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C’est arrivé près de chez vous.

... Benoît, si tu me lis :
Le pitch du remake :
Couvre-feu à Trazegnies (1), on se sent rassuré à Liège. De mémoire d’habitants, une balle tirée à Trazegnies ne saurait tué personne au Pont d’Avroy.
Laurette, encore à la Justice, aurait pondu une Loi sur la délinquance nocturne, en se référant aux variantes de couvre-feu mises en application en 40-45 par la Wehrmacht.
Comme le risque zéro n’existe pas, le couvre-feu complet apparaît nécessaire. Les gens de Trazegnies seront assignés à résidence et nourris par l‘armée. La liberté est menacée, menaçons-en les habitants.
La nouvelle procédure est de passer par les portiques de contrôle installés devant chaque cité. L’éducateur des rues se tient derrière. Dès que ça sonne, il appelle un flic caché dans les troènes. Si le signal a réagi à un canif, on embarque le type.
A la télé le soir, on voit « l’homme au couteau » à poil les jambes écartées et un flic lui passant un doigt dans le cul, des fois que l’individu aurait caché in the baba un pain d’explosif. Ça ne peut que faire réfléchir les criminels. En effet, on voit des psychopathes qui s’intéressent beaucoup à ce genre de scène. Des vicieux passent les portiques exprès avec de la mitraille dans les poches.
A Trazegnies une mémère s’est fait voler le slip de sa fille qui pendait à la corde à linge de son jardin, Child-Focus placarde des affiches du slip, des fois que vous verriez un type au coin d’une rue froisser nerveusement une étoffe.
Le bourgmestre de Trazegnies, Pixel Frère (Rassemblement des gauchers contrariés) veut des caméras partout, surtout dans les WC publics où il se passe des choses innommables. Dans les cités, c’est un son et lumière gratuit. On montre les tronches des types louches sur grand écran. Aux fenêtres, les gens s’interpellent, échangent des noms qu’ils mettent sur des têtes « pas tibulaires mais presque a dit Coluche ». Un beauf s’est reconnu parmi les pédophiles. Il ne décolère pas. Il exige une lettre d’excuse. Pixel Frère va chercher un avis à Mons.
On répète à la Maison de la culture une pièce sur l’affaire d’Outreau. Tous les vieux qui font jeunes sont mobilisés pour jouer les enfants abusés. On cherche un comédien adapté à la situation. Le juge d’Outreau s’est excusé. Il ne jouera pas son propre rôle, même si on lui a certifié que dans la pièce, les inculpés sont vraiment coupables.
RTL envoie Hakima aux nouvelles avec une voiture et un cameramen.
Les quartiers sont en émoi, on lui jette des pierres. Non pas parce qu’elle est de RTL, mais parce qu’elle fait arabe. Bien qu’on ne soit pas raciste à Trazegnies, à force d’entendre parler de terrorisme en Irak et en Afghanistan, les Autorités ont appris aux gens à se méfier.
Malgré le couvre-feu une voiture de police est incendiée. Le flic qui dormait à l’intérieur est sauvé de justesse. On ne sait pas si ce sont des voyous ou si c’est l’inspecteur en planque qui s’est endormi un mégot aux lèvres. Heureusement, on a trouvé des témoins. Ils ont vu des ombres derrière les portiques. L’honneur de la police est sauf.
Les témoins sont traumatisés. Le bourgmestre dépêche une équipe médicale. Les psychologues sont formels, ils sont en incapacités totale, une sorte d’idiotie, que plus tard on désignera par syndrome trazégniens.

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Un chauffeur de bus reçoit une claque de sa petite amie alors qu’il était en service. On pense à une action d’Al-Qaida. La commune distribue des masques à gaz par peur d’une agression au sarin. On hésite à faire appel à l’armée. Le syndicat décide d’une grève surprise. Des voyous qui ne veulent plus aller à l’école à Courcelles créent un gang « The Diesel engine angel ». Ils espèrent qu’avec un incident du bus par semaine, ils seront peinards pour le trimestre.
Un patron qui en avait marre de l’absentéisme de son personnel, part la nuit seul et sans arme se promener du côté de l’ancienne gare, afin de démontrer qu’on peut circuler sans danger. Il rentre chez lui rassuré, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’on lui a piqué son portefeuille. Sa femme le soupçonne d’avoir dépensé le fric dans un bar.
La police passe dans la rue avec des haut-parleurs pour calmer l'angoisse de la population.
La nouvelle selon laquelle la crise fait cinq mille chômeurs de plus par semaine, passe complètement inaperçue en page huit du quotidien local. La Une est consacrée à la prochaine fête du capitalisme avancé. Sabine Laruelle en vidéo distribue des ballonnets bleus aux enfants. Quand elle se penche, on lit sur le bord de son slip l’inscription « to have one’s money’s worth ».
De la voiture de police part un coup de feu, Hakima Darhmouch se précipite, c’est le flic qui a pété en dormant, alors que le haut-parleur était posé à côté de lui sur la banquette !
La Région wallonne envoie un révizor pour détendre l’atmosphère. Hakima parle de téléthon. La Chambre décide d’une Commission de la sécurité à Trazegnies.
Adamo est prévu en gilet pare-balles pour « tombe la neige ». Madame Houard fera un strip-tease. Elle effeuillera les couleurs nationales sur l’air de la brabançonne.
On espère la visite des trois présidents de parti. Le thème sera « la liberté menacée ». La gare de Trazegnies ravagées par les vandales fera le décor. Le bourgmestre explique que Defossé dans son émission des travaux inutiles y avait déjà pensé.
Les trois présidents promettent d’établir un barrage devant la crèche de Trazegnies avec chevaux de frise et sacs de sable. Un expert de Tsahal est attendu de Tel-Aviv.
Brusquement la tension remonte. Deux jeunes avec des pétards sont arrêtés. La brigade anti-terroriste venue de Bruxelles les interroge. On les emmène devant une foule déchaînée vers notre Guantanamo secret. Anne-Marie Lizin explique qu’il est aussi bien tenu que celui d’Obama.
Les psychologues sont revenus pour aider les familles à surmonter les traumatismes. Ils tombent mal, on joue « Les Experts » à la télé. Aucun traumatisé n’a voulu descendre. Le Bourgmestre s’inquiète. Il pense à un arrêté communal d’obligation de soins. En cas de récidive, des internements d’office seront prévus. Laurette, à la Santé signe des Arrêtés.
On en est là.
Au conseil des ministres, on constate que cette inquiétude populacière a du bon. On décide que la prochaine ville dans les mains des terroristes sera Bressoux, avec son Droixhe, haut lieu de la peur. Il y aura une ville désignée tous les mois tant que durera la crise. Ixelles et son Matongé sera la commune suivante.
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1. Toute ressemblance avec une ville du même nom en Belgique ou à l’étranger, que celle imaginée par l’auteur, est tout à fait fortuite et n’est que le fruit du hasard.

Commentaires

M'apporterez-vous des oranges ?

A un jour prochain au parloir...

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