosophie comparative à quoi pourrait-il être proche ? Essayons de trouver un métier exercé dans la vie de tous les jours qui aurait quelques ressemblances ? Cela aiderait les recherches.
Le premier qui vient à l’esprit, c’est celui d’un chef de gare administrant une gare moyenne. Le premier ministre serait le chef de gare et les autres des employés de voie, sous-chef, aiguilleurs, etc.
Le chef de gare règle le ballet des trains. Il sait d’où ils viennent et où ils vont, mais n’a aucun pouvoir de modifier le cours du trajet. Il n’a même pas celui de garder les trains à quai plus longtemps qu’il n’est permis d’après l’horaire dont il dispose.
Il ne connaît pas le contenu des wagons, le détail des marchandises, le pourquoi de leur déplacement. De même, il ignore le nombre de passagers en transit, ce qu’ils font dans le train, ni pourquoi ils l’ont pris.
Il ne sait pas d’où vient le courant qui alimente les câbles, qui les produit, ni qui en tire du profit. Quand un incident survient sur les voies et que les trains risquent d’être en retard, il n’est pas responsable des caténaires, ni des moteurs électriques des locomotives.
Il s’active seulement à faire dégager les rails et le ballast le plus rapidement possible. Il n’a même pas la main sur les ouvriers dépêchés d’ailleurs pour remettre tout en place.
Il décide seulement si le 274 passera voie 12 ou voie 14.
Ainsi, sa vie s’écoule sur les quais à agiter son drapeau ou son falot, à renseigner le voyageur égaré et à surveiller les tire-au-flanc de son service.
C’est tout à fait conforme à ce que font nos ministres.
Ne croyez pas que leur point de vue part d’un parti pris de liberté qui ressemblerait à une démocratie.
Au contraire.
Ils surveillent la liberté des citoyens en ce qu’elle qualifie les individus. Ils les contraignent, au nom de la liberté de groupe, à rogner sur la liberté individuelle. Ils contrôlent nos propos, nos moyens financiers en prélevant des taxes plus ou moins équitables, justifient des rigueurs de la Loi par la nécessité d’imposer un ordre et une discipline.
Assez curieusement, la contrainte s’arrête là. Ils n’ont aucun pouvoir sur la liberté externe ! Ils ne maîtrisent pas le flux des trains, leur chargement et qui les meut. Moyennant quelques règles, ils permettent à quelques-uns d’exercer un pouvoir parallèle, souvent bien plus contraignant et plus important que le leur. Pire encore, on ne les voit pas se concerter avec d’autres gouvernements en faveur de ceux qu’ils contraignent en associations avec le pouvoir parallèle.
Malgré leurs discours, en organisant le trafic, ils ne défendent pas notre liberté ; mais uniquement celle d’un marché international qui leur échappe, au nom d’une liberté de commerce qui supprime la nôtre !
Ce sont des chefs de gare.
Et l’Europe, elle-même gare centrale, n’a pas plus de pouvoir qu’eux.
A la rigueur, les uns et les autres, afin de justifier leur emploi, produisent des règlements d’ordre intérieur du genre « interdit de fumer » ou « interdit de posséder des armes » ou encore »interdit de tenir certains propos dérangeants ». C’est tout.

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Ils sont à l’aise dans un emploi confortablement rémunéré où ils ne prennent aucune initiative d’attenter à la liberté externe qui attente à la nôtre. Le peuple, qu’ils confondent avec les voyageurs, vaque à ses occupations, va et vient sur les quais, sans qu’ils s’en soucient vraiment. Ils auraient dans une mission supérieure, à interférer dans les pratiques qui dénature l’intérêt du collectif pour satisfaire des égoïsmes particuliers. Ils ne le font pas. Ils auraient le devoir de préserver les emplois et les machines et ainsi, d’entrer dans le pourquoi des fabrications, des participations et des finalités. Ils s’en gardent bien.
Un bon contremaître chez Duferco fait tous les jours, sans la ramener et en bas salaire, ce que les ministres font à grand renfort de réclames, en étant grassement payés.
L’occasion leur était donnée, en ces temps de crise du capitalisme, de quitter leur quai de gare et leur petit sifflet, et d’alléger les travailleurs d’une liberté-choléra, d’une liberté-prétexte, d’une liberté d’escroc !...
C’est loupé !
Qu’ont-ils fait sinon s’activer sur la voie afin de la réparer pour que les trains poursuivent vaille que vaille leur va-et-vient ?
En l’état, un gouvernement comme le nôtre ne nous est d’aucun secours.
Par contre, il est très créatif pour la prolifération d’emplois de chef et de sous-chef de gare, pour l’ordre qu’il fait régner dans les gares et pour la ponctualité des trains qui passent.

Commentaires

"Les affaires courantes, celles qui gèrent notre quotidien...". Dans ce cas de figure l'État peut se passer sans problèmes du pouvoir politique. La Belgique ayant déjà connu un cas d'école en la matière; durant la guerre 40-45 le pays a été administré par les secrétaires généraux des différentes administrations (vu que le gouvernement était à Londres). Hormis l'occupation, les affaires courantes et même, dans certains cas, des affaires l'étant moins ont été correctement gérées. Il est même amusant de constater que l'administration respectait, hors quelques cas (collabos), la constitution et les lois démocratiques du pays. Durant cette période il y eu même de remarquable avancée au point de vue de la gestion du pays; vu que l'administration pouvait innover sans entrer dans la démagogie politicienne. Bref, et en générale, si une administration est efficace (sauf si le politique l'a mise à mal: Poste, SNCB, plan Copernic,...), elle peut survivre au politique et "administrer" sans difficultés dans son domaine de compétence. De toute manière, la grande majorité des agents de l'administration souhaitent seulement que leur travail ne profite pas à un nombre restreint de particuliers (le travail mis au service du capitalisme) mais à l'ensemble de la population... Hélas, le politique dirige...

Bien justement observé.

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